Découverte | Israël & Samarathon : on a roulé sur Mars !

Par Olivier Béart -

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Découverte | Israël & Samarathon : on a roulé sur Mars !

Israël n’est pas encore une destination très connue pour le VTT, mais il y a pourtant là pas mal de passionnés de notre sport qui entretiennent ou créent des singletracks extraordinaires dans des décors qui ne le sont pas moins. De belles épreuves y sont aussi organisées, comme le Samarathon qui a lieu à la fin du mois de février à la pointe Sud, non loin de la frontière Jordanienne. A l’heure où les inscriptions pour l’édition 2018 ouvrent, nous partageons avec vous nos souvenirs de notre dernière participation.

Premiers pas en Israël et à Jérusalem

Une fois la décision prise, encore faut-il se rendre sur place. Des lignes régulières desservent Tel-Aviv depuis les grandes capitales européennes, là n’est pas le problème, mais les contrôles de sécurité avant de pouvoir embarquer à l’aéroport ont de quoi faire passer les « security checks » d’un voyage pour les USA pour de la vaste blague. Bon, avec notre vélo, nous attirions fortement l’attention, et notre métier de journaliste a tendance à intriguer pas mal, mais nous avons eu droit à plus d’une heure d’interrogatoire avant de pouvoir nous enregistrer sur le vol ! Au retour, même topo. Autant le savoir. Mais soulignons aussi que les personnes en charge de ces opérations sont toutefois très agréables.

Bon, ça y est, nous voilà en Israël, après environ 4h de vol. Nous quittons vite Tel-Aviv pour prendre la direction de Jérusalem afin d’y passer une journée, sans vélo, pour démarrer le séjour. Il pleut, mais il fait nettement meilleur que dans nos contrées à la même saison.

Impossible en effet de venir ici sans prendre un peu de temps pour se rendre dans la ville sainte, berceau des trois principales religions monothéistes. On sait que la situation y est très tendue et il est impossible de l’oublier. Mais sur place, si on ne s’informait pas sur l’actualité, il est presque impossible de ressentir cette tension en déambulant dans les petites rues étroites et les étals des magasins alternent kippas, croix et autres signes religieux sans le moindre souci apparent.

Dans les ruelles, le regard ne cesse d’être attiré tant le décor est atypique.

Qu’on soit croyant ou non, approcher du Mur des Lamentations ou entrer dans la basilique du Saint-Sépulcre et voir le lieu où Jésus a été crucifié sont autant de moments qui ne peuvent laisser indifférent.

Direction le Sud et le désert du Neguev

Au deuxième jour de notre périple, nous quittons Jérusalem pour nous enfoncer dans les terres, vers le Sud, et goûter aux paysages rocheux. Cette fois, nous sortons les vélos et, à quelques tours de roues de la petite ville de Mitzpe-Ramon, située à deux heures de route de Jérusalem, nous découvrons un panorama incroyable.

Du haut d’une falaise rocheuse, la vue s’étend sur des dizaines de kilomètres autour de nous et les lueurs du coucher de soleil nous offrent des couleurs irréelles.

En plus de nous permettre de prendre nos marques, cette première sortie est aussi l’occasion de voir l’énorme travail accompli par les bikers locaux au niveau du balisage et du nettoyage, de l’entretien et de la création de sentiers pour le VTT, qui est un sport très populaire ici. Beaucoup de zones, au Nord comme au Sud, disposent de tracés permanents, ce qui permet de varier les plaisirs et les découvertes.

Dans la région, les chemins sont à l’origine des traces créées par les chameaux. Vu que leurs pattes ne peuvent s’incliner fortement, ils vont toujours chercher à suivre les courbes de niveau et à éviter les trop fortes pentes. A priori, pas top pour le VTT, mais quand on combine cela avec des traces savamment créées par des bikers passionnés, cela donne de très beaux mélanges ! Et, en dépit d’un dénivelé qui n’a rien d’impressionnant, c’est extrêmement amusant. Comme l’épreuve a lieu en février, c’est idéal aussi pour lancer sa saison sans se cramer d’emblée… et s’il y a des amateurs de singlespeed qui nous lisent, c’est aussi quelque chose qui devrait leur parler.

Le vent souffle et le singletrack se dessine à perte de vue dans cet océan de cailloux. Le terrain est sec et hostile. Le vélo est secoué dans tous les sens et on se félicite d’avoir choisi des pneus très solides car sans cela, l’aventure risque de tourner court.

Prologue

Le troisième jour de notre périple, vu les conditions climatiques assez exceptionnellement mauvaises et la pluie qui a rendu impraticable le parcours du prologue prévu initialement, les organisateurs ont dû réagir vite. On se retrouve donc un peu au Sud de Mitzpe-Ramon, au milieu de nulle part, pour le départ du prologue qui va nous emmener sur une vingtaine de kilomètres d’une des étapes de l’édition précédente.

En attendant notre heure, on se réchauffe comme on peut. Le vent souffle particulièrement fort et nous nous sommes mis à l’abri au milieu des caisses de vélo et de quelques matelas qui traînaient. Le Samarathon se dispute par équipes de deux. Je roule donc en duo avec mon futur partenaire du Cape Epic, Jeffry Goethals. Nous nous connaissons depuis longtemps, nos niveaux sont en principe très proches mais c’est toujours préférable de faire un test grandeur nature avant une grande échéance. Et pour cela, le Samarathon va s’avérer parfait !

Dès le départ, on est mis dans le bain avec une succession de courtes ascensions et de portions roulantes. Le vent ne se calme pas et même sur le plat, on a l’impression de grimper un col. La vue est magnifique et nous découvrons le point de vue opposé sur la vallée, par rapport à celui que nous avons eu la veille à Mitzpe-Ramon.

Notre duo fonctionne à merveille et, contrairement à beaucoup d’autres équipes, principalement étrangères, nous sommes épargnés par les soucis mécaniques et les crevaisons. On s’en était douté la veille et cela se confirme en course : le terrain est extrêmement cassant et exigeant. Un bon full suspendu de XC est un must, et de bons pneus très solides une obligation ! Voilà qui nous permet de nous placer d’emblée dans le top 10, derrière les grands noms locaux, dont Shlomi Haimi, qui a représenté Israël aux Jeux Olympiques de Rio. Idéal pour la motivation !

L’arrivée à Timna Park

Le centre névralgique de la course, où nous allons passer 3 nuits et deux jours de course, c’est Timna Park, une sublime réserve naturelle située à l’extrême Sud du pays, près d’Eilat. Les services de l’aéroport doivent d’ailleurs bientôt être étendus et plusieurs compagnies low-cost parlent d’établir une liaison régulière vers l’Europe. Pour Ryanair, c’est d’ailleurs déjà fait vers la Belgique. Voilà de quoi faciliter fortement l’accès au lieu. On apprend aussi que le Samarathon tire son nom du kibboutz Samar tout proche, qui compte pas mal de vttistes en son sein et qui est le principal support de l’épreuve. C’est notamment à eux qu’on doit beaucoup des chemins VTT sur lesquels nous allons nous amuser.

Le décor est, une fois encore, somptueux. A la fin de notre transfert en car, personne ne dit mot, tout le monde contemple ces roches noires, rouges, jaunes et ces reliefs imposants qui vont nous servir de terrain de jeu les deux prochains jours. Par endroits, on devine des traces au sol et des singletracks qui serpentent dans ce paysage qui donne l’impression d’avoir fait le voyage jusque Mars.

Notre camp de base est situé en plein milieu du parc, dans un centre tout confort dressé à proximité d’une oasis. Le ciel se dégage, le coucher de soleil écarquille nos pupilles et annonce une météo bien plus clémente pour les prochains jours.

Un dernier contrôle des vélos et on prend la direction de la salle des repas…

L’ambiance est très conviviale, la bière pas bon marché mais plutôt bonne (et il y a de la Chouffe en cas d’urgence) et la nourriture locale excellente. Quant au logement, nous avons eu droit à la version la plus basique, en tente collective avec toiture et chauffage : c’est rustique mais largement suffisant et nous avons très bien dormi. C’est aussi le meilleur moyen de profiter de l’ambiance et du groupe, mais d’autres options plus luxueuses existent.

La course, la vraie

La course se déroule sur trois jours en tout et, après le prologue, le départ des deux étapes en ligne se déroule en bordure de Timna Park. Puis, le tracé nous ramène à notre camp de base. Grâce à notre bonne performance de la veille, nous nous élançons depuis le premier box. Il n’y a qu’une centaine d’équipes en tout, donc pas vraiment de bouchons à craindre, mais c’est toujours un petit plus assez agréable.

Au menu du jour, 80km. Et, si on vous avait dit que le dénivelé n’est pas impressionnant, c’est vrai car il n’y a que 1300m. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’ascensions ! On commence d’emblée par un gros morceau, bien technique par endroits en plus, histoire de se mettre dans le bain.

Cette première étape comporte des portions roulantes où la stratégie et l’entente entre coéquipiers est primordiale.

Mais il y a aussi et surtout un grand nombre de singletracks d’anthologie, shapés à la perfection et qui permettent de mettre en avant tant les qualités d’un pilote technique que celle de sa monture.

Quand ce ne sont pas les sentiers, c’est le décor qui ne cesse d’émerveiller par son côté grandiose et… sa variété !

Car s’il n’y a presque que des cailloux et très peu de végétation, les couleurs ne cessent de changer.

Le final dans Timna Park et ses roches rouges ne peut que laisser des souvenirs impérissables. Mis à part le Grand Canyon aux USA, nous n’avons pas le souvenir d’avoir roulé dans un décor aussi majestueux auparavant.

La deuxième et dernière étape est plus courte, environ 60km avalés en à peine plus de 2h30 pour les plus rapides, mais c’est surtout car elle affiche un profil descendant.

Elle met en avant les qualités de rouleur, mais réserve aussi deux très belles zones de singletracks et un nouveau final dans Timna Park, mais en empruntant d’autres pistes que la veille, plus travaillées et typées bikepark.

A l’arrivée, on profite d’un bon cocktail de fruits servi par nos hôtes, et au son de la guitare. Quoi de mieux pour terminer cette belle aventure ?

L’édition 2018 aura lieu du 22 au 24 février et, à l’heure où nous publions cet article, les inscriptions viennent d’ouvrir. Avec une organisation parfaite et un prix d’inscription très raisonnable (de l’ordre de 500€ par équipe, tout compris, pour la formule la plus simple – hors vol qui coûte autour de 200€ A/R, voire moins pour certains qui habitent dans le Nord, depuis que Ryanair a ouvert une ligne directe entre la Belgique et Eilat), le Samarathon gagne à être connu. Pénétrer et sortir d’Israël reste compliqué et demande un peu de patience, mais cette épreuve mérite le voyage.

Plus d’infos : http://www.samarathon.co.il/en/ ou sur Facebook

Photos : Olivier Béart pour Vojo et Yoav Lavi ainsi que Ofer Eavri pour le Samarathon

ParOlivier Béart