Découverte | Les Cantons de l’Est, ce royaume du VTT
Par Pierre Pauquay -

L’été dernier et au printemps, nous sommes allés reconnaître deux des nouveaux circuits VTT qui quadrillent toute la belle région des Cantons de l’Est, ce petit territoire germanophone de la Belgique jouxtant la frontière allemande.
Le constat était sans appel. Les anciens itinéraires balisés VTT étaient datés et ne répondaient plus à nos souhaits actuels. A l’époque, ces parcours avaient été tracés selon les possibilités de leur franchissement. Depuis, nos machines ont évolué et permettent des passages que l’on n’aurait jamais osé franchir il y a quelques années. Face à ce constat, l’Agence du Tourisme des Cantons de l’Est a profondément modifié ses parcours balisés. Nous nous sommes empressés, avec Dany Heck, concepteur de ces circuits, de rouler sur ces belles traces.
A pas de loup
Le parcours « Neue Wolfsbuschrunde » commence à l’ancienne gare de Montenau où est situé notamment l’office du tourisme local.
Les premiers mètres du circuit du Wolfsbusch nous emmènent en guise d’échauffement sur le Ravel (Réseau Autonome des Voies Lentes), jusqu’à ce que nous atteignions l’orée. Entre pins et hêtres, l’itinéraire entre dans la « forêt du loup ». Ce massif forestier fut le repère du prédateur jusqu’au XIXe siècle.
Son hurlement ne s’entendait plus dans l’Ardenne depuis plus de 150 ans. Mais depuis peu, il serait de retour dans le massif ; de nombreux indices en attesteraient sa présence.
Des sections de sentiers épiques nous attendent, tantôt sur un sol forestier doux, tantôt sur de la caillasse. Sous le couvert de la canopée, nous rejoignons l’Amblève qui trace son sillon à travers le vieux massif ardennais.
Avec la route rejetée en hauteurs, il se dégage le long de ses rives une belle sérénité. Le bruit de la rivière se fait de plus en plus pressant. Aucun son ne vient troubler ce lieu où la nature impressionne. De grosses écumes submergent les racines des aulnes, plantés en échasse. Un pont en bois et des petits caillebotis nous portent vers l’autre rive.
Le chemin longe une zone très riche au niveau de la faune et de la flore. D’un côté on retrouve un milieu forestier, de l’autre un biotope humide, avec de nombreux étangs et des marécages. Une aubaine pour les oiseaux aquatiques qui y nichent. Le chemin roulant nous porte à un passage sévère, abrupt et entravé de racines.
Il nous porte vers Thirimont, hameau isolé dans son écrin de verdure. A l’entrée du village, le champ de vision s’étend : le panorama devient une belle succession de collines et de prés, pointillés de hameaux et de fermes.
Depuis Ondenval, c’est l’entrée dans une autre forêt, celle du Rohrbusch. Après avoir traversé le RAVeL, nous descendons vers les étangs de pisciculture. Le long des rives apparaissent ici et là les traces d’une ancienne exploitation d’orpaillage. Des hommes ont rêvé de vie de richesse grâce à cette rivière aurifère : nous les imaginons cherchant de l’or le long de ses rives, maintenant désertes.
Nous entendons au loin le chant d’un coucou. Au rocher « An der Ley », un couple de buses plane au-dessus de nous : la nature s’est montrée bienveillante à Montenau.
Et là-bas coule une rivière…
Nous allons poursuivre la découverte d’un autres circuit VTT, cap à l’est. Quel plaisir que de se retrouver dans cette région pleine de charme et méconnue qu’est la vallée de l’Our, à la porte de l’Allemagne. En traversant la région, nous nous rendons vite compte de la douceur de vivre qui se dégage de cette vallée paisible ; l’Our a façonné une région qui charme d’abord par ses paysages sauvages. Elle présente un relief en contraste avec des crêtes en altitude et des vallées profondes. Un critère de choix pour le randonneur !
Burg-Reuland a gardé le caractère d’un village de l’Eifel avec ses maisons en colombage et son château médiéval. Dès les premiers mètres, la petite route en lacet grimpe vaillamment pour rejoindre les hauteurs du village dominé par les ruines du château-fort. L’ascension se poursuit, inexorablement vers la crête dominante. Le chemin rejoint le magnifique panorama qui se découvre à hauteur d’un abri. La vue qui s’étend au-delà de la frontière n’est qu’une succession de collines et de vallées encaissées : l’Eifel, cet autre massif forestier, prend le relais de l’Ardenne. L’itinéraire devient accidenté quand nous entrons dans la belle vallée de l’Our via un chemin très rapide.
La haute vallée de l’Our
Dans ces dépressions stagnent des zones humides, riches de leur biotope, où ont élu domicile des échassiers comme le héron. Le petit vallon creusé par l’Irmisch nous entraîne dans l’univers sauvage de l’Ardenne.
Nous allons le constater tout au long de cet exceptionnel itinéraire : l’impression de parcourir une terre sauvage est présente, partout. Cette partie de l’extrême est de la Belgique est enclavée, loin de tout grand axe de communication.
Pays de frontière
La lumière de ce début de printemps se diffuse à travers les premiers feuillages et présente de forts contrastes qui éblouissent. Nous évoluons toujours dans la forêt où nous avons l’impression de ne jamais en sortir. La sauvagerie des lieux se confirme quand nous longeons un site de castors. A un endroit, nous quittons le chemin principal, bien tracé, pour suivre quelques vieux passages. Nous passons outre les racines et les endroits humides. Enfin nous voici au pied de la rivière, à Ouren. Dans le bas de la vallée se rejoignent trois frontières : celles de la Belgique, de l’Allemagne et du Luxembourg.
Aux lumineuses façades blanches se marie un ciel bleu azur, qui semble exempt de pollution. Quittant le village, la route sillonne la campagne au gré de ses humeurs, comme si elle nous invitait à s’arrêter à chaque virage pour admirer la vallée enchantée.
À la sortie du village, en suivant l’excellent balisage, nous quittons la route au bord de la rivière pour remonter un joli vallon. Protégée des vents dominants par son encaissement, la petite vallée est plus chaude. La côte est abrupte mais au sommet, quel plaisir de voir le paysage forestier se substituer à un large panorama.
Des sentiers perdus
La descente se faufile entre les genêts. Nous nous engageons sur un petit sentier plongeant à travers les genêts et les broussailles. En pleine forêt, une large clairière nous permet de distinguer une prairie où la pratique de l’abissage était, au XIXe siècle, largement utilisée. Les fonds des vallées ardennaises, pauvres en éléments minéraux, étaient régulièrement irrigués par de petits canaux. À la fin de l’hiver, les eaux plus chaudes, provenant des ruisseaux proches, réchauffaient alors les prairies encore prises par le gel. Cette technique favorisait une récolte de foin précoce. Grâce à cette technique agro-pastorale, nombre de plaines ardennaises possèdent toujours une richesse biologique exceptionnelle.
Sur la route, les prairies humides en friche offrent des lieux de nidification pour les traquets tariers, pipits farlouses, bruants des roseaux, bergeronnettes printanières ou busards des roseaux ; la vie foisonne et nous émerveille.
Nous voici sur une prairie non fauchée, dominant le village. Le soleil de cette fin de journée éclaire Burg-Reuland et révèle le paysage merveilleux de ce coin d’Ardenne peu connu, lieu de joie pour tous les amoureux de la randonnée à VTT.
Carnet pratique
- Les circuits balisés
Avec plus de 480 km de pistes, les Cantons de l’Est disposent de l’un des plus beaux réseaux VTT de Belgique. Près de 400 mètres de dénivelés séparent le Signal de Botrange à Ouren, point le plus bas, au carrefour de l’Allemagne, de la Belgique et du Luxembourg. Entre les deux s’étendent de grandes surfaces boisées, des singletrails et de ravissants cours d’eau. Ces parcours XC font le bonheur des crosseurs et des adeptes du VTT cherchant la difficulté physique, dotés de belles ascensions. Les passages techniques, s’ils ne sont pas inexistants, sont franchissables et accessibles à tous. - Les trails sont signalés par des panneaux verts, bleus et rouges selon leur niveau de difficulté. A noter que les chemins de jonction sont balisés en jaune et conduisent à l’itinéraire indiqué par un numéro, permettant de lier deux itinéraires, augmentant ainsi le kilométrage pour la journée.
- Le nord des Cantons de l’Est
*MTB – Tour Eupen
35,3 km – 581 m D+
*MTB – Tour Raeren
26,8 km – 347 m D+
*MTB – Tour Lontzen
28,7 km – 5345 m D+ - Le sud des Cantons de l’Est
*Bütgenbach – Über den Schwaren Hügel
25,5 km – 351 m D+
*Bütgenbacher Heck:Wald – und Wiesentour
32,6 km – 460 m D+
*VTT Neue Wolfsbuschrunde
35 km – 787 m D+
*VTT Sankt Vith Runde
32,9 km – 513 m D+
*VTT Schönberg Runde
31,6 km – 759 m D+
*Die 3-Länderroute Burg Reuland
41,9 km – 944 m D+ - Plus d’info et GPX sur : www.ostbelgien.eu/fr/velo/vtt