Vidéo | Maël Feron : grimper au départ de la Mégavalanche à la pédale

Par Adrien Protano -

  • Sport

Vidéo | Maël Feron : grimper au départ de la Mégavalanche à la pédale

Avec un départ en mass-start à 3 300 m d’altitude sur un glacier pour 22 km de descente, la Mégavalanche, course « marathon de descente », est déjà un joli défi en soi. Maël Feron, lui, a eu une autre idée : grimper au départ de la course à la pédale, la nuit précédant l’épreuve. Il nous raconte ce que l’on ne voit pas dans le documentaire :  

Je me rappelle très bien du moment où l’idée m’est tombée dessus. On était en début d’année, au cinéma VOX à Strasbourg, pour une édition du festival de films de vélo “Tous en Selle”, avec quelques potes. J’y allais pour passer un bon moment devant de jolies réalisations, mais aussi pour trouver ce qui allait suivre après mon tour du mont Blanc en VTT avec Jules Auroux. On avait fait un film dont on est encore super fier… mais je n’avais pas encore le “projet d’après”. Et là, entre deux films, sans prévenir, mon cerveau m’a balancé :

« Et si je montais au départ de la Megavalanche… à vélo, plutôt qu’en télécabine ? »

Je ne sais pas exactement pourquoi j’en suis arrivé à cette idée-là, mais je l’ai notée direct dans ma note “projets vidéo” – celle où s’empilent les bonnes idées, les mauvaises, les trop ambitieuses…

Quelques mois plus tard, ça s’appelait Megavalanche UP & DOWN et ça commençait à ressembler à un vrai défi : partir d’en bas à Allemond, monter de nuit jusqu’au Pic Blanc (3 300 m), puis redescendre le matin avec tout le monde en course, le tout en pédalant.

Mais puisque j’aime autant faire du vélo que des vidéos… je me devais d’en faire un film ! Le documentaire raconte très bien la journée, mais j’ai plutôt envie de vous raconter ce qu’il y a autour, ce que l’on ne voit pas directement.

La montée dans la pénombre

Le plan était simple sur le papier : départ à minuit pile à Allemond pour rejoindre le Pic Blanc. Dans la vraie vie, ça fait 37 km, 2 600 m de dénivelé positif, plusieurs ambiances, du froid, du silence, et un cerveau qui a le temps de réfléchir à beaucoup de choses.

  • 37 km
  • 2600 m de dénivelé positif
  • 7h30 d’effort
  • départ à minuit tapante

Mais seul, ce documentaire n’aurait pas pu prendre vie, et je ne me voyais pas confier ce défi à quelqu’un d’autre que Téo Level. En plus d’être un ami, c’est un vidéaste talentueux en qui j’ai pleinement confiance… et je savais qu’il pourrait me suivre toute la nuit.

Pour ne rien rater de l’ascension, Téo m’a réellement suivi toute la nuit au guidon d’un vélo électrique… avec deux batteries : une pour monter les 21 virages de l’Alpe d’Huez, une pour la suite de l’ascension jusqu’au sommet. Sauf qu’en haut, quand tu attaques le tracé de la Mega à l’envers, dans les cailloux et la neige, l’assistance ne sert plus à grand-chose. D’autant plus qu’il avait aussi un sac de près de 20 kg avec tout le matos vidéo et de quoi tenir la nuit. Honnêtement, son défi à lui n’était pas loin du mien.

Le passage le plus marquant, c’est le glacier. 300 m de D+ à escalader, deux murs de neige et des crampons sous les chaussures…

La descente dans le brouhaha

Et puis à 9 h 10, comme tout le monde, je suis là-haut, aligné avec les 500 autres pilotes en haut du fameux mur de glace de la Sirène. L’air est froid et l’oxygène faible.

  • 22 km
  • 2 600 m de dénivelé négatif
  • 40 minutes de course
  • 500 concurrents

Le run complet dure 40 minutes pour les meilleurs, pour 22 km et 2600 m de dénivelé négatif.

Ce que je retiens surtout, c’est que la montée m’a servi d’échauffement. Ça peut paraître absurde, mais je me suis senti plus lucide que d’habitude. Pas de réveil au milieu de la nuit, pas de départ à froid, pas de corps encore endormi. J’étais dedans depuis minuit.

Est-ce qu’un top 3 aurait été possible sans la montée ? Honnêtement, je ne pense pas.

Est-ce qu’un top 3 aurait été possible sans la montée ? Honnêtement, je ne pense pas. Pendant la course, j’étais dans un vrai état de flow : concentré, calme, capable d’en remettre quand il fallait. La fatigue est arrivée après. Une heure plus tard, j’étais endormi sur mon burger au resto, et il m’a fallu quelques jours pour récupérer de ce défi.

“Tu l’aurais fait sans le film ?”

Franchement, c’est difficile à dire, le film a été un déclencheur. Sans ce projet de docu, je ne suis pas certain que je me serais décidé à partir cette nuit-là, dans ces conditions. Mais je sais aussi que je prends du plaisir à me fixer ce genre de défis, caméra ou pas.
Pour moi, les deux se nourrissent : l’envie intime de me dépasser donne du sens au film, et le film me donne une structure, une date, une rigueur.
Si la motivation n’était que “faire des vues”, je me serais arrêté au premier doute. À l’inverse, sans plaisir et sans conviction personnelle, le film n’aurait aucun intérêt.
Donc oui, le projet vidéo m’a aidé à passer à l’action, mais il n’existe que parce qu’il repose d’abord sur quelque chose de très personnel.

Le matos, parce qu’on aime ça

Côté matos, j’ai mis la priorité sur la course, j’ai préféré la fiabilité au poids. J’ai roulé mon Deviate Claymore, un enduro en 180/165 mm. C’est un « gros » vélo mais qui pédale honorablement. C’était donc l’idéal pour cette course : du confort pour tenir les 40 minutes de descente, et de l’efficacité au pédalage pour l’ascension.

Je tiens à préciser que j’ai effectué l’ascension avec le nécessaire pour la course. Casque intégral, genouillères et plastron de chez POC, qui m’offrent leur soutien cette année.

Ascension oblige, j’ai embarqué un sac à dos Ergon avec tout le nécessaire en nourriture et en vêtements (thermique, veste, gants, couverture de survie… sans oublier les crampons pour l’ascension finale). La nutrition est un aspect clé de ce type d’effort, j’avais emporté plusieurs barres CookNRun aux différents goûts, ainsi que des aliments plus simples et naturels (bananes, dattes, compotes…). Enfin, la petite potion magique : le Trip Tonic, fait à côté de chez moi par le père de Téo. Spiruline, guarana, acérola, gingembre… parfait pour ne pas piquer du nez à 3 h du matin dans un lacet de l’Alpe d’Huez.

Crédit Photo : Marvin Gourdol, Téo Level, Valentin Morilhat

Par  Adrien Protano