EWS Whistler 2016 : le Canada, son roi, sa reine

Par Paul Humbert -

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EWS Whistler 2016 : le Canada, son roi, sa reine

En ne portant qu’un rapide coup d’oeil aux résultats de cet EWS, on pourrait croire que la domination de Richie Rude et de Cécile Ravanel a été totale. Mais en s’attardant sur les récits de la course, on comprend que ce dimanche a été mouvementé. On se rend même compte que rien n’était gagné avant l’ultime et cinquième spéciale ! Plongez au coeur de la course, dans la Mecque du VTT : Whistler ! 

sans titre-2-37 heures de vélo étaient au programme au coeur de ce qu’on considère aujourd’hui comme « la Mecque » du VTT. La planète VTT gravity est d’ailleurs en grande partie rassemblée dans la station de Colombie-Britannique qui accueille en ce moment les Crankworx.

sans titre-3-3Les favoris sont clairement identifiés et, à l’heure où le classement général est susceptible de rapidement évoluer, cela n’empêche pas Jared Graves et Curtis Keene de s’échauffer en roulant sur le bike-park avant le début de la course. Les deux pilotes étrennaient leurs nouveaux vélos dont vous retrouvez la présentation ici : www.vojomag.com/specialized-enduro-2017-evolution-dans-la-discretion et notre prise en main ici: www.vojomag.com/prise-main-specialized-enduro-2017-plus-radical-jamais/

Sur les tracés, les amateurs s’élancent en premier avant de laisser la places aux pilotes de moins de 21 ans, puis aux Dames et enfin aux pilotes Elite Hommes. Les tracés de cette étape des EWS mêle grands classiques du bikepark et traces fraîches. Les trails de Whistler étaient particulièrement secs ce week-end après de longues journées sans pluie.

Hommes

La journée commence avec une remontée en télésiège. La première spéciale fait 8km de long pour plus de 900 mètres de dénivelé négatif. Elle est très orientée bikepark sur le haut puis des trails plus classiques prennent le relai sur le bas.

sans titre-10Dans la première spéciale, Jared Graves crève et perd un temps considérable. Le sort s’acharne sur le pilote Specialized qui crève une seconde fois dans la deuxième spéciale et arrête sa course, probablement hors temps. Déclassé à partir de ce moment là, il reviendra tout de même prendre le départ de la spéciale 5 : « C’était terrible aujourd’hui ! J’ai tout de même pris le départ de la dernière spéciale mais sans résultat à aller chercher c’est difficile de se motiver. J’ai tout de même pris du fun sur le vélo. »

sans titre-2-4Derrière Sam Hill, les descendeurs ont répondu présent en nombre sur cette course, à quelques jours des Crankworx : Sam Blenkinsop remporte d’ailleurs le premier chrono devant Connor Fearon, un autre descendeur. Entre deux coupes du Monde de descente, Troy Brosnan a lui aussi pris l’habitude de s’aligner sur des EWS. À Whistler, le pilote termine 22ème. Fabien Barel était lui aussi engagé sur la course. Dans la première spéciale, il a rattrapé son team-mate Justin Leov (qui termine 10e et qui confirme son retour au meilleur niveau après plusieurs blessures). Le « retraité » ne terminera cependant pas la course en raison d’un genou douloureux suite à un gros carton.

Bienvenue à Crazy Train, avec la terre bien meuble qui a rendu Whistler célèbre

Il y a une bonne grosse portion de pédalage pour arriver au au départ de la seconde spéciale ou un classique de Whistler attend les pilotes : Crazy Train. La piste a été retravaillée en 2014 et comporte quelques portions de pédalage dans la terre bien meuble qui a rendu Whistler célèbre. Cette spéciale est la plus courte du jour avec « seulement » 1,7km de long pour 368m de dénivelé négatif.

sans titre-3-4Dans la seconde spéciale, Jesse Melamed (photo) prend le meilleur temps et se place aux avant-postes. Il devance le Suédois Robin Wallner et Josh Carlson, l’autre local de l’étape. Pendant ce temps, Richie Rude crève !

La troisième spéciale était elle aussi très courte avec 1,75km pour 220m de dénivelé négatif. Cette spéciale faisait partie des tracés les moins connus de la course. Richie Rude y reprend l’avantage devant Damien Oton, retardé dès le début de l’épreuve par un souci de dérailleur, et Martin Maes qui termine à 3 secondes de l’américain.

sans titre-5-4Sur la spéciale 4, Remy Absalon et Alex Cure manquent de chance et crèvent. Florian Nicolaï chute, abime du matériel puis repart. Son équipe réussit à lui réparer son vélo dans les temps mais une nouvelle chute dans la dernière spéciale l’empêchera d’aller plus loin.

sans titre-6-3Pendant ce temps là, Richie Rude construit son avance avec un nouvelle victoire de spéciale.

La spéciale 5 et finale du jour prend son départ à « Top of the World ». À la vue des photos, on comprend aisément ce nom. Longue de 12 kilomètres, la spéciale prend son départ sur des rochers et dans un terrain très cassant. La suite est un enchaînement de portions de pistes du bikepark. Sur ces 12 derniers kilomètres, une éternité après une journée de course, la course peut se perdre ou se gagner.

sans titre-2C’est Sam Hill qui s’installe sur le hot-seat et il y restera pendant un long moment avec un chrono de 22 minutes qui le placera plus tard à la 8ème position. Thomas Lapeyrie, Joe Barnes ou même Jared Graves s’y casseront les dents. C’est finalement Jesse Melamed qui le déloge avec près de 28 secondes d’avance et qui prend la tête du classement général provisoire !

sans titre-11Clementz, Oton, Lau et même Yoann Barelli ou Josh Carlson n’arriveront pas à faire trembler le local. Seul un extraterrestre peut empêcher Jesse Melamed de gagner la course. Manque de chance pour ce dernier, il en existe un actuellement et il est au départ de la spéciale.

sans titre-10-2Richie Rude s’impose sur cette dernière spéciale et gagne la course avec plus de 7 secondes d’avance après avoir été victime, pour rappel, d’une crevaison ! Melamed prend la 2e place, son meilleur résultat EWS à ce jour, et Carlson complète le podium.

sans titre-4-4Nicolas Lau réalise une superbe performance. Après son podium au Colorado, il décroche une quatrième place : « Belle course, belle constance, je suis super content. Je m’étais mis la pression après Aspen parce que je savais que j’étais dans le coup. Ca fait du bien après un début de saison difficile. Je marque des points au général et on s’est envoyés des rides de malade, c’est juste terrible. » 

sans titre-7Juste derrière lui, Martin Maes complète le top 5 : « C’était bien dans son ensemble. La journée a été longue, on a commencé à midi pour finir à 19h30. Je suis content de la manière dont j’ai roulé. Un top 5 c’est toujours très bien. Je suis très satisfait et je pense que c’était une des journées les plus longues des EWS. »

sans titre-13Damien Oton revient à son tour sur sa 6ème place : « La 1 et la 5 étaient un peu trop plates pour moi mais je suis content de ma journée, je ne pouvais pas aller plus vite ». Le top 10 est complété, dans l’ordre, par Sam Blenkinsop, Sam Hill, Curtis Keene et Justin Leov.

sans titre-12Preuve de la solidarité qui règne entre pilotes, spécialement au sein du petit groupe de Français, on retiendra que le pilote Devinci a été aidé la veille par un autre concurrent : Jérôme Clementz qui termine lui 18ème, pas dans le rythme sur les sections de bikepark.

sans titre-2-2François Bailly-Maître terminera 20ème de cette étape canadienne des EWS, juste derrière Yoann Barelli qui n’a pas réédité sa belle performance de l’an dernier (2e). Thomas Lapeyrie est 25e, Pierre-Charles Georges 30e, Théo Galy 31e et Remy Absalon 34e. Signalons aussi la présence, côté belge, des deux membres du team GT Wallonia Johnny Magis et Tom Maes qui terminent respectivement 75e et 81e.

Dames

sans titre-6-2Dans la liste des pilotes que nous avons l’habitude de voir, une revenante a retenu notre attention. Anne Caroline Chausson a roulé à Whistler ! Après une longue bataille contre un cancer, la Française est de retour sur son vélo à haut niveau, prête à en découdre !

Anne-Caroline Chausson signe même un 3e temps scratch dans la 4e spéciale !

« J’ai crevé à mi-course. Ce n’est pas que j’espérais faire un podium, je voulais juste faire un beau dernier run. Mais j’ai fait de beaux runs, je suis ici et je me suis faite plaisir sur le vélo ! » La pilote Ibis termine la course à la 24ème position, après avoir signé plusieurs chronos dans le top 10 et même un 3e temps scratch dans la 4e spéciale ! Pour quelqu’un qui voulait juste « arriver au bout » et se prouver qu’elle était encore capable de rouler en EWS, quelle performance !

sans titre-5-3Sur la liste des favorites, il y a bien évidemment Cécile Ravanel, Isabeau Courdurier et quelques autres pilotes habituées du top mais à Whistler, Casey Brown est une vrai menace. La Canadienne est chez elle et connait bien le terrain. Elle terminera d’ailleurs sur le podium avec trois seconds meilleurs temps.

sans titre-9L’organisation des EWS s’est penchée sur les statistiques de Cécile Ravanel et on apprend que la française a gagné 20 spéciales cette année et qu’elle n’est jamais sortie du top 3 ! C’est pourtant Isabeau Courdurier qui remporte la première spéciale du jour, Ravanel ayant eu un problème mécanique. Dans la seconde spéciale du jour, personne n’est épargné : Isabeau Courdurier et Cecile crèvent toutes les deux.

sans titre-8-2Dans la troisième spéciale, Cécile Ravanel reprend l’avantage en signant le meilleur temps devant Casey Brown et Anita Gehrig (photo).

sans titre-15Après trois spéciale, l’avance d’Isabeau Courdurier la place comme leader de la course avec plus de 14 secondes d’avance sur Casey Brown et 25 sur Cécile Ravanel. Mais dès la quatrième spéciale, Cécile se rapproche dangereusement de la tête en prenant une nouvelle victoire. Isabeau Courdurier est seconde est Anne-Caroline Chausson est troisième de la spéciale ! Quelle performance pour la championne de retour à la compétition !

sans titre-7-2Celle qu’on avait l’habitude de voir plus haut dans les classements, c’est Anneke Beerten. Malheureusement, la pilote GT a du batailler contre un virus récemment et n’a pas encore totalement retrouvé son niveau.

sans titre-4-2À l’arrivée de l’ultime spéciale, la tension est à son maximum. Est-ce que les efforts d’Isabeau Courdurier vont payer ? Le couperet tombe : non. Cécile Ravanel gagne la spéciale avec près d’une minute d’avance. Elle comble ainsi son retard sur sa compatriote et gagne la course avec près de 56 secondes d’avance !

sans titre-7-3« Ah putain j’en ai chié ! J’ai mal commencé la journée, j’ai eu un souci mécanique. Il y avait trop de break bumps, ma chaîne s’est bloquée. J’ai perdu pas mal de secondes. J’ai pris un mauvais rocher sur une face défoncée et je suis descendue comme j’ai pu. Ma réparation n’a pas tenu et je suis retournée voir mon mécano. C’était super short sur la liaison pour la 3, je suis arrivée 1 minute avant mon départ, je ne me suis pas arrêtée, je n’ai pas enlevé mon masque, on se serait cru sur une course de cross-country. Je me suis fait peur de partout ! « 

sans titre-5-2Isabeau, sa première prétendante raconte sa course : « j’ai eu la même mésaventure que Cécile sur la spéciale 1. En haut de la 2, je n’avais pas beaucoup d’air mais j’ai tout de même pris le départ et j’ai crevé sur la fin. J’ai aussi du descendre voir mon mécano avant de repartir. Je suis aussi arrivée 1 minute avant mon départ et donc la spéciale 3 était un peu un carnage. J’ai survécu dans la 4 et j’ai sauvé les meubles dans la 5. ! » Ce qui se solde par une nouvelle 2e place, son meilleur résultat en EWS à ce jour.

Juniors

sans titre-3Adrien Dailly a imposé sa domination dès les premières spéciales du jour. Le pilote Lapierre remporte les trois premiers temps scratch.

sans titre-4-3Rappelons que le Français serait rentré dans le Top 20 au scratch à La Thuile. Dans la spéciale 4, sa domination est remise en question quand Keenan Wright prend la tête, le plaçant en seconde position devant Sebastien Claquin. Ce dernier nous raconte sa course : « J’ai mal roulé dans la première, j’ai tourné mon poste de pilotage. J’ai eu du mal à être dans le rythme dans la 2. J’ai corrigé tant bien que mal sur la suite. J’ai failli mourir dans la 4 et la 5 était un des plus beau run qu’on ait eu l’occasion de faire. C’était archi-physique et défoncé mais on s’est fait plaisir. »

Sur une spéciale 5 de près de 20 minutes de long, Adrien Dailly et Sebastien Claquin réussissent toutefois à renverser la tendance en prenant les 1ères et 2e places de la course. Chez les U21 Dames, Jennifer McTavish remporte la course devant Martha Gill.

Rendez-vous en Septembre pour l’étape française des EWS et retrouvez tous les résultats ici : www.vojomag.com/news/ews-whistler-2016-resultats

ParPaul Humbert