Présentation | Husqvarna MC6 Carbon : le design d’une nouvelle ère

Par Olivier Béart -

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Présentation | Husqvarna MC6 Carbon : le design d’une nouvelle ère

Le nom du groupe Pierer ne vous dit peut-être rien. Mais si on vous parle de Husqvarna, GasGas, Raymon, Felt et KTM (moto uniquement – le vélo appartenant à une autre entité), ce sont certainement des mots qui sonnent beaucoup plus à vos oreilles. Leur point commun ? Toutes ces marques appartiennent au fameux groupe Pierer qui ambitionne de renforcer sa place sur le segment du deux-roues en mettant de très gros moyens dans le vélo. Nous nous sommes rendus en Autriche, dans le fief du groupe, pour découvrir les dernières nouveautés des différentes marques, à commencer par le Husqvarna MC6 qui se veut une véritable tête de pont chargée de montrer la voie du futur pour les différentes entités. Découverte d’un vélo au design novateur et d’un géant industriel plutôt impressionnant !

Afin de ne pas trop faire durer le suspense, le voici ce fameux Husqvarna MC6 au cadre en carbone au design bien affirmé. Mais avant de vous le présenter plus en détails, on se doit de vous planter un peu le décor !

Bienvenue à Mattighofen, en Autriche, non loin de Salzbourg, où se trouve le siège historique de la marque de motos KTM, fleuron du groupe Pierer. Pour vous donner une idée, ce groupe, lancé il y a 29 ans et spécialisé dans le deux-roues sous toutes ses formes, représente plus de 5000 employés dans le monde et réalise un chiffre d’affaires qui a dépassé en 2021 la barre des 2 milliards d’euros. Bref, ça cause !

Le groupe connaît une croissance organique, mais il s’est aussi engagé dans une politique de rachat et d’expansion assez impressionnante comme le montre le petit tableau ci-dessus. Outre KTM moto, la marque a aussi racheté plus ou moins récemment Husqvarna et GasGas pour la moto et le vélo ; créé la marque Raymon exclusivement pour le vélo et acquis très récemment les américains de Felt également pour le vélo, avec une consonance sportive et aucun e-bike au catalogue alors que toutes les autres marques vélo sont exclusivement orientées vers les vélos à assistance. Le groupe dispose également d’une division « design », Kiska, qui est une des plus grandes d’Europe.

Une précision importante tout de même : pour des raisons historiques, le groupe Pierer n’est pas propriétaire de KTM vélo, qui avait été scindé et vendu séparément, et qui est donc totalement indépendant.

Une ville dans la ville…

En Autriche, le groupe dispose d’un complexe particulièrement impressionnant, presque plus gros que la petite ville de Mattighofen elle-même ! On y trouve les chaînes de production des motos KTM et Husqvarna, des halls de stockage et de logistique gigantesques, le service course moto des marques du groupe (qui cumulent un nombre impressionnant de titres mondiaux), et aussi une très design « house of brands » dans laquelle on retrouve la direction, les services marketing et communication du groupe.

L’investissement dans le vélo se fait bien entendu car le groupe y voit de réelles opportunités de développement et parce que cela rentre pleinement dans sa volonté de devenir un des leaders mondiaux du deux-roues sous toutes ses formes. Mais Pierer ne veut pas faire dans la demi-mesure et par pur opportunisme en apposant simplement les noms prestigieux qu’il a dans son portefeuille sur des produits à bas coûts et/ou développés par d’autres.

Le groupe a bien conscience des spécificités de ce marché, tout en souhaitant tout de même prendre quelques bonnes idées de la moto en matière de production/logistique/vente. Mais pas question de faire des « motos à pédales » : Pierer veut une division vélo forte, autonome et en phase avec les attentes d’une clientèle très large qui ne se résume absolument pas juste à celle des fans de moto qui veulent le vélo assorti à leur bécane dans leur garage. En tant qu’observateur issu du monde du vélo, c’est en tout cas très intéressant de voir d’aussi gros groupes s’investir aussi sérieusement dans le vélo !

Husqvarna, Raymon et depuis peu GasGas ont commencé humblement, avec des produits pas forcément démonstratifs, mais qualitatifs et bien placés au niveau tarif. En étant proposés tant via leur énorme réseau des revendeurs moto que dans des magasins spécialisés vélo, ces premiers vélos se sont déjà vendus à plus de… 100 000 unités en 2021 ! Plutôt pas mal pour un acteur qui a démarré dans le vélo seulement en 2017. Et ce n’est qu’un début !

C’est au cœur du bâtiment qui abrite Husqvarna moto (et plus précisément dans le labo acoustique qui sert à la vérification des normes de bruit moto) que nous avons pu découvrir le nouveau Husqvarna MC6. Un vélo particulièrement important car il marque le passage d’un cap pour la marque et pour le groupe, qui veut soigner de plus en plus le positionnement de chacune de ses enseignes. Et qui veut surtout passer un gros cap dans le monde du vélo en allant titiller les plus grands !

Le Husqvarna MC6 carbone en détails

Pour la petite histoire, Husqvarna est une société très ancienne, puisqu’elle a été fondée en… 1689 ! Elle fabriquait à l’époque des mousquets, mais elle s’est assez vite diversifiée et elle a été pionnière dans pas mal de domaines. Notamment dans le vélo, puisque le premier deux-roues de la marque a été produit en 1896. Et la première moto, qui était en fait plutôt un vélo avec un petit moteur à ce moment-là, a été produite en 1903.

Jusqu’ici, les gammes Husqvarna avaient misé sur les fondamentaux pour proposer des vélos au bon rapport qualité/prix et à la finition soignée. Côté comportement, la marque ne veut pas nécessairement faire des vélos « enflammés », mais plutôt des vélos qui sont des « partenaires » du pilote, qui invitent à la découverte et qui mettent le pilote en confiance pour se lancer dans de nouveaux défis techniques.

Pour concrétiser cette philosophie et pousser le premier point sur lequel Husqvarna a travaillé en développant ce MC6, c’est le centrage des masses et l’abaissement du centre de gravité. Comme on le voit sur cette « mule » de test, moteur et batterie ont été placés le plus bas possible. Le positionnement de l’amortisseur sous le top tube a été validé, de même que la suspension 4bar linkage en 150mm de débattement, le moteur Shimano EP8 et les roues « mullet » 29/27,5.

Ensuite, un fameux travail de design s’est ajouté pour réellement différencier le vélo et le positionner au premier regard de manière forte par rapport à la concurrence. « Nous avons voulu faire un véritable « design statement » avec ce vélo. Vous pouvez l’aimer ou le détester, mais nous ne voulions surtout pas qu’il laisse indifférent. »

La batterie intégrée de 720Wh est placée au plus bas dans le tube diagonal, qui tire une diagonale marquante, suivie par une autre diagonale qui encercle l’amortisseur. Le moteur Shimano EP8 vient se placer en position quasi verticale entre ces deux lignes de force et chaque modèle ajoute un jeu de couleurs et de noir pour souligner ces traits.

Pour concrétiser ce travail sur les formes, pour le poids (annoncé à 3,6kg pour le cadre nu et 22kg pour le modèle haut de gamme complet) et pour la rigidité, Husqvarna a eu recours au carbone. Mais une déclinaison alu au design proche mais légèrement différent devrait suivre au prochain millésime.

Au niveau de la batterie, un travail important a été fait pour son intégration dans le cadre. Elle est dotée d’inserts en caoutchouc souple à chaque extrémité afin d’éliminer les vibrations, sources de bruit et aussi potentiellement d’usure du cadre. Elle est amovible par une trappe sous le pédalier, et la connexion avec le moteur se fait via un raccord souple pour éviter tout souci de connexion. On le voit, il y a eu une grande attention aux détails.

A l’avant, on constate que le logo Husqvarna est posé sur une petite grille. Au-delà du côté design, cette grille a également une fonction d’aération passive de la batterie. « Il y a aussi des petites ouïes dans le bas du tube pour créer une légère couche d’air entre le cadre, le moteur et la batterie. On ne va pas raconter qu’il y a un flux d’air qui fait du refroidissement avec la vitesse comme en moto ! Ce n’est pas cela. C’est juste une aération passive, mais dont nous avons vu l’efficacité pour tempérer la zone et éviter/retarder les températures extrêmes chaud/froid autour de la batterie. »

Côté géométrie, rien d’extrême au programme, mais on voit tout de même qu’on est sur des valeurs bien dans leur époque pour un programme typé all-mountain.

Trois montages seront au programme, tous sur base du même ensemble cadre/moteur/batterie mais avec des équipements différents. Les tarifs démarrent à 5999€ pour le MC4 (Sram GX Eagle, Magura MT5, fourche RockShox 35 Gold) puis 6999€ pour le MC5 (Shimano XT, Fox F36 performance) et 8899€ pour le haut de gamme MC6 (Fox Performance, Shimano XTR, roues Newmen).

Nous n’avons pas encore pu essayer le modèle, qui sera disponible pour les premiers essais presse sur le terrain en septembre et qui arrivera en stock chez les revendeurs à l’automne 2022. Eh oui, il faut désormais apprendre à être patient dans le milieu du vélo. Mais la lecture du menu met en appétit !

Plus d’infos : https://www.husqvarna-bicycles.com

ParOlivier Béart