Portfolio | Enduro de l’Amblève : Martin Maes émerge de la tempête

Par Olivier Béart -

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Portfolio | Enduro de l’Amblève : Martin Maes émerge de la tempête

De la neige au mois de mai… eh oui, la météo s’est montrée très facétieuse pour cette édition 2019 du fameux Enduro de l’Amblève ! Déjà reconnu comme étant un des plus beaux, et sans aucun doute le plus dur de Belgique, il s’est transformé en une aventure épique entre tapis blanc, boue, grand soleil, rochers glissants et autres averses de grêle. A l’issue d’un duel à couteaux tirés avec Bart De Vocht, Martin Maes remporte cette édition mémorable. Vojo y était :

Incrédules, les pilotes évoluent dans un décor complètement surréaliste pour se rendre au départ de la première spéciale. Car en prenant de la hauteur, la neige tient !

Fort heureusement, les traces préparées aux petits oignons par les organisateurs résistent plutôt bien. Beaucoup d’entre elles ont été nettoyés, ratissées, préparées avec soin depuis des semaines, et dans des conditions extrêmes comme celles-ci, cela aide à limiter la casse.

Bien que congelés, les participants gardent d’ailleurs le sourire et tout le monde a souligné l’exceptionnelle qualité d’organisation de cette édition 2019, que ce soit au niveau du balisage, des adaptations faites en dernière minute en raison de la météo ou encore du choix des traces elles-mêmes. L’Enduro de l’Amblève reste (très) sélectif, mais il n’y a plus ce côté dangereux, extrême et un peu freestyle qu’on a pu lui reprocher par le passé. Tout est maîtrisé, ça sent la maturité et c’est vraiment bon pour l’image de l’enduro belge, d’autant que l’épreuve commence à attirer pas mal d’étrangers. Des Français bien sûr, mais aussi des Allemands, des Hollandais et on a même croisé un Polonais !

Malgré la météo et une manche EWS à Madère toute proche, Martin Maes a tenu à être présent, ce qui lui a permis d’inaugurer son casque au taureau ailé reçu la veille et marquant son entrée dans le club très sélect des athlètes RedBull.

Mais ne croyez pas qu’il a eu la tâche aisée. « Tintin » a beau s’être imposé de façon autoritaire sur les deux premières manches des EWS 2019, il est tombé ici sur un Bart De Vocht en très, très grande forme.

Particulièrement à l’aise dans la boue, fort physiquement (c’est un ancien crosseur reconverti, et on se souviendra qu’il a déjà terminé dans le top 20 d’une coupe du monde de XC), le pilote Scott Benelux s’est payé le luxe de signer les deux premiers scratches de la journée ! Ok, c’est pour seulement 3 secondes, mais sur Martin Maes, c’est tout de même un signe !

Par contre, dès la première spéciale, son équiper Olivier Bruwière (ancien vainqueur de l’épreuve) a volé au tapis. Casque explosé, contusions au visage : il a préféré en rester là. Mais il a repris du service dès le lendemain sur la TransLégende (une épreuve de « XC Hard » disputée sur le même terrain) où il a terminé 2e. Plus de peur que de mal, donc.

Dans les 3e et 4e spéciales du jour, Martin Maes remet les pendules à l’heure en signant deux scratches. Mais son avance ne se monte qu’à 5 petites secondes !

Petit à petit, la neige se met à fondre, laissant place à un sol gorgé d’eau et rendant le pilotage encore plus délicat.

 

Mais le soleil refait aussi son apparition, réchauffant les traces à toute vitesse et donnant des images de trails fumants tout à fait surréalistes !

Il faut tout de même rester très prudent car certains passages restent extrêmement glissants et occasionnent de belles chutes. Colin Demarteau, leader de la BEC chez les Cadets, en fera l’amère expérience. Il doit au final s’incliner sur cette manche face à un Géraud Heine impérial.

Derrière les deux ténors qui se tirent la bourre, Julien Soussigne assure sa 3e place à un peu plus d’une minute de la tête.

Il est suivi par un (pas si) surprenant Justin Legros, lui aussi membre des Superbikers. Au guidon de son Mondraker, il signe des chronos hyper réguliers qui le placent en 4e position à l’issue de la journée.

Jonas Debois – encore un SuperBikers – le suit de près. Il est 5e au général et premier Junior.

Vous voulez encore des Superbikers ? D’accord ! Voici Nicolas Daniels qui, bien que pas spécialement heureux de ses chronos à l’arrivée, se place tout de même à la 6e place finale !

Sur un terrain qu’il connaît bien, le très prometteur Jacques Evrard a bien failli s’imposer dans la catégorie Juniors dans laquelle il vient pourtant tout juste de débarquer. Hélas, il a déjanté dans les derniers mètres de la spéciale show, ce qui lui a coûté un temps précieux. Il termine tout de même 7e scratch et 2e Junior !

A la 8e place, on retrouve l’inoxydable Nicolas Casteels, toujours très à l’aise à l’Amblève, où il décroche une nouvelle victoire en catégorie Master, juste devant le très affuté Daniel Prijkel, 9e au scratch. Mathias Mouronval complète le top 10.

Dans les autres catégories, on retiendra la victoire de Xavier Bodeux en Master 2, avec à la clé une belle 22e place scratch. En Master 3, c’est Kris Hertsens qui l’emporte.

Chez les filles, Alex Marchal est revenue en Belgique spécialement pour l’occasion. Elle roule beaucoup dans le Sud, mais cela ne l’empêche pas d’être hyper efficace dans la boue. Elle termine à une remarquable 62e place scratch et elle l’emporte chez les filles. Elle devance Camille Maes et Kristien Nelen.

La catégorie électrique rencontre de plus en plus de succès, avec un niveau sans cesse plus élevé et une bonne dizaine de pilotes qui ouvrent les spéciales avant le reste de la meute. A cause des chutes de neige qui ont couché des arbres, la spéciale spécifique ebike avec une grosse remontée en plein milieu a dû être annulée, mais il y a tout de même eu du spectacle. Vainqueur de la première manche, Patric Maes (à gauche) a cette fois dû s’incliner face à Lionel Dumoulin (vainqueur, en photo à droite) et Fabrizzio Miccucci.

En milieu d’épreuve, la boue reste bien présente… mais l’espoir renaît quand le soleil refait une généreuse apparition.

L’atmosphère se réchauffe et on se prend tout à coup à rêver d’une fin de course plus chaude et sous un beau ciel bleu.Hélas, en quelques minutes, tous les espoirs volent en éclats ! D’énormes nuages noirs pointent à l’horizon.

En quelques minutes à peine, on passe du printemps/été à l’hiver dans ce qu’il a de plus rude. Une tempête de neige mêlée de grêle rince les derniers partants au départ de la « Golden Strike » (SP5) !

Les premiers ne sont pas mieux logés… mais au départ de la SP6, les bénévoles ont eu la bonne idée d’allumer un feu. La condition pour en profiter ? Aller cherchez sa branche de sapin pour entretenir la flamme !

Au moment de la fameuse dernière spéciale show sous le viaduc, le ciel se dégage légèrement. Et pour la première fois dans l’histoire de l’enduro de l’Amblève, c’est elle qui va décider du vainqueur. Seulement une seconde sépare Bart De Vocht, leader, de Martin Maes !

Les spectateurs sont chauds comme la braise et prêts pour assister au duel !

Au final, Martin Maes s’énerve un peu et signe le scratch pour 3 secondes devant Bart De Vocht. On sort les calculettes et au final, le leader mondial actuel de l’enduro l’emporte… pour seulement deux petites secondes devant son rival ! Voilà qui promet en vue de l’enduro des Nations où les deux feront sans doute équipe avec Julien Soussigne pour essayer de faire briller les couleurs belges dans ce nouveau concept qui clôturera la saison mondiale 2019.

Tout cela se termine évidemment autour d’une bonne Chimay, le camion-bar étant stratégiquement situé juste après l’arrivée histoire de se remettre de ses émotions.

On termine ce portfolio par les différents podiums…

… mais surtout par un (très) grand bravo à toute l’équipe de bénévoles qui rend cet enduro si magique. A l’année prochaine, sans faute… et sans neige !

Résultats complets : http://ecorga.be/bec2/stage1_index.html

Découvrez aussi la Trans-Légende, l’épreuve XC hard qui a lieu le lendemain de l’enduro >>

Trans-Légende : le XC hard à mâturité

L’Amblève, ce n’est pas que le désormais très célèbre enduro du samedi. C’est aussi depuis 2018 la Trans-Légende, une course de XC hard, dense et technique, qui pousse les riders polyvalents à leurs limites. Vojo était dans la course. Récit :

Regardez bien l’asphalte car il n’y en a vraiment pas beaucoup sur les 43km et 1800m de d+ de cette Trans-Légende, sur laquelle les meilleurs ne feront guère beaucoup plus que du 15km/h de moyenne.

Dans les bois, le gibier est encore maître des lieux pour quelques instants, avant que les premiers bikers ne fassent leur apparition.

En tête, les deux compères Bart De Vocht et Olivier Bruwière mènent la danse… avec le sourire mais en appuyant fort sur les pédales. Les deux enduro/crosseurs sont dans leur élément. De Vocht a terminé 2e à un cheveu de Martin Maes la veille et il entend bien s’adjuger le combiné Enduro/Trans, alors que Bruwiere veut faire oublier son abandon de la veille.

De son côté, votre serviteur part calmement, avec toujours le souvenir d’un énorme coup de bambou à la mi-course sur l’édition précédente. Eprouvant, le parcours ne cesse quasiment jamais de monter ou de descendre et la dernière partie de la course peut s’apparenter à un véritable calvaire si on n’a pas bien dosé son effort. Finalement, malgré un départ prudent, c’est le froid qui nous a surpris cette année, causant un beau combo hypoglycémie/hypothermie sur la fin ! Merci d’ailleurs à Alexis André pour le coup de pouce sous forme d’une pâte de fruit et d’une petite veste en vue de l’arrivée, preuve que la solidarité entre riders n’est pas un vain mot sur ce genre de course.

La course est rendue d’autant plus dure que, cette année, le sol est gras et lourd par endroits, même si nous n’avons relevé aucun bourbier ou passage dans un état catastrophique. Heureusement, car c’est déjà bien assez difficile comme cela.

Petite parenthèse pour souligner que la Trans-Légende est aussi ouverte aux VAE. Le tracé leur convient particulièrement bien, d’autant que le nouveau secteur de portage de l’édition 2019 est tout à fait roulable si on dispose d’une assistance. Ici, une partie de la bande des organisateurs de l’enduro de Bouillon vient dire bonjour aux collègues de l’Amblève !

Difficile d’accès, le parcours s’enfonce au plus profond des forêts de la vallée de l’Amblève et s’aventure dans des secteurs trop éloignés pour l’enduro. L’occasion de découvrir de nouvelles traces.

Trois spéciales de la veille sont au programme, en tout ou en partie. Le terrain y est défoncé et les aborder avec un petit vélo de XC n’est pas de tout repos, même si les principaux obstacles (drops, jumps,…) sont contournables sans difficulté. Les bras souffrent presque autant que les jambes ! Ici, Brice Sholtes en action. Il terminera 3e.

Petite spécificité de la Trans-Légende, il y a une belle section de portage aux deux-tiers de l’épreuve !

Certains parviennent à en grimper une partie sur le vélo, mais personne n’en est venu à bout sur la selle, même pas Bart De Vocht et Olivier Bruwiere qui caracolent toujours en tête et qui vont passer ensemble la ligne d’arrivée aux deux premières places.

A l’arrivée, après un peu moins de 3h pour les meilleurs et le visage rempli de boue, la ligne d’arrivée est enfin en vue. En tout, sur une centaine d’inscrits et une soixantaine de présents, moins de 50 braves passeront la ligne. Mais malgré la difficulté, tous étaient heureux de l’avoir faite, car cette Trans-Légende est vraiment unique en son genre. Elle mériterait d’ailleurs un plus grand succès… vous savez ce qu’il vous reste à faire l’année prochaine !

Résultats complets : http://ecorga.be/bec2/stage2_combine_course.html

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Par Olivier Béart

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