Test Event JO Paris 2024 | Lecomte et Koretzky en chemin vers l’or olympique

Par Paul Humbert -

  • Sport

Test Event JO Paris 2024 | Lecomte et Koretzky en chemin vers l’or olympique

Un an avant les épreuves olympiques de VTT qui se dérouleront aux portes de Paris, à Elancourt, les équipes nationales ont pu bénéficier d’une opportunité unique de découvrir le parcours de XCO. À l’issue de deux jours d’entraînements sur un circuit atypique, Loana Lecomte et Victor Koretzky ont remporté la course du « test event ». Portfolio :

Pourquoi ce test event est important ? Parce que les fédérations ont pu accéder pour la première fois à un circuit inconnu deux jours avant la course, et que le site sera bouclé jusqu’au jour J en juillet 2024.

 

 

Est-il décisif ? Non, mais comme nous le précisait l’équipe de France : « On prend beaucoup de repères »  sur le circuit, mais aussi sur le fonctionnement de l’équipe de France dans un contexte olympique. Une victoire lors du test event n’apporte « rien », mais il atteste d’un travail avancé sur un circuit atypique. 

On nous rappelle cependant que Thomas Pidcock et Matthias Fluckiger n’étaient pas présents au test event des précédents JO, mais que ça ne les a pas empêchés de monter sur la première et la deuxième marche du podium. Cette année toutefois, le Britannique, tenant du titre, est présent sur cette compétition.

 

 

Que faut-il penser du parcours justement ? Situé dans les Yvelines, sur la colline d’Elancourt, il s’inscrit dans une lignée de circuits olympiques très « artificiels » et télévisuels. Le sol glaiseux du point culminant d’île de France a été massivement recouvert de gravette, et ponctué d’obstacles artificiels. L’ensemble est moins clivant dans le paddock que sur les réseaux sociaux, et la majorités des athlètes semblent s’adapter convenablement à ce tracé. Ce dernier sera d’ailleurs susceptible d’évoluer d’ici à l’évènement final en 2024 et il a ensuite vocation à être rendu « accessible au public » d’ici à 2025. Notre article dédié : www.vojomag.com/test-event-paris-2024-reconnaissance-du-circuit-des-jeux-olympiques/

 

 

 

Pour préparer les jeux olympiques de Paris 2024, nous avons assisté au travail de l’équipe de France sur le terrain qui mesure et répliquera certains obstacles clés ou problématiques afin de les travailler, très certainement sur le site du Creps de Boulouris. 

Du côté de l’équipe de France, on approche de la fin de saison pour certains athlètes, et on se prépare à attaquer les deux dernières coupes du monde dès la semaine suivante pour d’autres. Il ne faudra ainsi peut-être pas s’attendre à assister à une démonstration de force.

 

 

Est-ce que tout le monde est là ? Non. C’est la particularité de l’olympisme et ce qui décevra les supporters les plus pointus du sport. Toutes les nations n’ont pas la possibilité d’accompagner tous leurs champions et championnes. Ici, les nations ayant obtenu leur place pour la compétition peuvent, selon les règles établies, inscrire jusqu’à 3 coureurs par équipe. Des nations comme la France ou la Suisse ont également pu inscrire un athlète supplémentaire pour les reconnaissances. 

Double bonne nouvelle pour les Français, en tant que nation hôte, une équipe B de 3+1 athlète supplémentaire a pu être inscrite. La seconde bonne nouvelle est que suite à des désistements, les « réservistes » Mathis Azzaro et Maxime Marotte ont pu s’élancer en ce dimanche de course. 

Ce « test event » des jeux olympiques, c’est également une répétition pour un évènement qui dépassera le cadre du « simple » VTT. On retrouve à Elancourt un gros dispositif de contrôle des flux et d’un public compris entre 3000 et 5000 spectateurs. La sécurité est également renforcée et on retrouve un large bataillon de médias généralistes attirés par les anneaux olympiques qu’arbore la ligne droite vers l’arrivée. 

Dames

 

 

Jusqu’au matin des entraînements, Pauline Ferrand-Prévot hésitait sur ses choix techniques. Semi-rigide, tout-suspendu, la pilote de l’équipe Ineos préfèrera finalement la première option.

 

 

Sur la ligne de départ, on retrouve 36 athlètes alignées sur le sol blanc qui habille la grande majorité du tracé. C’est la révélation de l’année Puck Pieterse qu’on retrouve en tête après le départ. Elle ne tiendra toutefois pas le rythme jusqu’au bout de la course et passera la ligne en 9ème position.

 

 

C’est rapidement Loana Lecomte qui prendra les rênes de la compétition en compagnie d’Alessandra Keller jusqu’à deux tours de l’arrivée. La suite, ce sont les réseaux sociaux qui nous la racontent, la pilote suisse dénonçant sous l’annonce de la victoire de Loana Lecomte postée sur les réseaux sociaux de Paris 2024 une trajectoire où la Française prendra l’avantage. La traduction des propos serait : « …et la décision de me couper la route était injuste et pas nécessaire Loana Lecomte. » La suissesse terminera finalement 30ème après une crevaison. Nous avons pu voir le moment concerné en vidéo et il est difficile de voir un geste mal intentionné de la part de Loana Lecomte, même si une chute au pied des spectateurs a considérablement ralenti la Suissesse.

 

 

Pour continuer à lui donner la réplique sur la fin de course, Loana Lecomte s’adjoint les services de Laura Stigger qui s’était mêlée à la bataille avec la Française et la Suissesse depuis quelques tours déjà.

 

 

C’est dans le dernier tour que Loana Lecomte prendra l’avantage pour finir par s’imposer avec 39 secondes d’avance.

 

 

La française commente sa victoire après la course : « Quand on prend le départ d’une course, c’est toujours pour faire du mieux possible. Après, c’est la fin de saison. Même si on est toutes dans le même cas, c’est dur de se motiver. Ça fait plaisir et on marque des points pour l’année prochaine. »

 

 

« J’ai reçu beaucoup de messages négatifs sur le circuit. Je n’ai même pas répondu, il faut vraiment être sur le parcours pour avoir un ressenti. C’est du vrai VTT, on est en prise tout le temps : en descente, en montée ou sur les phases de transition. On a pas le droit à l’erreur, pas le droit d’être en sur-régime non plus, sinon on va droit à la faute. C’est un beau circuit olympique qui va évoluer dans le bon sens. »

 

 

Tout au long de la course, la bataille pour la troisième place n’a pas faibli. Dans le groupe de chasse, on retrouvait Haley Batten, Sina Frei, Anne Terpstra, Jenney Risveds et Pauline Ferrand Prevot.

 

 

Les 5 athlètes n’ont cessé d’alterner leurs positions, mais à deux tours de la fin, le rythme s’intensifie et c’est Pauline Ferrand-Prévot qui passe la bute d’arrivée et les anneaux olympiques en tête.

 

 

La Française, en difficulté techniquement d’après son encadrement, a su trouver les ressources nécessaires pour monter sur la troisième marche du podium.

 

 

Au pied de ce dernier, on retrouve l’américaine Haley Batten qui confirme sa bonne forme après les Gets.

 

 

Sina Frei, Anne Terpstra et Jenny Risveds arrivent l’une après l’autre, les écarts s’étant creusés en fin de course.

 

 

Pendant la course, pas de coups d’éclats de Mona Mitterwalner ou de la championne olympique en titre Jolanda Neff qui reste en retrait.

Du côté des Françaises, Lena Gerault joue de malchance et chute. Elle quittera la course dès le deuxième tour. Pour Line Burquier, c’est une 19ème place.

Yvan Clolus, le sélectionneur national fait le bilan de la performance de l’équipe de France : « Je sentais que Loana était adaptée au circuit, en cannes et avec l’envie de faire ça. Je sentais aussi que Pauline était plus en difficulté techniquement, mais qu’avec sa « classe de fin de saison » elle était capable d’aller chercher quelque chose. On s’est vraiment concentrés sur elle : faire la course jusqu’au bout, parce qu’il y a toujours à faire quand elle est comme ça. Après, il y a plus de choses à travailler techniquement. Faire trois quand on est en difficulté technique, ça classe l’athlète.

 

 

« Personne ne peut rester froid face à l’enjeu olympique. Maintenant, l’idée est de gérer ses émotions et d’en faire un carburant positif. C’est ce qu’on leur apprend et qu’on apprend avec elle de course en course. On sent toutefois cette surcouche olympique : il y a un truc en plus. »

 

 

« On a travaillé sur l’ensemble des aspects après les précédents JO. Il y avait plein de choses à faire mieux ou différemment. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression qu’on récolte le début des fruits de ce qui a été mis en place depuis 3 ans. On est en mission et on sait que la vrai course, c’est l’année prochaine. 

C’est un peu frustrant cette chute en début de course pour Lena qui ne peut pas repartir avec plus d’infos. »

« Line, c’est très bien ce qu’elle a fait avec les moyens du bord et de la fin de saison. Techniquement, c’était très bon, c’était une copie du top 10. Line, c’est l’avenir, c’est 2028, 2032, on a du temps. »

Sur la ligne d’arrivée, le chemin vers les jeux olympiques est tout tracé et la gagnante du jour est félicitée par la ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra.

Des champions qui sont en mission vous ne les arrêtez pas – Yvan Clolus.

Hommes

 

 

Lors de la mise en grille, les regards sont tournés vers les athlètes les plus en forme du moment : Victor Koretzky, Luca Braidot, Nino Schurter, Thomas Griot… Mais également vers les superstars du cyclisme Tom Pidcock et Mathieu van der Poel venus préparer la compétition de l’année prochaine.

On retrouve également un seul représentant belge : Pierre de Froidmont. Jens Schuermans de son côté a choisi de ne pas prendre le départ. Après deux journées, 12 tours de circuit, il a choisi de se préserver pour le Short Track de la coupe du Monde cinq jours plus tard : « Si je prends un départ, c’est pour rouler au maximum. »

Le top départ est donné à 15h et 3000 spectateurs ont fait le déplacement sur un site en plein rodage.

 

 

C’est un bataillon français qu’on retrouve en tête de course après 2 tours. Et le leader n’est autre que le cadet de la délégation : Adrien Boichis. Fougue de la jeunesse, envie de bien faire, le pilote Specialized guide dans son sillage Victor Koretzky et Jordan Sarrou. Joschua Dubau n’est pas loin, Thomas Griot non plus.

Le jeune Français reculera toutefois progressivement au fil de l’épreuve, pour terminer 8ème et troisième Français : « Je suis parti devant parce que je me sentais vraiment bien. J’ai essayé de suivre les meilleurs le plus longtemps possible et franchement, c’était une expérience incroyable. Il m’en a manqué un peu sur la fin. J’ai fait des petites erreurs techniques, je prenais des petits écarts et j’ai perdu petit à petit. J’ai encore à progresser mais je suis hyper heureux de cette expérience. Maintenant j’ai l’hiver pour bien me préparer. »

 

 

Victor Koretzky semble avoir repris le rythme qu’il avait imposé aux Gets dès les premiers tours de circuit. Il emmène les deux autres français, Luca Braidot et Anton Cooper qu’on a vus reconnaître assidûment le circuit pendant les deux journées d’entraînements.

Très en avant pendant la première moitié de course, le britannique Charlie Aldridge recule finalement à la 17ème place. Son compatriote Tom Pidcock restera très en retrait tout au long de la course et finira en bas de tableau, 36ème.

 

 

Côté superstars, Mathieu van der Poel remonte progressivement dans le classement : « La première demi-heure était très bien. Je ne voulais pas partir trop vite alors je faisais ma course à mon rythme. Je suis remonté mais je n’ai rapidement pas eu les jambes alors j’ai dû ralentir. J’ai continué plus doucement. »

 

 

Celui qui n’est jamais là pour être deuxième, c’est Nino Schurter. Le Suisse n’allait pas laisser les Français dérouler à domicile, et il entre dans la danse dès le milieu de course.

 

 

On le penserait presque prêt à asséner un grand coup de massue dont il a le secret dans la dernier tour.

 

 

Le coup de force viendra finalement de Victor Koretzky qui parviendra à se défaire du Suisse, avec la complicité d’Anton Cooper.

 

 

Les deux terminent d’ailleurs au coude-à-coude sur la ligne d’arrivée.

L’histoire aurait pu basculer quelques minutes plus tôt pour le vainqueur du jour : « J’ai fait une petite erreur sur la fin. Je suis sorti du virage juste après la zone technique, il faut vraiment gérer sa vitesse ici. Venir ici, c’est vraiment pour venir jouer la médaille d’or. C’est un gros pas vers la médaille olympique et on va se battre pour y arriver. »

Victor Koretzky confirme ainsi sa montée en puissance, juste avant le dernier bloc de coupes du Monde de la saison.

 

 

En quatrième position, on retrouve Jordan Sarrou : « Aujourd’hui, il m’a manqué quelques mètres dans la dernière bosse pour jouer au sprint. Mais je suis content du recueil d’informations. » Aux nombreuses questions sur le tracé, il répondra de manière assez limpide : « Ça reste vraiment du VTT parce qu’on est tout le temps focus, tout le temps en prise. Sur la piste, ça se joue à quelques centimètres près. »

Nino Schurter y va lui aussi de son commentaire après la course : « La chose la plus technique sur ce circuit, c’est vraiment ces petits graviers fuyants dans les virages. Il faut vraiment être très concentré, mais c’est presque trop. Les graviers ne permettent qu’une seule ligne, et en dehors c’est impossible. Impossible de dépasser également dans ces conditions quand on est derrière. Si un peu de gravier est évacué, ça sera vraiment une belle piste. »

 

 

Belle surprise à la cinquième place avec le Canadien Gunnar Holmgren qui devance Simon Andreassen et Sebastian Fini.

En neuvième place, on retrouve Mathis Azzaro qui signe une belle course pour un pilote qui aurait du être « réserviste » et ne pas s’aligner sur la course.

Il termine juste devant Titouan Carrod qui boucle le top 10.

 

 

Maxime Marotte et Thomas Griot terminent 23 et 26ème.

Maillot à bande noire-jaune-rouge, Pierre de Froidmont franchit la ligne, à plat : « J’avais l’impression que les jambes et le corps étaient pas mal. Je suis content des sensations et de voir le rythme. On a pas l’habitude de ce genre de circuit. J’aime vraiment bien. Malheureusement j’ai fait 2 erreurs, une première crevaison après trois tours et là j’ai cassé la roue. C’est vraiment intéressant de voir les lignes et il faut être vigilant. Il faudra que je sois propre et que j’utilise le matériel vraiment adéquat pour éviter ça l’an prochain. Le résultat est anecdotique mais ce sont de bons enseignements. »

 

 

On terminera une nouvelle fois avec le bilan d’Yvan Clolus de l’équipe de France : « Aujourd’hui, en termes de résultats, c’était excellent, mais ce n’était pas ce qu’on recherchait en premier ce week-end. On voulait d’abord prendre des repères, s’acclimater au site et à la piste. C’est ce qui a été fait sur 3 jours. Il y a eu la cerise sur le gâteau, mais ce n’était pas obligatoire. Des champions qui sont en mission vous ne les arrêtez pas. Aujourd’hui Loana et Victor ont voulu enfoncer le clou. Ils se sentaient bien, ils aimaient la piste et l’année prochaine ils veulent être champions olympiques. Ils ont marqué le terrain et ont annoncé : ici c’est chez moi. »

Les résultats complets : 

ParPaul Humbert