Test | Casque Trek Ballista Mips : l’aéro s’invite (aussi) en VTT marathon
Par Adrien Protano -

Depuis quelque temps, on sent poindre dans les pelotons XC et marathon une petite révolution silencieuse : celle de l’aérodynamisme. Longtemps cantonné au monde de la route, ce souci de réduire la traînée commence à se faire une place là où les vitesses moyennes flirtent de plus en plus avec celles du bitume. Lors de la mythique Leadville 100, disputée récemment aux États-Unis, la victoire s’est jouée à plus de 29 km/h de moyenne. À ce niveau, l’air devient un adversaire à part entière, et chaque watt économisé compte :
On a déjà évoqué l’intérêt grandissant pour l’aérodynamisme dans les pelotons VTT, notamment à l’occasion de la mythique Leadville 100 qui avait lieu récemment outre atlantique : Réflexion : l’aéro, prochaine grande tendance en compétition XC-Marathon ? Nous y évoquions les différentes pistes utilisées par les athlètes sur leur monture pour optimiser leur aérodynamisme.
L’aérodynamisme, vraiment utile en VTT ?
A partir de quand l’aérodynamisme a-t-il une importance? C’est compliqué à définir. La traînée, ou résistance aérodynamique, varie en fonction du carré de la vitesse. C’est donc une force exponentielle. Plus la vitesse est importante, plus l’aérodynamisme est primordial. On peut dire qu’à partir de 25 km/h, on doit commencer à s’y intéresser, c’est notamment pour cela que les professionnels sur route gardent leur vélo aéro même en montagne. À 40 km/h, son impact est flagrant.
Les courses VTT ne se courent certes pas encore à cette allure… mais nombreuses sont les portions parcourues à cette vitesse, notamment en descente ou sur les portions plates. Si la tendance de l’aérodynamisme semble s’installer en XC marathon, c’est en réaction à la hausse des vitesses moyennes. À titre d’exemple, la Leadville 100 a été remportée à plus de 29 km/h de moyenne, c’est tout simplement stratosphérique.
C’est aussi le cas en XCO, mais surtout en XCC, où les vitesses moyennes avoisinent les 30 km/h. On peut relever de plus en plus de considérations aérodynamiques dans ces disciplines: couvre-chaussures, casques aéro, cintres étroits, etc…
Comment améliorer son aérodynamisme en VTT ?
La première amélioration aérodynamique à adopter pour optimiser sa performance en vélo est tout simplement… sa position. En route c’est assez simple, en VTT, le pilotage reste la priorité, il faut donc trouver un compromis. On peut néanmoins noter le raccourcissement des cintres dans cette optique. Nous avons également pu apercevoir que les athlètes cherchent des positions plus avantageuses en descente.
Prenons l’exemple de Kate Courtney sur la Leadville qui diminuait sa surface frontale en positionnant ses mains sur son té de fourche (position interdite par l’UCI mais autorisée sur la Leadville). Elle avait même poussé le vice jusqu’à disposer des blips AXS sur sa fourche, on est sur de l’inédit. Pour donner un exemple, l’utilisation d’un cintre de route ferait gagner 2.4 km/h de moyenne sur la Leadville, juste en diminuant la surface frontale du cycliste (source : https://velo.outsideonline.com/gravel/gravel-gear/rockshox-aero-suspension-fork-prototype-leadville-trail-100-mtb/).
Ensuite, la fourche, le cadre, les pneus et les roues ont un impact très important sur la résistance à l’air. Pour l’instant, l’industrie du VTT n’en est pas encore là. La fonctionnalité de ces composants prime sur leur aérodynamisme. Par exemple, il est difficile de faire un pneu aérodynamique tout en conservant de bons crampons latéraux. Pour les roues, c’est également complexe d’opter pour une jante haute tout en gardant de la tolérance verticale. Néanmoins, les marques semblent se pencher de plus en plus sur cette tendance. Nous avons notamment pu observer une fourche RockShox aérodynamique sur la Leadville. Certaines marques avouent discrètement travailler sur des cadres profilés également. Voyons ce que le futur nous réserve…
Le casque aéro, cas particulier
Et si les meilleurs upgrades étaient beaucoup plus simples et moins coûteux ? À vrai dire, si intuitivement nous avons envie de nous pencher sur notre monture pour optimiser notre performance, c’est plutôt de notre équipement dont il faut se soucier. Mis à part la position, les plus grands gains aéro vont plutôt venir de votre tenue et… votre casque !
Un casque aéro permet, à 40 km/h, d’économiser entre 10 et 15 watts par rapport à un modèle ventilé classique
Un casque aéro permet, à 40 km/h, d’économiser entre 10 et 15 watts par rapport à un modèle ventilé classique selon Trek (source :https://www.trekbikes.com/be/fr_BE/ballista-mips/). De quoi faire la différence, même pour des amateurs, à condition d’accepter les deux contreparties classiques : la ventilation et le poids.
Sur ce dernier point, les marques ont fait de gros progrès, et seulement quelques petits grammes les séparent des casques ventilés. L’impact sur le terrain est quasi nul, mais surtout négligeable face aux gains aéro (dans la mesure où la vitesse moyenne de la sortie est suffisante).
En ce qui concerne la gestion de la chaleur, c’est un peu propre à chacun. Les nouveaux casques aéro sont généralement bien ventilés tout de même. D’autre part, la couleur du casque a une importance tout aussi grande que son aération. En effet, en plein soleil, un casque ventilé noir pourrait être plus chaud qu’un casque aéro blanc, faites bien votre choix ! Reste la question du look… Mais ça, libre à chacun d’en juger !
Trek Ballista Mips : le test terrain
Utilisé par l’équipe Lidl-Trek sur route, le Ballista se présente comme un casque quasi intégralement fermé, à l’exception d’une large aération frontale et de quelques ouvertures plus discrètes, de quoi permettre au flux d’air de s’engouffrer et de circuler jusqu’à l’arrière de la tête. Le tout pour 255 g en taille M, soit à peine 20 g de plus que le modèle ventilé de la marque. Trois coloris sont au programme (blanc, rouge et noir), un tarif de 249,99 € et une housse de transport bien pratique livrée d’origine. Une garantie est applicable en cas de chute ou d’accident sur la première année avec une garantie inconditionnelle de 30 jours.
Côté technologie, Trek n’a pas lésiné : MIPS Air pour la protection (cf. MIPS, Spin, WaveCel, Koroyd : Eclairage sur le casque 2.0), système micrométrique BOA pour le serrage, mousses Neo Sweat anti-transpiration, sangles ajustables, passage prévu pour les lunettes… tout est pensé pour conjuguer performance et ergonomie. Les promesses aérodynamiques sont également chiffrées : un gain de 10,1 W à 45 km/h face au Velocis, modèle ventilé de la marque. Cela représenterait une longueur de vélo lors d’un sprint sur l’arrivée d’une course selon la marque.
Sur le terrain, le Ballista se démarque par son confort bluffant et a tendance à se faire oublier. Aucun point de pression, un maintien impeccable grâce au BOA, et une stabilité parfaite même dans les descentes les plus cassantes. Les sangles tombent naturellement, le casque ne bouge pas et la compatibilité avec différentes paires de lunettes est excellente. Seul point notable, on sent un léger poids à l’arrière du casque, dû à l’excroissance de la coque à cet endroit. Toutefois, cela reste subtil.
Mention spéciale sur les « câbles » du Mips qui sont d’une finesse impressionnante et se font oublier une fois sur la tête. Leur souplesse permet d’enfiler le casque facilement en plaçant la boucle BOA directement au bon emplacement.
Côté aération, là aussi, le doute n’est plus permis. Même lors des sorties caniculaires, le flux d’air est bien géré et le casque respire bien, impossible de sentir une différence notable avec un casque ventilé. La grande ouverture frontale fait son office, et l’arrière dégagé participe au confort thermique.
Enfin, après plusieurs mois d’utilisation intensive, le Ballista s’est montré très robuste : la coque résiste bien aux rayures, les mousses tiennent le choc et le BOA n’a pas faibli, même après une saison à être bringuebalé aux quatre coins de la France.
Verdict
Difficile de prendre ce Trek Ballista en défaut. Confortable, stable, étonnamment bien ventilé et surtout efficace sur le plan aérodynamique, il coche beaucoup de cases. Reste évidemment le design, qui divisera toujours autant, ainsi qu’un tarif élevé mais cohérent face à la concurrence. Au final, le Ballista Mips s’adresse clairement à celles et ceux qui veulent optimiser chaque détail pour gagner en vitesse, sans sacrifier confort ni durabilité. Alors qu’attendez-vous pour devenir plus rapide sans effort ? (Et on n’oublie pas les chaussettes aéro et les jambes rasées s’il vous plaît !)
Pour plus d’informations : https://www.trekbikes.com/be/fr_BE/ballista-mips/