Raaw Mountain Bikes : un Madonna sans les paillettes

Par Pierre-Jean Nicot -

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Raaw Mountain Bikes : un Madonna sans les paillettes

Cette semaine, Raaw Mountain Bikes, toute jeune marque allemande, a fait sensation sur les réseaux sociaux. La raison ? Elle a dévoilé son premier cadre : le Madonna. Cet enduro 29″ débarque sur un marché déjà bien rempli ! Son arrivée aurait pu passer inaperçue, mais ce n’est pas le cas. Présentation et courte interview de Ruben Torenbeek, à l’origine du projet :

Sur les réseaux sociaux, le teasing a bien fonctionné. Une marque à peine née, Raaw Mountain Bikes, un cadre à l’allure racée et une communication très maîtrisée : il n’en fallait pas plus pour qu’une attente fébrile s’installe. Qu’allait nous réserver cette entreprise allemande, fondée en 2016 ?

Cette semaine, la fiche technique a enfin été dévoilée. Les « followers » de Raaw ont pu faire connaissance avec le Madonna, cadre destiné à l’enduro et chaussé de gommes en 29″.

Alors, par où commencer ? Car du contenu, Raaw Mountain Bikes ne manque pas d’en partager. L’entreprise montre, explique et défend son projet avec passion et précision. Avec le Madonna, Raaw suit un cap et se jette dans le bain. Sans pouvoir vraiment en connaître la température.

Voici le cœur de la fiche technique du Madonna :

  • roues 29″
  • aluminium
  • 160mm arrière et avant
  • suspension four bar linkage
  • cadre en Boost et compatible avec une section de 29×2,6″
  • 3,6kg en taille M, sans amortisseur
  • tailles M, L et XL

Un cadre conventionnel mais… audacieux

Pas de carbone, un design tout sauf révolutionnaire. Très vite, la question du prix se pose : le cadre se négocie à 2690€, une somme qui comprend un amortisseur Fox DPX2 Factory, un jeu de direction Acros, un axe DT Swiss, une trousse à outils destinée à être fixée au top tube et un strap pour fixer une chambre à air.

N’y allons pas par quatre chemins : ce prix est élevé pour un cadre aluminium, d’autant plus qu’il est produit à Taïwan. Est-il trop élevé ? L’admiration a parfois laissé place à l’interrogation, ou même à la critique, sur les réseaux sociaux. Avant d’aller plus loin dans la présentation du Madonna, nous avons voulu poser quelques questions à Ruben Torenbeek, son papa, pour mieux comprendre :

Ruben, comment est née Raaw ?

J’ai travaillé dans l’industrie du vélo pendant 7 ans avant de me mettre à mon compte il y a un an et demi. Cela fait exactement un an que j’ai décidé de me consacrer à Raaw à 100 %.

Où est fabriqué le Madonna et combien d’exemplaires seront produits dans un premier temps ?

Nous travaillons avec l’un des meilleurs fabricants au monde, il est basé à Taïwan. Les usines, à Taïwan, ont le savoir-faire le plus étendu et peuvent assurer la plus haute qualité de fabrication pour les cadres aluminium. Il n’y a pas d’alternative comparable plus proche de chez nous, en Allemagne. 100 cadres seront fabriqués pour le premier batch.

Le prix est élevé. Le Madonna vise-t-il les compétiteurs ? Pourquoi ne pas avoir alors utilisé le carbone ?

Nous n’avions pas l’intention de faire un cadre aluminium pas cher. Nous souhaitons montrer ce qu’il est possible de réaliser avec ce matériau, et cela donne un prix que nous pensons juste. Les procédés pour fabriquer le Madonna sont très complexes, il y a de grosses pièces forgées et chaque élément, jusqu’à la patte de dérailleur, est réalisé sur mesure pour Raaw. Ce que nous voulons, c’est que nos clients continuent à découvrir des détails sortie après sortie, et aiment de plus en plus leur vélo. Le Madonna est pensé pour aller vite sur les traces les plus difficiles, alors oui, les compétiteurs sont visés, mais pas seulement. Nous nous adressons aussi aux garçons et aux filles qui veulent envoyer le weekend entre potes !  La question du poids est surévaluée, et pourtant le poids est l’un des avantages principaux du carbone. Seulement, une position très centrale sur le vélo, grâce à un tube de selle redressé, et une transmission efficace font davantage qu’un peu de poids gagné. Nous avons conscience qu’un peu de carbone rutilant serait plus facile à vendre, mais nous voulons montrer ce dont l’aluminium est capable.


Le cadre ne laisse pas indifférent, nous avouons volontiers qu’il dégage quelque chose de spécial. Et pourtant vous attaquez un marché, celui de l’enduro, plutôt saturé. En quoi le Madonna est-il spécial pour vous, son concepteur ?

Merci ! C’est un vélo qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes, son design simple parle pour lui. L’objectif, c’est que les pilotes du Madonna se disent : « pourquoi donc ce vélo devrait-il être différent ? » Le cadre est fonctionnel et beau dans sa fonctionnalité, si je puis dire. Il y a tellement de détails à découvrir… Je crois que nos clients ne seront pas juste convaincus après le premier ride, mais aussi après toute une saison, lorsqu’ils continueront à découvrir et apprécier ces petits détails.

Nous vous avions prévenu : chez Raaw, on défend avec passion ce projet, quitte à prendre des partis pris très affirmés. Quitte à prendre un risque, tout simplement.

Le diable se cache dans les détails

Nous pourrions théoriser sur le comportement supposé du vélo, mais le terrain met souvent à mal les conjectures même les plus travaillées. Notons simplement un angle de selle en effet très relevé et des bases de longueur différente pour chaque taille de cadre. La géométrie n’a pas été voulue extrême :

Penchons-nous plutôt sur ces fameux détails que Ruben met en avant. Commençons par les articulations : 10 roulements de 28mm et 2 roulements de 58mm laissent travailler la suspension four bar linkage. Ces roulements sont tous complétement étanches, avec un pivot principal surdimensionné dont la conception est bien particulière.12 roulements en tout ? Oui ! Car même l’amortisseur, sur le Madonna, est monté sur roulements. Raaw a fait en sorte que tout ce petit monde soit démontable avec une clé Allen de 5mm. Nous commençons à mieux cerner l’attention de Ruben aux petits détails…

Le client qui débourse 2690€ dans le cadre du Madonna peut s’offrir une autre liberté que celle d’un entretien simplifié : celle de rouler sans sac à dos. C’est toujours ça. Le cadre dispose d’une fixation de porte-bidon, quelle que soit la taille, et d’un creux dans le tube diagonal pour accueillir une chambre à air et une cartouche CO2, en plus de laisser de la place à l’amortisseur. Au niveau du top tube, un autre espace est optimisé pour accueillir une sacoche d’outils spécifique. Elle pourra emporter les éléments de base pour une réparation sur le terrain, comme un multi-outils, une attache rapide, des colliers Rilsan ou encore une pompe CO2.

Raaw a fait en sorte de limiter au maximum les accumulations de boue : on ne trouve pas à première vue, sur le Madonna, de récessions profondes exposées aux éléments, synonymes de galère au nettoyage. Autre parti pris, moins consensuel celui-là : les passages de gaines se font en externe. Le Madonna accepte simplement une tige de selle à passage de câble interne.

Le boîtier de pédalier fileté, on ne peut plus classique et éprouvé, finit de mettre l’accent sur la simplicité d’entretien et la durabilité. Le soin du détail vire presque à l’obsession lorsque l’on découvre la patte de frein arrière Postmount. Cette patte amovible évite l’emploi d’un adaptateur pour fixer l’étrier : pour chaque taille de cadre et taille de disque (de 160 à 203mm), une patte adaptée est disponible.

Design ou fonction : le Madonna ne choisit pas

Nous pourrions continuer la liste, mais nous savons déjà que Ruben n’a pas menti : le Madonna est rendu possible par un mélange bien dosé entre simplicité et perfectionnisme.
Au-delà des détails techniques, son comportement sur le terrain déterminera sa véritable identité. Quelles que soient ses performances, le Madonna, en l’état, restera un vélo de niche. Les 100 premiers possesseurs vont-ils s’en plaindre ?

Ne nous demandons pas si le Madonna, en aluminium, est trop cher pour ce qu’il est. Réjouissons-nous plutôt qu’il puisse exister et, sur un marché très concurrentiel, provoquer des coups de cœur avant même d’avoir été commercialisé.

Raaw vendra le Madonna en direct dans un premier temps. La disponibilité est annoncée pour mars 2018. L’envoi sera possible partout, sauf au Canada et aux USA. Les pré-commandes ne tarderont pas à être ouvertes.

Le site de Raaw Mountain Bikes : https://www.raawmtb.com/

 

ParPierre-Jean Nicot