Interview | Amaury Pierron : « on a tout changé sur le vélo »
Par Paul Humbert -
Le lendemain de son écrasante victoire aux Gets, en réalisant un des plus beau run de descente de ces dernières années, on a retrouvé un peu par hasard Amaury Pierron au pied du circuit de XC. À la volée, il nous raconte le secret de sa descente.
On vous le racontait dans un grand article sobrement titré « Amaury Pierron, le magicien », le Français s’est imposé avec plus de 6 secondes d’avance sur Andreas Kolb. Avant lui, tout le monde ou presque a chuté ou peinait à rester sur son vélo.
Quelles infos avais-tu en haut de la piste avant le départ sous la pluie ?
En haut de la piste, j’avais eu le retour de Myriam qui avait roulé et je regardais le live pour prendre le maximum d’infos. J’avais également Gaëtan Ruffin qui m’envoyait des éléments depuis la piste.
Sur la base de tout ça, on a tout changé sur le vélo là-haut, dans la cabane de départ. On a changé les pressions de suspension, les clics et la rigidité du cadre en enlevant un bridge [un pontet entre les haubans du Commencal Supreme DH].Pour les pneus, au dernier moment on a mis les full mud [pneus boue]. J’étais parti dans l’idée de rouler en muds recoupés. On a changé tout ce qu’on pouvait !
Ça a vraiment dû te déstabiliser ?
Non, au contraire. Si j’avais gardé tous les set-ups, j’aurais été mal à l’aise. J’aurais glissé, le vélo aurait été moins tolérant.
Est-ce que tout le monde faisait la même chose que toi là haut ?
Non, et je ne comprends pas. Lachlan Stevens-Mcnab est parti en pneus secs ! On regardait le feed et on voyait bien que ça ne marchait pas du tout. Ensuite, tout le monde est parti en muds recoupés, ce que j’aurais pu comprendre, j’ai hésité mais au final, les muds c’était la vie !
Tu regardes toujours le live là haut avant le départ ?
Jamais ! D’habitude je ne veux pas d’info, je ne veux rien savoir. Mais là je voulais le plus d’infos possible, j’en avais besoin.
Et pour tes lignes, tu savais que tu devais t’adapter ?
Dans Black Wood [le dernier secteur technique, où de nombreux pilotes ont chuté], je n’avais jamais fait ça, je prenais toujours la marche à l’intérieur. Là, je n’avais jamais regardé comment était l’extérieur. Ensuite je me suis positionné le plus bas possible, à essayer de chercher de la terre fraîche non tassée. Ça c’était vraiment le gros point clé de la piste. Et dans le passage des lutins, sur la fin du dévers, je suis allé me poser en bas parce qu’en haut il y avait beaucoup de racines et une souche un peu mauvaise. J’ai vraiment joué safe !