Prise en main | Lone Parabellum : modulable et taillé pour la pente !

Par Olivier Béart -

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Prise en main | Lone Parabellum : modulable et taillé pour la pente !

Le Lone Parabellum est né du cerveau prolifique de Romain Olmos, à qui ont doit déjà le pédalier à roue-libre intégrée HXR. On le sait, il n’aime pas faire tout comme tout le monde et son premier vélo en est la preuve. A l’occasion d’une de nos virées en montagne, nous en avons profité pour faire une petite sortie au guidon d’un des premiers exemplaires de ce vélo atypique, capable de pédaler… mais surtout fait pour dévaler.

Romain Olmos n’est pas vraiment un inconnu, puisqu’on lui doit la distribution de quelques pièces originales, orientées enduro et gravity, et surtout la marque de composants HXR dont les produits les plus connus sont les adaptateurs Boost pour roues classiques et bien sûr le pédalier Easy Shift qui intègre la roue-libre.

Pour la première fois, il s’est attelé à la production d’un vélo, avec une idée bien précise en tête : proposer un vélo unique et modulable. « Cela vient d’un constat, dit-il : beaucoup de consommateurs cherchent un vélo à tout faire et la multiplication des ‘’standards’’ complexifie le marché et sa lecture. Avec le Lone Parabellum, j’offre un châssis compatible 27,5, 27,5+ ou 29 » sans modifier la géométrie du vélo. »

Celui grâce à qui tout est possible, c’est un système baptisé poétiquement NAST, pour… « Nique All System Technology ». Derrière la touche d’humour, on retrouve un système d’excentrique au niveau du boîtier de pédalier qui permet de faire varier la hauteur du boîtier de pédalier selon la taille de roues choisie… ou ses envies en matière de pilotage si on est un peu joueur. Il suffit de desserrer deux vis, de faire pivoter le tout à la main et le tour est joué.

La longueur des bases est aussi ajustable sur 20mm. Ici, c’est moins pour s’adapter à la taille de roues qu’aux goûts du pilote et aussi au type d’amortisseur choisi. La longueur minimale des bases est de 439mm, y compris en 29 », à condition d’utiliser un amortisseur à course courte. Avec un amortisseur à course longue, on doit se placer à 444mm, sinon il y a un risque que le pneu touche le tube de selle.

En fonction de l’amortisseur utilisé (standard ou métrique 216*63 ou 230*65), le débattement de la suspension 4 Bar Linkage du Lone Parabellum est de 159 ou 163mm. Plus que le débattement en lui-même, c’est surtout la capacité d’utiliser à peu près tous les amortisseurs du marché que Romain met en avant.

Du côté de la géométrie, Lone joue la carte d’un cadre court (425 de reach en taille M) avec un angle de direction bien couché (65,5°) et un tube de selle bien redressé pour garder une position de pédalage correcte. Grâce aux 4 tailles au programme, seuls les très grands qui aiment rouler sur des vélos… grands, risquent de ne pas trouver leur bonheur, mais pour les autres, indépendamment de la taille affichée (rien n’empêche de surtailler si on aime les vélos plus longs), difficile de ne pas trouver son bonheur. Pour rappel, la géométrie ne varie pas selon la taille de roues.

Le cadre (avec tous les accessoires comme le collier de selle, l’axe etc…) est annoncé à 3,6 kilos. Pas un poids plume, mais pour un alu polyvalent, musclé et pensé pour résister aux pires traitements, cela reste un score très acceptable. Pour le passage des gaines, Lone vous laisse le choix, en interne ou externe.

Au niveau du montage, tout est à la carte, mais Lone travaille de manière privilégiée avec DVO au niveau des suspensions. Les couleurs du cadre sont d’ailleurs assorties au vert du partenaire en matière d’amortissement. Le pédalier HXR Easyshift n’est pas obligatoire mais il est évidemment proposé en option et présent sur notre version d’assai, de même que l’originale transmission Box 11 vitesses.

La commercialisation vient de débuter et le tarif est fixé à à 1749€ en cadre seul ou 1999€ avec l’amortisseur DVO Topaz. Deux montages seront aussi proposés, à 3499€ et 4899€ (proche du montage qui illustre cet article). Toute la conception et tests sont faits en France, alors que
la construction est réalisée à Taïwan selon le cahier des charges de la marque.

Lone Parabellum : le test terrain

C’est sur les pistes de Morzine que nous avons pris les commandes du Lone Parabellum l’espace de quelques heures, et de quelques descentes sur les pistes phares de la station. Premier constat : la suspension arrière se montre très efficace. Avec le DVO Topaz en 230x65mm qui offre 163mm de débattement, la roue est collée au sol, elle lit particulièrement bien le terrain et on n’a jamais l’impression de perdre le grip, y compris au freinage dans les fameuses zones façon « tôle ondulée ». Il y a eu un beau travail effectué de ce côté et on sent que la tête pensante derrière ce vélo est un gars qui envoie.

A l’avant, la fourche DVO est agréable, mais moins impressionnante et parfois un peu souple au niveau compression. Mais nous n’avons pas eu le temps de nous plonger dans les réglages fins. Pour nos 178cm, nous avons choisi le vélo en taille L car nous avons tendance à préférer un reach un peu plus long. La potence est en 40mm sur notre vélo d’essai, et les roues en 29″ avec bases placées à 444mm. Le vélo est d’un naturel très joueur et d’une maniabilité redoutable, donc le choix d’un cadre un peu plus long nous semble pertinent et nous ne l’avons pas regretté lors du test.

S’il est hyper à l’aise dans le défoncé et dans la pente, le Lone Parabellum est par contre nettement moins efficace au pédalage. Il ne manque pas de dynamisme dans les relances en cours de descente, mais avec un point de pivot concentrique au boîtier de pédalier, il n’y a pas de miracle à attendre et le pompage est très généreusement présent quand on pédale en laissant l’amortisseur complètement ouvert. Mais au final, ce n’est pas vraiment gênant car tous les amortisseurs contemporains ou presque ont une petite mollette de « blocage » pour freiner la compression et limiter le phénomène. Au final, pour peu qu’on accepte de prendre son temps sur le plat et de pédaler cool en côte, ce n’est pas gênant et on peut juste le considérer comme un trait de caractère du vélo.

Verdict

Intéressant sur papier avec son concept modulable, le Lone Parabellum transforme l’essai sur le terrain, surtout pour les profils descendants et cassants. Attention, modularité n’est pas ici synonyme de polyvalence et son concepteur a clairement privilégié l’efficacité en descente au niveau de la cinématique de suspension. Le vélo n’est ni lourd, ni pataud, de sorte qu’il reste roulable sur de longues sorties, mais chaque portion plate ou montante sera à aborder à un rythme de liaison, sans plus. Par contre, même si l’essai n’était pas long, on peut dire que ce choix inhabituel et radical lui permet de se faire une petite place parmi les vélos les plus efficaces, ludiques et agréables qu’il nous ait été donné de tester dans la catégorie. Un vrai vélo plaisir pour ceux qui mesurent la qualité de leur sortie à la taille de leur sourire plus qu’aux chronos réalisés.

Plus d’infos : https://lone-bicycles.fr/fr/

ParOlivier Béart