Test | Capteur de chaleur Core 2 : la chaleur, nouvelle frontière de la performance vélo ?

Par Adrien Protano -

  • Staff pick

  • Tech

Test | Capteur de chaleur Core 2 : la chaleur, nouvelle frontière de la performance vélo ?

Chez les sportifs professionnels, les stages en altitude sont devenus un classique. Leur efficacité n’est plus à prouver, mais ils restent contraignants : un vrai protocole nécessite environ trois semaines, une durée difficile à intégrer dans un calendrier déjà dense ou dans un planning de vie, sans compter le coût que cela représente. Peu d’athlètes amateurs ou semi-pros peuvent se permettre un tel séjour. Depuis deux ans, une alternative venue du cyclisme sur route prend de l’ampleur : l’exposition à la chaleur. Accessible, moins chronophage, prometteuse… mais est-elle réellement efficace ? Comment la gérer, et quels bénéfices en attendre ? Pour le savoir, nous avons testé la deuxième version du capteur de chaleur de la marque Core Body Temp, le Core 2. Voici ce qu’il faut en retenir.

Chaleur : une alternative crédible aux stages en altitude ?

Les effets annoncés d’un protocole chaleur sont séduisants : augmentation de la masse d’hémoglobine, amélioration de la VO2 max, hausse du volume d’expulsion cardiaque, réduction de la fréquence cardiaque au repos et à l’effort, meilleure efficacité de la sudation et meilleure tolérance aux hautes températures. Des bénéfices qui ressemblent fortement à ceux obtenus en altitude, ce qui explique l’engouement actuel.

L’autre intérêt majeur de la chaleur, c’est sa simplicité de mise en œuvre. Nul besoin de partir trois semaines loin de chez soi

L’autre intérêt majeur de la chaleur, c’est sa simplicité de mise en œuvre. Nul besoin de partir trois semaines loin de chez soi : un home trainer dans une pièce chauffée suffit. Le protocole est également moins gourmand en temps, avec un rappel de 30 minutes à une heure tous les deux ou trois jours. Pour la plupart des athlètes, c’est bien plus facile à intégrer dans une routine.

Le principe est simple : s’exposer à une forte chaleur afin de faire monter la température corporelle interne et provoquer les adaptations physiologiques associées. En amont de l’été, cela permet aussi d’encaisser les premières grosses chaleurs sans subir la classique période d’acclimatation. Un avantage important pour les athlètes sensibles aux températures élevées.

Durée, intensité, environnement : les règles de base

Dans les faits, mieux vaut commencer doucement : 30 minutes, puis augmenter progressivement jusqu’à une heure pour ne pas brusquer l’organisme. L’intensité doit rester faible (haut de zone 1 ou bas de zone 2). La température interne doit dépasser les 38 °C sans aller beaucoup plus loin. Pour y parvenir, on chauffe la pièce entre 30 et 35 °C et on se couvre suffisamment. Certains ajoutent même de l’humidité — une séance dans la salle de bain, par exemple — pour accentuer la contrainte. Idéalement, on évite de boire durant l’effort et on ne s’essuie pas, la sueur jouant un rôle clé dans la régulation thermique. Lors de très fortes chaleurs, il est tout à fait possible d’effectuer la séance dehors, en s’habillant chaudement pour faire monter la température corporelle.

Attention toutefois : ce protocole reste exigeant et doit être encadré. Il s’adresse surtout à des athlètes aguerris cherchant à grappiller les derniers pourcentages de performance. Pour des niveaux intermédiaires ou débutants, les risques et la complexité de la méthode dépassent souvent les bénéfices potentiels ; d’autres axes de progression seront bien plus payants.

Pour être certain de travailler dans les bonnes zones thermiques, il est indispensable de monitorer la séance. C’est là qu’intervient le Core 2. L’utilisation est simple : le capteur se fixe sur la ceinture cardiaque grâce à un petit support en plastique et mesure directement la température cutanée. Il se connecte ensuite au compteur (Garmin, en téléchargeant le widget) et à la ceinture cardiaque pour synchroniser les données. Une page dédiée affiche alors la température cutanée, la température interne estimée, et la zone thermique dans laquelle on se trouve. Le tout se recharge via un câble magnétique, l’autonomie tourne autour de 20 heures, et l’ensemble pèse environ 11 g avec son support.

L’application mobile est particulièrement bien conçue, avec une interface claire regroupant toutes les variables utiles : score d’adaptation thermique, charge thermique, tension thermique, température corporelle centrale, température de la peau… Tout est fait pour suivre l’évolution de façon intuitive.

Un mois sous chaleur : ce que nous avons observé

Nous avons suivi le protocole pendant un peu plus d’un mois. L’adaptation s’est déroulée sans accroc et nous avons pu suivre la progression de manière visible via l’application. Le score d’adaptation a atteint 98 %, ce qui est excellent. Les séances sont exigeantes, mais on s’y habitue rapidement ; la tolérance à la chaleur progresse, la sudation se déclenche plus vite, et les températures élevées du mois de juin n’ont posé aucun problème à notre testeur — un vrai changement par rapport aux années précédentes où il en souffrait nettement plus.

Reste un point noir : l’algorithme qui calcule la température corporelle interne. Celui-ci se base sur la température cutanée et la fréquence cardiaque… sans tenir compte des zones individuelles de l’athlète. Impossible donc d’entrer sa FC max, ses zones ou son profil cardio. Or, la fréquence cardiaque varie énormément d’un individu à l’autre. Dans le cas de notre testeur, doté d’une FC naturellement basse, l’algorithme sous-estimait systématiquement la température interne, rendant difficile l’atteinte des zones de chaleur ciblées. Cela remet en question la fiabilité de la donnée la plus importante du dispositif. Dommage, car tout le reste du produit est très abouti.

Cela ne nous a néanmoins pas empêchés de réaliser correctement le protocole, en prenant simplement du recul sur les chiffres. Les précautions d’hydratation sont primordiales : on perd énormément de liquide, et se peser avant/après permet d’évaluer la perte hydrique. Côté performance, il est difficile de quantifier précisément les gains, mais notre testeur affichait une très bonne forme après un mois, avec des sensations en nette hausse et des valeurs de puissance améliorées.

Verdict

En conclusion, le protocole semble réellement efficace et bien plus simple à mettre en place qu’un stage en altitude. Le Core 2 bénéficie d’une ergonomie réussie, d’une application claire et d’un usage instinctif. Mais tant que l’algorithme ne sera pas individualisable, il restera imparfait. À 314,95 €, ce capteur pourrait devenir un incontournable pour les passionnés de performance… à condition que cette faiblesse soit corrigée.

Pour plus d’informations : https://corebodytemp.com

Par  Adrien Protano