Un VW pour me guider jusqu’aux sentiers
Par Paul Humbert -
Rob J Heran s’est lancé dans un projet un peu fou, retaper un vieux Volkswagen T3 pour le guider jusqu’à la porte de ses sentiers. Mais pourquoi cette histoire sur Vojo nous direz-vous ? Tout simplement parce qu’on y retrouve une nouvelle histoire d’un amoureux des sentiers qui, comme avec son VTT, optimise sa machine pour vivre au mieux son sport. On vous laisse au récit et on espère que ça vous plaira !
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« C’est aux alentours de 1991 que je me suis assis pour la première fois dans un Volkswagen T3. Après le décès de ma maman j’ai grandi dans un orphelinat et nous avions deux VW T3 Transporter qui nous aidaient à nous déplacer. Les soeurs qui s’occupaient de nous les conduisaient, pas très bien, et c’est aussi ça qui faisait partie de l’aventure. J’ai beaucoup de bons souvenirs de ces moments là et de nos trajets jusqu’en Italie où nous passions deux semaines tous les étés. Nous campions et dormions dehors sous le pins et à la plage. Nous n’avions jamais aucun souci avec les vans, ils nous ramenaient systématiquement heureux et couverts de coups de soleil.
En 2007, j’ai investi et j’ai acheté un T3 Syncro, la van, ou au moins une bonne base prête à devenir le van de mes rêves. C’était un ancien transporter militaire équipé de sièges en plastique qui était assez peu rouillé et qui n’avait pas un très fort kilométrage. J’ai payé 5400 euros, ce qui était beaucoup pour un vieux van il y a 8 ans, mais ce n’est rien comparé aux prix affichés pour des T3 Syncro des plus basiques aujourd’hui.
Le véhicule me semblait être une base solide pour commencer un long travail de reconversion. J’ai commencé par arracher tout l’intérieur jusqu’aux parois en métal et j’ai tout nettoyé. J’ai insonorisé le tout, j’ai installé un lit à l’arrière et pas mal de rangements. J’ai également prévu une seconde batterie, un peu d’électronique et un réchaud. J’ai couvert les parois de bois qui elle même ont été recouvertes de tissus alcantara. Sur Ebay, j’ai trouvé un vieux siège de pilote et une bonne radio Alpine. Un petit peu plus tard j’ai investi dans des roues tout terrain un peu plus larges.
J’ai conduit le van ainsi pendant 6 ans. Le sel présent sur les routes en hiver et la mauvaise peinture militaire on détruit le châssis et la carrosserie très rapidement. Des tâches de rouille apparaissaient partout et mes tournevis traversaient le métal poreux. Le vieux moteur a eu de plus en plus de problèmes et, il y a deux ans, j’ai du faire un choix : l’abandonner ou investir à nouveau pour le remettre sur pied.
Je n’avais pas l’intention de dépenser beaucoup d’argent ou de temps là dedans.
Pendant que je recherchais un bon peintre, j’ai rencontré Marco Romaldini via sa société « Romaldini et Biccario » à Munich. Il a seulement quelques années de plus que moi, c’est un amateur de VTT et son atelier fait parti des meilleurs d’Allemagne. Le parking de son atelier est rempli de Ferrari, de Mc Laren, d’Aston Martin et d’autres supercars. Quand j’y ai pénétré avec mon vieux van rouillé, j’avais vraiment l’impression d’être au mauvais endroit et j’ai failli faire demi-tour. J’ai bien fait de continuer jusqu’à la porte parce que Marco était exactement la personne de confiance que je recherchais. C’était à l’automne 2013 et au tout début d’un long processus de remise en état.
Pour être honnête, je n’avais idée de par où commencer.
Si j’avais su à l’époque le temps et la quantité de travail que ça allait me prendre, je n’aurais probablement jamais commencé. J’ai démonté la moitié du van, j’ai retiré les fenêtres, les portes et tout le tableau de bord. J’ai continué jusqu’à avoir un bon accès à tous les petits coins et aux angles. Marco m’a donné l’opportunité de faire tout le travail de sous-couche moi même dans un coin de son atelier. J’ai cru que ça allait être l’histoire de deux semaines mais ça m’a plutôt pris deux mois. Quand j’ai vu le van désossé devant moi, les phares qui pendaient comme des yeux, j’ai vraiment perdu toute motivation.
« Abandonne, arrête toi là, c’est une énorme perte de temps et d’argent ! »
Voilà ce que je me suis souvent dit. Il y avait des jours où je revenais de l’atelier complètement frustré parce que je ne voyais pas le bout du projet. D’une certaine manière, Marco et son équipe m’ont maintenu motivé même quand je me disais que passer autant de temps et d’argent dans un vieux van rouillé était complètement ridicule. J’ai continué et j’ai fait ce qui devait être fait. Il n’y avait plus de marche arrière possible de toute façon…
Au moment où j’ai commencé à poncer la voiture, j’ai réalisé que je pouvais peindre le van d’une toute autre couleur. J’en avais marre du vert olive mate de l’armée et j’ai trouvé que le gris lui donnerait un look bien plus moderne. Marco m’a présenté plus de 200 gris il a fallu que je choisisse ! J’ai écouté ses conseils et nous avons choisit un gris/noir métallique avec une couche de de vernis matte transparent par dessus.
Quand le van est sorti de la cabine de peinture avec sa nouvelle robe appliquée par le « maître », tous mes doutes se sont envolés. La perfection de la peinture et le look tout neuf m’ont mis mal à l’aise à l’idée de réinstaller le vieux moteur et le vieil intérieur. J’ai du hausser le niveau partout et j’ai pris la décision de repartir une nouvelle fois de zéro pour l’intérieur de la machine.
Le moteur a été remplacé par un TDi de 120 chevaux avec pas mal d’éléments non standards. C’est Alexander Schank, un vrai spécialiste des moteurs « custom » et des transmissions qui s’est occupé de ça. Ça lui a pris un mois pour construire un moteur solide qui a réellement changé le caractère du van. Ça a été un gros plus en termes de puissance mais ce nouveau moteur est également plus « eco-friendly ».
Le van est au vraiment au niveau des standards actuels (mais pas ceux des derniers VW modifiés et « tricheurs »). J’ai passé le printemps 2015 à reconstruire un tout nouvel intérieur. J’ai changé tous les vieux câbles et j’ai installé des LED et des nouveaux capteurs pour contrôler mon moteur. J’ai investi dans des nouveaux sièges Recaro parce qu’il n’y a rien de plus important que de bons sièges quand on parcourt des milliers de kilomètres sur la route et les chemins. Afin d’être complètement autonome au moment de camper loin de la « civilisation », j’ai installé deux nouvelles batteries, des nouveaux chargeurs et un panneau solaire de 100 watts pour être certain d’avoir de l’énergie à tout moment.
Au même moment, ma petite famille s’agrandissait et j’ai du réfléchir au meilleur moyen de nous faire tous tenir à l’intérieur. Nous voyageons à 4 et le lit est maintenant un peu petit pour toute la famille.
J’ai passé de longues nuits à réfléchir au meilleur moyen de tous nous faire tenir dans le van sans avoir à couper le toit. Westfalia propose des solutions pour installer un lit pliable sur le toit mais j’ai besoin de conserver de grosses barres sur le toit pour y placer un gros coffre supplémentaire. J’ai trouvé une solution proposée par Heimplanet et qui permet d’installer une tente sur le toit en 5 minutes.
Le dernier gros travail qu’il me restait à faire concernait le châssis. Je devais le protéger de la rouille pour qu’il continue à fonctionner pendant les 10 ou 20 prochaines années. Une nouvelle fois, Romaldini a été d’une grande aide en me laissant utiliser son atelier. J’ai tout démonté, ce qui semble plus facile qu’il ne l’est vraiment. J’ai mis une semaine à ouvrir toutes les vis serrées depuis plus de 25 ans. La majorité ne bougeaient pas et j’ai du les couper. J’ai remplacé les vieux amortisseurs par des nouveaux GMB ajustables. Ils sont plus solides et plus fermes, bien plus adaptés aux longs trajets sur route et sur les chemins une fois le van bien chargé. J’ai tout remplacé, les joints, les vis..Tout est neuf. J’ai également remplacé les vieux freins à tambour et j’ai installé de nouveaux disques. Finalement, le châssis a eu droit à une double couche de vernis protecteur.
Aujourd’hui, j’ai construit le van de mes rêves et j’ai tout appris sur la voiture pendant les travaux. C’est le véhicule le plus polyvalent auquel je puisse penser. Ai-je fini ? Nul ne le sait avec un van comme celui là ! «
Texte : Rob J Heran
Photos / Vidéo : Sebastian Doerk