Pyr’Epic 2018 | Un premier raid d’exception avec Morgane Jonnier - Pyr'Epic 2018 | Un premier raid d'exception avec Morgane Jonnier

Par Paul Humbert -

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Pyr’Epic 2018 | Un premier raid d’exception avec Morgane Jonnier - Pyr'Epic 2018 | Un premier raid d'exception avec Morgane Jonnier

Pour sa deuxième édition, la Pyr’Epic accueillait une belle bande de compétiteurs prêts à en découdre avec ce raid all-mountain au coeur des Pyrénées. Saluée après sa première édition il y a deux ans, l’organisation a saisi notre curiosité et nous avons proposé à Morgane Jonnier, la récente gagnante de la coupe de France d’enduro 2018 si l’aventure la tentait. Elle a fait la bêtise de nous dire oui. Dans une première partie, découvrez le récit de Morgane et dans le seconde, petit retour en arrière sur les traces de la Pyr’Epic. Une ballade réalisée l’année dernière : 

Pyr’Epic 2018 | Un premier raid d’exception avec Morgane Jonnier

Lorsqu’on m’a demandé si je souhaitais participer à la PYR’EPIC,  j’ai tout de suite dit oui, en grande partie car je cherchais une course qui me permettrait de repousser mes limites et de me confronter à une épreuve dont le format m’est totalement inconnu : un raid. J’avais envie de découvrir cet univers, mais sans réellement me rendre compte de ce qui m’attendait… Je lorgnais surtout sur les  9 000 mètres de dénivelé négatif annoncés !

La veille (voire les semaines qui ont précédé l’épreuve), je ne vais pas vous mentir, je n’étais pas sereine. Je me suis posé tout un tas de question : suis-je vraiment préparée à encaisser de si longues distances sur un terrain scabreux ?  A plusieurs reprises, je me suis entretenue longuement avec Paul – l’un des instigateurs de mon inscription –  sur mes capacités à réaliser une course comme celle-ci…. Pour lui, il n’y avait pas d’ombre au tableau, je suis entraînée et technique sur le vélo, l’ensemble des atouts pour se lancer sur l’épreuve… mais les doutes persistaient !

Décollage vendredi au petit matin (après une nuit tumultueuse en mode gipsy…) pour l’aéroport de Toulouse où m’attendait François, bénévole pour le club Lourdes VTT en charge de l’organisation, avec une affiche « Morgane Jonnier » ! Yes, je crois bien que c’est moi ! On charge donc mes volumineux bagages, puis, on prend la route en direction de Lourdes.

Arrivée à l’hôtel où les organisateurs nous ont réservé un chaleureux accueil, je ne perds pas de temps pour monter mon vélo et récupérer ma plaque. Des goodies sont offerts à l’ensemble des participants et le sac de course est vérifié minutieusement : il est obligatoire d’avoir un sifflet, une couverture de survie, des barres énergétiques, un minimum d’1 litre d’eau, des outils de réparation, et une veste. Ca ne me rassure pas cette affaire : si l’organisation est si pointilleuse, c’est bien que l’aventure va être ardue !

Mon vélo est chargé avec ceux des 319 autres vélos des participants, direction le Pic du Midi.

A 19h, l’ensemble des participants est convié au restaurant pour une pasta party : c’est l’occasion de faire connaissance et de discuter un peu. Que de profils différents ! A chacun son histoire, son objectif, sa manière de se challenger mais le fil rouge reste le même pour tout le monde : la passion du VTT qui nous motive à parcourir tous ces kilomètres, ce goût pour la liberté mais aussi ce tête à tête avec soi-même auquel il va falloir faire face.

Réveil à 04h pile ! On se retrouve tous pour partager un petit déjeuner copieux.

Nous confions nos sacs à l’organisation, ils seront amenés à notre ville-étape de ce soir : Cauteret. Pensée pour l’organisation qui a la lourde (c’est le cas de le dire…)  tâche de convoyer et de disposer les sept tonnes de bagages – à la main ! – en ordre à l’arrivée des participants à la fin des étapes.

A 7 heures, on embarque, agglutinés les uns contre les autres dans les télécabines pour monter au sommet. Au fur et à mesure de l’ascension, on quitte la nuit pour traverser une épaisse couche de nuage. Puis, la magie de la nature fait effet. Les plus hauts sommets pyrénéens transpercent la ouate blanche  et sont mis en lumière par un magnifique lever de soleil.

Arrivés à l’observatoire du Pic Blanc, les températures flirtent gentiment avec les cinq degrés, l’ensemble des vélos est rangé par ordre des plaques… le spectacle est fantastique !

Pas le temps de s’émerveiller plus longtemps, les départs sont lancés. On attaque directement par une descente pentue jonchée de grosses pierres instables. A froid, je prends mes précautions et je m’allège au maximum pour ne pas faire d’erreur et reprendre mes réflexes. S’ensuit une descente d’une vingtaine de minutes, quasiment 10 km et 1 500 D- : FANTASTIQUE ! On traverse des prairies, des sentiers étroits… On croise des vaches, des chevaux, et même des lamas en plein milieu de nos trajectoires ! Je suis totalement euphorique sur mon vélo, mais je reste concentrée. Je me suis promis aucune casse mécanique, ni physique, alors je roule à fond mais dans mes limites. L’épreuve ne fait que commencer, il faut s’économiser un minimum même s’il est difficile de se retenir !

Vient le tour de la première bosse, je suis dans le rythme, mes jambes répondent, et je suis heureuse d’être sur mon vélo ! Encore euphorique, je me dis que la journée ne fait que commencer et qu’elle sera belle ! Les kilomètres s’enchaînent sur terrain vallonné. Au kilomètre 18, les ennuis commencent :  je sens que ma tige de selle ne fonctionne plus . Je m’arrête pour en resserrer l’attache mais par maladresse, la vis tombe au sol : impossible de la retrouver. Les minutes s’écoulent et le verdict tombe, il va falloir continuer en mode gipsy : j’enroule le câble autour de la gaine du frein avant et je devrai donc à chaque descente et montée m’arrêter pour actionner manuellement ma selle…. Je commence à me dire que la journée va me sembler un peu plus longue….

On arrive au fatidique kilomètre 27 : la plus grande ascension de la journée, environ 17 km et 1 900 D+.

Les kilomètres se succèdent, le terrain est de plus en plus raide, je commence à poser pied à terre et à pousser mon vélo, puis je remonte sur le vélo, je repose pied à terre… Le portage devient indispensable, je trébuche, mon vélo se fait de plus en plus lourd… J’en ai marre ! Je me pose de multiples questions, cela fait des heures que je suis en train de monter ! Je pense fort à la descente qui m’attend, mais je faiblis. J’ai hâte d’en avoir terminé…

A ce moment-là, je hais Paul – mon bourreau d’un week-end  – d’avoir confirmé mon inscription !

Le sommet me semble tellement loin…

Puis, arrive enfin le fameux moment où j’aperçois les tentes du ravito au sommet. Je me force à me remettre en selle ! Je me jette sur la nourriture ; que c’est bon ! Bon, je ne sens plus mes jambes… mais un regard sur le paysage et sur le sentier qui mène à la descente suffit à me convaincre… ! Yesssss, là, je suis dans mon élément ! La descente est fantastique et tellement méritée !

Et bim ! Encore un coup de cul, je pose directement pied à terre, je n’ai plus la force de pédaler en montée… Hop, re-descente. On enchaîne les épingles, les pierriers, que du naturel… c’est incroyable !  C’est la dernière de la journée  alors j’en profite et le sourire revient ! Après un dernier coup de cul, totalement K.O., je passe la ligne d’arrivée :  les 55,5 km / 1 942 D+ / 3 857 D-  sont derrière moi ! L’étape Pic du midi / Les Cauterets est validée avec un chrono de 5h30 !

Une bonne âme répare rapidement ma tige de selle. Après un bon repas et un passage aux thermes offert par l’organisation, je retrouve enfin de l’énergie, et le moral remonte !

La journée du lendemain s’annonce encore plus difficile avec une première étape Les Cauterets – Lourdes : 61 km / 2 312 D+ / 4 171 D- ! Il est temps d’aller rejoindre nos chambres…

Le réveil sonne un poil plus tard que la veille, à 5h30. Notre petit déjeuner en plein air nous offre un spectacle magique encore une fois : le soleil se lève derrière le Pic du Midi, le départ de la veille !

On commence sur une belle et longue descente de 10 km et 1 250 D- ! J’ADORE ! Le profil de l’étape est différent de celui de la veille. Les montées sont plus étalées sur le parcours, ce qui ne me déplait pas. La détente aux thermes m’a fait un bien fou, les jambes sont de retour ! Je ne vois pas le temps passer et je suis surprise d’arriver au quarantième kilomètre ! Face à la montée du Pibeste –  la plus grande ascension de la journée –  avec  ses quasiment 9 kilomètres et 900 D+ de portage sur un sentier escarpé et très étroit, je m’élance et après une bonne dose de jurons , je m’accroche à l’idée du basculement au sommet….

Ce moment arrive enfin et il est temps de se reconcentrer : la descente est très glissante et étroite, avec une flopée de racines et d’épingles. La récompense de tous nos efforts est là, nous sommes au kilomètre 55, il ne reste plus que 5 kilomètres, mais 300m de D+ à engloutir … Heureusement que les encouragements des concurrents et des bénévoles au bord des chemins et aux ravitaillements sont présents !

YES ! Je passe au bout de 6h15 de chrono la ligne d’arrivée de cette étape !

Mais la journée n’est pas terminée, il faut rallier le funiculaire du Pic du Jer pour atteindre le sommet et effectuer la dernière étape de la journée, 10km et 300 D+. Un arrêt rapide au ravitaillement et je monte dans la benne. J’ai hâte d’en finir !

Le second, et dernier départ, de la journée est lancé ! Je prends un maximum de plaisir dans cette boucle, je n’en reviens pas, je ne vais pas tarder à passer la toute dernière ligne d’arrivée et clôturer ce week-end intense !  On y est ! Le chrono s’arrête !

En tout, j’ai cumulé 12h39 de chrono et j’avoue que je n’en reviens pas. Finisher de la Pyr’Epic ! J’accroche même la 3place sur le podium, impensable !

Ce fut vraiment une course exigeante mentalement et physiquement, il ne fallait rien lâcher ! Ce week-end m’a permis de me remettre en question sur mes capacités. Je suis fière de ne pas avoir cédé, même si les nerfs ont quelques fois lâché se traduisant par quelques reniflements et sanglots !

Je remercie évidement les instigateurs de mon inscription sans qui je n’aurais jamais eu le courage de m’inscrire.

L’atmosphère du week-end était si particulière : la chaleur, le dynamisme, la passion, l’organisation sans faille de l’ensemble des bénévoles du club de Lourdes … Une seule chose à vous dire, si vous souhaitez participer à une course dantesque, sans vous préoccuper de l’organisation, où il vous suffit de mettre les pieds sous la table et de vous laisser chouchouter aux thermes, le tout dans un environnement sauvage et pittoresque, VOUS POUVEZ FAIRE CONFIANCE AU CLUB LOURDES VTT ! Les yeux fermés ! On en oublierait presque qu’il faut pédaler …

Texte : Morgane Jonnier

Photos : Nicolas Brizin/Commencal  – Christophe Cieslar

ParPaul Humbert

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