Un VTTiste tué par un chasseur à Montriond : et après ?

Par Olivier Béart -

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Un VTTiste tué par un chasseur à Montriond : et après ?

Ce samedi, un drame a endeuillé les Portes du Soleil : un VTTiste a été tué par un chasseur lors d’une de ses sorties. Un accident dramatique qui pousse à se poser la question suivante : et maintenant, que fait-on ? Dans d’autres pays, comme la Belgique, la chasse est plus réglementée au niveau de son signalement et même interdite le week-end dans certaines zones. Peut-être un début de solution ?

Vojo s’associe évidemment à la douleur de la famille et des proches. De notre côté, en tant que cyclistes et utilisateurs de la forêt, ce drame pousse à voir plus loin et à se poser les bonnes questions, pour éviter qu’il ne se reproduise ! Il a eu lieu un samedi, et les premières informations tendent à montrer que la battue n’était pas organisée dans des conditions très claires. Le président de l’association communale de chasse agréée a en tout cas déclaré au quotidien régional Le Dauphiné libéré que son groupement n’était en aucun cas à l’origine de cette battue.

Depuis l’accident, beaucoup de voix s’élèvent en France pour remettre sur le devant de la scène l’interdiction de la chasse les week-ends et jours fériés.

Depuis l’accident, beaucoup de voix s’élèvent en France pour remettre sur le devant de la scène l’interdiction de la chasse les week-ends et jours fériés. Une mesure bien évidemment très impopulaire auprès des chasseurs – qui sont un groupe très actif en Haute-Savoie, où il arrive que, dans certains secteurs, les possibilités de chasse soient ouvertes 5 jours par semaine, week-end compris  – mais il convient de regarder la réalité en face : la France est l’un des pays où le nombre d’accidents est le plus élevé en Europe (une moyenne de 150 accidents par an) et il sont 7 fois plus nombreux le dimanche que les autres jours de la semaine.

Un sondage IFOP réalisé en 2016 avait d’ailleurs montré que 79% des Français seraient favorables à une interdiction de la chasse au moins le dimanche, et une pétition lancée par l’ASPAS a recueilli plus de 300 000 signatures. Preuve que cette mesure n’est pas impossible à mettre en place, plusieurs pays voisins l’appliquent, y compris certains dans lesquels le lobby de la chasse est très puissant.

C’est le cas de la Belgique, et plus particulièrement de la Wallonie où, même si ce n’est pas généralisé, le tir à balles est interdit en de nombreux endroits les week-ends et jours fériés, principalement dans des communes où les massifs forestiers sont à proximité de zones densément peuplées ou particulièrement fréquentées. La chasse en battue n’est également autorisée qu’une fois tous les 15 jours maximum sur une même parcelle. Les dates de chasse doivent-être communiquées aux autorités et affichées de manière claire sur des panneaux officiels standardisés jaunes aux entrées des bois pendant toute la période de chasse. 48h avant une battue, des affiches rouges prennent le relais et les chemins sont également physiquement barrés le jour de la chasse.

Une limitation de la chasse le week-end semble bien être une mesure efficace pour réduire les risques d’accidents.

Si cela n’a pas empêché toutes les dérives, ni tous les accidents, leur nombre est en baisse ces dernières années et circonscrit aux chasseurs eux-mêmes. Malgré la pratique intensive de la chasse en Wallonie, nous n’avons en effet pas trouvé de trace récente d’accident impliquant de promeneurs ni de cyclistes dans une actualité proche, alors qu’ils sont hélas monnaie courante en France.

Pourquoi, dès lors, ne pas s’inspirer d’expériences probantes menées à l’étranger pour changer la législation dans l’Hexagone ? C’est une simple question de courage politique et de bon sens. En attendant, le maire de la commune de Montriond a décidé d’une interdiction temporaire de toute chasse sur son territoire. Un premier pas, mais beaucoup de chemin reste à parcourir et seule une mobilisation importante permettra peut-être de faire changer les mentalités.

ParOlivier Béart