Rencontre avec… Baptiste Dubois, vainqueur du Challenge Shimano XTR/ MB Race

Par Elodie Lantelme -

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Rencontre avec… Baptiste Dubois, vainqueur du Challenge Shimano XTR/ MB Race

Ils sont 4. Quatre chanceux à avoir gagné le concours Shimano XTR/MB Race. Le gros lot ? Un engagement pour la MB Race, autoproclamée « course la plus dure au monde », qui se déroulera les 7 et 8 juillet dans le massif du Mont-Blanc. Dans le pack aussi, un casque et des lunettes Lazer, des chaussures Shimano S-Phyre et un montage full Shimano à la carte. Mécanique ou électrique, mono ou double plateau, étagement… Restait à choisir. Nous avons rencontré Baptiste Dubois, premier des quatre heureux vainqueurs, pour découvrir sa personnalité, son histoire et ses choix.

Le lieu de rendez-vous, Baptiste Dubois, 21 ans, l’a choisi parce qu’il y vient souvent avec ses amis, pour courir, plonger. Le château de Bourdeau, près de Chambéry, n’est pas loin de sa fac, Technolac, où il étudie, en Staps au sein de la filière ergonomie.

Il travaille notamment sur l’interface homme/matériel. Ça tombe bien, il fait du vélo depuis petit. « Je suis plutôt sports individuels, explique ce natif de Bourg-en-Bresse. À la base, je faisais du vélo de route, mais quand je suis arrivé au lycée, il y avait plus de VTTistes que de routards dans ma classe, alors j’ai basculé. » Il a même basculé dans le long, puisqu’il s’adonne au cross-country marathon depuis trois ans.

« Je ne suis pas très à l’aise dans les intensités, les efforts explosifs », précise Baptiste, qui a signé un podium à la MB Race en Espoirs depuis deux ans et des top 50 sur les cross marathons UCI. Ce qu’il vise pour cette épreuve pas comme les autres créée en 2010 ? « Un podium Espoir, voire la victoire… et j’aimerais aussi rentrer dans un top 30 sur un marathon UCI cette saison. »

La MB Race, il l’a découverte sur les 50 km, en Cadets : « Ça m’a bien plu, donc logiquement, j’ai pensé à faire le marathon. L’année dernière, je m’étais cassé la cheville, mais j’étais déjà inscrit. Les 70 premiers kilomètres ont été un vrai calvaire : en montrée, j’étais collé. Je m’amusais juste en descente, parce qu’il y avait de la boue, mais j’étais en colère contre moi d’être si mal en jambes. Et puis j’ai pensé qu’avec les études, je n’aurais sans doute l’occasion d’en faire beaucoup, des MB Race. J’ai pensé à mes parents qui étaient sous la pluie, comme moi, pour me soutenir. Et la MB Race, je vois ça comme une course à l’espoir: il y a des moments où ça va bien, d’autres – plus nombreux – où tu es dans le dur. J’ai attendu que le mieux se présente. Il est arrivé sur les 40 derniers kilomètres et ça a été une joie de passer la ligne d’arrivée. »

Son vélo pour la MB Race

Pour cette édition 2018, celui qui se définit comme « pugnace, réservé et reconnaissant » roule sur un Wilier 100 FX, un tout-suspendu en 100 mm. « Je connaissais la marque en vélos de route et j’avais des copains qui roulaient sur des VTT, je me suis renseigné. Je suis bien dessus. Je voulais un tout-suspendu à tout prix pour les marathons, j’y gagne en confort et la différence de poids n’est pas énorme sur les longues distances. Il est logiquement monté en 29 pouces, je n’ai pas de tige de selle télescopique pour l’instant, mais ça serait un plus, il est efficace dans les longues montées, et pardonne plutôt les erreurs dans les descentes. »

L’idéal pour cette course de longue haleine qui cumule 7000 mètres de dénivelé positif dans sa version 140 km ? « C’est un vélo bien adapté à ce type de parcours, et moi, avec mon mètre 85 et mes 80 kg, je suis plutôt lourd dans les montées, je pèche un peu, mais je sais que je peux compenser à la descente, je joue là-dessus, donc je tire encore plus profit de la suspension arrière. En taille L, mon Wilier pèse autour de 10-11 kg, ce n’est pas le plus léger, il faut que ce soit fiable aussi. C’est pour ça que je monte mes pneus en tubeless, des Maxxis en carcasse renforcée avec des ballons plus gros, de section 2,5 ou 2,3 quand c’est roulant. Mais sur des longues distances en conditions boueuses, je prends assez large, pour le confort et l’adhérence, quitte à dégonfler un peu plus. Il faut que ça tienne la route. La fiabilité, c’est crucial à mes yeux, ce n’est pas la peine de tout donner pour casser, car au final, ce serait un échec. Or, si je casse, ce sera de ma faute, donc il faut jouer la sécurité, quitte à transiger sur le poids. »

«Je n’avais jamais roulé du XTR»,s’excuse-t-il presque, pour justifier sa rapidité à greffer le kit sur son Wilier.

Le Challenge XTR, Baptiste l’a découvert sur la page de la MB Race, qui partageait le statut Shimano. Lui qui se dit « pas forcément chanceux » a tenté le coup. Ça a marché. Impatient, et alors que la météo de la fin d’hiver était plutôt franchement pluvieuse dans les Alpes, il a fait monter son groupe au plus vite. On avait prévu de photographier le montage au sein de l’atelier Shimano Service Center du magasin DVélos à Chambéry. Raté ! Baptiste avait déjà pris le rendez-vous, il y était allé, c’était fait. C’est qu’il avait prévu de rouler vite avec, pour s’y faire, avant le Roc Laissagais qui figurait à son programme cette saison.

« Je n’avais jamais roulé du XTR,s’excuse-t-il presque, pour justifier sa rapidité à greffer le kit sur son Wilier. Et malgré la météo, j’ai pu aller rouler, le passage des vitesses est fluide, la chaîne ne saute pas dans les passages techniques. »

Mécanique, mono en 32 et 11/46 au programme

« Je n’ai quasiment roulé qu’avec du Shimano. Parmi les options proposées, j’ai choisi une transmission mécanique. Là encore, par souci de sécurité : si j’accroche un câble dans une descente, je sais que je vais pouvoir réparer… et au pire, je continue à rouler comme ça jusqu’à ce que je croise mon père sur le parcours. Même si j’aurais adoré rouler avec l’électrique – j’ai des copains qui roulent avec et je sais que ça va vraiment bien –, je me dis que si l’électrique est coupé, il n’y a pas moyen de le ramener. Pour le mécanique, je ne suis pas un pro de la réparation, mais je trouverais toujours le moyen de me débrouiller. »

Entre mono et double, Baptiste a opté pour la simplicité : « Je roule en one-by depuis le début, en Sram pour être exact, jusqu’à maintenant. En mono, il faut bien se connaître, car tu n’as pas de marge de manœuvre, mais les étagements de vitesses sont suffisamment bien pensés. J’ai fait le choix d’un 32, je roulais avec ça l’année dernière – un modèle en XT – et ça va bien, je n’ai jamais eu de souci. »

« Pour la cassette, j’ai pris le plus grand, du 46, c’est ce que je connais, je sais que ça monte à peu près partout. »

Côté freinage, Baptiste est un habitué de la marque japonaise : « Avant, j’étais en transmission Sram Eagle, mais je combinais avec du Shimano XT pour les freins. Question d’habitude, j’ai toujours roulé avec et je n’ai jamais eu de problème et puis, le feeling est comme j’aime, puissant et régulier. »180 mm à l’avant et 160 mm à l’arrière ornent son Wilier.

« L’habitude est une seconde nature », écrivait le philosophe Blaise Pascal. Alors il a fallu se faire un peu violence pour adopter le casque fourni avec le pack : « Je ne voulais pas quitter mon Specialized, mais en fait, ça m’a fait l’occasion de voir autre chose et je regrette pas, il est léger, confortable, au final, je ne suis pas déçu, pareil pour les chaussures, je savais qu’elles étaient rigides, ça m’inquiétait un peu. D’autant qu’en marathon, tu restes longtemps dedans donc tu as intérêt à être bien dedans ! Mais l’inquiétude s’est vite envolée, le serrage boa tient bien, c’est précis, homogène… »

Reste à voir comment l’ensemble va évoluer durant sa préparation : « Je pense à tout ce qui peut se passer, j’appréhende les choses avant, pour éviter qu’elles n’arrivent et pour prendre le départ plus sereinement. » Rendez-vous au stage de Combloux qui réunira, début juin, les quatre vainqueurs du challenge, pour prendre la température de la sérénité de ce jeune homme à l’envie de bien faire chevillée au corps et au vélo.

 

En savoir plus sur MB Race : mb-race.com/fr/

ParElodie Lantelme