Nordic Gravel Series | Falling Leaves Lahti : quand le gravel se vit en mode nordique

Par Adrien Protano -

  • Staff pick

  • Nature

  • Sport

Nordic Gravel Series | Falling Leaves Lahti : quand le gravel se vit en mode nordique

Entre forêts embrasées, lacs miroitants et ambiance conviviale, la Nordic Gravel Series s’est conclue à Lahti avec la manche Falling Leaves. Plus qu’une simple course, nous avons passé un week-end hors du temps où le gravel prend des airs de voyage nordique. Rencontre avec les pilotes professionnels venu chercher la victoire, dépassement de soi, découverte d’une région idéale pour le gravel….Récit : 

Crédit Photo : Christer Adahl

En cette fin de saison, cap au nord pour une expérience bien différente de ce que l’on connaît dans nos contrées. La Finlande n’est pas la première destination qui vient à l’esprit quand on pense vélo, et pourtant depuis quelques années, la Nordic Gravel Series s’impose comme un rendez-vous à part dans le calendrier gravel européen.

Vieux de sept saisons déjà, le circuit rassemble une série d’épreuves aux quatre coins de la Scandinavie, dans des décors où la nature règne en maître. L’idée n’est pas seulement de courir, mais de partager une expérience collective faite de paysages grandioses, de convivialité et de dépassement de soi. La manche de clôture, Falling Leaves, se tenait ce week-end à Lahti, en Finlande.

Crédit Photo : Christer Adahl

Si le week-end de course rassemble une série d’épreuves aux différents kilométrages (de 50km à 180km pour cette manche de Falling Leaves), une série de sorties de groupe sont organisées durant les jours qui précèdent, tout comme la tenue d’un « gravel camp », à savoir une semaine d’aventure en amont du défi du samedi. Bref, de quoi partager de bons moments entre amis, ou de faire de nouvelles rencontres sur le vélo.

Jour 1 : Jan Stöckli (Tudor Pro Cycling Team) nous fait découvrir le coin

Dès l’arrivée à Lahti, on comprend qu’il ne s’agit pas d’une épreuve comme les autres. Pas de paddock géant, pas de surenchère logistique : ici, l’ambiance est à la simplicité et à la convivialité. Les participants viennent des quatre coins de l’Europe – Finlande bien sûr, mais aussi Suède, Estonie, Allemagne, France… – pour partager un week-end de vélo dans un cadre qui, à cette période de l’année, en met plein les yeux. Les forêts de pins et de bouleaux s’embrasent de couleurs automnales, les lacs reflètent les nuages lourds, et la météo joue son rôle avec ce mélange typiquement nordique de fraîcheur, d’humidité et de lumière rasante.

En cette première journée, c’est nul autre que Jan Stöckli, pilote au sein de l’équipe route Tudor Pro Cycling Team, qui est chargé de nous faire découvrir les alentours. Cette saison, le pilote suisse (en compagnie de son coéquipier Simon Pellaud) ont mis en place un programme particulier, amenant le Tudor Pro Cycling Team sur les épreuves gravel.

Un virage qui n’est pas tout à fait surprenant lorsqu’on se rappelle que Jan a roulé pendant plusieurs saisons en coupe du monde de VTT XC (et que Simon vient tout juste de terminer la Breck Epic – une course par étape VTT – au Colorado).

C’est aussi ce qui a permis à Jan d’aller chercher la 2e place sur la Trakka cette année selon lui : « À chaque virage, je parvenais à créer un petit écart avec les autres pilotes, simplement car j’avais de meilleures courbes et je freinais moins. Ça les a obligés à travailler un peu plus je crois, tant mieuxpour moi ».

« Tu connais la région ? », « pas du tout, c’est la première fois que je viens en Finlande (rires) » me répond Jan… Nous voilà bien embarqué !

Pour cette première sortie, BMC (partenaire de la Nordic Gravel Série) m’a dégoté un Urs, le gravel « Aventure » de la marque (en opposition au Kaius qui remplit le segment Gravel « Performance ») : Nouveauté | Petite mise à jour pour le BMC Urs. Attention, il s’agit ici d’un montage « perso » avec des composants qui diffèrent (parfois) du montage de série.

Ce qui étonne sur ce Urs, c’est cette petite suspension arrière. Baptisé MTT, celle-ci offre 10 mm de débattement.

De quoi bien compléter la potence suspendue que l’on retrouve sur l’avant du vélo.

Un vélo avec lequel Jan s’est aussi élancé récemment sur le terrain difficile de l’Unbound. « L’Urs faisait sens pour l’Unbound, tant le terrain est technique et la course est longue. Tu as besoin de ce confort supplémentaire. Pour cette manche, j’ai plutôt choisi le Kaius. Le terrain est plutôt roulant et rapide ici en Finlande, c’est le vélo parfait ! Je roule avec des pneus de 45 mm de section, c’est tout juste avec le cadre, mais c’est le combo idéal pour ce type de course » détaille Jan.

En quelques instants, on quitte le camp de base de la course – le centre olympique et paralympique de Pajulathi – pour s’enfoncer dans les forêts finlandaises. On a choisi de reconnaître le début du parcours 180 km sur lequel s’élancera Jan le week-end (et qui est identique au 145 km sur lequel je m’élancerai personnellement).

On n’est pas sur du bitume, mais presque. Le terrain est bien damné, plutôt lisse, et on atteint rapidement une vitesse de croisière élevée. « Jusqu’ici, la course est neutralisée. Mais à partir de ce virage, ça va être une autre histoire » m’explique Jan au moment d’obliquer à gauche, après 5 kilomètres.

Crédit Photo : Christer Adahl

« J’aime bien faire la compétition en gravel. Il y a un côté plus solitaire dans l’effort (et dans la victoire) en comparaison à la route où c’est un sport d’équipe. Ça permet plus de liberté, dans le choix des épreuves, la manière de les aborder, mais aussi dans les stratégies de course. Par exemple, j’ai pu choisir de venir sur cette épreuve, et je suis seul. Je m’organise tout seul et c’est chouette aussi » m’explique Jan.

Les kilomètres défilent, et les paysages passent des forêts denses aux décors agricoles, avec toujours cette sensation d’être loin de la civilisation. Jan continue : « Je suis vraiment content d’être là en Finlande, ça annonce une belle course ce parcours. J’aimerai qu’il y ait encore plus de compétition en gravel pendant la saison. J’ai besoin de courir, de me mesurer à d’autres pilotes, et parfois c’est un peu creux à certains moments de la saison ».

Jan continue sa reconnaissance du parcours, tandis que je mets le cap sur le retour, en direction du centre de course. La portion de chemin que j’emprunte est moins lisse, de quoi me rendre compte du confort qu’apporte ce Urs. Ça filtre bien les imperfections et je n’ai pas l’impression d’être « secoué ».

Jour 2 : BMC organise son social ride, un bon échauffement avant le Jour-J

La Nordic Gravel Series, c’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres personnes passionnées par cette envie de découvrir du paysage au guidon de leur vélo de gravel… en atteste les nombreux « Social Ride » prévus durant les jours précédents la course du week-end.

En cette veille de la course, c’est à la sortie de groupe organisé par BMC que l’on s’est joint. Prévue en fin de matinée, elle permet de se dégourdir les jambes, tout en se ménageant l’après-midi pour être en forme le lendemain.

Crédit Photo : Michał Góźdź

Changement de bolide, aujourd’hui c’est un BMC Kaius que l’on a entre les mains. De quoi faire une comparaison directe avec le Urs de la veille, pour voir le modèle que l’on préfère pour la course de ce week-end.

Si le Urs est le cousin d’un modèle VTT, le Kaius puisse ses origines dans la route. La silhouette laisse transparaître sa filiation au Roadmachine, modèle route Endurance de la marque. Plus léger que le Urs, le Kaius se veut aussi plus rigide et réactif, avec une géométrie taillée pour l’efficacité.

Ici, on abandonne la petite suspension des bases arrières et au niveau de la potence, le rangement intégré ou encore les fixations pour bagagerie. Le dégagement des pneus passe aussi de 47 mm à 44 mm entre le Urs et le Kaius. Bref, l’accent est mis sur la légèreté et la performance pure.

Le guide du jour en profite pour nous faire découvrir une autre vision de la région. Plus en dénivelé, sur un terrain davantage technique, le style de sentiers qui se prêtent moins à une épreuve de masse (comme celle de ce week-end) mais qui est diablement chouette à rouler.

De quoi mener à de petites crevaisons !

Le plan de bataille : aller jusque Lathi – la grande ville la plus proche – pour découvrir le Piano, un haut lieu du café et de la pâtisserie dans la région. De quoi prendre des forces pour le retour.

Une bonne pâtisserie, une jolie vue sur le port. Que demander de plus ? En discutant avec nos compatriotes de sortie, on se rend compte que plusieurs d’entre eux font le « Gravel Camp » : une semaine à découvrir les plus beaux coins de la région en amont de la course, durant laquelle tout est organisé afin qu’ils puissent se concentrer sur le moment.

Durant ce Social Ride, on rencontre quelques Finlandais évidemment, mais comme nous, la majorité des participants viennent d’un peu plus loin : Grande-Bretagne, Allemagne, Pologne… ou encore même le Chili.

À la fin de la journée, on rentre au centre de Pajulathi avec quelques kilomètres de plus dans les pattes, mais aussi de nouveaux copains cyclistes, avec qui peut-être partager de futures aventures.

Jour 3 : Place au combat

Réveil à l’aube, c’est le Jour-J ! Le petit-déjeuner est pris bien à l’avance, la plaque de cadre est accrochée au cintre et les bidons sont prêts.

Si mon départ n’est qu’à 10h, je me dépêche d’aller sur le lieu du départ en avance pour assister au départ de l’épreuve 180 km, distance en lice pour le Gravel Earth Series et sur lequel on retrouve une série de pilotes professionnels.

Dans les grands noms, on notera Greg Van Avermaet, Romain Bardet, Lawrence Naesen ou encore Jan Stöckli, mais aussi Annika Langvad, Lucy Hempstead, Geerike Schreurs chez les Dames.

Après l’épreuve reine, à notre tour de nous élancer. On est un peu moins d’une centaine à partir sur cette distance, le 100 km ayant attiré un peu plus de monde.

Durant la première partie de la course, j’essaye de rester en gestion et de ne pas m’enflammer. La journée va être longue et je n’ai reconnu qu’une petite partie du parcours, je veux garder du jus pour profiter jusqu’au bout. Je tente de toujours rester dans un groupe pour éviter de me retrouver esseulé et à découvert sur ces longues allées forestières.

Après une 60aine de kilomètres, notre « peloton » du jour se scinde en deux, après un arrêt au ravitaillement pour certains.Je continue avec ce petit groupe de tête, les relais s’enchaînent, tout comme le décor. « C’est vraiment beau la Finlande. Je me demande à quoi ressemblent les paysages plus au Nord. En tout cas ici, c’est le paradis pour le gravel ».

La batterie de mon dérailleur Sram AXS à l'arrière est morte...

Joli pied de nez moi qui adore répéter que « les transmissions électroniques c’est la tranquillité », la batterie de mon dérailleur Sram AXS à l’arrière est morte. Pour le coup, je suis fautif, je n’ai pas pensé à vérifier ce point lorsque j’ai réglé ce vélo de prêt. Chance ultime, j’ai eu la présence d’esprit d’embarquer une batterie de rechange dans la poche de mon maillot. J’ai perdu mon groupe, mais je reprends un groupe au passage juste derrière.

Les cinq derniers kilomètres étaient sûrement les plus durs de tout le parcours… et sans aucun doute ma partie préférée. Revenu à proximité du centre olympique de Pajulathi, on bifurque (une dernière fois) vers la forêt pour un enchaînement d’ascensions raides et de descentes rapides et techniques. J’ai l’impression d’être sur un VTT, c’est grisant.

Qu’est-ce qu’il file ce Kaius ! Avec son côté assez rigide, il nous récompense de chaque coup de pédale… ce qui fait qu’on a constamment envie d’en remettre un peu plus. En comparaison à son cousin le Urs, il est certes plus fatigant (de par sa position plus sportive notamment), mais il colle parfaitement au programme de cet épreuve. J’ai l’impression d’avoir une fusée entre les jambes.

Les jambes brûlent avec cette succession de coup de cul, mais voilà que se dessine la ligne d’arrivée. C’est fait, 145 km, de jolis paysages et que du plaisir !

S’il y a bien une tradition que les Finlandais chérissent autant – voire plus – que leur café ou leurs baignades dans l’eau glacée, c’est le sauna. Véritable institution nationale, il se pratique en toutes saisons et reste un passage obligé après l’effort. Impossible donc d’imaginer un événement gravel en Finlande sans cette expérience typiquement locale et l’équipe de la Nordic Gravel Series ne s’y est pas trompé. Et qui sauna, dit baignade dans le lac juste à côté… encore légèrement réchauffé par l’été.

La remise des prix s’effectue sur la terrasse, avec vue sur le lac et son soleil couchant, suivi d’un BBQ et d’un afterparty digne de ce nom. On le mérite après tout ! Je retrouve mes copains rencontrés la veille, on se raconte notre journée et déjà on se donne rendez-vous l’année prochaine… Ici à Lathi ou sur une manche différente de la Nordic Gravel Series ? Celle en Suède peut-être ? L’avenir nous le dira.

Crédit Photo : Christer Adahl

Pour les intéressés de découvrir ce paradis du gravel, la date de la prochaine édition est déjà fixée. Ce sera le week-end du 16 septembre… Les inscriptions ne devraient pas tarder à suivre !

Pour plus d’informations : https://nordicgravel.com

Par  Adrien Protano