Look Trail Roc+ & Fusion : au cœur du développement de pédales Made in France

Par Olivier Béart -

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Look Trail Roc+ & Fusion : au cœur du développement de pédales Made in France

Créateur de la pédale automatique, Look est toujours un des acteurs majeurs du secteur. Et qui ne jure pas que par les « clips » ! La preuve avec les nouvelles Look Trail Roc+ et Trail Fusion, deux pédales plates Made in France qui bénéficient de tout le savoir-faire de la marque pour élargir l’offre vers les segments gravity et aussi e-bike. Direction Nevers, où l’entreprise nous a ouvert ses portes pour nous expliquer le développement de ce nouveau modèle, puis Morgins où nous avons retrouvé la star belge Thomas Genon pour qu’il nous explique son rôle dans la mise au point.

Avant de nous intéresser aux nouvelles pédales Look Trail Roc+ et Trail Fusion que vous voyez ci-dessus et qui sont à la base de notre visite dans les locaux de la marque, une petite mise en contexte s’impose.

L’histoire de Look est intimement liée à la ville de Nevers. C’est là que l’entreprise est née début des années 50, et qu’elle a pris son essor avec une activité d’abord tournée vers les fixations de ski, lancées début des années 70. Cette division existe toujours et est aussi toujours basée à Nevers, mais depuis 1994, elle est indépendante de la division vélo que nous allons visiter aujourd’hui.

Pour la partie deux roues, on peut marquer le début de l’histoire en 1985, peu de temps après le rachat par un certain Bernard Tapie qui valide l’idée de décliner le principe des fixations de ski au domaine du vélo. Et on peut parler d’un début en fanfare avec Bernard Hinault, toujours prêt à tester et développer de nouvelles solutions techniques, qui s’impose d’emblée sur les plus grandes épreuves, dont le Tour de France, avec les pédales automatiques.

Aujourd’hui, Look, ce sont toujours des pédales, mais aussi des cadres. Si ces derniers sont toujours développés à Nevers, ils sont principalement fabriqués en Tunisie, dans une usine propre à Look (sauf certains cadres de piste bien spécifiques), pour les pédales, il s’agit toujours bien d’une aventure bleu-blanc-rouge !

C’est ce savoir-faire que la marque nous a invités à venir découvrir en nous ouvrant grand les portes de ses locaux à Nevers, avec pour guides principaux Alexandre Lavaud, chef produit au sein de département pédales, et Audrey Sogny, responsable presse/communication.

Made in France & Europe, du dessin à la mise en boîte

Dès le départ, l’histoire des pédales Look est intimement liée à celle de la compétition. On ne compte plus les titres mondiaux et les médailles olympiques, que ce soit sur route ou sur piste, mais aussi à VTT où de nombreux grands noms utilisent toujours les pédales Look… malgré des contrats de sponsoring de plus en plus stricts de la part des grands équipementiers qui disposent eux aussi de pédales dans leur assortiment.

Aujourd’hui, Look ne veut plus simplement être associé aux pédales automatiques et à la performance pure, mais être un spécialiste de la pédale au sens large. C’est pour cela que la gamme s’est élargie il y a quelques années vers le segment urban/trekking, et que la marque a également mis de gros moyens pour développer une véritable gamme de pédales plates destinées tant aux disciplines gravity du VTT (enduro, slopestyle, DH) qu’à l’e-bike où de nombreux pratiquants restent adeptes des pédales plates, sans pour autant rester cantonnés à des modèles basiques.

La gamme comptait déjà un modèle de pédale plate, la Trail Roc, modèle milieu de gamme (70€) qui dispose d’une cage en aluminium moulé. Le projet ici est de développer l’offre tant vers le haut de gamme, avec la Trail Roc+ en alu forgé/usiné (150€), que vers un modèle plus accessible et fun, la Trail Fusion dotée d’une cage plastique colorée (50€).

Que ce soit pour le haut de gamme ou pour les pédales plus accessibles, Look met un point d’honneur non seulement à développer ses propres produits, mais aussi à les produire dans un écosystème le plus local possible et à garder la maîtrise sur la plupart des étapes. En tout, jusqu’à 5000 paires de pédales peuvent sortir chaque jour de ces ateliers. « C’est un choix qui pouvait sembler original, voire bizarre, il y a quelques années, mais le contexte actuel nous donne raison. Alors que beaucoup rencontrent des soucis d’approvisionnement et souffrent des coûts de transport, nous parvenons à tirer notre épingle du jeu grâce à notre assemblage à Nevers et à la présence d’un grand nombre de nos fournisseurs dans un rayon finalement assez limité autour de l’entreprise. »

Pour vous donner une idée, sur les pédales plates, la pièce produite le plus loin est la cage forgée de la Trail Roc+, qui vient d’Espagne. « C’est là que nous avons trouvé le meilleur sous-traitant, tout simplement. Ce que nous voulons vraiment, c’est rester le plus possible dans un écosystème européen. Des critères de qualité et de prix doivent entrer en ligne de compte et nos voisins sont plus spécialisés que nous dans certains domaines. Il faut aussi trouver un sous-traitant qui a de la place dans son carnet de commande. Mais pour la cage en plastique injecté des Trail Fusion, nous avons pu compter sur un fournisseur situé à quelques kilomètres d’ici. Tout cela est la preuve qu’il reste un beau savoir-faire industriel en Europe », ajoute notre interlocuteur.

Le développement des Trail Roc+ en détails

Pour mieux comprendre comment a été développé le fleuron de la nouvelle gamme de pédales plates, la Look Trail Roc+, rendez-vous au bureau d’études car tout commence par la traduction des idées de base dans un premier dessin. Parmi les grandes caractéristiques recherchées : faire une pédale plate haut de gamme, capable de rivaliser directement avec les références du marché. Elle doit donc être basse (pied au plus proche de l’axe), de forme concave pour un bon appui du pied et pour ne pas ressentir de gêne avec l’axe ; leur forme visera à optimiser le contact avec le pied sans être trop volumineuse pour éviter d’entrer trop facilement en contact avec le sol, et dotée de pics remplaçables. Ouf !

Entre les premiers dessins et la commercialisation, plus de deux ans s’écoulent et de nombreux prototypes ont été nécessaires. Si la technique de réalisation de la pédale définitive a été vite choisie, avec du forgeage puis usinage pour une solidité maximale, les prototypes sont quant à eux d’abord réalisés en impression 3D plastique non roulables puis en alu usiné CNC pour les premiers tests terrain. Impossible en effet de passer à ce stade par les 14 étapes qui seront nécessaires à la production de la version de série et d’attendre les 12 semaines nécessaires à leur réalisation, entre forgeage, décoltage, usinage, anodisation,…

Pour l’axe, les bases techniques ont été assez rapidement posées et Look a profité de ses trente années d’expérience en la matière. Même si, dans le cas qui nous occupe, il fallait maximiser la résistance aux impacts, notamment pour les réceptions de sauts et les chocs, nombreux dans la pratique gravity. Le choix a été fait de mettre deux roulements et une bague dans l’axe de la pédale, le plus possible à l’extérieur pour encaisser les efforts et garder une bonne fluidité.

Cette solution a été préférée au gros roulement près de la manivelle, choisi par de nombreux concurrents, mais qui n’a pas convaincu Look car cela empêche le pied d’être au plus près de la manivelle et la gestion des contraintes n’est pas optimale. Tout est bien sûr démontable et les pièces sont disponibles au détail pour l’entretien afin de garantir une durabilité maximale. Notre expérience avec les pédales automatiques enduro de la marque (Look EnRage) nous permet d’affirmer qu’on peut avoir confiance dans la marque en la matière !

Au-delà des aspects techniques, le gros du travail sur le terrain et de la mise au point se sont concentrés sur la recherche de la forme optimale de la pédale. Différents corps ont été testés, avec des angles différents aux extrémités notamment. Ainsi que différents positionnements et hauteurs de picots. Des différences subtiles, mais bien perceptibles sur le terrain. Et entre toutes les solutions testées, il a fallu faire des arbitrages !

Pour cela, en plus des développeurs de la marque (qui roulent aussi !) et de quelques testeurs « amateurs éclairés », Look s’est adjoint les services d’un pilote de renom, en la personne de Thomas Genon. Spécialiste du slopestyle, auréolé de multiples participations à la Rampage, le pilote belge avait le profil parfait de rider extrême pour aider Look dans son développement. Nous avons eu l’occasion d’en parler avec lui, retrouvez son interview en bas de cet article.

Avant de passer à la phase de production, et en plus des tests terrain, un passage au laboratoire est indispensable ! Look dispose de ses propres installations, destinées à aller bien plus loin que les normes officielles. La marque dispose de bancs spécifiques pour tester ses pédales (et celles de la concurrence) selon ses propres critères. En tout, la Trail Roc+ va passer pas moins de 15 tests de chocs et d’usure, dont un qui va faire tourner la pédale sur plus de 2 millions de cycles de la manière la plus proche possible de la réalité du terrain.

Le résultat final, le voici ! Plutôt fine avec une épaisseur de 16 mm, la Trail Roc+ offre une plateforme de 107 x 107 mm. Elle compte 10 picots par face, se décline en 3 couleurs (noir, argenté ou orange) et pèse 195 g par côté. La paire est affichée à 159,90 €.

Maintenant, il va falloir produire ces belles pédales ! Et pour cela, une toute nouvelle ligne a été créée dans un hall désormais entièrement dédié aux pédales plates.

Si, globalement, le processus d’assemblage est le même que pour une pédale automatique en ce qui concerne le montage de l’axe sur la plateforme, il y a tout de même ici une étape spécifique avec la mise en place des petites vis servant de picots sur chaque pédale. Pour cela, une machine spécifique a été mise au point par Look afin de « semi-automatiser » le processus. L’opératrice reçoit le nombre correct de vis face à elle de la part de la machine, elle n’a plus qu’à les glisser dans des alvéoles qui les mettent directement bien en place pour le vissage, effectué automatiquement par la machine. Un contrôle visuel et hop c’est parti pour la suite.

Et justement, pour la suite, les équipes Look ont réservé une petite surprise à votre serviteur…

J’ai monté mes pédales avec Martine

L’assemblage est confié aux mains d’opératrices expérimentées, dont Martine, qui a plus de 20 ans de maison et qui termine d’emballer une partie de sa production du jour quand nous la rejoignons. Une fois les présentations faites, toute l’équipe me regarde avec un petit sourire : « Si tu veux repartir avec une paire de pédales pour les tester, il va falloir les produire toi-même ! » Allez, d’accord, challenge accepté.

Ce n’est pas la Trail Roc+ que je vais monter car elle n’est pas encore entrée en production, mais une paire de Trail Fusion, le modèle d’entrée de gamme qui fait lui aussi son apparition au catalogue. Face à moi, il y a deux lignes, une pour les pédales gauche, et une autre en face pour les pédales droite. Un moyen simple et efficace pour éviter les confusions. Attentif, je regarde les mains expertes de Martine prendre axe, roulements, écrous et assembler le tout en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire !

Maintenant, à moi de jouer ! Clairement, je ne fais pas le fier et même si j’ai été attentif pendant la démonstration, tout est allé si vite que j’ai déjà un trou de mémoire au moment de démarrer !

Heureusement, Martine est patiente et elle me guide quand elle voit que j’hésite trop. Prendre l’axe, mettre les bagues, graisser l’axe, placer les roulements,… cette fois ça a l’air bon !

On peut passer à la première étape de vissage, qui se fait à l’aide d’une visseuse calibrée. Pour le coup, pour la première fois c’est presque facile.

Par contre il y a une seconde opération de vissage, celle du cache en bout d’axe, qui est bien plus délicate. Je n’ai pas le corps de pédale pour me guider et je glisse à plusieurs reprises.

Par chance, ma « cheffe » reste calme et m’aide à bien synchroniser mes mouvements. Ça y est, j’ai ma première pédale ! Reste juste à faire la deuxième (spoiler : je n’ai pas vraiment été meilleur que pour la première) et me voilà avec une paire de Trail Fusion que je vais pouvoir mettre à l’épreuve sur le terrain, en attendant les Trail Roc+ qui sortiront à l’automne.

Rendez-vous d’ici quelques semaines pour un test complet ! En attendant, ne partez pas tout de suite : peu après cette visite, nous avons pu partager un moment sur les sentiers de Morgins avec Thomas Genon. Il nous a expliqué son implication dans le développement de cette pédale, sa relation avec Look, la difficulté de concevoir une pédale polyvalente…

Sur le terrain : rencontre avec Thomas Genon à Morgins

Thomas Genon ne s’est pas contenté de prêter son nom à Look juste pour la notoriété. Il a réellement été impliqué dans le développement et pour mieux comprendre son rôle, nous avons pris la direction de Morgins, à la frontière franco-suisse, pour une rencontre à trois avec le pilote belge (ça ne s’invente pas) et Alexandre Lavaud, qui avait aussi fait le déplacement.

Tu n’es pas dans une discipline « performance » où on se bat contre un chrono. Quelle image avais-tu du développement produit avec Look ?

Thomas : ça part d’une demande de Look de développer un nouveau produit. Quand j’ai commencé mon partenariat avec Look, il y avait déjà un premier modèle, mais il y avait également l’idée dès le départ de développer une nouvelle pédale. J’adore faire ce genre de trucs. Tu commences un partenariat avec une marque et tu travailles sur un produit qui te va parfaitement et il y a un échange. Ça sera la pédale que j’ai en tête, celle qu’ils ont en tête et je serai forcément plus heureux avec cette pédale qu’on aura développée ensemble qu’avec une autre pédale sur le marché. C’est super motivant, même au-delà du processus qui était cool.

Tu avais déjà participé au développement avec Canyon ?

Thomas : Oui, mais jamais pour des pédales. Tu peux t’imaginer que c’est quelque chose de simple, mais quand on se penche sur le sujet, on réalise que c’est bien moins le cas que ce qu’on peut imaginer.

Tu avais déjà roulé avec d’autres marques / modèles de pédales : qu’est-ce que tu en pensais ? 

Thomas : Je ne sais pas si il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas, mais je ne m’étais jamais vraiment penché sur le sujet. Parfois il y avait deux modèles, un que j’utilisais sur le dirt, d’autres sur le DH… je jouais avec les picots. Mais on se penche rarement dessus parce qu’on avait peu d’opportunité de changement avec les marques.

J’ai adoré essayer de comprendre ce qui allait me plaire et ce qui allait faire la pédale parfaite pour moi.

Et côté Look, votre objectif était d’impliquer Thomas dès le début ? 

Alexandre : Oui, on a d’abord lancé la Trail Roc entre les deux il y a deux ans. C’était un test sur le marché pour le comprendre et l’appréhender. Quand on a voulu étendre ce marché qui prenait, on a voulu rester humbles. Certes, nous fabriquons des pédales automatiques depuis 35 ans, mais on ne connaît rien à la pédale plate et aux besoins des personnes qui font du slopestyle, du bike park, du gravity… On aurait pu se contenter de penser qu’on était les meilleurs, mais on a préféré se faire entourer. Thomas était en haut de la pyramide, mais il y avait plein d’autres testeurs.

Avec Thomas, on est partis d’une page blanche en lui demandant ce dont il avait besoin. Le début a été difficile parce qu’il y a eu une période d’introspection pour Thomas qui a dû chercher ce qu’il attendait de la pédale. Est-ce que mon pied fort a besoin d’autre chose que mon second pied ? Plein de questions se sont posées et c’était très intéressant de ce point de vue-là.

On avait carte blanche, même si il y avait évidemment des solutions techniques qu’on a adaptées parce qu’on a un savoir-faire dans la durabilité, la qualité, le développement…mais avec Thomas on s’est vraiment posés sur ses ressentis, ses feelings et on s’est demandé comment le traduire mécaniquement, en r&d dans un produit.

Et dans ton cahier des charges, qu’est-ce qu’on trouvait ? 

Thomas : Déjà, j’avais envie d’une seule paire de pédales pour tous mes vélos. Je change régulièrement de vélo et on a que deux points de contact dessus : nos pieds et nos mains. J’ai un vélo d’enduro, de freeride, de slopestyle et parfois les transitions sont compliquées et je voulais une pédale hybride pour aller sur tous les vélos. Je crois qu’on a réussi à proposer une pédale qui conviendra à tout le monde.

Sur la plupart des pédales du marché, il y a souvent un gros angle en haut à l’intérieur et ça me dérange :  je me coince un peu ou je m’appuie bizarrement dessus et ça se ressent fort. Sur la Look, il y a aucune chance de rester coincé quand on repose le pied. C’est super important pour moi dans un run de slopestyle. Avoir une pédale proche de la manivelle c’est important pour ne pas se retrouver coincé. Même dans un run de DH, il n’y a rien de pire que de devoir s’assoir pour remettre son pied. On propose donc une pédale assez carrée, assez proche de la manivelle.

Est-ce que Thomas a eu des demandes que vous n’avez pas pu faire aboutir ? 

Alexandre : Je n’ai pas de souvenir de ça, on était vraiment sur une page blanche au début, et dans les steps de développement, on a commencé avec 4 ou 5 protos avec des angles et des surfaces différentes. On a essayé de converger en fonction des choix de Thomas. Un des seuls facteurs importants pour nous, c’était de conserver une ligne d’axe traversante sur l’ensemble de la largeur de la pédale. Tous nos tests ont prouvé que c’est ce qui permet la plus longue durabilité de la pédale. Sur tout le reste : la forme de la plateforme, le positionnement des picots asymétriques, la concavité de la plateforme, on pouvait tout faire !
C’est sur ce point structurel qu’on a pu apporter notre expérience de concepteur de pédales. Nous avons pu faire des tests en amont.

Thomas : C’est ça ce qui était bien dans le processus. Ça fait des années et des années que je roule et je sais ce dont j’ai envie, et en même temps Look a plus d’expérience dans la construction de pédale et chacun est resté à ma place. J’avais des ressentis que j’avais du mal à traduire techniquement et eux réussissaient à déchiffrer et adaptaient le produit à mes demandes.

Combien de temps a duré le développement ? 

Alexandre : Le process de développement où on a testé des prototypes avec Thomas avant de définir le design idéal, ça a duré 4 ou 5 mois. Le développement total de la pédale, en incluant l’industrialisation, c’est quasiment deux ans.

Thomas : j’ai testé le modèle fini pendant une saison complète. Cette saison était particulière puisqu’il y a eu des évènements de slopestyle, la Rampage, la HardLine, des Fest Series, soit plein d’évènements qui me mettaient dans des positions pas forcément avantageuses pour moi. À la Hardline par exemple, j’étais pas forcément dans mes meubles. Il y a eu des ratés mais y a eu de tout et j’ai pu tester dans plein de configurations différentes avec des chocs de toutes sortes.

Après que le cahier des charges ait été défini, qu’est-ce qui se passe ? 

Alexandre : On a commencé par des maquettes 3D en plastique pour valider des designs et rapidement on est passés sur des protos usinés avec différentes formes extérieurs. De 4, on a convergé vers une.

Thomas : Au début, je me suis dit que la pédale parfaite était une grosse plateforme, mais on s’est rendu compte que le premier test était beaucoup trop carré et on a réduit la largeur. Ça peut ne pas être un problème dans certaines disciplines, mais en DH ou en enduro, tu n’as pas envie d’une grosse plateforme qui pourrait se prendre dans les cailloux en reprise de pédalage.

Alexandre : Dans la seconde partie, on s’est penchés sur le positionnement des picots. On a cherché des retours sur la stabilité et le grip apporté. On a discuté de la longueur des picots.

Thomas : c’est compliqué. En Slopestyle, j’ai besoin de bouger un peu mes pieds. Un picot sur deux est un peu raboté dans l’idéal. Ça dépend aussi de la semelle de tes chaussures qui apporte un certain grip. C’est un compromis à trouver.

« Thomas demandait parfois un millimètre de picot en moins et je trouvais ça WTF ! J’ai pris conscience qu’en fonction des disciplines, on avait pas forcément besoin de la même chose. »

Alexandre : C’est aussi du détail. Thomas demandait parfois un millimètre de picot en moins et je trouvais ça WTF. J’ai pris conscience qu’en fonction des disciplines, on avait pas forcément besoin de la même chose. On était donc content de s’entourer. Il a ensuite fallu faire un choix : on ne pouvait pas mettre sur le marché trois pédales identiques avec des picots différents. On a donc fait un compromis et on propose une pédale assez orientée bike park. Ce qui était important, c’était d’avoir une pédale qui convient à toutes les disciplines.

Est-ce que c’est une bonne chose de rouler sur la même pédale qu’un rider au top de sa discipline ? 

Alexandre : il nous fallait un test avec Thomas évidemment, mais une fois qu’on a eu ses feelings, on a échangé avec d’autres riders. On a également fait une différence entre les testeurs européens et nord-américains. On a cherché à conforter nos positions.

Thomas : Je savais que la pédale allait être commercialisée et j’ai vraiment essayé de me mettre à la place des gens. J’ai posé des questions à mes potes mécanos, photographes, etc. Je ne sais pas tout et on peut parfois être trop à fond dans son truc. J’aurais pu faire quelque chose uniquement pour moi, mais échanger, ça ouvre les perspectives.
J’aime vraiment bien faire ça et j’essaye de ne pas juste être opportuniste. Je suis super fier d’apporter une super pédale à une communauté sur le marché du vélo. Ça me fait plaisir de rendre les gens heureux sur leurs vélos quand ça va bien.

Alexandre : Je me souviens de Thomas qui m’écrivait pour savoir si il pouvait faire tester les pédales à ses potes. Evidemment !

Un dernier point que vous évoquiez : la chaussure est au moins aussi importante que la pédale et l’un ne peut aller sans l’autre, non ? 

Alexandre : Clairement, pour nous ça fait partie de nos questions dans toutes les disciplines. On a toujours un éventail de chaussures de test et on est en contact avec les marques. Forcement, tu vas chercher une moyenne mais tu ne peux pas anticiper tous les lancements de chaussures des marques de vélos.

Thomas : Les gens aussi sont différents. Certains aiment vraiment ressentir les pédales, et d’autres pas du tout ! J’ai l’impression que les gens sont sur du Giro, Fiveten, Crankbrothers dans les bikeparks, et il y a quelques Vans qui traînent et on teste les ressentis des gens. De mon côté, je me suis fait mal par le passé et je préfère rouler avec des pédales solides. Si la pédale est bonne, ça ira mieux sur tout.

Plus d’infos : https://www.lookcycle.com/be-fr/produits/pedales/vtt

ParOlivier Béart