Test nouveauté | Nukeproof Reactor : 2 formats et 2 visages

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Nukeproof Reactor : 2 formats et 2 visages

Depuis 2016 et l’arrêt du Mega TR, il manquait un petit tout-suspendu polyvalent dans la gamme Nukeproof, entre le semi-rigide Scout et l’enduro Mega. Vide comblé en 2020 puisque la marque irlandaise annonce l’arrivée du Reactor, un nom qui évoquera quelque chose aux plus âgés…

Le Nukeproof Reactor de 1997

Semi-rigide, 3×8 vitesses, freins V-Brake… Aujourd’hui, difficile d’imaginer que ce Nukeproof Reactor était il y a 22 ans ce qui se faisait de mieux dans le milieu du VTT. Pourtant, lorsqu’on regarde de plus près, on remarque certaines particularités qui ont fait de ce vélo un précurseur et qui le rendent unique.

Si le vélo est digne de figurer dans un musée, la fourche est une œuvre d’art à part entière. Dessinée spécialement pour le vélo, c’est une fourche à parallélogramme déformable (une Trust avant l’heure ?). Le ressort hélicoïdal prend place à l’intérieur de la douille de direction et le système dispose de butées pour ne pas venir endommager le cadre.

Elle offre 70 mm de débattement, avec un angle de direction de 71° bien loin des 65° du Nukeproof Scout, l’endurigide de la marque (ou même d’un Scott Scale qui affiche 69,5°).

Côté transmission et freinage, on retrouve du XTR à tous les étages : des étriers V-Brake – qui étaient la référence à cette époque avec leur système à deux bras pour garder le patin parfaitement perpendiculaire à la jante – au pédalier triple plateaux avec une grande couronne en 46 dents !

La tige de selle est également une Shimano XTR tandis que le (petit) cintre en aluminium enveloppé dans du carbone et la (très longue) potence sont des composants maison.

Le savoir-faire Nukeproof se retrouve encore au niveau des roues avec ces superbes moyeux Bombshell qui disposent eux aussi d’un corps en aluminium recouvert de carbone. Les jantes sont équipées de pneus Panaracer d’époque, avec le légendaire combo Dart (à l’avant) et Smoke (à l’arrière).

Le Nukeproof Reactor 2020

Descendant du Mega TR par son débattement et son positionnement dans la gamme Nukeproof, le Reactor s’en différencie avec une nouvelle architecture de suspension.

Cela peut paraître anodin, mais sur ce vélo de trail Nukeproof souhaitait pouvoir monter un porte-bidon. Si le système 4 Bar Linkage est conservé, l’ancrage de l’amortisseur migre sous le tube horizontal pour faire de la place. D’après la marque irlandaise, ce positionnement convient mieux aux vélos à petit débattement de manière générale.

Nukeproof en a profité pour revoir un peu sa cinématique et l’adapter à ce plus petit débattement. L’anti-squat est ainsi un peu plus prononcé sur les rapports les plus hauts de la cassette pour faciliter le pédalage. Le ratio est un peu plus faible en début de course pour une meilleure sensibilité mais la suspension est plus progressive par la suite, pour offrir un bon soutien et ne pas consommer tout le débattement trop vite.

Au total, le Reactor développe 130 mm de débattement en 29″… ou 140 mm en 27,5″ ! Chose de plus en plus rare aujourd’hui, Nukeproof a fait le choix de proposer son nouveau vélo dans les deux formats de roues, comme elle le fait pour les autres modèles de sa gamme.

Le Reactor est peut-être un vélo de trail, mais il reste un Nukeproof, c’est-à-dire davantage tourné vers le plaisir de pilotage et la descente que l’efficacité pure en marathon. Il est donc couplé à une fourche avec un peu plus de débattement : respectivement 140 mm et 150 mm en 29″ et 27,5″, voire 150 mm et 160 mm dans la version bodybuildée RS !

C’est par ailleurs le premier Nukeproof à disposer d’un cadre entièrement en carbone, y compris au niveau du triangle arrière. Il est annoncé à 2,4 kg sans amortisseur. Pour situer la bête, c’est presque le poids d’un cadre de DH (le dernier Scott Gambler pèse 2,65 kg). La marque irlandaise a donc clairement privilégié la fiabilité et, si elle a choisi le carbone, c’est pour d’autres qualités que le poids.

Une version en aluminium (avec haubans en carbone), plus accessible, sera également disponible au catalogue.

Le cadre est généreusement protégé au niveau du tube diagonal et des bases avec des empiècements en caoutchouc de belle facture.

Le Nukeproof Reactor affiche une géométrie similaire dans les deux versions : angle de direction à 66° ou 65,5° en montage RS, angle de selle à 75,5° degré et reach à 451 ou 454 mm en taille M. Seuls la longueur des bases (430 ou 440 mm) et le stack (605 ou 615 mm) changent réellement pour s’adapter aux grandes roues. L’offset de la fourche est également adapté et l’empattement est un peu plus long, par la force des choses : + 24 mm.

Une géométrie très moderne donc, et résolument tournée vers la descente avec cet angle de direction très couché pour un « petit » vélo et ce reach long. Une petite pièce sur la jonction haubans-biellette permet même de passer de la position Trail à la position Rail pour radicaliser encore un peu plus le vélo : -0,5° d’angle de direction et d’angle de selle, boîtier de pédalier 6 mm plus bas.

Le Nukeproof Reactor sera disponible à partir de fin octobre en 6 montages (2 en aluminium, 4 en carbone) de 2 749,99 € à 5 399,99 €. La version 27,5″ est disponible en 4 tailles de S à XL tandis que la version 29″ ne sera accessible qu’à partir de la taille M.

Le Nukeproof Reactor : le test terrain

Nous avons pu découvrir les deux versions du Nukeproof Reactor sur les trails d’Andalo, au pied des Dolomites. Dans les deux cas, la version essayée était la RS, en carbone avec une fourche à plus gros débattement et des équipements (roues et pneus notamment) plus costauds et plus lourds que le reste de la gamme.

Notre boucle test commence par une montée et assez rapidement, on sent que ce n’est pas le point fort de ce vélo. Cette version 27,5″ bodybuildée dépasse les 14 kg et malgré le mode « montée » de l’amortisseur, cela se sent. La position est néanmoins confortable et la suspension offre un bon grip lorsqu’on la déverrouille, ce qui nous laisse penser que les versions plus légères doivent être bien plus à l’aise dans cet exercice.

Lorsque la pente s’inverse, le vélo rentre dans son élément et on retrouve le sourire. Très joueur, il ne demande qu’à rebondir partout. Chaque mouvement de pompage se transforme en véritable coup d’accélérateur et on décolle très facilement pour survoler un champ de racines, une souche mal placée ou juste pour s’amuser.

A son guidon, on se prend à essayer des trajectoires (très) approximatives, mais l’ensemble cadre-roue offre une certaine tolérance, tant que la vitesse n’est pas trop importante. Au-delà d’un certain rythme, le Reactor devient plus exigeant et il faut être sûr de ce que l’on fait. N’oublions pas que c’est un cadre entièrement en carbone, avec des « petites » roues forcément plus rigides.

Moins bondissant, le 29″ est moins fatiguant et absorbe mieux les obstacles.

Pas de photos pour le 29″ car notre version d’essai était un prototype, avec des équipements proche de la série mais pas encore définitifs. Bien qu’il soit lui aussi dans un montage « enduro », le modèle 29″ pédale mieux que son petit frère. On profite de l’inertie des grandes roues et une fois lancé, on prend sans difficulté un bon rythme.

A la descente, il est moins joueur que le 27,5″ mais aussi moins fatiguant quand ça tape vraiment ou sur les longues descentes alpines. Moins bondissant, il absorbe mieux les obstacles et on a moins besoin de le tenir lorsqu’on prend de la vitesse. Plus accessible, il est aussi plus à l’aise pour rouler vite alors que le 27,5″ semble plus fait pour s’amuser mais demande un certain bagage physique et technique.

Il n’est pas facile d’arriver dans un marché bien rempli (qui a dit saturé ?) et c’est pourtant ce que Nukeproof s’apprête à faire avec ces deux Reactor. Avec la version 27,5″, la marque irlandaise réussit néanmoins le pari d’avoir un vrai vélo à son image, qui se distingue de ceux des autres marques. La version 29″ est plus consensuelle et collera probablement à un plus grand nombre de pratiquants mais ne reste pas moins dénuée d’atouts. Aboutis et bien placés en terme de tarifs, ces deux vélos de trail seront une option à considérer au moment de changer de vélo si vous souhaitez sortir un peu de l’ordinaire…

Plus d’informations : nukeproof.com

Photos : Moutainbike Connection Summer 2019 – Luigi Sestili & Ruppert Fowler

 

ParLéo Kervran