Enduro World Series 2020 | Zermatt : Melamed et Courdurier émergent du chaos

Par Christophe Bortels -

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Enduro World Series 2020 | Zermatt : Melamed et Courdurier émergent du chaos

On n’y croyait plus ! Après une intersaison quasiment six mois plus longue que prévu, les séries mondiales de VTT reprennent enfin. Et ce sont les Enduro World Series qui ouvraient le bal ce week-end, à Zermatt, en Suisse. Une épreuve exceptionnelle à plus d’un titre, marquée par des conditions climatiques très difficiles qui ont obligé les organisateurs à réduire drastiquement le format de course…

C’est peu dire que cette épreuve n’était vraiment pas comme les autres. Zermatt marquait donc la reprise des circuits mondiaux, mais c’est loin d’être la seule chose qui la distinguait. Crise sanitaire oblige, un protocole strict avait été mis en place par les organisateurs pour éviter tout risque de contamination : distanciation sociale, port du masque dans certaines circonstances et autres mesures désormais habituelles, mais, surtout, absence de public dans les paddocks, en bord de spéciale et lors des cérémonies protocolaires ! Une interdiction radicale mais compréhensible qui sera également d’application lors des prochaines épreuves d’Enduro World Series.

Autre conséquence de cette crise sanitaire, et pas des moindres : l’absence de pas mal de grands noms de la discipline, dans l’impossibilité de voyager ou qui ont fait le choix de ne pas se rendre en Europe, où auront lieu les 5 manches prévues cette saison. Ce sera le cas du triple champion en titre, Sam Hill, comme nous vous l’annoncions il y a une dizaine de jours. Son compatriote Connor Fearon fait également partie des grands absents, tout comme les Américains Richie Rude, Codey Kelley et Shawn Neer (vainqueurs du Trophée des Nations 2019), mais aussi Josh Carslon, Pedro Burns, Keegan Wright et Matt Walker, pour ne citer que les plus connus. Un cas de figure anticipé par les organisateurs des Enduro World Series qui avaient annoncé il y a quelques semaines que cette saison ne ferait l’objet d’aucun classement général. Voilà les pilotes prévenus : oubliez la gestion pour le général, cette année, c’est le résultat en course qui compte, et rien d’autre ! Il est d’ailleurs temps d’aller jeter un oeil aux résultats de cette toute première manche de la saison 2020…

EWS-E

Avant l’entrée en scène des « musculaires » ce week-end, ce sont les e-bikes qui étaient à l’honneur vendredi avec la toute première EWS-E de l’histoire ! Trois épreuves sont au programme cette saison (Zermatt, Pietra Ligure et Olargues), et c’est Yannick Pontal qui a créé la surprise lors de cette manche inaugurale en s’imposant au terme des 6 spéciales. Il n’en a pourtant remporté qu’une seule – la dernière -, mais la régularité a payé puisqu’il a signé trois 2e temps et n’a jamais terminé au-delà de la 6 position.

Yannick Pontal s’impose devant son prestigieux co-équipier chez Lapierre, Nicolas Vouilloz, ici en action dans la Power Stage, une spéciale très courte exclusivement en montée raide et technique, remportée par Jérôme Gilloux sur son Moustache. Nico repart avec deux scratches en poche (SP3 et SP4) tandis que c’est le Portugais Jose Borges, du team Miranda, qui complète le podium Hommes. On retiendra aussi la 9e place de Gusti Wildhaber, la 12e d’Alex Cure, les 20e et 21e de Remy Absalon et Cédric Ravanel ou encore la 26e de Nicolas Lau. Au départ également, Marco Fontana ne termine pas suite à une casse mécanique.

 

Chez les dames, Mélanie Pugin n’a pas fait les choses à moitié : elle rafle 5 des 6 spéciales, et s’impose donc logiquement, avec 1min18 d’avance. Seule la Power Stage lui a échappé…

Comme chez les Hommes, c’est une pilote au sacré palmarès qu’on retrouve à la deuxième place en la personne de Tracey Moseley, plusieurs fois sacrée en DH et en enduro. Désormais (plus ou moins) retraitée des compétitions, elle tenait à être au départ de cette toute première EWS-E et prouve que son bon coup de guidon est toujours bien là. Résultat : un scratch et cinq deuxièmes places qui lui permettent de monter sur la 2e marche du podium. Un podium complété par la Suissesse Nathalie Schneitter, qui avait décroché le premier titre de championne du monde d’e-bike à Mont-Ste-Anne en 2019.

EWS

Tout avait pourtant bien commencé pour cette course de reprise, avec une météo clémente et un terrain particulièrement poussiéreux pour le shakedown du jeudi (une petite mise en jambes sur des traces semblables à celles de la course) puis l’EWS-E vendredi, comme on vient de le voir.

Et puis, patatra, les cieux se sont ouverts pour les entraînements du samedi et la course de ce dimanche ! Pluie, froid, vent, nuages très bas, visibilité réduite et même de la neige en haut des spéciales… Des conditions difficiles qui ont contraint les organisateurs à revoir en dernière minute le déroulement de la course afin notamment de permettre aux secours de pouvoir intervenir efficacement en cas d’incident. Il est donc décidé de reporter les départs en attendant que les éléments se calment un peu, mais aussi d’annuler ou de raccourcir certaines spéciales et au final de n’en garder que deux sur les quatre initialement au programme. On allait donc assister à l’épreuve la plus courte de l’histoire des EWS…

Hommes

Dans ces conditions particulières, sur un terrain âpre et en l’absence de Rude, Hill et autres pointures, on attendait Martin Maes, déjà vainqueur à Zermatt la saison dernière. Mais le jeune Belge concède d’emblée pas moins de 10 secondes dans la SP1, remportée de main de maître par Jesse Melamed, signant le 4e temps derrière Robin Wallner et Elliott Heap. Tous trois sont très loin du redoutable Canadien, mais ils sont dans la même seconde ! Les Français sont eux un peu à la peine à la mi-course : Theo Galy est alors 7e et seul frenchie dans le top 10 et il faut aller jusqu’à la 12e place pour trouver un de ses compatriotes, Dimitri Tordo, tandis que Louis Jeandel pointe à la 14e position, Thomas Lapeyrie à la 18e et Flo Nicolai à la 19e.

Après avoir frappé très fort en SP1, Jesse Melamed aborde donc la 2e et déjà dernière spéciale de la course avec une belle avance de 10 secondes sur Maes, Wallner et Heap, tandis que Jack Moir et Jose Borges sont en embuscade quelques secondes plus loin. Va-t-il pouvoir transformer cette avantage en victoire ?

Aussi à l’aise dans la poussière du shakedown que dans la boue de ce week-end, le Canadien ne signe que le 3e temps de cette SP2 décisive… mais conserve une avance suffisante pour décrocher sa 2e victoire en EWS après Whistler en 2017 ! Martin Maes signe le scratch en étant 6 secondes plus rapide que Melamed, pas assez pour rafler la victoire finale, mais suffisant pour remonter de la 4e à la 2e place. Grâce à sa 2e place en SP2, Theo Galy effectue une remontée plus spectaculaire encore et troque sa 7e place provisoire contre la 3e marche du podium final ! Derrière, on retrouve Jack Moir, qui signe une belle 4e place pour ses débuts en EWS sous les couleurs Canyon, et Jose Borges, 5e.

Robin Wallner et Elliott Heap ont quant à eux perdu leur lutte pour le podium face à Martin Maes et terminent respectivement 6e et 7e. Le top 10 final est complété par Mathew Stuttard, Louis Jeandel – 2e Français ! – et Vid Persak. Alex Rudeau impressionne avec une belle 11e place, tout comme Guillaume Larbeyou, 16e. Au rayon des déceptions françaises, on retiendra la 13e place de Flo Nicolai, la 23e de Damien Oton, la 33e de Thomas Lapeyrie, la 47e de Kevin Miquel ou encore la 89e d’Adrien Dailly, victime de pépins mécaniques comme de nombreux pilotes…

Dames

On notait plusieurs absentes de marque du côté du plateau féminin : Andréane Lanthier-Nadeau, blessée lors du shakedown tout comme Sofia Wiedenroth, et Ines Thoma, qui doit pour l’instant composer avec des soucis de thyroïde. Bien présente, elle, Isabeau Courdurier ne se fait pas prier pour poursuivre sur sa lancée de la saison dernière : tout comme Melamed, elle inflige une dizaine de secondes à ses concurrentes dès la première spéciale !

Morgane Charre est la seule à plus ou moins limiter les dégâts et à ne concéder « que » 10 secondes car, derrière, les écarts sont déjà conséquents : Ella Conolly est à 31 secondes, Mélanie Pugin (qui enchaîne donc EWS-E et EWS !) à 37 secondes et Estelle Charles à 42 secondes. La 2e spéciale ne bousculera pas la hiérarchie et on retrouve à nouveau Isabeau Courdurier et Morgane Charre devant, qui terminent la course dans cet ordre. C’est donc une nouvelle victoire pour Isabeau !

Ella Conolly parvient quant à elle à conserver sa 3e place sur le podium malgré un 6e temps dans la SP2. Anita Gerhrig et Katy Winton complètent le top 5 final, juste devant Bex Baraona. On retiendra aussi le joli top 10 de Morgane Jonnier et d’Estelle Charles, respectivement 7e et 8e !

Masters

Chez les Masters 40+, c’est Nigel page, le team manager de Sam Hill au sein du team CRC-Nukeproof, qui s’impose devant Bruno Zanchi et Daniel Bishop.

Louise Paulin remporte quant à elle une nouvelle fois la course chez les Dames Master 35+ et fait honneur à son statut de championne en titre. Alba Wunderlin et Daniela Michel complètent le podium.

U21

Du côté des U21 enfin, on retrouve une nouvelles fois Antoine Vidal et Brady Stone aux avant-postes. Stone a remporté la SP1 en étant une seconde et demie plus rapide que Vidal, mais le Français claque un gros chrono en SP2 et s’impose finalement avec pas moins de 20 secondes d’avance ! Le Britannique Jamie Edmonson prend la 3e place.

Chez les Dames U21, c’est Harriet Harnden qui l’emporte devant son unique concurrente, Anna Newkirk.

Après cette première manche riche en émotions et en contrastes, rendez-vous en Italie mi-septembre pour deux épreuves coup sur coup : Pietra Ligure puis Finale Ligure une semaine plus tard !

Résultats complets sur www.enduroworldseries.com

ParChristophe Bortels