Prise en main | Scor 4060 Z LT XT : électrification, mode d’emploi

Par Léo Kervran -

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Prise en main | Scor 4060 Z LT XT : électrification, mode d’emploi

Toute jeune marque issue de BMC mais avec des valeurs bien différentes, Scor a fait une entrée remarquée l’année dernière dans le monde du VTT avec le 4060. Toutefois, ce n’était pas le seul modèle présenté par la marque à son lancement : une version à assistance électrique baptisée 4060 Z était également de la partie. Quelques semaines après avoir essayé le 4060 LT, nous avons justement eu l’opportunité de grimper durant deux jours sur le 4060 Z LT. La pression était grande, car le modèle sans assistance nous avait plus que séduits… L’e-bike est-il au niveau ? Voici notre avis :

Très proche du 4060 en apparence, le 4060 Z l’est aussi sur la fiche technique et pour le coup, on peut réellement parler de « version électrique » d’un vélo classique. Christoph Bigler, le designer industriel et l’un des deux hommes à qui on doit l’idée de départ de Scor, nous explique en effet que ce modèle à assistance électrique n’était pas prévu lorsqu’il a commencé à imaginer son vélo idéal et à bricoler des prototypes avec l’ingénieur Mariano Schoeffer (lire Scor | La naissance d’une nouvelle marque).

Le projet de départ, c’était celui du 4060 ST/LT, un vélo devenu avec le temps une plateforme pouvant être montée en 140/150 mm de débattement ou 160/170 mm. L’électrique n’est venu qu’après, lorsque Scor a été intégré officiellement à BMC. Forcément, les e-bikes de 140 ou 160 mm de débattement ont le vent en poupe en ce moment, mais ce n’est pas vraiment la spécialité de BMC…

Christoph Bigler ne s’en cache pas, la demande est venue d’au-dessus et l’e-bike n’a certainement pas été pensé dès les premières heures du projet. Ni même les premières semaines ou les premiers mois, puisque ce n’est qu’après environ un an et demi de développement du 4060 « classique » qu’ils ont commencé à se pencher sur une déclinaison à assistance électrique. Cependant, avec des ingrédients de départ d’aussi bonne qualité, dévier un peu de la recette initiale peut réserver d’excellentes surprises…

Design, formes, finitions et même couleurs, si on met de côté la zone du boîtier de pédalier et du tube diagonal, évidemment spécifique à ce vélo, on pourrait croire à une copie conforme du 4060. Pour Christoph Bigler, l’objectif était de reprendre les mêmes « éléments de langage », ceux qui indiquent sans l’ombre d’un doute que le vélo est prêt à engager.

Deux autres objectifs ont guidé son crayon : celui de descendre au maximum les masses pour baisser le centre de gravité et avoir un vélo réactif, ainsi que celui de laisser de la liberté pour la customisation du cadre, une marque de fabrique de Scor. Mis à part un discret logo en relief sur la douille de direction et une plaque à l’arrière du tube de selle, le cadre est vierge de tout marquage. Chacun est donc libre de s’inspirer des protections personnalisées imaginées par la marque et fabriquées spécialement par Slicy ou de dessiner un kit unique.

La marque a retenu le système Shimano EP8 pour l’assistance, peut-être celui qui laisse le plus de liberté dans la conception du cadre. Il est aussi plus doux et naturel qu’un Bosch Performance CX, ce qui sied bien à l’image de Scor, plus tournée vers le fun et le plaisir que la performance pure. Le moteur est associé à une batterie amovible Darfon, un fabricant tiers validé par Shimano, qui dispose d’une capacité de 720 Wh.

Côté géométrie, Scor a tiré parti de la compacité du moteur EP8 pour délivrer un ensemble presque identique à celui du 4060. Pour être précis, seules les bases changent… de 3 mm. Tout les autres cotes sont inchangées et on retrouve l’angle de direction à 63,8° sur notre version LT, un reach à 459 mm en taille M ou 485 mm en taille L ou encore un angle de tube de selle effectif à 77,9°.

On pourrait s’attendre à ce que la suspension ait demandé un peu plus de travail, avec le moteur et la batterie qui imposent le déplacement des points de pivot, mais Christoph Bigler nous explique qu’ils ont été surpris de voir que même avec cette contrainte, la cinématique s’adaptait très bien à l’e-bike.

On a donc le même positionnement de l’amortisseur à travers le tube de selle et c’est également à ce niveau qu’on peut passer d’un montage LT (160 mm) à ST (140 mm) : il suffit de tourner le flipchip et de monter un amortisseur en 220 x 47,5 mm au lieu d’un 220 x 55 mm.

Comme pour tous les autres modèles Scor, le 4060 Z LT est proposé en deux niveaux de gamme. Ici, on a le choix entre le XT affiché à 8 299 € avec groupe complet Shimano Deore XT, suspensions Fox 38/ Float X Factory, roues DT Swiss M1900 et pneus Maxxis Assegai Exo+ / Dissector DoubleDown, ou le SLX à 6 299 €, qui bascule sur des suspensions RockShox Zeb Select et SuperDeluxe Select ainsi que des roues XDH-130.

Le Scor 4060 Z LT XT sur le terrain

C’est sur la côte toscane, à Piombino très exactement, que nous avons pu découvrir durant deux jours le Scor 4060 Z LT sur le terrain. Scor nous avait mis à disposition un modèle XT en taille M, qui s’est révélé parfaitement adapté au 1m79 de votre serviteur compte tenu du terrain.

Sans surprise, on retrouve la position du 4060 LT sans assistance et notamment cet avant bas qui nous avait un peu décontenancé lors des premiers tours de roue (lire Test | Scor 4060 LT GX : avec les félicitations du jury). Cette fois, on s’y (re)fait beaucoup plus vite mais si vous aimez avoir l’avant assez haut, pour aller jouer dans la pente par exemple, un changement de cintre pourra être une bonne idée.

On parle déjà d’aller jouer et ce n’est pas innocent. Le slogan de Scor est « Play the mountains » et on ne pourrait pas trouver mieux pour décrire le 4060 Z LT. Comme son homologue sans assistance, il se distingue d’abord par sa capacité à tourner (très) court. C’est rare pour un e-bike et ça rend la machine particulièrement ludique. Attention, il faut encore s’activer un peu dans les enchaînements les plus serrés et son poids l’empêche de rivaliser avec le 4060 classique, mais il fait bien mieux que la grande majorité des VTTAE du marché.

Dans le défoncé ou le rapide, il est là aussi brillant et son poids lui permet cette fois de prendre l’ascendant sur le 4060. Le dosage entre stabilité et réactivité est idéal à notre goût, on a un vélo qui tient bien sa ligne mais qui n’embarque pas son pilote et qui n’efface pas tout non plus, offrant juste ce qu’il faut de sensations. Les réactions sont saines et les changements de direction également, on ne se fait pas surprendre par d’éventuelles ruades. Il faut dire que le triangle arrière paraît assez souple, ce qui offre une certaine tolérance dans ces conditions.

L’itinéraire tracé par notre guide Matteo, de Tuscany Bike, termine à plusieurs reprises les pieds dans l’eau ou sur les falaises du bord de mer et avec un tel terrain de jeu, il ne nous faut pas longtemps avant d’essayer quelques lignes bien pentues. A nouveau, le 4060 Z LT s’en sort avec les honneurs et nous surprend même, compte tenu de cet avant relativement bas. Dans le raide, l’angle de direction couché (63,8°) semble compenser relativement bien la chose et on n’a jamais eu l’impression de basculer par-dessus le cintre.

Autre bon point, la gestion du poids du moteur et de la batterie : le vélo est parfaitement proportionné et on ne se fait jamais déséquilibrer ou pousser hors de la trajectoire. Un constat valable dans la pente bien sûr mais aussi en virage ou dans le lent et technique. Vous comprendrez donc pourquoi on n’avait pas trop envie de quitter ce jardin de grands enfants, tant ce 4060 Z donnait envie d’essayer de nouvelles choses.

D’autant plus qu’avec l’assistance électrique, remonter est facile (enfin, jusqu’à un certain point). Dans ce domaine, le Scor se situe dans la moyenne du marché mais on ne lui en demande pas plus. Il ne cabre pas sous la puissance du moteur sauf à vraiment le forcer et offre une bonne adhérence dans le technique, tandis que le système Shimano EP8 est toujours aussi agréable à utiliser et contribue sans aucun doute à l’agrément général du vélo.

Au final, ce Scor 4060 Z LT n’a qu’un seul petit défaut sur le terrain : la roue arrière a une certaine tendance à glisser, principalement dans les courbes serrées où on met de l’angle et les dévers si on les aborde un peu trop à la légère. C’est probablement lié à ce triangle arrière relativement souple mais lorsqu’on pousse sur les jambes en sortie de courbe ou qu’on déleste l’arrière, on peut assez facilement perdre l’adhérence.

C’est très drôle dans un premier temps et c’est ce qui permet au vélo de tourner si court, mais à la longue, ça peut devenir usant de contrôler cette glisse, surtout quand on sait que la version sans assistance est maîtresse dans l’art de conserver l’adhérence et de « carver », comme en ski.

Verdict

On pourrait presque faire un copier-coller de la conclusion de notre test du 4060 LT pour cette version Z avec assistance électrique, tant les deux vélos ont des choses en commun sur le papier et sur le terrain. Particulièrement ludique pour un e-bike sans que cela ne le limite lorsque le niveau de difficulté augmente, séduisant pour les pilotes confirmés mais pas inaccessible, le 4060 Z LT coche de nombreuses cases et permet à Scor de réussir avec brio ses premiers pas dans le monde de l’e-bike. Pour nous, ce n’est pas exactement un coup de coeur comme la « version originale » sans assistance mais cela reste tout de même un excellent vélo, sur lequel on n’hésitera pas à remonter si l’occasion se présente !

Plus d’informations : scor-mtb.com

Photos Jérémie Reuiller

ParLéo Kervran