Nouveauté | Last Tarvo : le cadre d’enduro le plus léger du marché ?

Par Léo Kervran -

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Nouveauté | Last Tarvo : le cadre d’enduro le plus léger du marché ?

La petite marque allemande Last Bikes, spécialisée dans les belles montures légères pour le trail et l’enduro, sort son premier 29″ en carbone, le Tarvo.  Pour cette première, la marque n’a pas fait dans la demi-mesure : ce serait le cadre d’enduro le plus léger au monde !  Ce n’est cependant pas le seul argument de ce vélo, qui dispose d’autres caractéristiques très intéressantes. Voici ce qu’il faut retenir.

Dans ce contexte, l’annonce de Last impressionne. Le cadre nu du Tarvo pèserait seulement 2,08 kg (Last ne précise pas dans quelle taille) ! A titre de comparaison, celui du Scott Ransom, un des modèles les plus légers du marché, pèse 2,650 kg en taille M avec visserie et protections, soit autour de 2,4-2,5 kg nu. Le reste du marché se situe plutôt vers les 2,8-2,9 kg… Pour atteindre ce résultat, la marque a mis en place plusieurs solutions.

La première et la plus évidente est bien sûr l’usage massif de la fibre de carbone pour le cadre. Produite au Japon, elle est ensuite imprégnée de résine en Italie puis pars vers l’Allemagne, où se déroule le reste du processus (cuisson, peinture, assemblage…). Chaque triangle est construit en une seule pièce (cadre monocoque), plutôt que par un assemblage de tubes. Cela permet de gagner du poids au niveau des jonctions entre les tubes, puisqu’il n’y a pas besoin de matériau supplémentaire pour relier les tubes.

Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, le cadre peut même être proposé en version brute, sans autre peinture que le nom de la marque et du vélo. Le poids, le poids et encore le poids…

Malgré cela, tout le cadre n’est pas en carbone et la biellette, généreusement usinée, reste en aluminium. C’est en effet le matériau « référence » de Last depuis les débuts de la marque, avec aujourd’hui des vélos complets d’enduro en aluminium autour de 12,5 kg.

Autre composante importante dans cette chasse au poids, la suspension adopte une architecture de type monopivot avec biellette, sans articulation à l’arrière. Ce sont donc les haubans qui fléchissent pour permettre à la suspension de fonctionner correctement. Une conception qu’on a plus l’habitude de voir sur des vélos de XC à petit débattement que sur des grosses machines d’enduro…

Last a d’ailleurs dû faire preuve d’imagination pour le montage du frein arrière afin de maîtriser au mieux cette flexion. L’étrier prend ainsi place entre la base et le hauban, qui est évidé de fort belle manière pour laisser suffisamment de place pour le montage et les réglages. Le support est au standard Postmount 180.

Au-delà de son architecture peu commune dans cette catégorie de vélo, la suspension est digne d’intérêt pour sa cinématique. Elle est en effet très progressive, Last annonce 55 % sur l’ensemble des 160 mm de débattement. Si on se penche un peu plus sur la courbe de ratio, on s’aperçoit que la suspension est surtout très sensible au début avec ce ratio de 3,5 et descend assez bas en fin de course pour éviter de talonner.

Sur le papier, un comportement qui devrait mieux convenir à un amortisseur à ressort mais Last semble confiante dans la polyvalence du Tarvo et propose des kits cadre avec amortisseur à air ou à ressort, de Fox ou Rock Shox.

Last précise aussi que la cinématique et l’emplacement des points de pivots ont été précisément étudiés pour chaque taille, de façon à avoir un fonctionnement cohérent de la suspension pour tout le monde. L’anti-rise a ainsi été ajusté pour être le même sur toutes les tailles, tandis que l’anti-squat varie peu sur les rapports les plus petits, pour offrir un comportement similaire au pédalage. Il est légèrement supérieur à 100 % dans toute la première partie de la cassette, ce qui signifie que le pompage devrait être faible mais l’adhérence encore correcte.

Côté géométrie, Last propose quelque chose de moderne et pousse là encore assez loin son concept d’adaptation suivant la taille. En plus des valeurs qui évoluent sur tous les vélos, comme la douille de direction, le reach, le stack ou la longueur du tube de selle, la marque fait aussi varier la longueur des bases pour chaque taille.

La marque allemande n’était visiblement pas avare d’idées pour ce Tarvo et a décidé d’intégrer deux autres éléments plus « simples » mais qui devraient être très appréciés sur le terrain. Le premier est une « boîte à gants » dans le tube diagonal, à l’image de ce que proposent Specialized ou Trek. D’après les photos, le système semble fonctionner sans aucun mécanisme à actionner. Les lignes sont splendides mais nous sommes curieux de voir ce que cela peut donner d’un point de vue fonctionnel.

L’autre élément notable, c’est l’utilisation de la patte de dérailleur universelle que Sram a lancée l’année dernière. L’idée est d’avoir une patte de dérailleur accessible (moins de 15 €), facile à trouver et qui fonctionne pour tous les dérailleurs et tous les vélos. Si le concept s’impose, cela facilitera la vie de beaucoup d’utilisateurs et c’est une bonne chose de voir que de plus en plus de marques se joignent au projet et dessinent leurs cadres autour de cette patte de dérailleur, au lieu d’inventer des modèles qui ne serviront que sur un vélo.

Enfin, on notera que Last a dès le début de la conception intégré la possibilité d’un montage « frankenbike » ou « mullet », avec une roue arrière en 27,5″ et une roue avant en 29″. Pour passer de l’un à l’autre, pas de flipchip sur la biellette comme sur certains vélos mais carrément une nouvelle biellette. En plus de modifier légèrement la géométrie pour s’adapter à la roue plus petite (les angles se redressent de 0,2°), elle permet d’augmenter le débattement de 10 mm pour compenser d’une certaine façon le comportement un peu moins bon de la roue de 27,5″ sur les obstacles.

Avec toute ce travail, a fortiori réalisé par une petite marque, on se doute bien que le Last Tarvo n’est pas vraiment un vélo accessible. Les tarifs commencent ainsi à 3 599 € pour le cadre nu, sans amortisseur et en version raw sans peinture. Les kits cadres avec amortisseurs vont de 4038 € à 4288 €, avec options possibles : 199 € pour la boîte à gants, 399 € pour la peinture bleue métallisée et 799 € pour une autre couleur. Enfin, des montages complets sont possibles mais il faudra alors débourser au moins 5 799 €. Last annonce qu’il est possible de descendre jusqu’à 12,4 kg avec leurs montages, basés sur des composants fiables et reconnus si on se base sur leurs autres vélos complets. Les premières commandes seront honorées en juin pour les tailles 175 et 185 (équivalent de M et L) et il faudra attendre jusqu’en août pour les tailles 165 et 195.

Plus d’informations : last-bikes.com

ParLéo Kervran