Mondraker MIND : la télémétrie pour tous

Par Léo Kervran -

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Mondraker MIND : la télémétrie pour tous

De la télémétrie pour tous ? Quelle drôle d’idée, pourrait-on se dire. Au-delà du coût, ce genre de système nécessite bien souvent des connaissances pointues en suspensions et en analyse de données pour être exploité correctement. Cependant, Mondraker n’est pas de cet avis. La marque pense qu’il y a un réel intérêt à démocratiser cet outil et c’est dans ce cadre qu’elle présente le Mind, son tout nouveau système de télémétrie intégré au vélo. Et si on se souvient de ce qu’il s’est passé avec la suspension Zero ou la Forward Geometry, on ferait mieux de prendre la marque espagnole au sérieux…

Comment ça fonctionne ? L’unité centrale du système se trouve dans le pivot de la fourche et communique avec deux capteurs qui mesurent chacun des variations de champ magnétique 100 fois par seconde. A l’avant, deux aimants permanents sont fixés sur les fourreaux. Lorsque la fourche s’enfonce, les aimants se rapprochent du capteur (les « ailettes » sous le pivot), donc le champ magnétique change.

A l’arrière, un petit aimant prend place au niveau du point de pivot du basculeur supérieur. Lorsque la roue arrière prend un choc, la suspension s’enfonce et le capteur (le petit boîtier à l’extérieur du basculeur) détecte la variation d’angle puis la communique à l’unité centrale. Ces données sont ensuite converties en millimètres pour obtenir le débattement utilisé par la fourche et l’amortisseur.

Dotée d’une puce Bluetooth, l’unité centrale transfère les informations de la sortie vers le téléphone du propriétaire, où l’application myMondraker (compatible avec Strava) permet de consulter et d’analyser sa sortie. C’est également l’application qui fait office de télécommande pour démarrer et arrêter le système, on ne peut pas le faire directement depuis le vélo. Notons aussi qu’un site internet myMondraker.com a été lancé, qui donne accès à des données encore plus complètes et précises que l’application.

L’analyse des données est relativement simple pour l’instant, puisque l’application permet uniquement de suivre l’utilisation du débattement au long de la sortie. Intéressant pour savoir si on est trop souvent « au fond », ou au contraire si on ne prend jamais tout le débattement, mais on ne peut pas aller plus loin. Contrairement à un Quarq ShockWiz, le Mind ne donne pas (encore) d’indications pour affiner les réglages de compression ou de rebond après quelques sorties, en fonction du comportement des suspensions.

Un choix qui laissera peut-être les fins metteurs au point sur leur faim mais qui est assumé par Mondraker : la marque ne veut pas dérouter un utilisateur moyen avec peu de connaissances dans le domaine des suspensions en lui montrant trop d’informations et des choses trop complexes. Cependant, ce n’est que la première version du Mind et on peut s’attendre à ce que les choses progressent ou changent pour la deuxième version.

On notera tout de même que le système guide l’utilisateur pour faire son sag (indique s’il doit rajouter ou enlever de l’air suivant le style de pilotage choisi, Confort, Standard ou Race) et donne quelques recommandations pour les réglages de compression et de rebond.

Pour la marque, ces données serviront également au développement des futures plateformes. En effet, elle aura accès à tout ce qui a trait à l’utilisation des suspensions (de manière complètement anonyme, dans le respect du RGPD) et pourra ainsi mieux comprendre comment ses clients utilisent leurs vélos.

Cependant, le Mind n’est pas seulement un système de télémétrie pour suspensions

Cependant, le Mind n’est pas seulement un système de télémétrie pour suspensions. En effet, l’unité centrale intègre une puce GPS qui permet d’enregistrer chacune de ses sorties, comme on le ferait avec une application ou un compteur : carte, distance, dénivelé, durée, vitesse, statistiques annuelles… Le double intérêt, c’est que ces données sont synchronisées avec les capteurs des suspensions et que cela n’utilise pas le GPS du téléphone. On peut donc économiser sa batterie ou démarrer le système, poser son téléphone pour aller rouler (en bikepark par exemple) et le re-connecter seulement à la fin de la sortie pour transférer les données.

Enfin, Mondraker a profité de cette puce GPS pour intégrer un système antivol dans le Mind. Une alarme peut être activée via l’application et en cas de vol, Mondraker peut accéder à la dernière localisation GPS du vélo de façon à la communiquer à son propriétaire ainsi qu’aux forces de l’ordre.

Côté pratique, la marque annonce 20 h d’autonomie en fonctionnement et jusqu’à 15 jours en veille. Le système n’est pas conçu pour être démonté par l’utilisateur, il faut donc trouver une prise à proximité de son vélo pour recharger le système (une prise USB-C sur l’unité centrale, une autre sur le capteur arrière). Une charge complète prend entre 1h et 1h30. De même, il est facile de démonter le capteur arrière pour changer les roulements de suspension mais Mondraker recommande de laisser le magasin s’en occuper.

Dans un premier temps, le Mind ne sera présent que sur les Foxy Carbon et Crafty Carbon vendus en Europe (Royaume-Uni inclus), mais la marque prévoit de décliner progressivement le système sur toute sa gamme. Les premiers modèles devraient être disponibles dès la semaine prochaine en magasin.

Les fonctionnalités de télémétrie sont donc relativement limitées pour l’instant, cependant il ne faut pas perdre de vue que c’est la première fois dans l’histoire du VTT que la télémétrie est rendue aussi accessible au grand public. Il faudra encore un peu de temps pour venir concurrencer le Quarq ShockWiz dans le domaine de l’aide aux réglages, mais les fonctionnalités annexes sont particulièrement intéressantes.

Ces fonctionnalités sont aussi le signe que Mondraker n’a pas pensé le Mind comme un simple outil de mesure mais bien un système global : aujourd’hui l’antivol et l’enregistrement des sorties, demain le guidage en cours de sortie et la prise en compte des capteurs de puissance ou de fréquence cardiaque et après-demain… Libre à chacun d’imaginer ce qui pourrait encore être ajouté à l’ensemble. Le Mondraker Mind préfigure-t-il le vélo du futur ? Difficile de répondre par l’affirmative aussi tôt, mais l’histoire de notre sport nous a déjà montré que la marque était parfois en avance sur son temps…

Plus d’informations : mondraker.com

ParLéo Kervran