Test | BH Gravel X Evo 4.0 : parfois, c’est gai d’être rationnel !

Par Olivier Béart -

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Test | BH Gravel X Evo 4.0 : parfois, c’est gai d’être rationnel !

Sans nécessairement être aussi démonstratif que les VTT de cette marque espagnole de plus en plus en vue, le BH Gravel X Evo propose une belle offre sur le marché avec un cadre carbone et des équipements homogènes pour des tarifs plutôt concurrentiels. Nous avons voulu voir sur le terrain ce qu’il en est, et nous en avons aussi profité pour faire quelques tours de roues sur le Core Gravel, le gravel à assistance électrique de la marque, pour avoir une petite idée de son positionnement.

BH commence de plus en plus à se faire une solide réputation en VTT, avec notamment ses machines de XC très performantes que sont l’Ultimate Evo et le Lynx Evo (voir nos essais ici et ici). La marque espagnole étant très présente sur route également, c’est tout à fait logique de la voir investir aussi le segment gravel.

La gamme commence avec un cadre en aluminium, décliné en trois montages entre 1650 et 2400€, avant de passer au carbone dans une fourchette de prix entre 2899 et 5799€. Nous allons mettre de côté le tout haut de gamme, assez particulier avec sa fourche suspendue Fox, et retenir pour cet essai le Gravel X Evo 4.0 qui est proposé à 3699€ et qu’on peut considérer comme le haut de gamme classique/tout rigide. A noter que c’est le modèle 2021 que nous avons eu en test, mais le cadre, très récent, ne change pas. Les seules modifications touchent les coloris et quelques points d’équipement que nous détaillerons plus loin dans l’article. Quoi qu’il en soit, il sera possible de transférer à peu près tout ce qui est écrit ici au nouveau millésime.

BH nous a aussi donné l’occasion de tâter pour la première fois un gravel à assistance électrique. Si nous avons déjà essayé beaucoup de VTTAE, c’était une première pour nous en gravel, au guidon du Core. Dérivé du modèle route avec juste des équipements modifiés, il nous a permis de faire quelques sorties sympathiques, mais nous ne le considérons pas vraiment comme un e-bike, et nous avons donc décidé de ne pas lui consacrer un article complet mais d’expliquer en quelques lignes en fin de cet article son positionnement tel que nous l’avons ressenti. En attendant, concentrons-nous sur le Gravel X !

En statique

BH a présenté son nouveau Gravel X Evo en 2021, on a donc un cadre de conception très récente. Le modèle testé ici a un cadre en carbone, qui est le premier de la marque sur le segment gravel. Bien plus que l’alu, le recours au carbone permet de jouer sur deux tableaux à la fois : performance et confort.

Malgré son développement récent, le BH Gravel X accepte des pneus jusque 42mm de large… seulement, serions-nous tenté de dire, dans la mesure où plusieurs autres vélos de gravel récents vont jusque 47mm et qu’il s’agit d’une solution simple et efficace pour apporter plus de confort et plus de capacité de charge au vélo. Néanmoins, il faut reconnaître que 40/42mm constitue un bon compromis et la majorité de la demande. Et il faut aussi noter qu’en réalité, par temps sec (pour éviter les risques de bourrage), on pourra même monter certains modèles un peu plus gros que 42mm sur le Gravel X (à voir selon les crampons latéraux et d’autres facteurs comme la largeur de jante).

Pour concilier dégagement confortable et polyvalence au niveau du pédalier avec une compatibilité mono/double, le BH Gravel X adopte une solution désormais éprouvée qui consiste à abaisser au maximum la base côté transmission et à l’incurver pour faire le tour du pédalier. Le boîtier de pédalier, au format BB386, est aussi plus gros et large que la moyenne, ce qui facilite l’opération. Cette solution permet également à BH de ne pas faire de compromis sur des points importants et de proposer des bases dans la bonne moyenne du segment (425mm).

Annoncé autour de 1kg, le cadre du BH Gravel X ne bat pas de record, mais il se montre néanmoins très léger tout en préservant aussi un côté aventure/découverte important aux yeux de nombreux adeptes du gravel. A ce sujet, on retrouve avec plaisir différents points d’ancrage pour de la bagagerie, tant sur le cadre que sur la fourche. Complet, nous avons pesé notre modèle de test en taille M à 9,27 kg sans pédales.

Du côté de la géométrie, BH ne va pas dans des valeurs aussi « engagées » que sur ses VTT. On est plutôt sur des cotes de compromis, avec notamment un angle de direction plutôt redressé (qui évolue avec la taille de cadre) et un reach assez classique qui se combine à une potence de 110mm de long.

Equipement

Nous avons testé le BH Gravel X Evo dans sa version 4.0 du millésime 2021. La cuvée 2022 n’évolue que très peu, sauf au niveau des coloris, et de quelques points que nous allons détailler juste après.

Pour faire simple, disons que le modèle testé ici est entre le 3.5 et le 4.0 du millésime 2022, illustrés ci-dessus.

La première différence se situe au niveau des roues. Sur notre modèle de test, il s’agit des Shimano RS, des roues alu milieu de gamme robustes mais pas franchement nerveuses et légères. Autant le dire de suite, c’est un élément limitant sur le vélo, et nous avons constaté avec plaisir que sur la version 2022, on trouve désormais des roues carbone Vison (FSA) de 30mm de haut. Ce nouveau train roulant ajoute quelque 300€ à l’addition finale, mais cela nous semble parfaitement justifié. D’autant que si vous préférez jouer la sobriété, le montage 3.5 à 3099€ se profile comme un excellent compromis.

Nous n’avons jamais testé ces roues FSA/Vision et nous espérons qu’elles ne sont pas trop raides pour un usage gravel, mais elles devraient permettre d’améliorer le côté « paresseux » du train roulant actuel. Par contre, rien à dire sur les pneus Hutchinson Touareg, polyvalents, rassurants, roulants et aussi solides.

Du côté de la transmission, BH fait confiance à Shimano avec l’inévitable groupe gravel GRX. C’est une bonne chose car c’est à notre sens le meilleur choix en gravel à l’heure actuelle, surtout au niveau de l’ergonomie des poignées et de la puissance des freins… deux éléments extrêmement importants en off-road.

La transmission est en mode électronique Di2. De ce côté, nous ne dirons pas que c’est indispensable car la version mécanique fonctionne aussi très bien. Mais impossible de nier que changer de vitesse en une petite pression de doigt est vraiment agréable. La durée de vie de la batterie est particulièrement longue entre deux recharges (on parle de plusieurs mois en usage « moyen ») et la précision des changements de rapports est assurée quelles que soient les conditions. La transmission est ici mariée à un pédalier FSA au design pour le moins… original.

Pour le reste, le BH Gravel X ne fait pas dans le grand luxe, mais on a malgré tout des composants alu de qualité, à la finition soignée. Petite remarque tout de même : si le cintre alu ne souffre aucune critique, la tige de selle ne filtre pas énormément les vibrations même si elle est au diamètre 27,2mm. Heureusement, le cadre est plutôt bon dans ce domaine, mais avec une tige carbone étudiée pour se déformer un minimum, le résultat global aurait encore pu être meilleur.

BH Gravel X : le test terrain

Quand on se pose aux commandes, on sent qu’on est au guidon d’un vélo racé. Même s’il cultive aussi son image de baroudeur, on le sent plus proche d’un esprit performance et de racines « route » que purement VTT. Conséquence : il accélère vraiment très, très fort pour un vélo qui, finalement, n’est pas si haut de gamme que cela, et qui n’est pas équipé de roues particulièrement dynamiques.

Ajoutez-lui une bonne paire de roues plus légères (même en alu, pas nécessairement besoin de claquer plus de 1000€ supplémentaires dans du carbone), et les performances du cadre s’en trouvent magnifiées. A chaque virage, à chaque changement de rythme, il pousse à relancer, à se mettre en danseuse. Une jolie petite bombe, cet espagnol !Par contre, quand certains vélos à gros tempérament se montrent usants, le BH Gravel X parvient à ménager le pilote et à se montrer doux quand c’est nécessaire. Bien sûr, on laisse de l’énergie à chaque coup de cuisse qu’il vous incite à lui infliger, mais par ailleurs, c’est aussi un vélo très conciliant qui vous permet de ne pas gaspiller de l’énergie à des choses non nécessaires, et de garder tout votre influx pour les moments pertinents.

Malgré son côté sportif, le cadre a une vraie capacité de filtration des vibrations qui permet très clairement d’envisager de longues sorties et des voyages à son guidon. Cette capacité d’effectuer le grand écart entre performances et aventure n’est pas si courante que cela et beaucoup s’y cassent les dents sur le terrain malgré de belles intentions et des annonces marketing. Clairement, ici, vous nous demandez de partir avaler des bornes pendant plusieurs jours à son guidon, on démarre de suite !

Vojo ayant à la base une âme VTT, nous ne pouvons jamais nous empêcher d’emmener les bikes de gravel que nous avons en test hors de leur zone de confort. Et le BH montre de belles capacités de franchissement, ainsi qu’un côté rassurant dans le technique, qui incite à sortir des sentiers battus. Après, quand on veut attaquer dans le défoncé, il se montre exigeant, mais il s’en sort avec les honneurs. Tant sur l’aspect vitesse/efficacité, que sur la note de style.

Son angle de direction le rend vif dans les virages serrés et les « pif-paf » mais il ne se montre pas traître quand ça tabasse. Il faut juste garder à l’esprit qu’en pneus de 40 et sans suspensions, on ne fait pas de miracles et il faut que le pilote soit capable de tenir la bête pour profiter de son potentiel. Heureusement, les freins Shimano GRX aident bien et la prise en main des poignées offre un grip rassurant sur le guidon. Cela peut sembler futile, mais en pratique c’est tout sauf un détail…

Conclusion

Le BH Gravel X est un excellent gravel quand il s’agit de parler de polyvalence. Fier de ses racines route quand il faut appuyer sur les pédales, il sait aussi se montrer conciliant sur les longues distances et ludique dans le technique. Il n’excelle nulle part et il n’est pas aussi démonstratif que les VTT de la marque, mais c’est un excellent choix pour qui veut tâter un peu de toutes les saveurs du gravel avant, éventuellement, de s’orienter vers une machine plus pointue une fois qu’on a réussi à mieux cerner ses attentes lors de sa pratique du gravel. Cerise sur le gâteau, son tarif est plutôt bien placé. C’est donc un choix rationnel… mais pas du tout fade pour autant. 

Plus d’infos : https://www.bhbikes.com/fr_BE/gravelx

BH Core Gravel : premier essai électrique

BH dispose également dans sa gamme d’un modèle Core Gravel, doté d’une assistance électrique maison. Vous nous connaissez, nous sommes habitués aux tests de VTT à assistance électrique. Mais par contre, nous n’avions jamais vraiment eu l’occasion de rouler sur un gravel e-bike. Nous étions donc curieux au moment d’aborder ce premier contact.

Mais nous nous sommes vite rendu compte que le BH Core Gravel ne pouvait pas cacher ses origines de vélo de route. Avec son cadre profilé, et malgré des haubans fins, il ne parvient pas réellement à suivre et à procurer un minimum de confort en off-road. Dans les passages techniques, avec son poids, on se demande même parfois ce qu’on fait là. Et son moteur manque aussi clairement de couple pour aborder des coups de cul raides comme on en rencontre régulièrement en off-road.

Nous avons donc essayé un autre registre et nous avons trouvé l’usage optimal de ce BH Core Gravel lors de sorties sur des petites routes au revêtement inégal, où les gros pneus gravel sont un vrai plus, sans pour autant vraiment faire perdre en rendement. Sur de larges chemins forestiers sans difficulté technique, il se montre aussi à l’aise, et la présence discrète mais bien réelle de l’assistance permet aux moins entraînés de profiter de belles sensations sans rentrer complètement rincé à chaque sortie. Dans ce genre d’usage, son autonomie est remarquable (nous nous sommes arrêtés à 120km et 1300m de d+, avec à peine une demi batterie vide)

Vous l’aurez compris, ce BH Core Gravel est plus à considérer comme un vélo de cyclosport confortable et capable de s’aventurer hors des routes revêtues que comme un vrai gravel. En l’absence de suspensions, et sur base d’un cadre route, les gros pneus du Core Gravel servent juste à compenser le surpoids de l’assistance sur routes dégradées. Nous attendons de tester d’autres machines, mais à ce stade, il nous semble difficile d’envisager le même programme au guidon d’un gravel avec et sans assistance car le poids combiné à l’absence de suspension rend les modèles à assistance délicats, voire désagréables à piloter en off-road engagé, quand un gravel classique procure simplement des sensations différentes et plus pures par rapport à un VTT. Le tout est simplement de le savoir !

Plus d’infos : https://www.bhbikes.com/fr_BE/bicicletas-electricas-gravel/core-carbon

ParOlivier Béart