Echappée d’automne : le Queyras en mode électrique

Par Pierre Pauquay -

  • Nature

Echappée d’automne : le Queyras en mode électrique

Ras le bol du stress des grandes villes, envie de s’échapper l’espace d’un week-end ? Guil-ebike pourrait être la solution… En deux jours, ses moniteurs vous emmènent en e-bike sur les singles parmi les plus beaux des Alpes, dans le Queyras. Vojo a testé pour vous ces traces à VTT à assistance électrique, une découverte pour une pratique non dénuée d’intérêt.

Quoi qu’on en dise, l’e-bike est une évolution majeure de notre sport. Grâce à l’assistance électrique, les rampes les plus raides, les traces les plus engagées seraient accessibles au plus grand monde ! Une réalité quelque peu différente après cette expérience, ô combien enrichissante en haute montagne. Ce vécu, tout à fait personnel et subjectif, rejette également des idées bien reçues. L’e-bike ne doit pas être sous-estimé et connoté de VTT destiné au biker peu sportif : en montagne, il peut être également un sport engagé et pas à la portée de tous.

La montagne humanisée

Jouant à la fois sur ce côté du midi, riant et lumineux, et sur la grandeur d’un massif d’altitude, le Queyras possède cette ambiance que l’on rencontre rarement ailleurs dans les Alpes. Et quel plaisir que de le retrouver en hors saison, cette fois en mode électrique ! Grâce à Guil-ebike, je me suis empressé de découvrir cette nouvelle façon d’aborder la montagne de lumière.

 

Fin septembre, la terre exalte ses dernières odeurs de l’été. En dépit de son altitude élevée, la montagne du Queyras a le charme de la montagne pastorale et de son accessibilité. Contrairement aux Ecrins ou au Mercantour, l’absence de pentes de caillasse, intermédiaire entre l’alpage et la barrière rocheuse, permet de rejoindre en VTT de hautes altitudes.

Cette région a cette particularité de posséder des vallées ouvertes que l’on peut rejoindre en passant par des cols accessibles : ils ont d’ailleurs été de tous temps des lieux de passage. Depuis des siècles, les sentiers et les chemins naturels sillonnent une montagne à la fois humanisée et sauvage. Sur ces voies d’accès, l’empreinte de l’homme se lit à travers les alpages où paissent les brebis, et la nature se découvre sur des sentiers sillonnant des vallées et des crêtes sauvages. Bref, l’eldorado du VTT.

Le val d’Azur

Le matin, je retrouve à Arvieux Damien, l’un des fondateurs de Guil-ebike et Sébastien, un biker venu comme moi découvrir le Queyras en VTT électrique. De la camionnette, il sort mon destrier du jour, un Cube Stereo. Premières impression, le VTT est body-buildé, le moteur faisant office de produit sur-vitaminé. Il me paraît gros, voire pataud. Mais illusion d’optique et de préjugé. Dès que je l’enfourche, le baudet devient félin. Damien m’emmène sur les sentiers surplombant le village afin de me familiariser avec la machine. La vallée d’Arvieux est l’une de ses six vallées du Queyras.

Plus large, contrairement à celle du Guil, elle a permis aux hommes de s’établir et d’y vivre. A ce titre, je roule sur un ancien canal d’irrigation qui permettait aux paysans de porter l’eau d’altitude vers les champs de culture, au-delà de la vallée, vers les champs de céréales de Souliers. Alors que je craignais toucher le carter du moteur sur cette sente étroite et profonde, le Cube passe sans encombre.

Mode panique…

En mode « e-VTT », son moteur Bosch développe une puissance contenue. Damien me lance : « l’e-VTT a bien évolué en deux ans. La géométrie s’est adaptée, les vélos sont devenus plus maniables et la transmission offre de nouvelles possibilités… La montagne est à nous ! » Et c’est une réalité puisque j’emmène le gros pignon de 50 dents sur des pentes bien raides. Je grimpe comme jamais mais montre mes limites, déjà, dans les singles et les épingles les plus serrées.

L’enchaînement en côte des virages requiert d’autres automatismes, comparé à un VTT « musculaire ». Je les aborde en mode panique, forçant sur les genoux et me crispe. Je subis plus que je ne maîtrise la force de traction du Cube. Les 30 ans de VTT classique ne m’apportent pas grand chose. Une expérience de motard en trial ou en cross m’aurait sans douté été plus utile. A défaut de monter léger comme un chamois, j’abuse du moteur et rejoins très rapidement la Crête de l’Echelle qui offre une vue sur le val d’Azur. Dès le mois de septembre, Arvieux retrouve son calme : les mélèzes d’or et les pins d’émeraude inondent la vallée endormie. Ces couleurs magnifient la montagne du Queyras : sans doute l’une des plus belles saisons pour apprécier toute la beauté du massif…

Au ravin de Fourane, nous rejoignons le sentier menant vers le col de Furfande. L’habitude aidant, je négocie mieux le single coupant les virages de la large piste. Le dénivelé est avalé sans perler de sueur : le Cube est une machine sublime. Je souris d’avoir monté si vite, mais je ne peux le comparer à aucun autre VTT. Je roule dans un autre registre, voire un autre sport.

Les granges de Furfande

A Furfande, les alpages sont vidés des brebis et des vaches qui rythmaient l’estive. Les bêtes sont redescendues et se calfeutrent déjà comme les hommes qui attendent un hiver en devenir. Nous roulons seuls vers les granges de Furfande. La montagne est pictée d’une myriade de chalets de pierre et de bois qui s’égrènent au gré des douces ondulations de l’alpage. Avec en toile de fond, les parois calcaire des pics du Béal Traversier et des Chalanches, le paysage est l’un des plus beaux du Queyras.

Près des granges aux volets maintenant clos, le refuge de Furfande est la seule bâtisse encore habitée. Le propriétaire nous ouvre ses portes pour la dernière fois de la saison. Du premier jour d’ouverture à ce dernier, l’accueil est le même, vrai et authentique.

VTT passe-partout

A l’approche du col de la Lauze, le chemin se substitue à un single-track qui passe au-dessus d’un éperon rocheux. Le GR 58 sera notre trace du jour. Il est l’héritage, le patrimoine d’une vie de labeur de paysannerie. Au XIVe siècle, les archives locales font état de corvées que les communes devaient se soumettre en entretenant les nombreux ponts en bois, en comblant les pans des sentiers muletiers parfois emportés par les crues du printemps. Ils n’ont guère changé depuis et offrent un cheminement difficile.

Du sommet de la Lauze se présentent les premières descentes techniques. Je craignais les aborder avec le Cube : il va développer toutes ses qualités. Le poids du vélo, orienté vers le bas du pédalier, son long empattement et le bon travail de ses suspensions en font une machine sécurisante. Passant les marches de marbre rose, je m’étonne à dévaler les pentes du col de la Lauze, un col qu’empruntait dans l’autre sens le Raid Vauban au printemps 2019. Les nombreuses marches et pierriers imposaient un long portage et ne préfiguraient en rien une descente possible en e-bike. La trace est étroite, les épingles sont abordées avec parcimonie pour éviter tout blocage de la roue qui pourrait occasionner des entailles profondes dans le sentier. Au vu de son poids, il faut rouler propre en e-bike. Si les sentiers et les chemins se balafrent d’ornières, le VTT pourrait connaître des interdictions en montagne. Il serait dommage d’en arriver là. Alors, je roule propre et ne coupe pas les virages…

Le versant est exposé plein sud : la sécheresse a eu raison des dernières gentianes et des renoncules. Nous passons le ravin de la Grande Combe et continuons à dévaler vers les Escoyères. Ici, quelques habitants ont décidé de rester et de vivre une existence de simplicité. Les quelques maisons en pierre et bois se fondent dans le décor : le Queyras regorge d’une multitude de hameaux de ce type, situés loin de l’effervescence de notre monde. Une montagne qui était autrefois bien plus peuplée qu’aujourd’hui. Les hameaux de Bramousse, des Escoyères et de Montbardon formaient un îlot de vie dédié au pastoralisme…

Le sentier suit les flancs de la montagne et traverse par endroit quelques ravins. Mais les grosses sections des pneus absorbent les chocs et assurent stabilité et confort. Très rapidement, nous atteignons les chalets du Queyron qui sont construits à même un nid d’aigle dominant les gorges du vertige du Guil.

Au Pré Meyer, nous entrons dans le secteur où un couple de loup a été aperçu il y a quelques jours. Nous nous mettons à rêver à entendre leurs hurlements du côté du Clot de la Chalp. Via le Bois des Vaches, le sentier court à travers la forêt emblématique de cembraie-mélezin qui peut atteindre une altitude record de 2500 m. Dans le Queyras, le mélèze est l’ami de l’homme. Lors des longs hivers, les Queyrassins développent depuis des siècles tout un artisanat du bois et fabriquent des meubles richement sculptés.

Sentiers de lumière

Quittant la vallée d’Arvieux, Damien nous emmène sur l’autre versant, du côté de Château-Queyras. Pour rejoindre les crêtes du col Fromage, nous roulons en mode « turbo » sur la large piste carrossable du sommet Buchet. La puissance du moteur Bosch est déconcertante, les relances n’ont plus de limites. En une petite dizaine de minutes, plus de 500 m de dénivelé sont avalés. Peu après une trace des plus techniques… en côte, nous rejoignons celle près du col Fromage.

A la Pointe de la Selle, le paysage est magnifique et lunaire. Le Ravin de Ruinée Blanche s’apparente à la traversée de cratères. Sur le GR, le Cube dévale, vite, le long du torrent de Bramousse. En fin de journée, la fatigue est bien présente, une fatigue musculaire, certes, mais également psychique : l’e-bike m’a donné du fil à retordre.

Difficile à manier dans les côtes, peu habitué à balancer son poids dans les courbes, peu doué à bien gérer l’effet moteur, le Cube m’a usé les articulations, mais jamais la montagne du Queyras ne me fut à ce point accessible.

L’e-bike m’a porté haut pour rejoindre plusieurs cols en une journée et découvrir sans doute les plus belles traces du Queyras. Il fut mon moyen d’évasion pour rejoindre les cols Fromage, de la Lauze, les granges de Furfande ou les fustes de Saint-Véran. Si l’e-bike est une fabuleuse machine à s’enfoncer dans le Queyras, elle doit être apprivoisée : l’encadrement de Guil-ebike permet de mieux connaître et de maîtriser la pratique du VTT à assistance électrique en haute montagne.

Carnet pratique

  • Cette découverte du Queyras en VTT à assistance électrique s’est largement inspirée de l’itinéraire que propose Guil-ebike, « le Queyras express » : deux jours de folie en enduro et en trail. Le TGV peut vous emmener vers le Queyras, via Valence et puis la ligne TER vers Briançon. Vous débarquez à la gare de Mont-Dauphin où vous attendent les guides professionnels de Guil-ebike. A vous alors les traces magnifiques de la montagne queyrassine. L’itinéraire passe par les plus beaux lieux de la montagne de lumière. Leur site internet vous permet de choisir vos dates, votre type de circuits.
  • Cet encadrement très pro est complété d’une intendance à l’unisson. Guil-ebike propose un changement de batterie de 500wh au lieu de pique-nique et un VTT mulet de remplacement sera toujours à disposition en cas de casse de matériel. Le soir, le logement s’effectue à la Baïta du Loup, une adresse des plus chaleureuses.
  • www.guil-ebike.com

ParPierre Pauquay