Dossier | CMT, Leon, Pilot : le titane en trois saveurs - Leon Semita : le retour du softail

Par Olivier Béart -

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Dossier | CMT, Leon, Pilot : le titane en trois saveurs - Leon Semita : le retour du softail

Leon Semita : le retour du softail

Les lignes du vélo le laissent deviner, il y a du débattement à l’arrière, mais ce n’est pas vraiment un full suspendu : le Semita est un softail ! Ce type de vélo, à mi-chemin entre le rigide et le full, a connu un certain succès dans les années 90 et 2000, à une époque où les fulls de XC ne parvenaient pas encore tous à être à la fois légers, fiables et performants. Grâce au titane et à ses propriétés élastiques, on peut se passer de point de pivot à l’arrière du vélo et le doter, au choix, d’un petit amortisseur ou d’un système maison à ressort ou élastomère pour avoir un peu de débattement et donc de confort.

Parmi ces softails, un modèle bien précis a toujours fait rêver David Robert : le Funk La Ruta. Mais ce modèle produit par une petite marque américaine n’a jamais vraiment franchi l’Atlantique et sa diffusion est restée confidentielle. Il a donc choisi d’en créer sa propre version en roues de 29″. Et ce qui devait au départ être un projet personnel est aujourd’hui devenu un modèle à part entière du catalogue Leon.

Mis au point et France et produit en Asie (chez HTTC, un spécialiste du genre) sur base de tubes provenant de chez Timet, le Leon Semita offre un débattement respectable de 75mm à l’arrière, avec une plaque en titane 6/4 qui joue le rôle de point de pivot juste derrière le boîtier de pédalier. De petites pièces aplaties prennent aussi place au niveau des haubans pour contrôler la déformation à ce niveau, alors que l’amortisseur est monté dans le prolongement direct des haubans et voit son extrémité « pincée » avec deux vis dans un logement spécialement prévu pour lui. Une biellette entre le tube de selle et les haubans avait un moment été prévue pour rigidifier le tout mais elle s’est avérée inutile après les premiers tests. L’axe arrière en Boost aide bien à améliorer la rigidité sur ce genre de châssis.

Géométrie

Chez Leon, la géométrie sur-mesure fait partie du concept et est comprise dans le prix de base. Cela ne veut pas dire que la marque fait tout et n’importe quoi, et David Robert met le dialogue avec le client au centre du développement de chaque vélo afin qu’il corresponde à ses besoins. Il y a quelques points aussi sur lesquels il insiste, comme la longueur des bases qui est fixe (435mm) et la potence de 90mm qui est prise comme référence de base.

Sur le Semita, l’angle de tube de selle est de 75° et l’angle de direction de 68,5°… du moins en principe, puisque pour son vélo personnel (qui est celui que vous avez sous les yeux et que nous avons essayé), David a opté pour un angle de 67° et une douille de direction hyper basse, ainsi qu’un reach de 422mm. Bref, on le voit, on a ici aussi affaire à une marque qui promeut des géométries engagées et c’est tant mieux !

Equipement et tarifs

Ici aussi, tout est sur-mesure ! Le cadre seul coûte 1700€, géométrie custom incluse. Un tarif très raisonnable, voire même carrément canon pour le type de vélo proposé et la présence d’un amortisseur Fox Factory Evol. Sur cette base, Leon peut proposer un vélo complet monté avec des pièces issues des marques avec lesquelles elle travaille en partenariat : WTB sur les pneus et selles, USE ou Enve sur les accessoires, RAR ou Duke pour les roues, Sram ou Shimano pour la transmission, Magura pour les freins,…

Le client peut aussi venir avec ses propres pièces et des demandes spécifiques, rien ne fait peur dans cette maison ! A titre d’exemple, le montage que vous avez sous les yeux fait grimper le tarif à 7500€ + 750€ de peinture custom pour l’avant du cadre et la fourche. Mais il est déjà possible d’avoir un Leon Semita à 4500€ en Sram GX Eagle, périphériques USE, roues Duke Lucky Star, fourche Formula et freins MT4.

Leon Semita : le test terrain

Comme sur le CMT testé juste avant, la géométrie demande un petit temps d’adaptation. Surtout sur ce vélo « du patron » où la douille très basse ainsi que l’angle de direction de 67° rendent les premières évolutions à basse vitesse pas très naturelles. Le réglage de l’amortisseur demande aussi un peu de temps car on roule avec des pressions inhabituellement basses sur ce type de vélo : environ 50psi pour un pilote de 70kg ! Le réglage du rebond demande également de faire pas mal d’essais et d’erreurs afin de trouver le bon équilibre pour laisser l’hydraulique freiner les velléités du titane à revenir en place sans pour autant empêcher l’amortisseur de revenir en place sur des chocs successifs.

Mais, après une petite sortie passée à peaufiner les réglages et à apprivoiser la géométrie, on commence à voir le potentiel de l’engin. Et il est énorme. Bon, très clairement, même si on aime les géométries engagées, on trouve qu’ici ça va un peu trop loin et les valeurs « standard » de 68,5° d’angle pour 105/110mm de hauteur de douille nous semblent plus pertinentes car elles vont éviter de charger autant l’avant que sur ce modèle un peu particulier à la direction lourde à basse vitesse. Mais déjà comme cela, dès qu’on accélère un peu et qu’on a appris à brusquer le vélo dans les enchaînements serrés sans trop de pente, on s’attache vite à la bestiole.

En descente, la stabilité est démoniaque et les vitesses atteintes sont rares avec ce genre de vélo. On lui découvre une grande vivacité, mais dans la douceur, sans aucune réaction traître. On pilote sur le flow, mais vite. Très vite ! Les pneus fort étroits en 2.1 manquent parfois de capacité de déformation sur les obstacles (mais le dessin se montre bien polyvalent et il a plutôt bien vieilli – puisque les anciens se souviendront qu’il s’agit là d’un des premiers pneus 29″ du marché) et les roues RAR Exalt très rigides et en jante de 21mm n’aident pas. Mais le cadre lui-même et la fourche Fox F32 ont une rigidité très bien dosée qui vient parfaitement rattraper le coup.

A l’accélération, le Leon Semita est bluffant. Ce n’est pas comme un hardtail, c’est différent… voire même mieux ! Bien sûr, il est bien aidé par ses roues RAR hyper légères et très bien montées, mais la suspension donne pas l’impression de manger la moindre énergie. Que du contraire : elle donne du grip en toutes circonstances et elle donne l’impression d’envoyer un petit coup de pouce au pilote après chaque coup de pédale. Il y a bien un léger pompage, mais il est parfaitement en phase avec le pédalage et nous n’avons que très rarement senti le besoin de durcir la compression de l’amortisseur ou de le bloquer. Le cadre lui-même ne souffre d’aucun souci de rigidité latérale et n’a rien d’une saucisse… ce qui aide bien aussi !

La suspension apporte un confort absolument royal sur les petits chocs et les longues portions roulantes mais cassantes à cause d’un sol rempli de petits cailloux, racines ou autres joyeusetés. C’est quand les impacts se font un peu plus gros qu’on sent que ce n’est pas un vrai full et qu’il est un peu plus « sautillant », sans que cela soit vraiment dérangeant. Cela fait partie du concept et finalement ce n’est pas plus mal que ce ne soit pas un vrai full-suspendu classique. En descente, sa capacité d’absorption est réelle, et il n’y a que sur les successions de gros chocs qu’on sent qu’on a que 75mm. Par contre, les réceptions de saut sont parfaitement gérées et on ne va pas taper au fond, pas plus qu’on ne se fait éjecter par un retour mal géré.

Verdict

Vélo de marathon et de XC engagé par excellence, le Leon Semita prend place dans une niche où il est pratiquement seul sur le marché européen. Capable de séduire des amateurs de fulls en carbone haut de gamme lassés par l’entretien nécessaire par ce genre de machine pointue quand on roule beaucoup (changement de roulements,…), il séduira aussi les irréductibles du semi-rigide qui, tout bien réfléchi, se disent qu’un peu plus de confort les aidera à avancer plus vite. Si la géométrie de cet exemplaire précis ne nous a pas comblés en toutes circonstances, celle de la version plus classique devrait le faire, comme nous avons déjà eu l’occasion de nous en apercevoir lors de notre prise en main du Torrentibus, le semi-rigide de la marque. Quoi qu’il en soit, nous avons eu un coup de coeur pour ce vélo atypique au châssis très réussi et dont le prix particulièrement bien placé achève de nous convaincre.

Plus d’infos : https://cycles-leon.com

ParOlivier Béart

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