Evénement | La Forestière 2024 : une dernière classique avant l’automne
Par Rémi Groslambert -
En septembre, alors que la saison de VTT touche à sa fin pour certains, d’autres attendent avec impatience l’un des événements les plus emblématiques du calendrier national de VTT marathon : La Forestière. Depuis plus de 30 ans, cette épreuve rassemble les meilleurs pilotes français et internationaux, faisant de ce week-end une date phare pour la sphère du VTT XCM. De nombreux formats sont proposés durant le week-end : randonnées VTT, courses enfant, cyclo-sportive, épreuves marathon élite ou open, etc. L’épreuve reine reste bien évidemment le marathon UCI de 100 km reliant le Jura à l’Ain avec un départ à La Pesse et une arrivée à Arbent. Vojo y était, derrière l’objectif, mais aussi dans la course avec Basile Allard et Rémi Groslambert :
Cette année, l’équipe Vojo était sur place pour couvrir cette course. En bonus, nous vous proposons une immersion avec les deux pilotes du team Origine Vojo Connection.
Une météo exigeante :
Après une semaine marquée par une baisse des températures à travers toute la France, le départ à La Pesse ne déroge pas à la règle. Le froid matinal, déjà typique du Jura, a surpris plus d’un coureur. Quoi de mieux qu’une petite session « grattage de pare-brise » pour débuter son échauffement ? Sous un ciel bleu éclatant, les athlètes ont enfilé gants longs, tour de cou et sur-chaussures, cherchant à s’échauffer ou plutôt… se réchauffer ! Certains n’hésitent pas à partir couverts quitte à enlever quelques couches lors des premières zones de ravitaillement.
Même si la météo est annoncée au beau fixe, le terrain, encore humide par endroits, rend certaines descentes particulièrement glissantes. De plus, un fort vent sur les portions découvertes amène un aspect stratégique supplémentaire. Ces deux paramètres combinés ajoutent une difficulté supplémentaire à cette journée déjà éprouvante. On ne va pas se plaindre, pour ceux qui ont connu La Forestière sous la pluie, cette météo est plus que clémente. Le mois de septembre nous a déjà réservé une bien pire météo dans le Haut Jura.
Un parcours sélectif :
La course UCI Homme se déroule sur 100 km et 2850 m de dénivelé positif annoncés (plus de 3 000 m en réalité). Le tracé débute par une première boucle de 55 km, au départ de La Pesse. La première partie est très vallonnée dans les combes du Haut Jura. S’ensuit une longue spéciale descendante empruntée notamment lors de l’enduro de la Pipe et menant à Saint-Claude. La remontée vers La Pesse dure plus d’une heure et s’achève par un portage assez raide. Cap ensuite à l’Est en direction d’Arbent, le village d’arrivée. Si la deuxième moitié semble moins technique sur le profil, la dernière ascension de plus de 10 km depuis Prapont met les coureurs à rude épreuve, surtout après plus de 4 heures de course à haute intensité.
La gestion de l’effort est donc primordiale si l’on veut réussir à basculer dans la dernière descente et pouvoir profiter dignement des derniers singletracks ludiques de la journée. En effet, le parcours alterne entre des sections explosives en début de course et des portions plus roulantes sur la fin. Ces deux aspects dans la même course peuvent piéger les moins prudents et pousser à faire trop d’efforts au-dessus du seuil en début d’épreuve.
Le plateau de coureur est très relevé cette année et nous retrouvons de nombreuses nationalités au départ : les Allemands de Singer Racing ou du team Bulls, les Espagnols de Klimatizi, des Hollandais de KMC, des Italiens du team Scott, etc… Difficile de détacher un favori. La bagarre devrait être serrée jusqu’au bout, ça annonce une course palpitante !
Vojo a recueilli en exclusivité les stratégies opposées de nos deux coureurs, dont nous vous livrons en détail leurs récits de course.
Rémi nous raconte comment s’est déroulé sa course :
« J’avais des bonnes jambes ce matin, j’ai pu accrocher le groupe de tête pendant une vingtaine de kilomètres. Il y avait une très grosse densité sur cette course. Nous nous présentons au sein d’un groupe d’une trentaine d’unités aux Moussières, première Tech Zone de la course, au km 18. Le groupe explose et je me cale ensuite à mon rythme. Je croise Florian Buffard, du team La Forestière, qui éprouve le besoin de récupérer dans les fougères de son départ optimiste. Je remonte quelques places dans la longue descente technique menant à Saint Claude. Je me retrouve alors 17e environ. Mes jambes sont toujours bonnes, je mets le régulateur dans la montée vers la Pesse. Cette montée dure une heure et tout sur-régime sera puni en fin de course. J’ai un peu de mal à m’alimenter aujourd’hui, je dois composer avec ça, ça n’est pas évident. »
« En arrivant aux Bouchous, une vague impression qui me trotte dans la tête depuis quelques kilomètres se confirme : j’ai une crevaison lente à l’arrière. Je prends le temps d’inspecter le pneu, mais rien ne me saute aux yeux. Je claque une cartouche en vitesse et repars. Ça tiendra jusqu’à l’arrivée mais de peu… J’ai dû finir avec 0,5 bars, merci l’insert PTN ! A partir de la Pesse, le profil devient plus cassant, j’essaye de garder un bon rythme et double Urs Huber. A partir de là, ça devient plus compliqué, je commence à ressentir une bonne fatigue, musculairement notamment. »
« KM 80, j’arrive seul à la pisciculture d’Echallon. Personne devant, personne derrière. Il reste 20 km interminables avec 700 m de dénivelé positif. Je souffre mais garde un bon rythme. Je n’ai pas les écarts, je serre les dents car je sais que c’est dur pour tout le monde. Je reconnais sur le sol quelques traces d’huile moteur appartenant à mon Basile, passé quelques minutes auparavant. »
« Dans le dernier talus, à 2 km de l’arrivée, je double un concurrent du parcours de 70 km qui m’annonce un coureur juste devant. J’aperçois au loin Loïc “Swiss Mulet” en perdition. Il reste une spéciale d’enduro assez courte, j’essaye de mettre du rythme mais je ne suis plus très lucide. Il me manquera 5 secondes au final. Ça sera donc un “Top 11” pour moi comme dirait Thibaut Pinot… Je manque ce top 10 de peu, mais cette place représente une réelle satisfaction pour moi. Je retrouve enfin mon niveau habituel avec de bonnes sensations et un grand plaisir d’être à la bagarre. Ma gestion de course a été plutôt propre et je n’ai pas eu de souci majeur. »
Basile, co-équipier de Rémi, nous donne sa version du déroulé de la course :
« J’abordais la course avec une certaine légèreté, porté par de bonnes sensations ressenties les jours précédents. Toutefois, l’entrée brutale dans l’automne ne m’avait pas vraiment permis d’effectuer de bonnes séances d’entraînement après le travail. »
« À l’échauffement, mon corps était difficile à interpréter, encore verrouillé par des températures auxquelles l’organisme n’était plus habitué. Mais dès les premiers coups de pédale, les jambes répondent bien et je parviens à me glisser dans le groupe de tête. Je décide par contre d’adopter une approche prudente : suivre sans trop en faire. »
C’était la stratégie parfaite en ce début de course. Entre le vent de face et les ralentissements répétés à chaque passage de clôture, minimiser les efforts était crucial pour tenir sur l’ensemble du parcours (bon, ça ne m’a pas empêché de finir en zigzaguant dans la dernière bosse).
Je me maintiens dans le top 10 jusqu’à Saint-Claude, où les ennuis techniques de certains concurrents me permettent de remonter peu à peu dans le classement virtuel. Finalement, je me retrouve avec Axel et un Espagnol, en lutte pour la troisième place. À ce stade, mes jambes répondent bien et je tente de dicter le rythme dans les montées.
Le groupe s’écrème et à ce jeu-là, nous nous retrouvons plus que deux à nous disputer le podium passé le portage de la croix.
Mais la course est encore longue et on ne peut jamais sous-estimer la ténacité de « Camion Roudil ». Il revient sur nous avec l’italien Siffredi, et on décide donc de collaborer à quatre afin d’éviter un potentiel retour des poursuivants.
On aborde la montée de la pisciculture encore groupés mais l’attaque de l’italien est tranchante et je n’arrive pas à suivre. Mes sensations s’effondrent clairement à ce moment-là et je m’accroche alors comme je peux pour ne pas céder trop de places jusqu’à l’arrivée.
Jusqu’au dernier kilomètre, je parviens à limiter la casse et maintenir ma position, mais un balisage peu visible couplé à la lucidité d’un bigorneau trop cuit me coûte deux précieuses minutes… Bilan du détour, une meilleure connaissance de la flore locale et une place de perdue. Frustrant si proche de l’arrivée et après 100 kilomètres d’effort !
Mais on ne va pas se mentir, l’objectif principal est plus qu’atteint : prendre du plaisir et déguster une bonne barquette de frites à l’arrivée.
Si on m’avait dit la veille que je finirais à cette place, j’aurais signé tout de suite ! Quel plaisir de “faire la course” avec les cadors de la discipline, ça donne une tout autre saveur à l’épreuve. Côté matériel, tout fonctionnait à merveille, aucun problème mécanique, et le vélo marchait vraiment bien !”
Nous terminons donc 7e et 11e de cette épreuve UCI Hors Classe (2ème et 3ème Français) ! Ce résultat nous satisfait tous les deux. La start list était bien fournie ce matin et nous aurions signé tous les deux pour un tel résultat. Place maintenant à la dernière ligne droite de cette saison. Il nous reste deux courses pour faire briller le maillot Origine Vojo Connection avant de clôturer la saison 2024.
Balisage : une amélioration nécessaire
Baliser une compétition de cette envergure n’est pas une tâche facile. Nous avons constaté que plusieurs pilotes ont dû « jardiner » après avoir raté des intersections où le balisage, un peu léger, était difficilement visible. C’est le seul petit point négatif que nous avons pu trouver à cette belle organisation. Voici notre réflexion quant à de potentielles améliorations à apporter.
Les principales lacunes se situent lors des changements de direction à haute vitesse. Après 4 heures d’effort, avec un niveau de fatigue élevé, une simple rubalise peut passer inaperçue. Or, à 40 km/h, les coureurs n’ont que peu de temps pour analyser le décor et bifurquer dans la bonne direction. Lorsque l’on quitte un chemin carrossable, une rubalise placée au sol en travers pourrait facilement prévenir ces erreurs.
Également, à l’approche de l’automne, des flèches vertes sur fond jaune se fondent dans la végétation. Opter pour des couleurs plus vives et contrastées permettrait une meilleure visibilité et éviterait quelques déboires. Dernièrement, nous conseillons à tous les concurrents de télécharger la trace GPS sur leur compteur avec une alerte lorsqu’ils quittent le parcours afin de s’en rendre compte le plus rapidement possible.
En résumé, La Forestière reste un rendez-vous incontournable pour les passionnés de VTT :
Que ce soit pour les randonnées, le gravel ou les courses marathon, chacun y trouve son bonheur. Lorsque la météo s’y mêle, avec un soleil radieux illuminant l’aire d’arrivée, l’événement prend une tournure encore plus conviviale. Après l’effort, rien de tel que de partager un bon repas proposé par l’organisation et de flâner parmi les différents exposants. Mention spéciale au stand de vélos vintage permettant d’admirer des machines iconiques!
Côté résultats, c’est l’Allemand Simon Schneller qui s’impose en 4h40 après s’être débarrassé de son compatriote Martin Frey dans les derniers hectomètres.
Le Français Axel Roudil Cortinat (photo) vient chercher la troisième place après une lutte âpre avec l’Espagnol Roberto Bou et l’Italien Siffredi. Martin Fanger, tombé en début de course, s’adjuge le classement général de l’Alpine Cup.
C’est certain, nous serons de retour l’année prochaine pour profiter d’un tracé d’exception. Espérons que les conditions soient aussi favorables et que le balisage soit perfectionné. En attendant, restez connectés pour suivre les dernières aventures de l’équipe Origine Vojo Connection, alors que la fin de la saison approche à grands pas.
Plus d’infos et classements : https://www.la-forestiere.com/