Roots & Roots | Retrouvailles en Alsace

Par Paul Humbert -

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Roots & Roots | Retrouvailles en Alsace

Au printemps dernier, nous avons passé quelques jours avec deux personnes qui nous tiennent à coeur : Bérengère Boës et Déborah Motsch. Sans faire partie de l’équipe Vojo à part entière, elles y contribuent régulièrement. Cette fois-ci, nous avons choisi de tourner notre appareil photo vers elles qui se connaissent depuis l’enfance et qui, sans s’être concertées, se sont retrouvées à vivre d’une même passion : le VTT. Pour vous parler de ces deux (jeunes) destins parallèles, nous avons choisi l’endroit où elles ont grandi pour vous en proposer un petit guide en 10 points, non exhaustif, et encore moins objectif, de l’Alsace : 

Elles ont grandi en découvrant la compétition à travers les TRJV puis les TNJV une fois par an. Cette grande fête pour les meilleurs jeunes vététistes d’une région leur permet de se confronter, le temps d’une petite semaine, aux autres jeunes des régions de France. Pendant ces compétitions sont nées de véritables histoires, des talents se sont croisés et les passions de Bérengère et Débi se sont affirmées. 

Dans des albums photos gardés précieusement, on reconnaît leurs visages aux côtés de ceux d’autres jeunes vététistes qu’on connaît bien (et qu’on vous met au défi de reconnaître sur les photos) : Jérôme Clementz, Julie Bresset, Nicolas Lau, Maxime Marotte… Dans ces mêmes albums familiaux, on prend réellement conscience des vertus de ces compétitions multi-disciplinaires. Au-delà de former de jeunes champions, ils apprennent aux petits vététistes à aimer le VTT au sens large, sans s’enfermer dans une discipline. On y cultive une passion du sport, et ce n’est pas un hasard si nos deux protagonistes vivent la vie qu’elles mènent aujourd’hui. 

Cuissards trop grands, nez qui coulent et premières victoires, elles échangent sur les moments forts de ces années qui ont scellé cette obsession pour cette machine à deux roues. Elles progressent toutes les deux au sein de l’ASPTT Mulhouse puis tournent leurs jambes sur les circuits de cross-country un peu partout en France. Bérengère et Débi ont 4 années d’écart mais se retrouvent souvent au départ des mêmes compétitions.

Elles intègrent au même moment le projet d’équipe Breiz Mountain composée de 5 femmes, dont une certaine Julie Bresset. 

 

 

Avançant dans leurs études, Débi et Bérengère quittent progressivement la compétition. L’appel du « fun » est un peu trop fort et elles basculent toutes les deux vers une pratique plus orientée enduro en participant à quelques courses, avant de se concentrer surtout sur le plaisir de rouler. À ce stade là, Bérengère a quitté l’Alsace pour faire ses études et mettre un premier pied dans l’industrie du cycle, bientôt suivie par Déborah qui prend elle aussi le chemin du sport et s’installe dans les alpes. 

Elles se « suivent » de loin, et vivent chacune leurs vies respectives. Bérengère passera chez Universal Bike Racing, avant d’écrire pour l’UCI et de rejoindre ensuite Commencal, qu’elle quittera pour retrouver un statut d’indépendante qu’il l’a amenée à collaborer avec Vojo, notamment pendant les EWS 2017 et 2018 en produisant des vidéos au coeur des évènements. Bérengère n’a pas quitté le milieu de la compétition qu’elle affectionne tant puisqu’elle travaille à la communication de plusieurs équipes et marques. On la retrouve chaque été sur les bords des pistes de coupe du Monde de descente, téléphone et caméra à la main. 

De son côté, Débi devient monitrice de vélo et profite du temps qui lui reste pour voyager, à vélo toujours, et pour partager certaines de ses expériences sur Vojo. On la retrouve également bien impliquée dans l’association « Les Bikettes – bike girl team » qui encourage la pratique du VTT auprès des femmes. 

Nos deux comparses aux cheminements assez parallèles finissent par réellement se recroiser plus récemment sur des vélos on ne peut plus identiques. Bérengère comme Déborah se retrouvent épaulées par Juliana et Sram qui équipent leurs Roubion de manière assez identique. L’occasion pour les deux Alsaciennes en déroute de se retrouver et de revenir aux bases : direction les montagnes où tout a débuté. 

 

C’est le mois d’Avril qui a été choisi par Débi et Bérengère pour retrouver leurs racines. Petite expédition qu’elles baptisent elles-même « Roots & Roots », notre tour débute sur les hauteurs de Colmar et notre premier stop ravitaillement s’organise dans une cabane à mi-hauteur. Hasard ou coïncidence, des journaux laissés sur places pour allumer un feu nous ramènent 27 années en arrière, jour pour jour, le 11 Avril 1992. L’actualité change assez peu : les britanniques sont indécis, on réfléchit à la préservation des sentiers sur les crêtes vosgiennes, le massif du Mont Sainte-Odile est au coeur des débats et sera notre étape du troisième jour. 

Ce qui ne change pas non plus, ce sont les sentiers de la région : vallonnés, variés, accueillants, techniques tout en laissant une belle place au flow. Débi et Bérengère ne s’en privent pas et elles traversent ainsi les massifs du Hohlandsbourg, la vallée de Munster puis le massif du Mont Sainte-Odile. 

 

 

Au programme de nos trois jours, pas mal de vélo, un peu de bataille contre les éléments, beaucoup de bons moments et une mission « lever de soleil » plutôt ratée…

Plutôt que de vous tracer un itinéraire fléché pour rouler sur leurs traces et leurs racines, Bérengère et Débi ont choisi de vous préparer leur top 10 des bonnes règles à respecter pour rouler en Alsace (et la dixième va vous surprendre, évidemment). Ni exhaustives, ni objectives, nos deux « Roots » comptent sur leurs doigts : 

Règle Numéro 1 : faites confiance aux locaux

L’Alsace peut compter sur une grosse communauté de vététistes de tous niveaux et de toutes pratiques. Des randonneurs aux compétiteurs, la région est un véritable vivier. On trouve ainsi de nombreuses initiatives locales, de la frontière Nord avec l’Allemagne jusqu’à celle au Sud avec la Suisse.

On retrouve également des associations dynamiques qui intègrent le VTT dans un cadre de développement touristique. Pendant notre passage, nous avons passé du temps sur la piste d’enduro officielle de la vallée de Munster, nous avons croisé les sentiers entretenus par l’association Holhand’s bike, mais on peut également citer les loueurs de VTT et VTTAE, les bike-parks de la région (dont un tout nouveau au Markstein), les bases VTT, les associations comme Elsass MTB Trails, Trail Sheperd, les nombreux clubs formateurs, les organisateurs de compétition ou encore les lieux uniques comme Stride à Strasbourg qui accueille les vététistes en intérieur.

 

 

Pour faire simple, vous n’aurez pas besoin de creuser bien loin pour trouver des passionné(e)s et des sentiers à partager !

Règle Numéro 2 : ne pas trop se soucier de la météo 

En l’espace de trois journées de printemps, nous avons eu droit à du grand soleil, de la pluie et de la neige !

 

 

Peu importent les conditions, les sentiers se pratiquent vraiment bien et il serait dommage de s’en priver. Le climat change vite et le sol, particulièrement drainant, se prête à la pratique du VTT presque toute l’année.

Règle Numéro 3 : ne pas se prendre de (vieilles) pierres sur la tête

Si vous êtes amateurs ou amatrices de vieilles pierres, sachez que la région regorge de vestiges de chateaux, d’anciennes voies romaines, de ruines plus ou moins solides et de traces de civilisations passées.

 

 

Le réseau de sentiers est particulièrement développé sur certains massifs et témoigne d’une activité ancienne dans la région. Profitez-en, mais levez la tête pour ne pas vous prendre une (vieille) pierre sur le bout du nez !

Règle Numéro 4 : ne pas oublier les ravitaillements 

Cela tombe sous le sens, mais en Alsace encore plus qu’ailleurs, Débi et Bérengère ne rateraient le ravitaillement pour rien au monde ! On pourrait vous énumérer un certain nombre de spécialités locales qu’on trouve sur les ravitaillements des nombreuses courses et randos mais nos guides d’un jour ont vu les choses en grand !

Nous avons retrouvé Jeen de « Chez Mémé » qui organise des cours de cuisine au feu de camp, et en extérieur.

 

 

Parfait pour une pause dans la vallée de Munster. Direction le sommet des montagnes pour retrouver le brasier, et si nous avions oublié notre tente, les estomacs criaient tout de même famine ! Comme les clients que Jeen accueille habituellement, Bérengère et Débi mettent, littéralement, la main à la pâte pour confectionner leurs hot-dogs, avant de farcir des champignons, de faire « popper » leur pop-corn et de s’attabler devant un curry et des légumes mijotés au feu de bois.

 

 

Si l’aventure vous tente, et si vous avez envie de vous améliorer derrière un brasier ou une marmite, contactez Jeen !

Règle Numéro 5 : partagez les sentiers 

C’est une évidence qui est toujours bonne à rappeler. L’Alsace attire les vététistes, mais pas que ! Partager les sentiers en bonne intelligence, c’est l’assurance que tout le monde puisse en profiter.

 

 

Certaines tensions dues à un manque de dialogue existent mais les vététistes se fédèrent, autour de la Mountain Biker Foundation notamment, et participent à l’intégration du sport dans les massifs. Ce dernier y a toute sa place et participe à leurs rayonnements, comme à leurs développements économiques.

Règle Numéro 6 : partagez vos sorties !

Les clubs de la région sont dynamiques et de nombreuses compétitions s’organisent. Si toutefois le chrono ne vous attire pas, les associations et clubs organisent de nombreuses sorties pour découvrir les massifs et s’éclater à plusieurs.

 

 

Sur les sentiers alsaciens, et du massif Vosgien par extension, ne soyez pas surpris de croiser de nombreux vététistes professionnels. En s’étendant aux régions voisines, la liste des athlètes talentueux qui y sont nés est impressionnante : Maxime Marotte, Jérôme Clementz, Thomas Dietsch, les frères Julien et Rémy Absalon, Rémi Thirion, Nicolas Lau, Pierre-Charles Georges… Vivier de talents, le massif vosgien continue d’en former et de briller.

Règle Numéro 7 : entretenez les sentiers

Les sentiers qu’on aime sont empruntés par de nombreux usagers de la forêt et certains ont parfois mauvaise mine.

 

 

Nous saluons donc le travail des associations comme le Holhand’s Bike, les Trails Patrols de Munster ou les Trail Sheperds de Saverne qui donnent de leur temps et s’associent aux autres collectifs d’utilisateurs de la forêt pour entretenir les sentiers pratiqués par tous, et développer des itinéraires dédiés aux VTT. Soutenons-les !

Règle Numéro 8 : découvrez la faune sauvage

La région est belle et regorge de vie. Pas besoin d’aller bien loin pour nos deux rideuses pour le découvrir.

 

 

À l’aube, en forêt, cette dernière nous réserve de belles rencontres.

Règle Numéro 9 : entraînez votre diction

Si vous n’habitez pas dans la région, prenez rendez-vous chez votre orthophoniste et sortez vos cahiers d’Allemand. Les noms des communes sont identifiables à leurs séries de consonnes s’approchant étrangement de celui de votre code Wifi et à leurs panneaux à rallonge.

 

 

En forêt, les sentiers sont particulièrement bien balisés et vous permettent de partir à l’aventure sans carte, à condition d’avoir une bonne mémoire !

Règle Numéro 10 : jetz geht’s los !

Parce qu’il fallait bien un numéro 10 (pour vous surprendre) : plus de temps à perdre, pour Débi et Bérengère, l’appel des sentiers est trop fort et elles partent en profiter autant que possible avant de repartir voyager ! Et si vous les croisez sur les sentiers, pensez à les saluer.

Pour les suivre (sur internet), c’est par là : Débi et Bérengère

ParPaul Humbert