Test Camp | Les athlètes Hutchinson à Finale Ligure : quelle carcasse en 2020 ?

Par Paul Humbert -

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Test Camp | Les athlètes Hutchinson à Finale Ligure : quelle carcasse en 2020 ?

La période de l’intersaison est celle de la mise au point, de l’entraînement, de la préparation. On vous parle là d’une époque pré-Covid-19, et du mois de février 2020 plus exactement. C’est sur les reliefs de Finale Ligure qu’Hutchinson a réuni ses athlètes enduro français pour tester et mettre au point les quelques centimètres de gomme qui relient la terre à l’athlète et sa machine. Retour sur deux journées de test, sur cette terre qui vibre au rythme de l’enduro, avec Isabeau Courdurier, l’équipe Commencal Vallnord Enduro, l’équipe Peugeot et Théo Galy. 

 

 

Plus loin, on retrouve Nicolas Lau et Morgane Jonnier de l’équipe Peugeot. Le premier roulera en e-bike sur les compétitions de la discipline, et l’autre se concentre sur les EWS. Morgane est entraînée par Cécile, le monde est petit… 

Enfin, on retrouve Théo Galy, venu sans son coéquipier Kévin Miquel. Il a la lourde responsabilité de se faire une idée pour l’équipe Sunn.

Sur un terrain comme Finale Ligure, on est sur la terre du Griffus. Ce pneu, présenté en 2019, se destine principalement aux terrains secs et mixtes comme ceux du sud de la France. Il se décline en section 2.4 et 2.5, ce qui laisse pas mal d’options de montages à l’avant comme à l’arrière. Nous avions découvert le Griffus 1×66 (simple pli) à l’Evo Bike Park (c’est à retrouver ici : https://www.vojomag.com/hutchinson-griffus-un-nouveau-pneu-sec-pour-lenduro/ ). Depuis, Hutchinson a sorti son 2×66, double pli, bien plus adapté aux pratiques enduro/gravity auxquelles le pneu se destine. 

Pourtant, si il ne sera question ici que de Griffus, son dessin nous importe peu, parce que ce sont avant tout des carcasses que les athlètes sont venus tester ici. Ce qui sera décidé à Finale Ligure pourra se retrouver sur un Toro adapté aux terrains meubles par exemple.

 

Pendant ces deux journées, les athlètes ont été entourés par deux mécaniciens, ainsi que deux spécialistes produits chez Hutchinson. Chacun s’est présenté avec une deuxième paire de roues, et le test peut commencer. 

Pour nous expliquer les objectifs d’Hutchinson, nous avons échangé avec Joël Balez, en charge du développement : « Des pneus testés, il y en aura un bon paquet, toutefois, tous ne concerneront pas tous les athlètes. Il sert à avoir un retour de chacun des pilotes. Ils sont tous différents et me font des retours différents. Je veux compiler tout ça, voir ce qui en ressort majoritairement. Pour les pilotes, ça va leur permettre de connaître les produits qu’on va leur envoyer pour la saison. Rien de tout ce qui est là est à la gamme. Ils vont avoir des pneus qu’ils auront validés par eux-mêmes. Ça évite les moments de flottement avant ou pendant la saison. Là, ils auront des retours terrain et leur propre avis. »

 

 

Côté produits, inutile d’être exhaustif puisque certains ne seront que peu testés par les athlètes, car vite éliminés, mais d’autres ont retenu notre attention. Toujours sur son Griffus, Hutchison a proposé aux athlètes les carcasses suivantes : 

  • La version de base 2×66 Tpi : la référence pendant tout le test. 
  • Une version complètement unique et encore à l’état de prototype « secret », appelons là « version X » : ici, il est question de déséquilibrer les couches entre la bande de roulement et les crampons latéraux. L’objectif est d’offrir du mouvement et du confort principalement sur la bande de roulement et de conserver le support des flancs et des crampons latéraux. Pour cela, Hutchinson teste différentes techniques d’assemblages, de matériaux et de tissages.
  • Renfort de 15mm : c’est une construction connue. Sur les flancs de la carcasse, on ajoute une ceinture de 1,5mm d’épaisseur et de 15mm de haut.
  • Renfort de 25mm : idem, mais avec un renfort de 25mm de haut.

Plus concrètement, pour tester ces pneus, les athlètes auront pour base les Griffus 2×66 « production » qu’ils connaissent bien. Ils ont ainsi évolué entre deux pistes, plutôt courtes, pour enchaîner les rotations en véhicule. L’objectif est simple, trouver ses marques, conserver une énergie et un engagement identiques, et comparer ! L’épreuve est moins simple qu’il n’y paraît. En ce début de saison, il faut connaitre son vélo, souvent nouveau, ses nouveaux composants (comme Isabeau qui change complètement de monture), et trouver ses marques sur ce terrain. Fort heureusement, Finale étant une destination iconique des EWS, ce n’est une découverte pour personne. 

Leur testing, ce sont les athlètes qui en parlent le mieux : 

Lapierre Zipp Collective : Isabeau Courdurier

Ça va faire 5 ans que je roule avec Hutchinson. Avant la naissance du Griffus, on avait émis le souhait d’avoir un profil un peu comme le Squale, mais plus agressif. On manquait de ça pour la race. J’aime le Toro, mais je préfère le profil du Griffus et ça me manquait pour chez moi, je suis une vraie sudiste. Le Griffus je l’adore et je l’ai roulé sur quasiment toutes les compétitions.

 

 

Pendant une séance de test comme celle-ci, très clairement je vais chercher une carcasse qui correspond aux attentes qu’on peut avoir en enduro: quelque chose de solide, qui va pardonner aussi. Je cherche du confort, de la solidité et du rendement sur la roue arrière. 

La version 2×66 actuelle me correspond énormément, donc je vais peut-être continuer à rouler avec sur la majorité des courses. J’ai ma base, mais je cherche à la perfectionner, et surtout à avoir des options : une carcasse qui fonctionne dans les pierres, qui m’apporte du confort et de la sécurité… une carcasse très performante sur des pistes roulantes… J’aime avoir des options !

 

 

Au début du testing, j’avais peur de ne pas sentir des différences. C’est la première fois que je teste des carcasse. Il y a beaucoup de nouveaux paramètres aussi (nouvelles roues, nouveau vélo…) mais au final, on se rend bien compte de la différence et c’est une bonne chose. J’ai vu ce qui m’allait, ou pas, sur certaines sections de la piste…

Côté pression, en principe (sur les 2×66) je roule avec 1,35bar devant et 1,45bar derrière, voir un peu plus si c’est cassant : 1,5 à 1,6. Avec certaines nouvelles carcasses, j’ai pu descendre en pression et c’est intéressant, vu que je suis quand même assez légère comparée aux autres riders. 

Commencal Vallnord Enduro : les Ravanel et Antoine Vidal 

Cécile & Cédric Ravanel

On est avec Hutchinson depuis le début des EWS en enduro. Pour le cross, on ne s’en rappelle plus, c’était une autre vie ! On a été investis dans le développement du Griffus, en plus des retours qu’on faisait sur ce qu’on roulait pendant la saison. Avec ce testing, on veut trouver ce que certaines carcasses pourraient nous apporter sur différents terrains : avec renfort, sans renfort, il faut trouver le bon compromis. Même sur un vélo avec des suspensions, tu n’auras jamais le matériel parfait pour descendre et pour monter, c’est toujours une affaire de compromis, et c’est ça le plus dur à trouver et tout particulièrement en enduro. On veut un pneu qui passe partout. 

En testant certains pneus un peu rigides pour l’enduro, on trouve des choses qui pourraient convenir pour du bikepark et de la DH. D’ailleurs, en DH on a roulé avec les renforts de 15mm.

Antoine, on l’aide dans son organisation pour une session de test comme celle-là. Les sensations sur le terrain, ça reste personnel. On veut arriver à ce qu’il mette de l’ordre dans le ressenti, mais il ne faut pas trop discuter pour ne pas influencer dans la décision.

 

 

Des fois, il va dire « j’adore », mais on va le pousser à tester encore plus. Idem si il nous dit « j’aime pas », en le poussant, il peut changer d’avis. On veut aussi qu’il conserve sa fraicheur de jeune et ses mots pour ses retours de sensation.

 

 

Il y a des montages différents entre les différents pilotes de l’équipe. Cécile revient sur les premiers mois d’existence du Griffus : « Les garçons ont bien accroché avec le Griffus direct devant, moi j’étais un peu plus sur le Toro. Antoine, lui, préfère les renforts de 15 pour l’enduro, et pour moi juste en descente. Donc oui, on a des différences. »

Antoine Vidal 

Je suis avec les Ravanel depuis deux ans. On a déjà fait plusieurs séances de testing. Jusque-là je roulais avec les 2X66 Tpi, mais j’ai roulé avec des pneus encore plus renforcés (renforts de 15mm) aux Orres, en enduro et en DH. Pendant cette sessions de test, on a pu tester beaucoup de carcasses. Il y en a que je n’ai pas aimé niveau grip, même si il y avait un bon rendement, mais il y en a d’autres qui m’ont bien plu parce qu’on pouvait baisser la pression sans trop avoir peur. 

Côté test, j’ai adoré la première partie de la piste de test parce qu’elle présentait pas mal de rochers avec un faux plat descendant. Dans ces conditions, on sent le pneu partout. J’ai un défaut pour ce qui est du test : j’ai une grande capacité d’adaptation et je peux m’habituer à un produit qui ne me conviendrait peut-être pas complètement.

Au niveau du montage final, je pense que je vais mettre un Griffus 2X66 devant, et un autre avec un renfort de 15mm derrière. Pour ces pneus, je cherche les mêmes caractéristiques en DH qu’en enduro.

 

 

J’adore vraiment les testings, et avec Cécile et Cédric, ils m’aident à mettre des mots sur mes ressentis, à faire le bilan et à le traduire parfois quand c’est en anglais. 

Peugeot : Nicolas Lau & Morgane Jonnier

Nicolas Lau

C’est ma deuxième année de contrat avec Peugeot. On affine ce qui a été mis en place l’année dernière. Là, on teste la carcasse et je sais que je travaille pour le Griffus et pour le Toro que je roule plutôt chez moi.

 

 

Alors qu’il pensait découvrir de nouveaux besoins questions pneumatiques en passant au VTTAE, Nico a changé d’avis : « Finalement, pas tant que ça. J’ai eu l’occasion de tester des pneus en utilisation intensive en VTT traditionnel, et là c’est presque la même chose: on a juste un peu plus de poids sur le vélo. Ce qu’on va demander à la carcasse, c’est qu’elle soit résistante et qu’elle travaille bien. On ne veut pas une carcasse trop rigide, sinon elle va nous défoncer les mains et ça va être inroulable malgré tout. En enduro race ou en VTTAE, il faut des gros pneus, des pneus robustes. Pour moi, un pneu « e-bike », c’est un très bon pneu de race pour un vélo classique.

 

 

Pendant cette séance, on a testé des montages « Version X », des montages à renfort +15 et à +25. Contrairement à ce qu’on pourrait croire avec ce +25, que je viens de déjanter à l’arrière, ça devrait être celui où rien ne peut t’arriver, j’ai baissé la pression, et voilà…

 

 

Malgré certains gros renforts, ça n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus fiable. Les renforts renvoient peut-être l’énergie là où il ne faut pas… probablement dans la tringle, et c’est ce qui fait que le pneu a déjanté. 

Je partirai donc sur un renfort +15 à l’avant pour avoir quelque chose d’assez souple sur la bande de roulement, pour soulager les mains et avoir du confort. Pour l’arrière, je préfèrerais certainement la « Version X ». Là, on est sur une carcasse ultra renforcée, qui est quand même rigide, qui va un peu dribler si on ne libère pas de la pression, mais on ne déjante pas. Ça convient à mon style de pilotage : je pilote plutôt sur la roue arrière, avec un poste de pilotage assez haut. J’ai pas mal de contraintes et de poids sur la roue arrière, faut que je bétonne !

Morgane Jonnier

Je roule avec Hutchinson depuis un an et c’est ma première séance de testing. Je roule habituellement avec un Toro devant et un Griffus derrière, quelles que soient les conditions.

Je suis passée cette année en 29 pouces et je prend mes marques, je connais bien le Griffus en renfort de 15 et je pars de cette base-là. Ça a été difficile d’exprimer mes sensations au début du testing, mais en fin de journée ça allait bien mieux. Idéalement, je veux un pneu qui va vite et qui ne crève pas.

Je veux de la polyvalence, pour pouvoir aborder tout ce qui nous attend dans une journée d’EWS. 

Sunn Enduro Team : Théo Galy 

C’est la troisième année avec Hutchinson et ma première séance de testing avec eux directement. Je roule habituellement avec les Griffus présentés l’année dernière. J’aime beaucoup le Toro également pour rouler sur un terrain vosgien. Quand je suis dans le sud, je reviens au Griffus. L’autre pneu, qu’on roule peu, mais de temps en temps, c’est le DZO. C’est très spécifique, mais on l’a utilisé en Colombie il y a deux ans. 

J’étais OK avec le Griffus 2×66, mais ça restait des pneus avec lesquels on a un peu la sensation de rouler sur des oeufs, on était parfois sur la retenue quand ça frappait fort. Je cherche quelque chose d’un peu plus costaud, qui se tient mieux et qui ne se dérobe pas.

 

 

J’ai tout essayé et mon meilleur feeling va vers les renforts de +25. Pour les 15, le renfort est moins haut, et j’ai l’impression de frapper un peu plus la jante. Habituellement je roule avec une mousse de protection à l’avant comme à l’arrière. Je ne sais pas encore quelle carcasse monter à l’avant ou à l’arrière, je vais tester la « Version X ».

En passant dans les rangs, on découvre des élèves plus appliqués que d’autres, mais également des résultats qui diffèrent parfois grandement. On le comprend : tous n’ont pas exactement la même pratique, le même poids ou le même niveau d’engagement. Toutefois, on sent une nette influence de certaines préférences de pilotage ou des goûts plus personnels. 

On se tourne vers le tableau, et c’est Joël Balez qui devra trancher : qu’est-ce que les athlètes vont finalement rouler cette saison ? « J’ai été surpris par le succès des pneus à renfort. Peu les avaient roulés. » Pour les équipes chargées des produits, viendra ensuite le temps de la rationalisation. On connaît les envies des athlètes, il faudra désormais réfléchir aux couts de la mise en production de nombreux modèles proto : « Le revers de la médaille. »

Au moment où tout le monde range ses affaires et son vélo, on s’interroge sur la pertinence d’un tel test pour le « commun des mortels ». On a eu face à nous certains des meilleurs enduristes de la planète, sur un des terrains les plus exigeants. Est-ce que leurs attentes sont celles VTTistes lambda ? La réponse est assez simple : « Non ». Toutefois, les tests dans ces conditions peuvent aiguiller les équipes pour pousser certains produits à la gamme. Toujours pour Joel Balez, « il y a un décalage entre ce qu’aiment les pilotes et ce qu’on va mettre en gamme ». En plus des athlètes, Hutchinson s’entoure de techniciens et testeurs davantage au contact du marché et de ses besoins. Dans le cas d’un pneu renforcé pour les athlètes : « Si t’as pas la force, si t’as pas la masse, le pneu, tu ne va pas le sentir. Il ne va pas se déformer et tu auras la sensation d’un pneu en bois, trop dur sur les latéraux. La carcasse ne se déformerait pas et on perd les avantages d’utiliser du caoutchouc. »

 

 

On espère pouvoir retrouver ces pneus sur les vélos des athlètes en fin de saison, et de profiter de ce travail dans quelques temps. D’ici là, on vous proposera de prolonger l’histoire en allant suivre le chemin de ces prototypes en se glissant dans l’usine de production Hutchinson ! 

2020 Griffus Test Camp

► Racing Lab Report! ?Quick overview about what we’ve done out in Finale Ligure ? a few weeks ago with all our key test riders:We had some fresh tires to try, with new compounds and sidewalls and allowed the riders to go back to back on them with their 2019 setups ? Listening to their feedback, adjusting setups each run and defining which features were an improvement is the mission of our Racing Lab ??‼️These test sessions give us the opportunity to decide where to focus our development going forward, which ends up with a better end product for both our elite athletes and the end consumer too.► Some details from this Enduro test:➤ All of them were riding on a 29er ? Keeps feedback more consistent with one wheel size➤ All of riders will be riding the GRIFFUS in double casing (what we call the 2×66)✌️because it matches with their need for racing: tough enough sidewalls, without sacrificing rolling resistance and weight ?➤ They’ll probably ride with some prototypes on some races too to continue our development ?➤ The Griffus in 2.5 widths could be ideal on the rear wheel when the riding is on gnarly DH style trails, or even Bike Parks where traction and braking are priority. But for most of the time they'll stick with the go to setup of 2.4 ? TDG-Photography

Publiée par Hutchinson Tires sur Vendredi 6 mars 2020

Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.hutchinsontires.com/ 

ParPaul Humbert