Roc d’Azur : dans les coulisses d’un évènement hors normes

Par Christophe Bortels -

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Roc d’Azur : dans les coulisses d’un évènement hors normes

Cinq jours, 20.000 participants, des dizaines d’épreuves, un salon rassemblant près de 300 exposants, etc : on connaît tous le Roc d’Azur et ses chiffres qui donnent le vertige. De l’extérieur, tout ça peut pour certains paraître froid et sans âme. Mais dans l’ombre, il y a des passionnés, de nombreux acteurs locaux et du savoir-faire dans bien des domaines. Alors, comment met-on en place un tel évènement ? Combien de personnes sont mobilisées pour faire tourner une grosse machine comme celle-ci ? Et comment tout ça s’organise pour éviter les couacs et faire du Roc une grande fête du vélo ? Pour le savoir, nous nous sommes glissés dans les coulisses du plus gros évènement VTT au monde. Voici tout ce qui a retenu notre attention :

Le Roc d’Azur, c’est 5 jours de vélo en octobre. Mais pour ASO, l’organisateur, c’est du travail tout au long de l’année. Avec évidemment des pics et des creux, ce qui explique qu’il n’y a pas dans l’entreprise d’employés qui travaillent à plein temps uniquement sur le Roc. Pour autant, il n’y a généralement pas de temps à perdre, et dès la fin d’un Roc débute déjà la préparation de l’édition suivante. Dans la foulée du débriefing, il faut rapidement songer au programme et aux nouvelles épreuves, puisque les inscriptions ouvrent en février. Les échéances se succèdent de la même façon pour mener à la semaine tant attendue, celle du Roc d’Azur !

Mi-septembre, soit deux semaines avant le Roc, débute l’installation des infrastructures sur la Base Nature de Fréjus. Zones de départ et d’arrivée, des kilomètres de barrières le long de ces zones et tout autour du site…

… et surtout le vrai gros morceau, celui qui nécessite le plus de boulot et le plus de temps : la gigantesque tente blanche qui abrite l’espace intérieur du salon des exposants !

Les exposants prennent quant à eux leurs quartiers dès le lundi de la semaine du Roc, ce qui leur laisse trois jours pour s’installer avant l’ouverture du salon au public le jeudi.

Coupe de bois, ajustement de planches, mise à niveau : à l’avant-veille de l’ouverture du salon, ça s’active sur les 900 m2 du stand de Canyon, de loin le plus grand du salon du Roc d’Azur. Pas moins de 15 personnes sont mobilisées dès le lundi et durant trois jours pour mettre en place les différentes structures qui composent l’espace d’expo du géant allemand. Et l’accent est mis sur la durabilité avec un maximum d’éléments qui peuvent être réutilisés sur d’autres évènements. Pour l’anecdote, alors qu’il aura fallu trois jours pour le monter, à la fermeture du salon le stand sera démonté en… 4 heures !

Toujours dans une logique de durabilité, les plantes qui décorent le stand sont louées à une entreprise spécialisée au lieu d’être achetées afin d’éviter tout gaspillage.

Des rendez-vous entre marques et journalistes ont parfois lieu avant même l’ouverture du salon, comme ici où dès le mercredi Vojo a pu découvrir plusieurs nouveautés sur le stand Rockrider, avec donc un jour d’avance sur le public du Roc. On vous glisse le lien vers l’article si ça vous a échappé : Rockrider 2024 : de long en large, la gamme s’étend !

Les journalistes ont également quelques privilèges quand il s’agit de couvrir les épreuves comme on le fait régulièrement. Pour faciliter le déplacement des secours et limiter les éventuels problèmes, la circulation est très limitée sur certaines portions de route. Alors pour pouvoir se déplacer rapidement sur les spots mythiques comme le Fournel ou le Bougnon, l’organisation met à notre disposition des voitures et des motos avec gyrophares et laissez-passer, et surtout des chauffeurs et pilotes qui nous déposent au plus près de l’action. Claude, qui prend ici la pose, est l’un de nos chauffeurs réguliers depuis pratiquement 10 ans, merci à lui !

En plein milieu du gigantesque hangar qui accueille aussi les inscriptions trône le stock logistique. On y retrouve pas mal de matériel de l’organisation comme de la signalétique, les stocks de t-shirts pour les finishers, des extincteurs, etc, mais aussi du matériel envoyé en amont de l’évènement par les exposants et qui sera récupéré pendant la semaine. Et puis il y a également des vélos mis à disposition par l’orga… pour se déplacer sur le vaste site qui accueille le Roc d’Azur !

Pendant cet inventaire du stock logistique, notre regard est attiré par un immense tableau affiché au mur. Fruit d’un long processus d’analyse, il permet d’organiser les ravitaillements et de répartir les marchandises – nourriture et boissons – en fonction du nombre de participants qui sont attendus chaque jour à chaque ravitaillement. Des calculs sont ainsi réalisés pour déterminer quelle quantité de tel produit ou telle boisson doit être envoyée à tel ravitaillement.

Prévoir les quantités nécessaires pour chaque ravitaillement est hélas tout sauf une science exacte. Les organisateurs essaient évidemment de faire au mieux, en se basant par exemple sur les chiffres des années précédentes, mais certains facteurs extérieurs comme la chaleur peuvent fausser les calculs, même s’ils sont anticipés… On notera que cette année, le tri sélectif a été encore amélioré sur les ravitos afin de déterminer plus précisément les quantités de déchets produites sur le Roc.

On l’imagine sans peine, les quantités dont il est question ici sont énormes ! Et quasi tout est réuni en un même lieu, dans une grande tente installée provisoirement à proximité de Roquebrune-sur-Argens. De ce stock, alimenté en début de semaine par les différents fournisseurs, partent avec une journée d’avance les nourritures et boissons destinées à la vingtaine de ravitaillements installés sur les différents parcours. Le tout est dispatché et livré par des camions de la ville de Fréjus. Vu comme ça, la tente ne semble pas si remplie, mais il y a notamment à l’extérieur pas moins de 60 palettes de bouteilles d’eau, ce qui d’après un rapide calcul équivaut tout de même à environ 50.000 litres d’eau !

Sur les parcours, le travail a commencé dès le début du mois de septembre. Débroussailler, enlever des pierres, combler des ornières, puis évidemment attaquer le balisage en tant que tel : voilà les différentes tâches auxquelles s’attèlent des employés de la ville, des membres du club local de VTT, etc.

Les motards ont également un rôle crucial pendant et même avant le Roc d’Azur, puisqu’ils sont eux aussi à l’oeuvre dès la phase de remise en état des parcours. Durant le Roc en lui-même, les motards mobilisés  – une petite trentaine au total – font office d’ouvreurs et de fermeurs sur les différentes épreuves, mais leur rôle est également essentiel en termes de sécurité.

Grâce à leur connaissance du terrain, ces motards locaux sont en effet les mieux placés pour orienter les secours en cas d’accident. Petite cerise sur le gâteau : le Roc d’Azur est l’occasion pour eux de traverser certains secteurs qu’ils ne sont pas aussi autorisés à parcourir le reste de l’année.

Puisqu’on parle de sécurité, voilà le sujet qui mobilise une bonne partie des ressources de l’organisation, et qui justifie en grande partie le tarif souvent jugé trop élevé d’un dossard sur le Roc d’Azur. « C’est un élément essentiel et peu visible, mais on peut se vanter d’avoir un dispositif costaud, même si cela n’empêche pas les accidents vu la masse et les différents niveaux de participants« , nous confie Vivien Hocquet, coordinateur global du Roc d’Azur. Qui ajoute : « D’ailleurs, en tant que coureur, si je dois me blesser je préfère que ce soit sur le Roc ! »

Pour les aider dans cette tâche, les organisateurs s’appuient en grande partie sur les pompiers. Pourtant, depuis quelques années le SDIS (Service Départemental d’Incendie et de Secours) ne travaille plus pour des évènements privés, mais le Roc d’Azur est une exception. Et pour cause : l’évènement prend place dans de grands massifs, et son ampleur permet au SDIS d’avoir une masse suffisante pour tester certains dispositifs d’intervention qu’il serait impossible de simuler. En période de pic, il y a environ 150 pompiers issus de tout le département qui sont mobilisés pour intervenir rapidement. Et ce sont au total 47 postes de secours qui sont répartis partout dans le massif. Tous ne sont pas tous activés en permanence, bien sûr, mais jusqu’à 25 de ces postes peuvent être actifs en même temps selon les jours et les épreuves.

En plus de ces dispositifs disséminés sur les parcours, un poste de secours est placé stratégiquement au niveau de l’arrivée sur la Base Nature, où se terminent quasi toutes les épreuves. Ici, les pompiers et la protection civile enregistrent les blessés (jusqu’à 200 sur les plus grosses journées du Roc) puis les redirigent soit juste à côté pour les petits bobos, soit vers le poste médical avancé (PMA) en cas de blessure plus importante (suspicion de fracture de la clavicule, etc). Ce PMA est installé à côté de la caserne des pompiers, à l’entrée de la Base Nature, où l’on retrouve également le PC course, véritable coeur du dispositif où sont coordonnés en temps réel tous les services à l’oeuvre sur le Roc d’Azur.

Evidemment, des équipes compétentes et bien rodées ne servent à rien sans une communication fiable. Il y a quelques années, une grosse antenne relais placée au Col de Valdingarde assurait l’ensemble des communications radio entre toutes les équipes… jusqu’à ce qu’elle soit volée le dimanche du Roc ! Depuis cette mésaventure, ce sont désormais cinq antennes plus petites qui sont mises en place pour l’évènement, sur des terrains privés cette fois pour éviter tout nouveau vol. Un mal pour un bien finalement, puisque cette solution est plus fiable que l’ancien dispositif et permet de mieux couvrir le terrain, a fortiori depuis que le Roc s’est étendu vers le massif de l’Estérel.

Enfin, comment ne pas parler des bénévoles ? Chevilles ouvrière du Roc, ils sont plus de 1000 à oeuvrer chaque année sur l’évènement, pour la plupart des fidèles et des locaux comme Gladys, croisée lors du Roc Marathon. Avec l’ajout de nouvelles épreuves l’organisation doit toutefois trouver régulièrement de nouveaux bénévoles… et ce n’est pas toujours chose facile. Avis aux amateurs ?

Durant ce reportage, on s’est donc rendu compte que derrière cette grosse machine qu’est le Roc d’Azur se cachent des dizaines de professionnels et de passionnés essentiels au bon fonctionnement d’un évènement comme celui-ci. Tous étaient d’ailleurs enthousiastes à l’idée de lever un petit coin du voile pour nous présenter leurs activités, et ravis qu’on s’intéresse à leur travail de l’ombre dont on ne parle que trop rarement. Alors peut-être que comme nous, vous verrez les choses autrement lors de votre prochain Roc d’Azur !

ParChristophe Bortels