Test | Coros Dura : un GPS vélo à l’autonomie monstre

Par Adrien Protano -

  • Staff pick

  • Tech

Test | Coros Dura : un GPS vélo à l’autonomie monstre

Le monde des compteurs GPS vélo est dominé depuis longtemps par quelques marques incontournables. Avec le Dura, Coros s’affirme pour la première fois en proposant un modèle pensé pour l’endurance, la simplicité et l’aventure. Avec jusqu’à 120 heures d’autonomie annoncées, un support solaire, la navigation intégrée… Nous avons passé en revue ses promesses, ses forces et ses zones d’ombre : 

Si Coros s’était fait connaître par ses montres GPS ultra-endurance, la marque fait désormais un pas massif vers le vélo avec le Dura, son premier compteur vélo « complet ». Le pari est ambitieux : proposer une alternative crédible aux Garmin, Wahoo ou Hammerhead, mais avec un prix plus accessible (289 €) et une caractéristique rare : une autonomie hors pair.

Un châssis… fonctionnel

À première vue, le Dura frappe par son format : un bloc massif, mais pas démesuré, qui affiche 99.5 x 60.8 x 15.7mm et un poids de 102 grammes. Voilà qui place ce Coros à mi-chemin entre un Garmin Edge 850 et et un 1050. Ni grand, ni petit, certains y verront le juste milieu.

Coros n’a pas cherché à impressionner par un affichage hyper lumineux ou des animations sophistiquées : le choix est pragmatique et assumé.

Celui-ci est dominé par un écran couleur de 2,7 pouces en technologie MIP transflective. Ce type d’écran, déjà connu sur les montres GPS orientées outdoor, offre une lisibilité remarquable en plein soleil tout en consommant très peu d’énergie, ce qui annonce déjà la couleur. Coros n’a pas cherché à impressionner par un affichage hyper lumineux ou des animations sophistiquées : le choix est pragmatique et assumé, pensé pour voir les données quand on roule, et pour économiser au maximum la batterie.

La prise en main repose sur un mélange tactile et physique : l’écran répond au doigt, mais c’est surtout la molette latérale qui fait la différence. Cette roue crantée, très inspirée des montres COROS, « permet de naviguer dans les menus et les pages de données même avec des gants, même dans le froid, même sous la pluie » selon les termes de la marque.

Une autonomie inépuisable ?

Venu du monde de l’ultra-endurance, Coros avait forcément une carte maîtresse à jouer : l’autonomie. Et sur ce point, le Dura frappe très fort. Le compteur dispose d’un port USB-C pour la recharge, mais c’est presque un détail tant il ne sert… qu’exceptionnellement. Les chiffres annoncés sont difficilement comparables avec ce que propose la concurrence : jusqu’à 120 heures en mode GPS standard et encore 70 heures en double fréquence. On est tout simplement sur un autre ordre de grandeur.

Coros va même plus loin : entre l’écran et le logo Dura, on peut déceler un petit panneau solaire permettant la recharge de l’appareil lors de l’exposition au soleil. La marque annonce que « une heure d’exposition directe au soleil peut ajouter jusqu’à deux heures d’utilisation ». Sur secteur, l’appareil se recharge complètement en deux heures et demie dans une plage de température normale et jusqu’à quatre heures lorsque le mercure chute entre 0 et 15 °C.

Détails techniques du Coros Dura

Le Dura exploite l’ensemble des principaux systèmes satellites — GPS, GLONASS, Galileo, Beidou et QZSS — et prend en charge la double fréquence L1 + L5, désormais courante sur les appareils récents pour améliorer la précision dans les environnements difficiles. Côté capteurs, le Dura embarque un altimètre barométrique, un accéléromètre, un gyroscope, une boussole ainsi qu’un capteur de température.

La mémoire interne de 32 Go permet d’enregistrer plus de 1200 heures d’activités et laisse suffisamment de place pour stocker les cartes nécessaires à la navigation.

Côté connectivité, le compteur fonctionne en ANT+ et en Bluetooth, avec un maximum de douze connexions simultanées. Il peut ainsi s’appairer avec la majorité des capteurs du marché : fréquence cardiaque, puissance, vitesse et cadence, home trainers connectés, radars arrière, ainsi que les systèmes de transmission électronique de Shimano et Sram. L’intégration est simple et couvre l’ensemble des usages classiques d’un compteur moderne.

Ma douce application…

L’appairage avec l’application COROS se fait en quelques secondes. Cette application est d’ailleurs un élément important du système : une partie des réglages passe par elle, notamment la configuration des champs de données ou l’importation des traces GPS. Ce n’est pas forcément un défaut, mais cela demande un peu d’organisation si l’on veut modifier des écrans avant de partir rouler. En revanche, la synchronisation est rapide, et l’app offre une présentation claire des activités et des profils d’enregistrement.

Une fixation au standard Garmin

Le Dura est accompagné de série d’un support de compteur aéro, mais la marque a toutefois choisi de rendre son GPS compatible avec tous les supports à interface Garmin. En voilà une bonne nouvelle !

Coros Dura : le test terrain

Avant même d’atteindre les sentiers, le Coros Dura impressionne par sa facilité de configuration, où tout passe par l’application de la marque. La personnalisation, elle aussi, se fait entièrement via smartphone. C’est l’app qui permet de configurer chaque profil d’activité et d’organiser les pages de données selon ses besoins. On peut afficher de 2 à 9 champs sur une même page, avec un choix assez large de métriques pour s’adapter à différents types de pratiques. Une page dédiée à la carte peut être ajoutée en complément des pages standard, ce qui facilite la navigation lors des sorties longues.

L’application propose également un mode de présentation mixte, où la carte occupe la partie supérieure de l’écran du GPS tandis que deux champs de données s’affichent en bas. Cette mise en page « partagée » s’avère pratique pour suivre un itinéraire tout en gardant un œil sur l’essentiel, comme la fréquence cardiaque ou la puissance.

Premieres interactions et ergonomie du Coros Dura

Une fois installé sur le vélo, les premières interactions sont un peu déroutantes avec cette couronne. On essaie de tourner, pas assez intensément, ensuite trop fort… Bref, il faut prendre le coup de main pour l’utiliser naturellement. Après plusieurs semaines passées en sa compagnie, on finira toutefois par en conclure que le combo boutons/écran tactile que l’on retrouve sur la majorité des concurrents nous semblent plus adapté en VTT où le terrain est souvent accidenté. D’autant plus pour votre humble serviteur qui est… gaucher (or cette molette est positionnée à droite) !

Au premier contact, le rétroéclairage du Dura paraît assez discret, même lorsqu’on sélectionne le niveau le plus élevé. Pourtant, une fois sur le vélo, ce choix se révèle cohérent. L’écran MIP est pensé pour être lisible avant tout grâce à la lumière ambiante, et force est de constater qu’il est parfaitement lisible en action. Même en alternant entre sous-bois sombres, météo changeante et fin de journée, le mode de luminosité « normal » s’est avéré suffisant. Évidemment, si l’on vient d’un modèle très lumineux comme le Garmin Edge 1050 et son affichage spectaculaire, le contraste entre les deux technologies saute aux yeux : d’un côté un écran proche du smartphone, de l’autre un affichage plus discret mais nettement moins énergivore.

A l’usage, la lisibilité du Dura n’a jamais posé de problème, que ce soit pour consulter des données ou suivre une trace. Le mode « fort » n’a d’ailleurs quasiment jamais été nécessaire. Le capteur de luminosité intégré ajuste automatiquement le rétroéclairage en fonction des conditions, un choix étonnant pour un écran de ce type, mais qui fonctionne bien et permet d’optimiser l’autonomie sans intervention du pilote.

On observe que certains champs, notamment ceux liés à la puissance et à la fréquence cardiaque, s’appuient directement sur les zones définies dans l’application. Lorsqu’on les utilise, le Dura affiche automatiquement une jauge visuelle indiquant la zone en cours. Un curseur apparaît sur le côté du champ pour situer précisément l’intensité, tandis qu’un code couleur en arrière-plan permet d’identifier d’un coup d’œil la zone correspondante. L’ensemble est lisible et facilite le suivi de l’effort sans surcharger l’écran.

Un mot également sur l’accessibilité et l’ergonomie des menus du GPS, où tout se trouve à sa place, sans sous-menus à outrance. C’est complet sans être alambiqué. Attention toutefois, impossible de créer son propre profil, il faut choisir entre ceux de série et les personnaliser (là où l’on aime créer généralement un profil « VTT Enduro », « VTT XC », « Gravel course », « Gravel exploration »… sur d’autres marques).

Navigation

En matière de planification de parcours, COROS a encore une certaine marge de progression. L’outil intégré à l’application permet bien de tracer un itinéraire, mais reste assez basique lorsqu’on le compare à ce que proposent des plateformes plus matures. À l’inverse d’un Garmin qui s’appuie sur une base d’usage massive et des données de popularité pour suggérer automatiquement les meilleures options, l’environnement Coros demande davantage de travail manuel. Dans les faits, le plus simple consiste souvent à préparer sa trace sur un service tiers – Komoot, Strava ou tout autre générateur d’itinéraire – puis à l’importer dans l’application. Il suffit alors d’ouvrir le fichier .gpx pour qu’il soit reconnu instantanément et synchronisé avec le Dura. La manipulation prend quelques secondes et fonctionne de manière fluide, ce qui permet au final de contourner facilement les limites de l’outil interne.

La cartographie proposée par le Dura montre rapidement ses limites dès que l’on s’éloigne du bitume. Sur route/chemins forestiers, l’affichage reste fonctionnel et l’on parvient sans peine à suivre son itinéraire. Mais en gravel ou en VTT, l’absence de nombreux chemins et sentiers se fait sentir : certains tracés n’apparaissent tout simplement pas, ce qui complique nettement la lecture de la trace, surtout lorsqu’elle serpente dans des zones boisées ou peu fréquentées. Le guidage, lui, reste globalement correct, avec des notifications visuelles claires à l’approche des changements de direction. Les alertes sonores, en revanche, sont particulièrement agressives. Leur volume élevé ne peut pas être ajusté, ce qui pousse souvent à les désactiver, au risque de se reposer uniquement sur l’écran.

L’aspect visuel de la carte en lui-même manque un peu de finesse. Là où certains concurrents offrent la possibilité de choisir le fond de carte ou d’afficher davantage de détails, le Dura reste assez figé dans son approche.

Petit manque également du côté du reroutage, qui ne se fait pas directement sur le compteur : il passe obligatoirement par le smartphone connecté et Google Maps. Cela fonctionne bien tant que le téléphone est présent et dispose de réseau, mais en zone blanche ou lorsque l’on roule sans téléphone/lorsque sa batterie est vide, la fonction devient inopérante.  Une contrainte à garder en tête si l’on roule souvent en milieu isolé. La fonction « retour au point de départ » présente directement sur le GPS se « contente » d’inverser l’itinéraire. La marque explique que « les sondages réalisés par nos équipes montrent que l’immense majorité des cyclistes roulent avec leur téléphone et qu’ils préfèrent utiliser un écran plus grand sur leur téléphone pour retracer un itinéraire, ce qui explique en partie ce choix. »

L’association de capteurs tels qu’une ceinture cardiaque ou des capteurs de vitesse/puissance s’est déroulée sans encombre, avec un appairage immédiat. Nous n’avons par contre pas réalisé l’appairage avec une montre Coros, ce qui permet d’étendre les données récupérées par l’écosystème (sommeil, récupération…). La connexion de radars arrière reprend une présentation bien connue : une barre verticale s’affiche sur le côté droit de l’écran, passant du jaune au rouge en fonction de la vitesse du véhicule qui arrive, avec un petit symbole pour représenter celui-ci. L’information est lisible, immédiate et fonctionne sans latence. Le seul vrai bémol vient des alertes sonores, particulièrement puissantes… comme pour les autres notifications du Dura

Autonomie gargantuesque

Lors d’une sortie de plus de 7 heures, en mixte VTT/gravel, le compteur n’a perdu qu’une poignée de pourcents

En conditions réelles, le Dura dévoile rapidement sa force principale : on roule, et on oublie totalement la batterie. Lors d’une sortie de plus de 7 heures, en mixte VTT/gravel, le compteur n’a perdu qu’une poignée de pourcents, tout en regagnant quelques unités grâce à l’ensoleillement. On est très loin des compteurs traditionnels, qui perdent facilement 10 à 20 % par heure selon le mode GPS. Pour les ultra-cyclistes, les pratiquants réguliers ou simplement les distraits qui oublient toujours de charger leur matériel, c’est un changement radical. Même en usage intensif, avec capteurs ANT+ et Bluetooth, navigation active et luminosité raisonnable, nous avons eu l’impression de rouler avec un compteur qui ne s’épuise jamais. Cette autonomie démesurée reste l’argument numéro un du Dura.

Verdict

Avec le Dura, Coros signe une première incursion convaincante dans l’univers des GPS vélo. Le positionnement est clair : un appareil simple, efficace, pensé pour rouler loin et longtemps. L’autonomie reste l’argument massue, au point de redistribuer les cartes pour ceux qui enchaînent les longues sorties, l’ultra ou simplement les semaines bien remplies sans penser à la charge. L’ensemble est cohérent, la connectivité solide, et l’écran MIP — sans chercher à rivaliser avec les affichages premium — fait exactement ce qu’on lui demande sur le terrain.

Tout n’est pas parfait pour autant. L’écosystème logiciel accuse du retard sur la concurrence, la cartographie manque de précision dès que l’on quitte l’asphalte, et l’impossibilité de zoomer davantage ou de régler le volume des alertes sonores finit par peser lors des sorties en nature. La navigation, elle, fonctionne bien… tant que le smartphone reste allumé et connecté, ce qui limite un peu la promesse d’indépendance. Reste que le Dura ouvre une voie intéressante : pour qui cherche un compteur robuste, lisible, endurant et vendu à un tarif raisonnable au vu de son autonomie hors norme, Coros propose une alternative crédible aux références établies… et pourrait prétendre à un rôle de véritable rival d’ici quelques évolutions logicielles. 

Coros Dura

289 €

102 g

  • Autonomie gargantuesque
  • Écran discret mais agréable à l'usage
  • Fonction "écran partagé" entre carte et champs de données
  • /
  • Nécessité de passer par Google Maps pour le reroutage
  • Impossibilité de régler le niveau de volume

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Favori
  • Qualité / prix

Pour plus d’informations : https://fr.coros.com/dura

Par  Adrien Protano