Prise en main | Peugeot M01 FS 2018 : il a bouffé du lion !

Par Elodie Lantelme -

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Prise en main | Peugeot M01 FS 2018 : il a bouffé du lion !

Un cadre 100% carbone à la géométrie revue, 150 mm à l’avant, 140 à l’arrière, des composants de qualité… Pour son nouvel all-mountain/enduro, le M01 FS, Peugeot s’est rappelé que, du Tour de France au championnat du monde de DH, son histoire comptait quantité de succès sportifs. À l’occasion d’un galop d’essai dans le Beaufortain, nous avons pu prendre en main ce Peugeot M01 FS qui, sans prétendre à l’élitisme, veut renouer avec une certaine tradition de la performance.

Depuis 2011 et la résurrection de la branche vélo en partenariat avec Cycleurope, Peugeot nous avait plutôt habitués à la commercialisation de modèles “loisir grand public”, mettant plus volontiers l’accent sur l’électrique. Et le RSM 21, premier modèle enduro du renouveau, sorti en 2015, ne faisait pas exception à la règle.

Son cadre alu aux angles un peu trop fermés pour une pratique plus engagée, son montage pas toujours cohérent, son poids dépassant les 13,5 kg et son prix autour de 4000 € le plombaient sur un segment concurrentiel, où trouver mieux pour le même prix s’avérait possible.Mais il semble qu’avec le M01 FS (pour « Mountain 01 Full Suspension), Peugeot a décidé de se rappeler que 10 victoires au Tour de France, les records du monde de vitesse sur neige avec Christian Taillefer, un succès en coupe du monde de DH… placent une partie de son ADN dans la performance.

« Le RSM21 nous a mis sur la voie des enduros 150-140 mm, explique Vincent Ancelin, en charge de ce projet VTT chez Peugeot, mais avec le M01 FS, nous avons voulu ouvrir une nouvelle voie, résolument plus sportive, sans pour autant basculer dans du trop exclusif. »

Peugeot a recours au tout carbone (alu pour le RSM21), triangle avant comme triangle arrière, pour le M01 FS dont le cadre a été réalisé en co-développement avec le fabricant de cadres taïwanais Astro, réputé pour la qualité de ses réalisations : « Nous avons choisi du carbone module 30 K, précise Vincent. C’est une fibre haute résistance de qualité aéronautique. Le but était de gagner en rigidité et en contrôle, sans perdre trop en confort. »

Le Peugeot M01 FS propose un cadre full carbone et un montage à la carte réalisé à Romilly-sur-Seine.

« Nous avions un cahier des charges précis, poursuit Vincent. Nous voulions des bases assez courtes (430 mm, NDR) pour que le vélo reste maniable et agréable à pédaler, un angle assez ouvert (67,5 ° annoncés mais avec un montage en fourche 140 mm, tandis que la version commercialisée sera en 150, ce qui laisse augurer de 67° environ) qui place le M01 dans le cœur du segment “gros all-mountain/enduro”. »

En fonction de ces exigences, Astro (un des grossistes taïwanais les plus réputés, avec qui Peugeot ne se cache absolument pas de travailler) a sélectionné dans son catalogue les différentes options afin de sortir le cadre du futur M01 idoine. Un modèle décliné en 4 tailles (38, 42 ,46, 50) et 2 coloris (rubis-noir et gris-lime), doté d’une cinématique à point de pivot virtuel (ce qui n’était pas le cas du RSM21). Reste désormais à voir l’interprétation qu’en a fait Peugeot.

Le design asymétrique du Peugeot M01 FS a été conçu pour accueillir un Monarch Plus RC3 Debon Air en 140 mm à l’arrière. Celui-ci se combine à la fourche RockShox Pike RC Solo Air en 150 mm à l’avant.

Autour de ce combo de suspensions, la marque au lion a choisi de proposer un montage “à la carte” entre les différents composants sélectionnés par Vincent Ancelin d’après son expérience de roulage. En fonction de vos envies (et de votre budget), vous pourrez donc plutôt opter pour une transmission Shimano SLX à double plateau ou XT et XTR en 11×42 ou 11×46 en monoplateau, des roues Tec (la marque “maison” de Peugeot), XT ou XTR, une potence Pro Koryak en 50, 60 ou 70 mm, avec 0° d’angle ou un Tec Obvius en 60 ou 70 mm avec 7° d’angle, un cintre Pro Tharsis Trail tout carbone ultra large en 800 mm ou un Tec Cursus (740 mm) en alu, des poignées Pro Ergonomic ou des Tec, une selle Pro Vulture ou une Fizik Nisene…

L’intégration des gaines a été soignée.

Le choix est vaste ; et le tout sera entièrement assemblé en France, à Romilly-sur-Seine, sur le site de production de Cycleurope. La version présentée de ce vélo 2018, commercialisé à partir d’octobre, mixait transmission XT 11-46, roues XT, potence, cintre, selle et poignées Pro, pneus Hutchinson Toro en 2,35 à l’avant et 2,25 à l’arrière, pour un prix annoncé autour de 4900 euros, et un poids sans pédales à 13,3 kg en taille 46 (qui peut être allégé en choisissant du XTR).

Conformément aux standards actuels, Peugeot a adopté le Boost pour ses moyeux et les disques sont montés en 200 mm à l’avant et 180 à l’arrière.

Notre modèle d’essai était aussi doté d’une tige de selle Magura Vyron sans fil, puisque pour des raisons de délais de présentation, le cadre n’a pas été percé afin de recevoir le routage interne du câble, ainsi qu’il le sera sur le modèle de série, proposé avec une tige de selle Pro Koryak ASP.

Peugeot M01 FS : la prise en main

Les pistes des Saisies et du Beaufortain nous tendant les bras, il reste à enfourcher la bête, pour un premier galop d’essai d’une journée avec vue sur le Mont Blanc.

Cohérent avec le programme de ce vélo destiné à une pratique gros all-mountain/enduro, le roulage du jour va nous emmener sur les pistes de la Vachette (enduro rouge de 5 km, 50 m de D+ et 720 m D-) et de la Toutafond (enduro noire de 16 km, 1870 m de D- et 480 de D+).

Au départ de la très chic Ferme du Chozal, à Hauteluce, on charge les vélos dans le pick-up conduit par Alex Kociemba, de l’association des Grosses Pédales, qui œuvre au développement du VTT dans le Beaufortain, pour rejoindre les crêtes dominant le lac de Roselend et le départ de la Vachette, face au Toit de l’Europe.


Ce qui étonne de prime abord, c’est la facilité de prise en main du M01 FS. Au bout de quelques kilomètres, on a l’impression de déjà bien le connaître et de n’avoir pas dû s’adapter à sa géométrie. Ce à quoi on doit s’adapter, en revanche, c’est le fonctionnement de la tige de selle Magura Vyron. Délai de réponse allongé, commande erratique (mais liée, nous a-t-on dit, à un besoin de reconfiguration; renseignements pris auprès de Magura, aucun autre comportement de ce genre n’avait été observé au préalable, un élément à vérifier, donc, au cours d’un essai longue durée), elle ne s’avère effectivement pas pertinente pour coller à la réalité changeante du terrain, entre relances et sections plus engagées qui invitent à moduler souvent la hauteur. Bilan : on roulera souvent la selle en bas et on se félicitera qu’un autre choix, plus accessible, ait été fait pour la série (quoique la Magura reste une option).

Avec le M01 FS, Peugeot a sorti un vélo cohérent, bien né, accessible et sportif à la fois, qui se régale autant dans les épingles que les sections enduro cassantes du Beaufortain.

 

Dans les portions descendantes, le cadre met en confiance. Ses 67° d’angle et son top-tube de 420 mm (en taille 42 ; 460 en 46 et, logiquement, 500 en 50) ne basculent pas sur l’avant même si les « vrais » vélos d’enduro offrent aujourd’hui des valeurs plus engagées. Que ce soit dans les racines de la Vachette, les portions plus pentues ou les feuilles mortes recouvrant les pierres de la Toutafond, la cinématique VPP laisse le combiné RockShox lire le terrain avec exactitude, bien aidée par la rigidité du triangle arrière, la section de 2,35 à l’avant, qui favorise le confort autant que la sécurité, et les très bons Hutchinson Toro.

Dans la relance ascendante de la Toutafond, on a apprécié le bon rendement du M01 FS, lié aux bases courtes et à la rigidité du triangle arrière en carbone. Une rigidité qui, si elle se ressent, ne nous a pas, durant ce court roulage, perturbés. Le choix de la contrebalancer par les roues plus “tolérantes” que sont les Shimano XT (plutôt qu’une option tout carbone, qui aurait renforcé ce caractère) semble avoir été pertinent.

La bordée d’épingles qui ponctue la Toutafond permet aussi d’apprécier la maniabilité du Peugeot M01 FS, qui s’est joué avec adresse de ses petits boyaux, souvent abordés avec la technique « du compas » (en pivotant sur un pied d’appui), professée par un éminent confrère.

Verdict

Au final, même si cette journée, quoique mixant les situations de roulage les plus variées, reste trop brève pour livrer un verdict plus affirmé quant aux capacités dynamiques d|u M01 FS et à son vieillissement dans le temps, on ne peut que se féliciter du retour du lion sur une scène plus sportive grâce à ce modèle, dont « cohérence » semble bien le maître-mot !

Plus d’infos sur le site de la marque cycles.peugeot.fr

Photos ©Manu Molle/Peugeot

ParElodie Lantelme