Test | Canyon Sender CF9.0 : Race ready

Par Paul Humbert -

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Test | Canyon Sender CF9.0 : Race ready

Pour le premier test complet d’un vélo de descente sur Vojo, nous avons jeté notre dévolu sur un nouveau venu très attendu : le Canyon Sender. Les plus attentifs d’entre vous dirons que le vélo n’est plus si nouveau que ça, mais c’est dès sa sortie que Canyon a mis cette monture à notre disposition. Depuis, ce vélo développé en collaboration avec Fabien Barel a enchaîné les sorties sur les pistes de descente et dans les bike-parks. Découvrez notre point de vue sur cette machine qui s’est rapidement présentée comme un incontournable pour les amateurs du genre !

canyon-daniel-oster-2016-vojo-paul-humbert-4Le triangle avant est en carbone avec des épaisseurs variables à différents points pour s’adapter aux contraintes du cadre. Le triangle arrière et la biellette sont quant à eux en aluminium. Quand on interroge Canyon sur les motivations de ce choix, ce n’est autre que Daniel Oster et Fabien Barel qui nous répondent (lors de notre récente entrevue au Roc d’Azur : https://www.vojomag.com/column/chef-produit-quest-cest/ ) : « Le triangle avant apporte de la rigidité frontale, l’aluminium à l’arrière permet lui d’ajuster la flexibilité du vélo avec plus de facilité. Le compromis est bon et nous n’avons pas vu un intérêt direct à proposer un vélo tout en carbone. Le poids est suffisamment maintenu, l’alu est également plus fiable à l’arrière et permet également de baisser les couts liés à la production. Ce vélo doit être très bon pour un racer mais il doit aussi être accessible à un rider normal. »

Côté protections, le vélo est protégé à de nombreux endroits : sous le tube inférieur, sous les bases arrières et sur le triangle avant avec des bumpers de fourche. Ces bumpers sont également la porte d’entrée des câbles qui traversent le cadre en interne. Solidement fixés, ils deviennent par la même occasion silencieux.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-34Un garde-boue protège également l’amortisseur Fox Float X2 Factory et ses 200mm de débattement (le garde-boue a toutefois décidé de nous quitter en cours de test).

Géometrie

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-54Le Sender est disponible en 4 tailles. Le Medium que nous avons sélectionné conviendra parfaitement aux amateurs de dénivelé négatif mesurant entre 1,70m et 1,80m.

Avec un reach de 440mm et ses bases réglables de 430 et 446mm, le Sender fait bien partie des vélos de dernière génération ayant la capacité de s’adapter à tous types de pistes. Nous avons d’ailleurs pu en faire l’expérience. Le jeu de direction, lui aussi réglable, permet de passer d’un angle de 62° à 64° pour affiner encore la position et le comportement du vélo. Nous passerons la majorité du test avec un angle de 63°.

Cinématique et suspension

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-39Canyon est parti de zéro afin de créer une nouvelle plate-forme pour ce vélo. Le précédent modèle de descente était davantage axé sur les pratiquants « loisirs », plus freeride et bikepark que race. Les ingénieurs de la marque se sont inspirés du motocross pour mettre au point, comme son nom l’indique, le MX-link, le basculeur de couleur orange sur le vélo.

Pour la marque, le fonctionnement des biellettes oranges rappelle celui d’une moto et doit permettre d’absorber les chocs et et de conserver le contact au sol. Ce MX Link doit offrir le meilleur compromis entre vivacité, limitation du kick-back et lecture du terrain. Quatre points de pivot aident à assoir le vélo dans les freinages et à tout moment afin de conserver la meilleure stabilité. Tous les modèles de Sender sont équipés d’une suspension à air.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-24C’est dans cette suspension arrière que réside l’identité du Sender. Les ingénieurs ont, avec les conseils de Fabien Barel, cherché à optimiser le fonctionnement de l’amortisseur à air sur ce vélo de DH afin de maintenir un poids le plus bas possible.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbertLes contraintes principales de l’amortisseur à air sont les frictions qui rendent le vélo moins sensible que s’il était équipé d’un amortisseur à ressort. Pour contrer ce phénomène, il a fallu se pencher avec attention sur la courbe de compression afin que cette dernière soit plus haute pour éliminer les frictions en début de courbe.

À l’inverse, l’amortisseur à air étant naturellement plus progressif qu’un ressort, la courbe pouvait être plus douce en fin de course afin de composer avec cette caractéristique « naturelle ».

Equipement

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-53Le Canyon Sender CF est disponible en trois montages et tarifs différents (3299€, 4299€ et 4799€) et c’est le modèle le plus haut de gamme à 4799€ qui a été mis à notre disposition.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-51Commençons par le commencement : le poste de pilotage est signé Renthal avec un cintre Fatbar en carbone de 780mm de large et de 20mm de rise. Nous étions un peu sceptiques au départ mais ce choix s’est révélé judicieux une fois au guidon du Sender. Le choix du matériau a permis de filtrer de manière assez subtile les vibrations du vélo et de maximiser le contrôle et le confort. On pourrait toutefois encore augmenter ce dernier en modifiant les grips, peu confortables, installés sur ce guidon.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-5Côté suspension, le Sender ne manque pas d’air et c’est la série Factory qui a été sélectionnée chez Fox pour le 9.0, le top du top donc. L’amortisseur Float X2 Kashima offre une plage de réglages (trop ?) impressionnante avec la compression haute et basse vitesse et le rebond haute et basse vitesse également. Dans la même veine, la fourche Float 40 FIT4 Kashima offre elle aussi de très grandes possiblités pour adapter son vélo à ses préférences. Là encore, il faudra passer du temps et faire preuve de finesse pour trouver les réglages les plus adaptés. Les pilotes les moins avertis pourront s’y perdre mais on apprécie cette possibilité sur un vélo qui souhaite s’adresser, entre autres, aux compétiteurs.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-42Tout au long de notre test, ces suspensions ne nous ont pas fait défaut, bien au contraire. Nous admettons toutefois avoir parfois été déroutés par l’étendue des réglages mais comme précisé plus haut, nous apprécions cette possibilité pour un vélo avec un tel programme.

Côté train roulant, on retrouve du gros et du costaud avec les roues DT Swiss FR1950 (compatibles tubeless) qui affichent une largeur interne de 27,5mm et qui sont associées aux pneus Maxxis Minion DHR2 qui nous arrivent équipés de chambres à air. Les pneus ont rapidement été changés au moment de se lancer dans la boue et à l’issue de notre test, les roues n’ont pas bougé !

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-11La transmission Sram XO1 DH est emmenée par le pédalier Race Face Atlas en direct mount. On retrouve également un guide-chaine E-thirteen LG1+ doté lui aussi d’une bande de gomme prévue pour diminuer le bruit de la chaîne. Ce dernier n’a pas survécu aux différentes attaques extérieures et nous avons dû boucler notre test terrain sans la partie haute du guide chaîne. Le dérailleur a lui aussi tenté de se faire la malle et après l’avoir resserré à de nombreuses reprises, il a retrouvé sa position initiale, collé. Cela aurait été dommage de s’en passer, surtout qu’il est parfaitement adapté à la pratique.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-52La selle et tige de selle SDG allient légèreté et design, et s’intègrent parfaitement au Sender.

Le tout est arrêté par les freins Sram Guide RSC avec des disques en 200mm et 180mm. 180mm ? Là encore, on tique, avant de monter sur le vélo, mais ici aussi Canyon nous réserve une surprise.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-18On frôle le sans-faute sur le papier côté équipement mais un vélo, ça ne se roule pas sur du papier ! Plus de temps  à perdre, on passe au terrain. Le vélo ne demande que ça !

Sur le terrain

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-28Une fois la chaîne raccourcie et les pneus passés en tubeless, on se dirige vers le sommet des montagnes. Notre test nous a emmenés dans les Portes du Soleil, à la station de la Bresse, sur des pistes plus secrètes et, malgré nous, sur le tracé de l’Enduro Jura (oui oui, et on vous recommande la lecture de notre aventure sur place : https://www.vojomag.com/enduro-jura-reprendrez-bien-de-boue/ )

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-56Avant de lâcher les freins, on prépare la première configuration du vélo : des bases courtes et un angle de 63 degrés. Pour ce qui est du SAG, l’affaire est rapidement réglée, une petite inscription sur les haubans aide l’utilisateur à trouver le bon pourcentage. Pratique !

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-20On est sur le Sender CF9.0 comme derrière le guidon d’une motocross. Il ne manque que le bruit d’un moteur, ou du bruit tout court car le vélo n’en fait pas ! Dans les premières courbes et passages techniques, on réalise que le vélo est extrêmement vif et réactif. Il accélère particulièrement facilement.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-6Le triangle avant est très rigide et cette sensation est renforcée par la Fox 40 qui offre une direction précise sans flancher. Le guidon apporte lui aussi sa dose de précision et de rigidité.

Côté réglages, on prend nos marques avec les différents setups de compression et de rebond en fonction des terrains que nous rencontrons. Les possibilités sont grandes mais trouver les réglages parfaits peut prendre du temps et quelques descentes. On comprend toutefois que ce n’est qu’une fois ces fameux ajustements bien établis que le vélo prend tout son sens et que sa réelle identité se dévoile.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-25Il devient une arme face au chrono et si le Canyon Sender reste facile à prendre en main, il pourra permettre d’aller très, très vite. Chez nos différents testeurs, le constat est unanime, on ressort bien plus vite des virages qu’on y rentre et en comparaison à des vélos comme le Norco Aurum ou le Commencal Suprême DH V3 (tous deux en aluminium), il ne laisse rien passer et est nettement plus rigoureux. Toutefois, après quelques temps passés sur le Sender, on a entendu dans la bouche d’un de nos testeurs:  « c’est un rail » et « il est très joueur ».

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-27Une fois le mode « race » enclenché, on ressent tout le travail de la cinématique et de la suspension. Le Sender sait se créer sa propre vitesse. En réception de saut, le vélo va de l’avant en absorbant le choc au lieux de s’écraser. La sensibilité en début de course permet d’effacer toutes les aspérités du terrain sans perdre de la vitesse et le vélo garde un bon soutien tout au long du débattement.

Le grip reste bon tout comme la motricité et on apprécie à ce moment là l’aluminium du triangle arrière. Le Sender garde une très bonne assise, que ce soit lors des freinages ou lors de l’absorption des chocs à haute vitesse. Avec son poids plume, il est facile d’alléger le vélo pour franchir un champ de racines ou de roches et de compenser légèrement un manque de technique où une grande fatigue en fin de run.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-23Équilibré et stable, le vélo est parfait pour s’envoyer sur les plus gros sauts. Au cours de notre test, nous avons utilisé convenablement tout le débattement sans presque jamais talonner. Nous n’avons pas la prétention de pousser le vélo aussi loin qu’un pilote de « world cup » et c’est d’ailleurs ce qui nous amène à dire que le vélo nous a gardé encore quelques secrets.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-16Le vélo est évidemment plus exigeant qu’un vélo typé « bikepark », sans quoi il ne conviendrait à sa cible première, les compétiteurs. L’utilisation par des pilotes moins chevronnés n’est toutefois pas à proscrire. Un petit peu plus de SAG, les bases en position courte et le Sender sait se rendre accessible et il accompagnera parfaitement la progression d’un jeune (ou moins jeune) pilote.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-31On note certains choix judicieux faits lors de la sélection des diamètres des rotors. Nous avons été les premiers surpris à l’annonce d’un diamètre de 180mm pour celui du frein arrière, mais en fin de compte, celui-ci s’est avéré efficace et jamais dépassé. Assez puissant pour ralentir le vélo en toutes circonstances et pas « trop » puissant afin d’éviter que la roue se bloque à chaque freinage et entraîne un désagréable effet de kickback. On sent vraiment que tout est fait sur le Sender pour conserver sa vitesse en malmenant le pilote le moins possible.

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Le mélange des matériaux du cadre (carbone et aluminium) s’est révélé très harmonieux tout au long du test. Côté fiabilité et entretien, le vélo a été mis à rude épreuve lors de cet été dans les alpes (ceux qui étaient présent dans les portes du soleil au moment des Crankworx s’en souviendront). Les gros roulements du cadre n’ont pas pris un millimètre de jeu tout au long de notre test mais la balnéothérapie savoyarde à laquelle nous avons pris part nous a imposé un changement en règle de ces derniers. La peinture en a malheureusement pâti elle aussi et le garde-boue a rendu l’âme, c’était trop pour lui. À sa décharge, peu de ses concurrents auraient survécus dans de telles circonstances.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-4On notera que les bagues en teflon présentes sur les biellettes sont restées intactes et en parfait état.

Comme nous vous le précisions plus haut, le vélo est « customisable » et vous laisse choisir entre deux longueurs de bases. La modification se fait très facilement. La version longue (446mm) conviendra aux pistes à haute vitesse et aux pilotes les plus chevronnés car le vélo devient, logiquement, plus stable mais moins agile. Les compétiteurs trouveront une finesse supplémentaire dans le réglage de l’offset du jeu de direction (62°, 63° ou 64°). En ce qui nous concerne, après avoir essayé plusieurs combinaisons, nous avons jeté notre dévolu sur les bases courtes (430mm) associées à un angle de direction de 63 degrés.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-15On a profité de notre séjour alpin pour tester le vélo sur des pistes longues et rapides en variant la géométrie du vélo. Dans sa version longue (446mm), le Sender s’avère plus stable à haute vitesse mais moins facile à tourner. Ce petit plus ravira les compétiteurs à la recherche de la position parfaite. Pour nous, c’est avec la version courte (430mm) que nous prendrons le plus de plaisir.

canyon-sender-2016-vojo-paul-humbert-17Conclusion

Le pari de Canyon est réussi avec ce Sender. Ce vélo haut de gamme en carbone propose une alternative sérieuses aux références de la discipline. Comme pour n’importe quel vélo, la construction et la conception ne sont qu’une suite de compromis. Ceux faits sur le Sender sont judicieux, que ce soit en termes de matériaux, de composants ou de tarif. Une grande liberté est donnée au pilote sur cette machine qui reste particulièrement personnalisable. Il faudra bien évidemment savoir à quoi on a affaire avant de grimper sur un Sender, mais si le vélo est une arme de compétition, il n’en devient pas pour autant exclusif et des riders moins pointus pourront s’imaginer à son guidon. Lors de notre test longue durée, nous devons saluer la fiabilité globale des composants. Le cadre demande lui une attention particulière et un entretien soigné, mais à la vue du programme de la bête, cela n’est pas surprenant. Avec une première version en carbone à 3599€, Canyon ouvre la porte de la compétition DH, et du carbone, aux budgets les plus réduits. Sans alimenter les bruits de couloirs, on peut également dire qu’on devrait bientôt retrouver le Sender sur les podiums de coupe du Monde de descente mais également dans les bike-parks, où bon nombre d’amateurs pourront trouver leur compte avec ce vélo qui encaisse sans broncher et qui les accompagnera dans leur progression. Maintenant, reste à savoir combien de temps vos bras vont tenir le choc car c’est probablement eux qui cèderont en premier !

Web

Note : La commercialisation d’amortisseurs Fox Float X2 étant actuellement stoppée, les commandes de Sender 7.0 et 9.0 sont gelées en attendant que Fox propose une solution. 

Texte : Manu Bonne / Paul Humbert      Photos Paul Humbert / Manu Bonne

Plus d’infos : www.canyon.com/fr/gravity/sender

ParPaul Humbert