Prise en main | Scott Strike eRide 910 : l’habit ne fait pas le moine

Par Léo Kervran -

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Prise en main | Scott Strike eRide 910 : l’habit ne fait pas le moine

Nouveauté 2019 de la gamme électrique de Scott, le Strike eRide se veut plus accessible que ses cousins Spark et Genius. Moteur Bosch en lieu et place du Shimano, position plus droite : l’accent est mis sur la facilité d’utilisation et le confort plutôt que sur la performance. Voici nos premières impressions après quelques sorties avec le Scott Strike eRide 910.

Il y a 2 mois, nous vous présentions la version Contessa 710, adaptée pour un public féminin (retrouvez notre présentation ici). Si le niveau de gamme, représenté par les 2 derniers chiffres du nom chez Scott, reste le même pour notre Strike, on remarque tout de même quelques changements sur le vélo.

Notre modèle (en aluminium comme toute la gamme) est proposé avec des roues de 29″ ou 27,5″+ contrairement au Contessa qui n’existe qu’en 27,5″+ dans le catalogue (mais reste compatible 29″). Nous l’avons ainsi reçu et testé avec des roues Syncros 29’’ et des pneus Maxxis Rekon en 29×2,6.

Avec le passage au 29″, Scott conseille d’utiliser la position Low du vélo pour limiter l’impact des grandes roues sur la géométrie du vélo. Ce changement se fait via une petite pièce au niveau de la fixation de l’amortisseur sur la biellette. Malgré cela, le boîtier de pédalier remonte de 7 mm, l’angle de selle et l’angle de chasse se couchent de 0,6° tandis que le reach diminue de 7 mm et le stack augmente de 5 mm.

Sur notre modèle d’essai en taille L, on se retrouve donc avec un vélo à la fois long de manière générale (bases à 476,7 mm, empattement à 1258 mm) et court pour le pilote (reach à 450,7 mm). Le stack important (628 mm) participe également à redresser la position de pilotage. De plus, la douille de direction n’est pas particulièrement courte (135 mm) et on a donc un avant assez haut. On n’est pas encore sur un vélo hollandais mais il est clair que l’accent n’est pas mis sur la performance.

Côté assistance, les Strike eRide sont équipés d’un moteur Bosch contrairement au reste de la gamme électrique Scott qui utilise le moteur Shimano. Alors qu’on aurait pu s’attendre à voir la gamme Active Line vu le programme du vélo, c’est bien un moteur Performance Line CX de 250 W et 75 Nm, plus puissant, qu’on retrouve sur ces vélos. Il est couplé à la batterie intégrée Powertube de 500 Wh.

Notre Strike eRide 910 dispose de la nouvelle commande Bosch Kiox, très complète. Montée sur la potence, elle se pilote grâce à une manette à 6 boutons montée côté gauche. En plus des traditionnels +/- pour gérer l’assistance et activer le mode marche, on retrouve 3 boutons permettant de naviguer entre les différents écrans d’affichage (8 au total). On peut ainsi avoir les habituelles informations relatives à la vitesse, la distance parcourue et l’autonomie mais ce nouvel écran donne aussi accès à la cadence de pédalage, la puissance développée (par le pilote) et même la fréquence cardiaque et les calories dépensées si vous disposez d’un capteur compatible (Bluetooth Low Energy). Le tout pourra ensuite être visualisé sur un portail dédié et exporté sur Strava.

Ces écrans ne sont pas personnalisables mais on peut néanmoins modifier quelques paramètres de l’écran (luminosité, unités, fond lumineux…) dans un menu bien organisé et facile à prendre en main. En cas de passage au 27,5″+, c’est à nouveau dans ce menu qu’il  faudra vous rendre pour adapter les réglages de l’assistance à la taille de roue.

A l’arrière, on découvre un nouveau capteur de vitesse avec un aimant intégré à l’écrou Centerlock de serrage du disque. Cette solution, développée par Scott, remplace le traditionnel aimant sur le rayon tandis que le capteur en lui-même est très bien intégré à l’intérieur de la patte du cadre. Ce système permet d’éviter les coupures intempestives du moteur suite à un aimant qui aurait légèrement bougé sur le rayon.

Les suspensions sont fournies par Fox avec une 34 Performance E-Bike Series aux settings spécifiques à l’avant. A l’arrière, on retrouve un Fox Nude en fixation Trunnion pour gérer la cinématique Four Bar Linkage. Le vélo dispose ainsi de 140 mm devant et derrière mais les suspensions peuvent être simultanément réduites à 85 mm ou bloquées grâce au Twinloc, une tradition Scott.

La transmission est un mix de Sram NX Eagle (chaîne, cassette, manette) et de GX Eagle (dérailleur) tandis que le freinage est confié à Shimano avec les Zee 4 pistons et des disques de 200 mm. La tige de selle télescopique est une Fox Transfer et offre 150 mm de débattement pour notre taille L.

Avec le Twinloc, le moteur et la tige de selle télescopique en plus des freins et de la commande du dérailleur, on a un poste assez (pour ne pas dire trop) chargé. On peut ainsi actionner 13 boutons ou leviers répartis sur 6 commandes ! Alors que les marques cherchent aujourd’hui à épurer au maximum le poste de pilotage, on a un peu l’impression de se retrouver aux commandes d’un Airbus A380.

Les périphériques restants viennent de Syncros avec notamment un cintre en 760 mm couplé à une potence de 50 mm. Les poignées disposent quant à elles d’un design ergonomique avec un appui supplémentaire pour l’extérieur de la paume.

Scott a donc avant tout voulu soigner la polyvalence de son vélo, avec une géométrie très accessible sur le papier mais un moteur puissant, des suspensions au débattement passe-partout et des périphériques fiables.

Le Scott Strike eRide 910 sur le terrain

Lorsqu’on monte sur le Strike eRide, on sent bien que Scott à voulu faire un vélo très accessible. Assis, la position est relativement droite. On est bien centré sur le vélo et le cintre tombe parfaitement sous la main. C’est très agréable et on se sent comme à la maison, on pourrait enchaîner les kilomètres sans difficulté.

En revanche, le poste de pilotage très chargé a demandé un peu d’adaptation pour pouvoir être utilisable en VTT. D’origine, seuls le frein arrière et le shifter sont montés à droite. La main gauche doit donc gérer le frein avant, la tige de selle télescopique, l’assistance et le Twinloc, ce qui peut s’avérer un peu compliqué. Passer la commande de la tige de selle à droite a nettement amélioré l’organisation de l’ensemble.

Au pédalage, le vélo est plutôt confortable. La suspension doit être utilisée avec un SAG important (30 %) pour donner sa pleine mesure mais si c’est le cas, elle absorbe bien le terrain et la roue arrière reste collée au sol. Néanmoins, le montage des pneus en tubeless est obligatoire pour éviter de les surgonfler, ce qui ferait perdre en qualité de filtration sur les tout petits chocs.

En montée, le vélo cabre difficilement, même avec la potence au plus haut et ce n’est pas faute d’avoir essayé. L’empattement long couplé au reach court sont très certainement des atouts dans ce domaine : le poids est naturellement porté sur l’avant sans avoir à modifier quoi que ce soit dans sa position.

Côté moteur, le mode eMTB nous est apparu comme le plus intéressant. Il ajuste le niveau d’assistance à l’effort sur les pédales et offre une belle progressivité, très appréciée sur les chemins lorsqu’on se retrouve face à un passage technique. Le mode Eco manque de pêche dès que l’on commence à monter (même sur route). Le mode Tour, un peu moins puissant que l’eMTB, est le premier mode réellement utilisable en VTT mais il est très linéaire et reste donc cantonné aux pistes et chemins peu techniques. Enfin, le mode Turbo est extrêmement puissant mais la puissance arrive d’un seul coup, très fort. C’est impressionnant et on fait le plein de sensations mais c’est difficilement contrôlable dans certaines situations. « Sans maîtrise, la puissance n’est rien »…

La nouvelle console Kiox est bien conçue et on y retrouve facilement les informations essentielles. Seul bémol, le niveau de charge de la batterie est écrit en tout petit en haut à droite de l’écran, comme sur un téléphone. Il est donc assez difficile à lire lorsque le chemin secoue. Pas très pratique pour la gestion de la batterie.

L’accessibilité de la commande est correcte mais sans plus, loin de la facilité d’usage d’une Shimano. Elle est orientée vers le pilote mais assez volumineuse. Les boutons pour changer d’écrans, en relief, sont un peu loin tandis que les boutons pour gérer le mode d’assistance sont en creux et parfois difficiles à trouver sur chemin chaotique.

En descente, la suspension arrière est progressive et offre un bon soutien. Elle apparaît un peu moins sensible lorsqu’on est debout sur les pédales qu’assis mais en dehors des chocs les plus petits, elle est très performante. Sur les chocs de taille moyenne, la roue arrière colle au sol et sur les plus gros impacts, il ne s’enfonce pas d’un seul coup dans le débattement.

A l’opposé, la fourche est très linéaire et l’utilisation de tokens paraît indispensable si on veut avoir à la fois un peu de sensibilité sur les petits chocs et un soutien cohérent avec celui de la suspension arrière.

Le poids reste présent dans les passages les plus techniques mais c’est un peu hors programme pour ce vélo. Un peu gênant, il se fait aussi sentir dans les enchaînements de virages serrés, avec un sous-virage et une inertie assez prononcés qui empêchent de prendre de la vitesse.

Le Strike eRide est beaucoup plus à l’aise dans les sections flow, lorsque les virages ne s’enchaînent pas trop vite et qu’on peut facilement voir ce qui arrive. Il est très stable grâce à l’empattement long et au soutien offert par la suspension, à tel point qu’on relâche facilement les freins pour prendre un peu de vitesse. Ce caractère très sain et sécurisant nous a même poussés à l’emmener sur des trails pas forcément prévus pour ce vélo au départ…

Le très gros point faible de ce vélo, ce sont les pneus, des Maxxis Rekon Race. Ils sont très limités dès qu’on prend de la vitesse, même sur le sec. Leur faible hauteur de crampons ne permet pas d’assurer un freinage correct et l’absence de véritables crampons latéraux transforme les virages en jeu d’équilibre ou session de slackline, au choix.

Le passage sur des pneus tubeless plus cramponnés (au moins à l’avant) est obligatoire pour plus de confort et de sécurité. L’essentiel du test a d’ailleurs été réalisé avec un Hutchinson Griffus en 2.5 à l’avant. Sans cela, impossible d’évoquer le caractère sain dont nous parlions plus haut tant les pneus d’origine obligent à piloter sur des œufs en permanence.

Du côté des petits défauts moins rédhibitoires, on a encore quelques remarques. Premièrement, les poignées « ergonomiques », agréables sur le plat, sont trop petites pour nos mains en descente ce qui rend le vélo fatigant. C’est bien sûr une histoire de taille de mains et de préférences personnelles mais il est peu probable de voir quelqu’un avec des petites mains sur une taille L… Pour un vélo de ce prix, il est dommage que Scott n’ait pas pensé à adapter les poignées à la taille.

Autre petit détail qui fait désordre, on peut voir des fils électriques nus, sans aucune protection, au niveau du moteur. Dans les faits, ils sont assez compliqués à atteindre et ils ne nous ont jamais posé de problème sur le terrain mais ils ne sont pas à l’abri des projections en terrain humide ou boueux.

Enfin, la dernière remarque concerne la transmission Sram GX Eagle E-bike Series. La manette ne permet de monter ou descendre les vitesses qu’une par une. C’est tout à fait compréhensible pour protéger la transmission mais cela nécessite un petit temps d’adaptation. Au final, ce n’est peut-être pas plus mal, ça oblige à lever la tête et anticiper un peu !

Le Scott Contessa Strike eRide 710

Nous avons également pu rouler avec le Contessa Strike eRide 710, une des versions « féminisées ». Encore une fois, l’esthétique est particulièrement réussie avec ce mélange de blanc et de gris rehaussé de quelques touches « vintage » sur la selle (assez inconfortable, dommage pour un modèle censé être dessiné spécialement pour l’anatomie féminine) ou les poignées. Les composants sont un peu moins haut de gamme que sur la version non-Contessa (la console Kiox, notamment, n’est pas présente) mais l’esprit est le même: disposer de périphériques fiables et polyvalents.

Bien que compatible avec des roues de 29″, cette version est montée avec des roues de 27,5+ », 27,5×2.8 pour être précis. Ce changement de tailles de roues impose de renverser la petite entretoise placée sur la biellette pour passer en mode « High ». Cela permet de remonter un peu le vélo pour éviter d’avoir un boîtier trop bas.

Malgré cela, le boîtier reste plus bas qu’en 29″, de 7 mm sur la taille M. Cela paraît peu mais dans les faits, il nous est souvent arrivé de taper les pédales au sol avec cette version 27,5+ alors que nous n’avions jamais rencontré ce problème avec le 29″. La modification de géométrie affecte aussi les angles du vélos (selle et direction) qui se redressent tous deux de 0,6°.

Encore une fois, un changement mineur sur le papier avec des conséquences tangibles sur le terrain : plusieurs fois, on s’est retrouvé projeté sur l’avant avec les épaules au-delà du cintre. On atteint probablement les limites de la géométrie confortable redressée dans cette version 27,5+.


En descente, le cintre de 740 mm nous est vite apparu trop petit pour réellement engager en descente et lorsqu’on s’y est essayé, c’est le manque de mordant des freins qui nous a rappelée à l’ordre. En revanche, les pneus au format Plus apportent un peu plus de grip et de confort (sur terrain sec) que sur la version 29″ et ses pneus moins larges.

Comme pour la version eRide 910, nous reviendrons ici aussi sur le choix du dérailleur indexé. Si l’on salue évidemment la précision du passage des vitesses une à une, qui évite de « tout balancer » d’un côté et de nuire à la bonne santé durable de la transmission, on ne manquera pas d’observer qu’il demande effectivement une certaine habitude en matière de prise d’info, surtout dans les portions techniques. Une invitation à regarder loin fort utile, bien sûr, mais pas forcément courante si l’on vise un public plus large, séduit par la motorisation Bosch et l’esthétique réussie du Contessa.

Finalement, c’est peut-être avec cette version Contessa qu’on s’aperçoit le plus vite qu’on a mal compris ce vélo. Le Scott Strike eRide n’est pas fait pour notre pratique du VTT AE, sur les mêmes chemins qu’en VTT classique mais plus vite et plus loin. Le 29″ lui apportera un peu plus d’aisance sur ces terrains mais, si vous souhaitez vraiment engager, Scott dispose du Genius eRide dans sa gamme. Le Strike eRide, sous son apparence de gros vélo, cache un caractère de doux randonneur. C’est le vélo idéal pour se balader sur des chemins de halage ou sur des pistes larges et faciles en station pour découvrir la montagne. Sur ces terrains, sa stabilité met en confiance et on peut se permettre de dégonfler la suspension pour un maximum de confort puisqu’on ne recherche pas l’efficacité. On le verrait bien dans des parcs de location dans des zones où le tourisme vert est bien développé par exemple. Reste le prix,   5 999 € pour un randonneur (en version 910), ça commence à faire beaucoup… La version Contessa 710, à 4 799 € est un peu plus en rapport avec ce programme.

ParLéo Kervran