La Forestière 2022 : l’essence du VTT dans les montagnes de l’Ain et du Jura

Par Olivier Béart -

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La Forestière 2022 : l’essence du VTT dans les montagnes de l’Ain et du Jura

Nous étions revenus sur la Forestière pour la 30e édition l’an dernier… et nous avons tellement aimé cela que nous avons remis le couvert pour 2022. Ambiance familiale mais professionnelle, parcours exigeants mais nombreux et variés pour convenir à tous : la recette de l’épreuve évolue au fil du temps mais les fondamentaux restent ! Nous avons suivi l’épreuve marathon 100 km de l’intérieur avec un coureur engagé sur la distance reine, mais aussi avec deux photographes qui ont aussi couvert le 70 km Dames. Récit d’une nouvelle belle journée sur le vélo !

Même si c’est mission quasi impossible, si on devait résumer la Forestière en une seule image, elle pourrait ressembler à ceci. Mais avant de parvenir sur les hauts plateaux jurassiens avec leurs panoramas majestueux, il faut les mériter ! Revenons un peu en arrière, au commencement de ce marathon de 100 km pour les hommes et 70 km pour les femmes ; reconnu au titre de Worlds Series par l’UCI encore cette année tout en restant ouvert au grand public.

Pour nous le faire vivre de l’intérieur et d’une manière différente de l’an dernier, nous avons cette fois pu compter sur le témoignage de Geoffrey Bessy, originaire d’Annecy et proche de l’équipe Vojo France qui y est basée. En amateur éclairé, il a pris le départ derrière les pros en compagnie de son pote Antoine Bouqueret dont le nom vous dit peut-être quelque chose puisqu’il a fait quelques saisons de coupes du monde chez les Espoirs.

Les 100km de la Forestière avec Geoffrey Bessy

Dimanche matin, je me réveille à 6h après une bonne nuit de sommeil. Avant de partir, sur la table, on remet le couvercle sur le Comté acheté la veille à la fruitière du coin, et on avale quelques céréales dont nous garderons la recette pour nous, en espérant qu’un jour ces graines magiques nous fassent performer !

Il est 7h, et il n’y a que 2°C au compteur ! On rejoint le départ pour 7h30 comme si l’on partait en expédition sur le toit du monde.

A l’avant, on aperçoit Hugo Drechou et son coéquipier bien emmitouflés… pratique d’être sponsorisé par une marque de tour de cou ! Le team Bulls est là aussi avec Simon Schneller et Urs Huber. On reconnaît aussi Sasha Weber pour ce qui est des grands noms du marathon international. Côté Français, il y aussi pas mal de beau monde, avec notamment Pierre Billaud, Emilien Mourrier, Basile Allard, Benjamin Le Ny, ou encore Remi Groslambert qui est ici en leader du classement de l’Alpine Cup, ce challenge qui réunit quelques-uns des plus grands marathons comme la MB Race ou encore le Grand Raid en Suisse.

7h45, le soleil apparaît sur le grille de départ, les températures sont remontées, les conditions sont parfaites. Antoine et moi partirons SAS 3, le premier SAS étant réservé aux élites UCI et le deuxième aux participants des 3 manches de l’Alpine CUP. 8h00, ça y est, le top départ est donné !

Alors que devant ça part déjà très fort, presque comme pour un XC olympique, je choisis de jouer la prudence sur une route étroite en bosse.

Mes prémonitions de la veille s’avèrent exactes : je ne reverrai pas Antoine ni la tête de la course, sauf ennui mécanique. Au loin, j’aperçois déjà son casque blanc dans le groupe de tête.

Départ prudent, oui, mais pas trop lent non plus ! J’ai bien l’ambition de me mettre chiffon tout au long de la course, tout en essayant de gérer car j’ai envie de tenir jusqu’au bout. La première boucle autour du départ est très rapide, les chemins sont parfaits bien que glissants sur les zones de racines ou de pierres.

A la fin de cette boucle, j’ai la sensation que plus ou moins tout le monde est à sa place. Des petites grappes de coureurs se sont formées et l’on aperçoit ses prédécesseurs que lors des traversés sur route ou dans les vastes prairies.

Devant, j’apprends qu’Hugo Drechou et son coéquipier Peter Pruus du team Megamo ont déjà pris une petite avance sur le reste du peloton. Pas mal pour le coureur français qui en est à sa première saison de marathon après une belle carrière en XC au plus haut niveau mondial.

Le tracé est humide, glissant et déjà usant avec quelques côtes raides qui se succèdent, obligeant nombre d’entre-nous à pousser le vélo.

Dans les alpages, les vaches, elles, n’ont l’air en rien perturbées par le passage des vététistes… 

Au bout d’une heure et demie de course, par manque de lucidité certainement, mauvaise vision sûrement, balisage trop discret peut-être, le groupe devant moi, mon compagnon de course du moment et moi loupons une bifurcation qui nous amène en bas d’une longue descente en route.
Cette erreur me coûtera une vingtaine de minutes, mais surtout la sensation de louper ma course et de ne plus appuyer avec la même conviction sur les pédales.

Peu importe, le parcours est magnifique, usant, des montagnes russes avec de super singletracks en descente et sous un soleil très apprécié. Je retrouverai le goût de la course au bout de quelques kilomètres, malgré un goût amer.

La côte qui remonte de St-Claude fait aussi mal aux jambes qu’au moral. Longue de près de 15km au total elle est extrêmement variée. Au passage des Bouchoux, j’apprends qu’il y a eu un regroupement à l’avant et que les Megamo ont été rejoints par les gars du team Bulls et par Sasha Weber.

Si le public a l’air si bien informé, c’est qu’il est possible de suivre la course en live grâce à des trackers GPS dont les premiers sont équipés, et que l’épreuve est aussi retransmise en direct sur TV8 Mont Blanc, grâce à Thomas Dietsch et son équipier Stéfan Sahm qui, après leur riche carrière en marathon VTT, se sont reconvertis dans le suivi de course en vidéo. Juchés sur leur e-bike, ils retransmettent des images au cœur même de l’épreuve, comme ils le font aussi au Cape Epic.

La suite de l’ascension se fait nettement plus raide pour rallier le village de La Pesse. Une fois encore, il faut pousser le vélo dans certains passages extrêmement raides.

Les arbres se font moins serrés, le soleil perce… on sent que le sommet de la plus longue ascension du jour est proche.

Encore un petit sentier technique et puis…

… c’est le choc ! Au passage de la Croix des Bouchoux, un paysage grandiose se dévoile.

Malgré l’acide lactique qui bat des records dans mon organisme et la vue qui se trouble, je prends le temps de jeter un œil au panorama.

Mais il faut vite que je me re-concentre car le passage sur la crête est technique et je mets un point d’honneur à essayer de tout passer sur le vélo.

Parti avec deux bidons sur le cadre, je choisis de faire l’impasse sur le premier ravito. Le deuxième est accueilli avec plaisir car le parcours est costaud et les températures ont fameusement remonté ! Deux bidons d’eau remplis, un verre de coca et … un petit morceau de comté par gourmandise et pour changer des barres énergétiques, puis me voilà reparti.

Un peu plus loin, nous rejoignons le parcours du 60 km et de la rando. Le passage de plus de coureurs à rendu le terrain encore plus glissant, j’ai l’impression d’être sur une savonnette géante avec un guidon. Autant dire que j’ai parfois laissé le vélo aller où bon lui semble, avec succès, puisque j’ai réussi à passer (presque) tout et je ne me suis pas couché au sol une seule fois. Mais je n’ai sûrement pas été le plus rapide de la course non plus.

Durant la course j’ai beaucoup repensé à toute les fois où j’ai entendu « la Forestière, c’est roulant ». Alors oui c’est rapide, roulant je ne sais pas, malgré quelques parties de piste forestière et de route, j’ai quand même bien poussé mon vélo dans des montés raides et passé quelques longues minutes en bec de selle à tirer sur le guidon.

Je terminerai la course en 6h15 à la 55ème place, 45 min après Antoine, 31ème. Je suis clairement lessivé, avec un sentiment de ne pas avoir tout donné ni accompli ce que je voulais, mais satisfait d’avoir découvert des paysages magnifiques. Satisfait aussi d’avoir honoré comme il se doit 2 ravitaillements sur 3, et d’avoir pu participer à une course mythique du calendrier, profité des descentes malgré une lucidité bien entamée en fin de course.

Mon seul bémol, un fléchage où l’on passe trop de temps la tête en l’air à chercher le bon parcours, mais je ne suis pas organisateur, et il est plus facile de critiquer que d’organiser et flécher une course de 100 km avec des bénévoles tout en jonglant avec les contraintes imposées par les autorités.

Merci pour tout, on reviendra ! Pour faire un meilleur résultat, je ne sais pas… mais en tout cas à coup sûr pour manger plus de Comté et pour se gaver des magnifiques paysages et parcours de la région !

Côté course : Drechou s’impose sur le fil !

Au-delà des informations déjà données par Geoffrey au fil de son récit, il faut vous révéler l’épilogue de cette course dont la victoire s’est jouée… dans les derniers mètres ! Simon Schneller pensait avoir distancé Hugo Drechou qui était le dernier à avoir réussi à le suivre, mais l’expérimenté coureur français est revenu dans les derniers mètres pour coiffer l’Allemand sur le fil !

Urs Huber prend la 3e place à un peu plus de 3 minutes du duo de tête, suivi par Sasha Weber et Peter Pruus. Premier Français, Pierre Billaud est 6e, juste devant Rémi Groslambert et Emilien Emilien Mourier. Benjamin Le Ny et Basile Allard complètent le top 10.

Après sa belle victoire lors de la MB Race, les bons résultats de Remi Groslambert sur les autres épreuves lui permettent de remporter le classement général de l’Alpine Cup.

Chez les Dames, Léna Gérault impériale !

Disputée sur un parcours un peu plus court de 70km, la course Dames est également un rendez-vous important de cette Forestière.

Katazina Sosna, actuelle numéro 1 mondiale du marathon était présente et elle a d’emblée pris le contrôle des opérations, emmenant dans son sillage Léna Gérault, Estelle Morel avec son maillot de leader de l’Alpine Cup, et Margot Moschetti.

A la mi-course, Katazina Sosna et Léna Gérault réussissent à prendre le large et elles se retrouvent seules.

A l’arrivée, on retrouve Léna Gérault qui s’impose en solo. Elle nous explique sa fin de course : « Katazina Sosna est très puissante et je me suis contentée de la suivre sur le plat. Mais dans les ascensions, j’ai constaté que j’étais plus forte. J’ai donc profité pour l’attaquer dans la longue côte de la pisciculture, et j’ai pu aussi compter sur mon expérience des coupes du monde XCO dans les parties techniques pour me forger une belle avance. C’est top de s’imposer ici dans une épreuve aussi mythique et sur un tracé vraiment varié. »

Troisième de la course du jour, Estelle Morel remporte le général de l’Alpine Cup, dont vous voyez ici le podium final masculin et féminin.

Enfin, impossible de conclure ce récit sans rendre une nouvelle fois hommage aux bénévoles qui ont balisé et sécurisé les parcours, qui se sont occupés des ravitaillements, qui ont pris soin des participants jusqu’au dernier et qui ont servi plus de 1000 repas puis fait la vaisselle et rangé jusqu’au lendemain. A vous tous, merci… et à l’année prochaine !

Résultats : http://www.yaka-events.com/yaka-chrono/resultats
Plus d’infos sur la Forestière : https://www.la-forestiere.com

ParOlivier Béart