Vivez la Red Bull Rampage de l’intérieur avec le Français William Robert

Par Adrien Protano -

  • Sport

Vivez la Red Bull Rampage de l’intérieur avec le Français William Robert

Alors que les entrainements battent leurs plein en Utah pour la 17e édition de la Red Bull Rampage, William Robert nous propose de revivre son aventure sur l’édition 2022. De ses préparatifs en région parisienne à son run final sur les pentes arides du désert de l’Utah, le freerideur français ouvre les portes sur les coulisses de ce rendez-vous mythique du VTT gravity. Découverte : 

 

Si la Red Bull Rampage peut parfois être source de débat, à juste titre ou non, elle demeure toutefois un rendez-vous incontournable de la scène gravity. Avec seulement 18 invitations par an, une participation en tant que pilote est évidemment un moment phare dans la carrière d’un freerider.

Si aucun Français ne figure sur la liste de cette édition 2023, la France était bien représentée l’année dernière avec la participation du pilote Norco William Robert.

« Quand j’ai appris la nouvelle par mail, je n’y croyais pas, j’ai même eu mon moment de larmes ! Et forcément un peu d’appréhension également car c’était toute la préparation qu’il fallait commencer sans trop tarder », explique le Français.

Une des particularités de la Red Bull Rampage est l’aspect de construction de sa ligne. Les pilotes ont en effet carte blanche sur un vaste territoire délimité :  un point de départ, un point d’arrivée et toute une ligne à imaginer entre les deux afin de pouvoir exprimer leur pilotage.

Pour construire leurs différents modules et sauts, les pilotes bénéficient d’une semaine, 75 sacs de sable, quelques outils manuels et surtout deux amis au choix.

« Pour m’accompagner et m’aider à construire ma ligne, j’ai choisi Ken qui est un très bon pote et avec lequel on s’entraine sur le même terrain. Il a une vision similaire à la mienne et l’on roule le même genre de modules donc je savais qu’il allait pouvoir me conseiller et me motiver. De l’autre côté, j’ai demandé à Seb Girdaldy, qui est l’ancien responsable du bikepark de Chatel et avec qui j’ai déjà travaillé pour un projet vidéo au Bernex bikepark. Il a énormément d’expérience et a l’habitude de construire de gros modules » explique William.

« On était assez stressés de ne pas finir à temps, mais au final le shape de la ligne s’est super bien passé ! Mes deux collègues ont bossé d’arrache-pied, c’est un travail colossal de créer une ligne de zéro comme cela. J’étais super content que la ligne prenne forme et que je puisse commencer les essais »,  continue-t-il.

« Du côté du matériel, j’ai eu la chance de bénéficier d’une peinture perso et spécifique pour l’occasion. C’était la première fois pour moi et j’ai trouvé ça complètement dingue. C’était trop la classe ! », explique William concernant son Norco Shore. « Au-delà des customs de peinture, je n’ai rien changé de particulier sur mon vélo comparé à d’habitude » termine-t-il.

« Ce que je redoutais le plus durant les trainings, c’était le Shark-fin. C’est un saut qui se fait à l’aveugle et il ne faut pas aller trop loin. J’ai commencé par faire les modules juste avant ce Shark-fin, et finalement il est super bien passé. J’avais de bonnes sensations, et la dernière étape à ce stade, c’était de partir depuis le point de départ  », explique-t-il.

William : « Vu qu’on était en fin de journée, la vue et l’ambiance avec le soleil qui se couchait depuis le point de départ était incroyable. J’ai fais deux runs complets ce soir-là, et j’étais l’un des premiers à faire une descente complète. Toute la ligne fonctionnait à merveille, quelle satisfaction ! »

Nous voilà au jour J ! Pour sa première participation à la Rampage, William Robert s’élance également en premier lors des finales. L’ordre de départ est en effet tiré au sort entre les pilotes en début de semaine et il semblerait que le hasard ait voulu rajouter une couche de stress au pilote français.

« Le stress a surtout laissé place à la concentration. J’avais envie de faire les choses bien. Le premier run, je voulais absolument faire une descente complète, quitte à être plus safe. Si je devais tomber, je ne voulais surtout pas que ce soit au premier run », nous dit le pilote Norco.

Sans chuter et en complétant l’ensemble de sa ligne, William Robert va signer son premier run à la Red Bull Rampage et obtenir le score de 58 ! « C’est une satisfaction de dingue d’arriver en bas, c’est juste incroyable ! J’étais un peu déçu de ma note parce que ce n’est pas un score énorme et j’aurais forcément aimé faire un peu mieux. Pour le deuxième run, j’ai décidé de faire des figures supplémentaires, mais c’est quelque chose que je n’avais pas eu l’occasion d’essayer aux essais donc c’était forcément quitte ou double », détaille-t-il.

Sauter plus haut, faire des figures plus difficiles ou non expérimentées lors des entrainements… autant de facteurs qui augmentent le risque de chute sur une ligne déjà excessivement exigeante. Comment gérer cette prise de risque sur des modules aussi importants et dangereux ? William nous répond que « le risque, il faut l’appréhender car il est forcément présent. C’est LA compétition de l’année, c’est nécessaire de prendre des risques jusqu’à un certain point. La préparation mentale, c’est quelque chose que j’avais beaucoup travaillé avec ma sophrologue pour être prêt sur la Rampage. »

Malheureusement, la météo va venir jouer les trouble-fête et le vent empêche les pilotes de s’élancer pour leurs second run. « On a droit à un créneau de 10 minutes par pilote pour s’élancer afin de pouvoir choisir le meilleur moment, là où le vent ne souffle pas trop. Beaucoup d’autres pilotes ont fait le choix de ne pas partir en raison du vent, et j’ai fait le même choix. Au-delà d’une question de sécurité, c’est aussi une manière de soutenir tout le monde et de ne pas penser qu’à soi », raconte le pilote Norco.

« Même si je n’ai pas eu la chance de faire mon second run et que j’aurais aimé en faire plus, j’en garde un souvenir de dingue. Je pense qu’avec du recul, j’aurais changé pas mal de choses sur ma ligne, avec des modules plus gros et peut-être construits un peu différemment. Mais c’est toujours difficile la première année de savoir ce que tu peux ou non faire sur ces quelques jours de shape. Quoi qu’il en soit, c‘était une expérience de malade et mon équipe était vraiment au top. C’est juste trop beau à vivre. J’espère vraiment avoir la chance d’y retourner pour pouvoir avoir ce run de revanche sur le vent ! », conclut William.

ParAdrien Protano