Découverte | Six heures d’enduro sur l’Île d’Elbe

Par Christophe Bortels -

  • Nature

Découverte | Six heures d’enduro sur l’Île d’Elbe

Il n’était pas prévu qu’on y roule, encore moins qu’on en ramène un reportage. Mais voilà, on s’est un peu par hasard retrouvé pour quelques heures sur l’Île d’Elbe, célèbre pour avoir accueilli Napoléon Bonaparte durant 10 mois. Une expérience très courte mais intense que l’on a finalement décidé de partager avec vous.

C’est en préparant quelques jours de ride du côté de Punta Ala et Massa Marittima, en Toscane (Italie), qu’on a remarqué cette île pas très loin de la côte en « dézoomant » sur Google Maps. Ah, c’est donc là l’Île d’Elbe ! Tiens, si ça se trouve, il y a des traces VTT là-bas… Petit tour sur le site de Trailforks (dont l’app est indispensable pour qui aime vadrouiller et ne pas se perdre) et… en effet, il y a des spéciales d’enduro un peu partout sur l’île, notamment sous le nom d’Elba Gravity Park dans le nord-est, partie la plus proche de l’Italie ! Reste à voir comment aller jusque là avec les vélos. Il y a bien une liaison maritime Piombino – Cavo (village qui semble idéal comme point d’arrivée sur l’île car une longue liaison y démarre et une spéciale y arrive), mais elle est assurée par un hydroglisseur qui n’accepte pas les véhicules et transporte uniquement des piétons. Tant pis, on verra bien si on peut caser les vélos quelques part…

Dimanche 3 mars, peu après 8h du matin : c’est bon, on a nos billets ! Ok, ce n’est pas donné (80€ aller/retour pour deux avec les vélos), mais au moins on a à présent la certitude qu’on va pouvoir rouler sur l’Île d’Elbe. Pour l’instant, tout se goupille comme il faut, mais on ne s’emballe pas, si ça se trouve les traces ne seront pas vraiment intéressantes… On verra bien. Il faudra en tout cas surveiller l’heure puisque notre temps sur place sera compté : le premier ferry, sur lequel on s’apprête à embarquer, démarre à 8h40, tandis que le dernier pour faire le trajet retour est à 15h20… On ne passera donc pas plus de 6 heures sur place !

La traversée en hydroglisseur est très rapide – à peine un quart d’heure est nécessaire pour couvrir la dizaine de kilomètres qui séparent l’île du continent – et les côtes de l’Île d’Elbe approchent à grande vitesse. On voyage léger mais, ne sachant pas si on croisera de quoi se ravitailler, les poches sont bien remplies de barres énergétiques et on n’a pas oublié de quoi réparer en cas de pépin. Le smartphone, lui, servira d’appareil photo pour immortaliser ce mini-trip.

A peine débarqués à Cavo, on attaque la longue liaison d’une bonne dizaine de kilomètres qui va nous amener sur le sommet de cette partie de l’île. La pente est douce, tout comme la météo (une quinzaine de degrés), et on déroule tranquillement, le tout dans un calme assez exceptionnel et une nature splendide. Trailforks nous a permis de repérer un petit itinéraire qui, si tout va bien, comptera quatre spéciales s’enchaînant assez naturellement, dont la dernière nous ramènera directement à Cavo.

Alors qu’il ne nous reste plus que deux kilomètres de liaison apparaît la ville de Rio nell’Elba. On ne doit pas y passer, mais un petit détour s’impose pour visiter ses jolies petites ruelles et remplir les bidons. C’est d’ailleurs la seule fois qu’on croisera un point d’eau sur notre route.

Après cette première liaison, le plan était de commencer par une petite bleue, la Strega, pour se mettre en jambes. Au final, on a surtout poussé et par moments porté le vélo, une première fois dans de la grosse caillasse où les chaussures VTT avaient bien du mal à trouver du grip, ensuite dans des conditions un peu moins pénibles…

Mais entre ces deux montées, la récompense : une vue exceptionnelle à 360° sur toute l’île depuis les 420m du Monte Strega ! Et enfin la possibilité de rouler un peu sur le vélo…

Après la Strega, qui ne nous aura pas franchement laissé un souvenir impérissable, on attaque une trace noire répondant au doux nom de « Scalette » (les escaliers). Vu sa couleur, on s’attendait à plonger droit dans la pente vers la mer, mais la spéciale a la bonne idée de suivre les courbes de niveau sur ses 2 kilomètres. Vitesse, petits kicks naturels, jolis passages de roche et marches… Wouhou, ça c’est de l’enduro ! Vu l’orientation au nord, il faut toutefois se méfier de certains passages sur des pierres humides…

…et de certains passages de pierres tout court sur la fin, bien plus technique que le début ! Un bel OTB viendra d’ailleurs calmer nos ardeurs. Plus de peur que de mal au final, ce n’est ni l’endroit ni le moment de se blesser…

Une petite route sinueuse bien lisse et par moments ombragée nous permet de remonter doucement de Nisporto jusqu’au pied de la côte de la Strega par où on est déjà passés un peu plus tôt. Il est alors 12h30, le timing semble bon pour l’instant. De ce petit col, deux longues spéciales bleues vont nous permettre de retourner vers Cavo pour reprendre le bateau.

La première, Vignola, longue de 2.5km, cache bien son jeu. Tout d’abord rapide et ultra-fun sur une terre sombre au grip parfait…

… elle se transforme dans sa seconde partie en pierrier permanent, intéressant par endroits mais franchement technique à d’autres !

Un peu plus loin, dans une courte liaison sur route entre les deux ultimes traces de la journée, on fait connaissance avec la faune locale particulièrement affectueuse. Cette petite chèvre noire très craquante à frôlé l’adoption par un couple de Belges…

Notre dernière spéciale sur l’île est un gros morceau : près de 8km pour plus de 330m de dénivelé positif. Appelée « Cavo », son seul intérêt est d’offrir une vue imprenable sur la ville du même nom ainsi que sur les côtes italiennes (en haut à gauche) et sur l’Isola Palmaiola (en haut à droite). Pour le reste, à part une première partie amusante mêlant vitesse et technique, on n’en retiendra pas grand chose, et on préfère ne plus penser à ses côtes bien casse-pattes. Mais au moins elle nous aura évité de revenir par la route à notre point de départ.

Finalement de retour à Cavo avec une heure d’avance sur le dernier bateau, on a le temps de se poser sur la plage pour une petite photo carte postale et de découvrir, dans une pâtisserie, l’étonnante Schiaccia Briaca, un gâteau aux fruits secs et au… vin rouge local !

15h20 : l’hydroglisseur est pile à l’heure. On repart de l’Île d’Elbe avec 36km et 1144m de D+ dans les jambes, mais surtout avec des images plein la tête ! Certes, les traces qu’on a découvertes ne sont pas les plus faciles et flow du monde, et il faut aimer les pierres et la caillasse, mais le dépaysement est total et on n’est pas près d’oublier ces quelques heures un peu hors du temps… Et puis, on sent bien qu’on n’a fait qu’effleurer le potentiel de cette charmante petite île d’à peine une trentaine de kilomètres de long, coincée entre le continent et la Corse, qui accueillera d’ailleurs en avril prochain pour la première fois une manche des Toscano Enduro Series. Bref, il faudra y retourner !

ParChristophe Bortels