Découverte | Livigno, la variété à l’italienne

Par Christophe Bortels -

  • Nature

Découverte | Livigno, la variété à l’italienne

Début juillet, nous avons pris la direction de l’extrême nord de l’Italie pour poser nos roues dans la station de Livigno, célèbre pour avoir hébergé les championnats du monde de VTT en 2005. Nous avons découvert une ville très agréable à vivre et des traces VTT aussi variées que soignées. Allez, suivez-nous, on vous emmène goûter à la dolce vita au coeur des montagnes italiennes !

Après un long confinement et la fermeture des frontières, nous avions hâte de retrouver l’Italie et ses délices, qu’ils soient culinaires ou vététistiques. Seul problème : en juillet, nos points de chute habituels que sont Finale Ligure ou la Toscane sont accablés par la chaleur… Des destinations qu’on réserve d’ailleurs au printemps ou à l’automne, voire même à l’hiver. Et puis, on a repensé à Livigno, qui figurait depuis un moment sur notre « bucket list » mais que nous n’étions jamais arrivés à caser dans notre agenda. On devrait y trouver un peu de fraîcheur car, oui, si les apparences peuvent être trompeuses avec cette large vallée herbeuse dans laquelle est posée Livigno, on est bien à 1800 mètres d’altitude. Et même au coeur de l’été, les températures n’y dépassent jamais les 25°… Parfait pour le vélo donc !

D’autres particularités de Livigno, et pas des moindres, font aussi le charme de cette ville, la plus au nord de toute l’Italie : outre son centre-ville en grande partie piéton, elle constitue une zone franche et est donc exemptée de certaines taxes comme la TVA. Un statut rare en Europe que l’on doit à sa géographie particulière. Située dans une région quasiment enclavée par la Suisse, elle n’est en effet reliée à l’Italie que par un seul col, celui de Foscagno, qui jusqu’en 1952 était fermé tout l’hiver, isolant Livigno du reste du pays chaque année pendant de longs mois. Voilà pourquoi, dès le 16e siècle, la ville a pu bénéficier d’avantages uniques, qui ont évolué au fil du temps et résisté jusqu’à nos jours malgré l’ouverture désormais permanente du Col de Foscagno. Livigno est donc une grande boutique duty free où acheter du parfum, de l’électronique, de l’alcool, du tabac et faire le plein de carburant est souvent très avantageux.

Mottolino

Puisqu’on n’est plus à une particularité près, en voici encore une : ce n’est pas un mais bien deux bikeparks que l’on retrouve à Livigno, de part et d’autre de la vallée. L’historique et le plus connu, c’est celui de Mottolino, desservi par la télécabine du même nom et qui permet d’avaler 566 mètres de dénivelé positif.

On y retrouve une quinzaine de traces, majoritairement des rouges et des noires, mais aussi deux bleues particulièrement longues, situées tout à gauche et tout à droite du secteur. La plus facile des deux, c’est la Take it Easy (4,4km), qui permet de découvrir le double visage du bikepark de Mottolino : une partie supérieure dégagée où le flow est roi, sur des traces essentiellement artificielles, et une partie inférieure dans les sous-bois, plus naturelle mais aussi plus technique.

Même topo pour l’autre bleue, Enduro Natural Trail (5,6km), qui part du côté opposé, en suivant la courbe de niveau dans un premier temps. Plate et obligeant à pomper pour garder du rythme, ce n’est pas la partie la plus amusante, mais on en prend plein les yeux avec une vue imprenable sur Livigno.

Dès qu’on approche des bois et qu’on y entre, la trace prend un autre visage et nous offre du flow comme on en a rarement connu. Portions rapides, appuis, virages serrés ou plus larges, kicks naturels, etc : on n’est vraiment pas loin de la perfection. Si vous n’avez pas la banane pendant de longues minutes, on ne peut vraiment rien faire pour vous !

Pas encore remis de nos émotions, on retombe sur une charmante trace rouge pour redescendre dans la vallée et revenir aux remontées mécaniques.

Les pistes rouges justement, sont également de véritables usines à fun et une incitation permanente au décollage, avec des roches, racines et jumps à volonté. Un régal ! On aurait d’ailleurs bien du mal à vous donner nos coups de coeur tant elles valent toutes le détour, chacune avec son charme et ses spécificités.

Les pistes noires, quant à elles, sont la plupart du temps des dérivations aux rouges, qui prennent plus droit dans la pente et sont généreuses en racines. On y retrouve aussi quelques options aériennes comme celle-ci, particulièrement impressionnante.

Toute grosse pente, racines, roches et marches, le tout agrémenté d’un virage serré dans le fond : difficile de rendre compte de la difficulté en image, mais croyez-nous, ce passage est l’un des plus costauds du bikepark et nous a obligés à descendre de vélo pour passer à pied (ce qui n’était pas simple non plus)…

Mais la plus emblématique des noires, c’est sans aucun doute la DH, qui n’est autre que la piste des championnats du monde de descente 2005. Une trace oldschool, étroite et plutôt lente (à notre niveau, du moins), qu’on imaginerait mal figurer dans le circuit actuel. Mais très technique malgré tout, et donc à aborder avec humilité, assurément !

Petite pause photo obligatoire à côté (ou dessus, voire dedans, au choix) de ce Fiat G.91, un avion de chasse italien mis en service à la fin des années 50. Rassurez-vous, il ne s’est pas écrasé là sur la montagne, il y a été placé comme attraction pour le snowpark durant l’hiver 2013, et n’en a pas bougé depuis.

Dans les bois au milieu du bikepark, on retrouve une autre attraction incontournable, sous la forme d’une zone North Shore, qui propose des modules en bois pour tous les niveaux, de la simple passerelle à rouler gentiment aux gros step up / step down. Les shapeurs du coin apprécient visiblement beaucoup les structures en bois puisqu’on en retrouve sur la plupart des traces, pour enjamber des portions humides par exemple, ou encore pour pimenter encore un peu plus les traces noires, comme sur la photo ci-dessus.

Votre truc c’est l’aérien ? Pas de problème !

Jump Area, Slopestyle Area, piste noire avec de très (très) gros sauts (allez jeter un oeil à la Sic58 !), airbag pour travailler ses tricks, il y a tout ce qu’il faut à Mottolino…

On quitte ce bikepark impressionnés par la variété et la qualité des traces, particulièrement bien shapées et entretenues. Pour en profiter pleinement, il faut toutefois un niveau correct en enduro ou en descente. Si ce n’est pas votre cas ou que vous souhaitez initier vos enfants au VTT en montagne par exemple, c’est plutôt de l’autre côté de la vallée qu’il faut se rendre !

Carosello 3000

Nous voilà à présent en haut de l’autre terrain de jeu que propose Livigno : Carosello 3000, qui tient son nom des principales télécabines qui desservent le secteur et permettent d’avaler 865m de dénivelé. En été, elles sont complétées par deux autres télécabines et un télésiège, situés à l’autre bout du « bikepark ».

Si nous mettons le mot bikepark entre guillemets, c’est parce qu’il faudrait plutôt parler de trail center ou de trail park, les traces ici étant en grande majorité bien plus flow et accessibles qu’en face, à Mottolino.

Avant de vous élancer sur les pistes, on vous conseille de jeter un oeil à la vallée de l’autre côté, derrière la montagne, elle vaut le détour. D’ailleurs, en parlant de détour, on y reviendra un peu plus tard justement, dans cette vallée… Mais chaque chose en son temps !

Carosello 3000 propose un bel itinéraire appelé « Tutti Frutti », long d’une cinquantaine de kilomètres, qui permet de découvrir les différentes remontées mécaniques et la quasi totalité des traces du secteur. Le parcours débute par une longue piste bleue puis une longue rouge qui suivent les courbes de niveau : Coast to Coast et Roller Coaster. Une manière parfaite de se mettre dans le bain quand on n’est pas familier avec le VTT en montagne, avec un niveau allant crescendo – lent et flow puis un peu plus sinueux, pentu et « technique » – sans jamais se sentir en difficulté.

Toujours dans le même ordre d’idée, mais pour aller un peu plus loin encore, il y a la Bike Academy, une trace de près de 5 kilomètres agrémentée de différentes zones pour acquérir les techniques de base du VTT : équilibre, marches, virages, north shores et pierriers, sauts, etc. Une très belle idée !

Un séjour à Livigno, ça peut prendre des allures de safari… Ânes, chevaux, poneys, vaches, chèvres se montrent particulièrement curieux, et parfois même très affectueux ! Seules les biches et les marmottes, croisées également mais plus farouches, n’ont pas daigné être approchées et photographiées.

Malgré la dimension très accessible voulue par Carosello 3000, les amateurs de traces technique peuvent y trouver leur compte également. L’Enduro est une noire plutôt naturelle et accessible (même s’il faut se méfier de la neige molle !)…

… la 2e noire, par contre, est d’un autre calibre. The Bomb, tout un programme ! Ici, oubliez la vitesse, c’est de la roche à gogo et de nombreuses sections trialisantes qui vous pousseront à coup sûr hors de votre zone de confort. Les choses se calment heureusement un peu sur la fin, où l’on peut presque reparler de flow…

Petite particularité de Carosello 3000 : les pistes VTT n’occupent que la moitié supérieure du flanc de la montagne.

Pour redescendre dans la vallée, il n’y a pas 36 solutions : tout d’abord emprunter la Blueberry Line, une belle trace sympa et flow où l’on retrouve cet original virage à 360°, le Blueberry Eye. Si vous roulez en groupe, attention à la synchronisation !

Pour terminer, vous devez emprunter Panoramica, un charmant sentier partagé avec les marcheurs qui vous ramène à l’extrémité sud de Livigno.

De là, la longue piste cyclable qui court dans la vallée vous permet de rallier facilement les remontées mécaniques de Carosello 3000, ou le centre de Livigno, à 5 kilomètres.

Vous vous souvenez de la vallée à laquelle nous vous conseillions de jeter un oeil avant de vous lancer dans les traces de Carosello 3000 ? Eh bien, la revoici !

C’est l’autre façon de redescendre à Livigno depuis Carosello 3000 : en basculant derrière la montagne, dans le Val Federia, où vous attend un petit single de quelques kilomètres dans un paysage tout simplement exceptionnel…

Une fois à l’Agriturismo Federia, où vous pouvez boire un verre et/ou manger un bout, il vous suffit de suivre pendant quelques kilomètres un large chemin descendant qui se transforme ensuite en route pour revenir à Livigno, par le nord de la ville cette fois.

Mais encore…

A Livigno, il est également possible de sortir des sentiers battus et partir à l’aventure pour explorer les vallées et sommets voisins. C’est plus physique que du bikepark, évidemment, mais on est souvent récompensé par des paysages magistraux, comme ici en arrivant au Crap de la Parè, un promontoire situé à 2393m d’altitude qui offre une impressionnante vue panoramique sur la vallée.

Sur la gauche, on peut prendre la mesure de l’étendue de la ville de Livigno…

… et sur la droite, de celle du lac de Livigno, lui aussi tout en longueur. Une étendue d’eau artificielle formée par le barrage Punt dal Gall en 1968.

Livigno n’est pas qu’un petit paradis pour le VTT, c’est aussi une région très prisée pour le vélo de route. Nous y avons d’ailleurs croisé plusieurs équipes pro, en ce mois de juillet généralement occupé par le Tour de France.

Vélo de DH, d’enduro, de trail, de XC ou de route, peu importe, la journée se termine de toute façon par un passage à la latteria pour une délicieuse gelato crémeuse dont les italiens ont le secret.

Ciao Livigno !

Quelques infos pratiques :

Accès

L’accès en voiture par l’Italie est possible uniquement via le Col de Foscagno, ouvert été comme hiver. En venant de France ou de Belgique, les voyageurs sont généralement invités à passer par la Suisse et à emprunter le tunnel de Munt La Schera, long de 3 kilomètres et à circulation alternée (en été, 15 minutes dans un sens et 15 minutes dans l’autre). Le passage est payant, comptez 17 francs suisses (16€). L’autre accès via la Suisse se fait par le Sud, en empruntant le Col de Livigno, ouvert uniquement en été.

Remontées mécaniques

Les remontées mécaniques tournent de juin à septembre durant la saison estivale (les dates précises sont variables). Chacun des bikeparks dispose de ses propres forfaits, mais un pass général Livigno est également proposé, à un tarif un peu plus élevé. Comptez 33€/jour pour Mottolino, 36€/jour pour Carosello et 39€/jour pour le forfait général vous donnant accès aux deux secteurs. Les tarifs sont dégressifs et particulièrement intéressants si vous optez pour des pass de deux jours ou plus, c’est donc la solution à privilégier

Logement

La station compte de nombreux logements, de la chambre d’hôtel à l’appartement, à des tarifs plutôt raisonnables. La ville étant très étendue, nous vous conseillons de ne pas choisir un logement trop excentré si vous souhaitez vous déplacer à vélo uniquement.

Boire et manger

Ce ne sont pas les cafés, snacks et restos qui manquent, là aussi à des tarifs très variés. En ville, mais aussi au pied des remontées mécaniques et en altitude, voire même au fond des vallées voisines où on trouve diverses Agriturismo. Un petit détour s’impose par la Latteria Livigno, située au bord de la piste cyclable à deux pas du Lac de Livigno, pour déguster une glace et faire le plein de produits laitiers comme du fromage, du yaourt ou du beurre.

Shopping

Les magasins sont très nombreux à Livigno et particulièrement prisés le week-end. Bike shops, boutiques de vêtements de montagne, parfumeries, petits supermarchés, produits locaux, horlogers et bijoutiers, électro, il y en a vraiment pour tous les goûts et toutes les bourses.

Sites officiels

Site officiel de Livigno
Site officiel de Mottolino
Site officiel de Carosello 3000

ParChristophe Bortels