DH World Cup #1 | Croatie : les premiers entraînements

Par Bérengère Boës -

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DH World Cup #1 | Croatie : les premiers entraînements

Il aurait fallu compter le nombre de chutes, de crevaisons et de casses de roues que l’on a vu aujourd’hui sur le bord de la piste ! Vous l’aurez compris, il y a eu pas mal de dégâts à Lošinj, en Croatie, pour la première manche de Coupe du Monde de DH ! Pour ceux qui s’en sont sortis indemnes, la journée a été riche en apprentissages. On vous explique pourquoi ! 

Comme on peut le voir, il n’y a pas eu de souci pour Marine Caribou, Myriam Nicole ou encore Cécile Ravanel, venue se faire plaisir sur ce qu’elle appelle son « gros vélo » comparé à son vélo d’Enduro. On a même été impressionné par Vali Höll, toute juste rentrée dans la catégorie des juniors et dont on entend les louanges depuis plusieurs année… Elle a passé les premiers gros sauts de la piste sans aucun problème donc nous confirmons que la jeune autrichienne a du talent !

Après ses premiers runs, la numéro 1 mondiale des Enduro World Series, Cécile Ravanel, commente : « Même si la piste est un peu plus propre maintenant, c est quand même le carnage lorsqu’on veut rouler plus vite. Il faudrait parfois ralentir mais en même temps tu n’as pas envie de freiner quand tu pars pour un chrono ! Cette piste est presque plus dure que la spéciale de 12 kilomètres de l’EWS au Chili car ici, les bras n’ont aucun moment de repos ! ».

Pour Manu Hubert, le sélectionneur national de la FFC, cette piste pose d’ailleurs une problématique : « Il faut de la vitesse pour tout bien passer, sauf que pour en avoir sur ce tracé, il faut d’abord le comprendre. Si l’on va trop vite sur les premiers enchaînements, on peut avoir des contre-temps violents. Le plus important est de savoir faire quelques runs à basse vitesse et lâcher progressivement ». 

Pour info, la liste des blessés du jour est plutôt impressionnante : Loïc Bruni a chuté et s’est blessé dès les premiers mètres, Rudy Cabirou s’est fracturé le scaphoïde, Mick Hannah a certainement une commotion cérébrale en plus d’un os cassé sur le petit doigt de la main, Matt Walker (UK) est également reparti avec le bras en écharpe… et on vous épargne toutes les autres blessures plus ‘légères’ de nombreux autres pilotes. Bref, les pierres et les rochers croates ont malheureusement remporté de nombreuses batailles aujourd’hui.

Manu Hubert complète : « C’est clair qu’ici ce n’est pas une piste comme on peut voir ailleurs, comm par exemple à Leogang, où c’est lisse comme des culs (sic !). En moyenne sur une Coupe du Monde, les pilote roulent à 40km/h. Là, on va être plus bas et, du coup, il y a une certaine frustration chez les pilotes. Après, j’avoue qu’il aurait pu y avoir un peu plus de préparation de piste pour qu’il y ait moins des roches super pointues et que les vélos soient moins bloqués. Ce sont des bricoles mais c’est évident, à la vitesse où ça roule, ça risque de casser. Après ce qui est bien c’est que ça offre autre chose que ce qu’on a l’habitude de voir et c’est ça qui fait la richesses de la descente ! » 

Quand on lui a demandé qui l’a déjà impressionné, Loris Vergier a fait partie de ses réponses. Par chance, nous l’avons croisé en fin de journée et voici ce qu’il nous a déclaré : « Je pense qu’on était tous excités ce matin. On avait tous de la testostérone à bloc pour montrer ce qu’on sait faire, du coup on est beaucoup à s’être lancés à bloc, et plusieurs d’entre nous se sont fait mal. Alors là pas le choix, il faut se calmer parce qu’entre les cailloux qui roulent, les drops un peu chauds, tout ça commençait à aller un peu vite ! Il faut un peu gérer au mental. Niveau matos ce n’est pas non plus évident car pour avoir du grip il faut que les pneus soient relativement mous mais il y a des sauts avec des réceptions bien à plat donc c’est un vrai bordel ! Je n’ai pas crevé mais ce n’est pas pour autant que je me sens épargné car même le plus petit rocher peut être fatal ! En fait, quand tu ne sais pas où tu mets les roues, il y a une chance sur deux pour que tu crèves ! ».

D’ailleurs son système anti-crevaison a attiré notre curiosité. Il s’agit du Willy System breveté et mis en place par William Genovese en photo ci-dessus. Pour l’expliquer en quelques mots, cet anti-crevaison comporte une excroissance qui se cale dans le fond de jante pour un maintien parfait (la partie verte). Cette mousse est aussi équipée d’une valve à insérer à l’endroit prévu de la jante. Ensuite vous montez votre pneu comme d’habitude sur votre roue, vous le gonflez tel un tubeless jusqu’à ce qu’il claque et c’est seulement ensuite que vous resserrez la valve reliée aux fils rouge qui permettent à la mousse de se resserrer. Ingénieux non ?

Sinon comme à l’accoutumée, en fin de journée plusieurs riders se sont lancés dans un Timed Training. A ce jeu, Brook Macdonald, tout juste rentré dans son nouveau team MS Mondraker, signe le meilleur temps. Il est suivi de Samuel Blenkinsop très impressionnant aujourd’hui et de Loris Vergier. Dans les top pilotes, indépendamment du chrono, nous avons également été impressionnés par les passages de Greg Minnaar, Troy Brosnan et Danny Hart pour ne citer qu’eux.

Florent Payet obtient le 11ème temps malgré des sensations mitigées : « Les chronos sont pas mauvais mais le feeling est bizarre sur la piste. C’est difficile de trouver des lignes ‘flow’ qui ne tapent pas trop. Demain pour la qualification, on n’a pas trop le droit à l’erreur ! En plus le terrain est dur et avec moi qui suis tout fin, si je le percute, je pense que je casse tout (rires) ». 

Dernière interview de la journée avec Amaury Pierron, qui roule toujours sur Commencal, mais désormais sous les couleurs « usine » de Commencal Vallnord : « Hier je n’étais pas très enjoué par la piste mais après un jour d’entraînement, ça va mieux car c’est moins saccadé que ce que je pensais. J’ai enchainé six runs aujourd’hui, c’est impressionnant de voir à quel point le terrain a déjà évolué. Il y a des pierres qui ont roulé et des mûrs qui se sont écroulés. Si, si ! C’est tellement exigent ici qu’il est difficile de passer propre et en même temps, c’est ce qu’il faut pour ne pas avoir de crevaisons ! Pour ma part, je n’en ai pas eu et je suis en vie donc c’est signe que je ne suis pas tombé (rires) ! Allez je te laisse, je crois que j’ai mérité ma baignade ! ».

C’est ainsi qu’on achève la journée ! Les pilotes sont déjà bien fatigués si ce n’est pas esquintés, mais le cadre méditerranéen de Lošinj permet à tout à chacun de se changer les idées. Demain c’est jour des qualifications et cela s’annonce très rock (‘n’ Roll) !

ParBérengère Boës