Découverte | 3 jours, 3 sommets : un trip dans le Queyras avec VTopo

Par Olivier Béart -

  • Nature

Découverte | 3 jours, 3 sommets : un trip dans le Queyras avec VTopo

Cédric Tassan, créateur des fameux guides VTopo, ne quitte que rarement son VTT. Et même s’il a l’occasion d’aller régulièrement aux quatre coins de la planète, c’est souvent pas si loin que cela qu’il déniche de magnifiques pépites. Un de ses derniers périples en date l’a emmené dans le Queyras, où il a enchaîné 3 sommets en 3 jours. Récit :

Depuis que je suis petit, j’aime la montagne. J’ai appris à l’aimer dès mon plus jeune âge, les ambiances matinales, les faces nord austères, les neiges éternelles, les transitions paysagères, le pas lent, la récompense du sommet. Et depuis que je fais du VTT, j’aime aussi m’y retrouver avec mon vélo, là-haut. Cette passion du vélo, de la montagne, c’est devenu mon marqueur professionnel. C’est ce qui m’a donné envie de créer VTOPO il y a déjà 12 ans. Chaque année, j’essaie d’avoir mon rendez-vous privilégié avec la montagne. Même si la meilleure période reste souvent le mois de septembre, je décide d’organiser un petit périple de 3 jours entre la France et l’Italie, dans le magnifique massif du Queyras en juillet. Au départ de ce qui était un tour classique, à mon retour, je comprends que c’est finalement une expérience exceptionnelle. C’est bien souvent comme ça que les belles histoires s’écrivent.

J’embarque avec moi Xavier, un ami de Marseille. Ce n’est pas un adepte des portages, mais je sais qu’il saura passer outre et profiter des superbes paysages. Je lui donne quelques conseils de préparation avant de partir (sommeil, activité, nourriture). Nous faisons un dernier point matériel par téléphone la veille de partir. Pour ma part, j’ai passé le week-end à me reposer, en famille en bord de mer. Je doute quand même qu’avec un tel repos je vais arriver à retrouver du tonus ! Le dimanche soir, nous dormons dans un hôtel quelconque de Saint-Crépin, où nous laisserons le van VTOPO. Le lendemain matin, Romain, un ami de l’Ubaye et tout juste résident des Hautes-Alpes  nous récupère à 6h tapantes. Avec sa grande gentillesse, après 1h de voiture, il nous dépose au Fonts de Cervières, derrière le col de l’Izoard. A 2000 m d’altitude, ce magnifique petit hameau en fond de vallée marque le départ de notre petite itinérance.

Nous disons au revoir à Romain et suivons le sentier qui s’ouvre devant nous. Rapidement nous devons descendre de nos vélos pour les mettre sur le dos. C’est dans cette position que nous allons affronter la majorité du dénivelé positif de ces 3 jours. Xavier a décidé de tester le portage du vélo en l’attachant sur son sac-à-dos.

Nous avalons tranquillement les premières centaines de mètres de dénivelé. La météo est agréable, même si la crête reste bouchée par des nuages formés par effet de foehn. Une fois sur la crête, on évolue entre brouillard et ciel bleu. Tantôt le sommet apparait, tantôt il se retire derrière un voile de coton blanc.

Passés les 3000 m d’altitude, nous commençons à sentir les effets de l’altitude. Une fois au sommet du Grand Glaiza (3293 m), nous profitons d’une pause bien méritée après presque 1300 m de portage !

Pour la descente, la météo nous offre un répit et nous attaquons la magnifique crête des Eaux Pendantes sans un nuage. Le départ est technique, c’est le terrain classique de montagne : épingles, rochers, schistes glissants, dévers.

Puis sur la crête, le sentier devient très ludique et rapide. Nous filons à bonne vitesse jusqu’au col.

De là, nous plongeons vers les lacs du Malrif. Quel décor ! Le trail n’est pas très rapide, il est assez creusé, raide. Il faut rester vigilant et trouver la bonne trajectoire. Nous profitons des lacs pour faire une bonne pause puis poursuivons la descente jusqu’à Abriès.

Nous croisons de nombreux randonneurs, il faut rester vigilant et leur laisser la priorité. Ce trail est vraiment magnifique, le terrain est exceptionnel. Sur certains passages exposés, il faut rester prudent. Dans la descente, je casse la cage plastique de ma pédale automatique droite. Nous nous arrêtons et entreprenons une réparation de fortune avec des colliers rilsan. Pour la petite histoire, cela tiendra tout le long du trip et même bien après !

Nous arrivons sur Abriès, il est 14h. Nous nous attablons dans la rue principale pour avaler un bon déjeuner.

L’après-midi est consacré au versant d’Abriès desservi par un télésiège. Nous faisons la connaissance de Florian, bike patrol au bike park. Il nous fait découvrir le domaine. Ici le terrain est resté naturel et c’est très agréable.

Finalement, pour clôturer la journée, nous optons pour le parcours numéro 4 qui fait le tour de la montagne. Après un court portage, nous gagnons Colette de Gilly. Nous entamons alors la dernière descente de la journée, et quelle descente ! Le GR qui mène à Ristolas est une perle. C’est avec une banane immense qui nous pédalons jusqu’à notre premier hébergement situé dans le petit hameau de l’Echalp. Le gîte 7 Degrés Est nous accueille à bras ouvert. Nous passons une agréable soirée dans un décor typiquement montagne. Après cette première journée, nous avons faim. Avant, il faut faire un peu lessive, préparer ses affaires pour le lendemain. Pas besoin de nous bercer une fois au lit.

Réveil à 5h15. Cul sur le selle à 6h00. C’est le rituel. Direction le refuge du Mont Viso. Ce matin, nous sommes sur le vélo. Pendant 45 minutes, nous grimpons cette piste qui mène au fond de cette vallée du Guil. Puis c’est l’habituelle position, vélo sur le dos. La vue sur le Mont Viso se dévoile, c’est un sommet emblématique des Alpes du Sud.

Au refuge, nous faisons une première pause. Xavier commence à regretter son système d’accroche car sur les quelques parties plates il ne prend pas le temps de défaire son sac et de rouler sur le vélo. Du coup, la charge sur les épaules est constante. Je lui montre notre prochaine destination : le col Vallante qui ferme la vallée. Il nous faut quasi 1h30 pour y arriver.

Deuxième pause au sommet. Nous basculons côté italien. Du versant nord minéral, nous basculons coté sud avec de beaux alpages. Au prochain col italien, Xavier prend du repos et me laisse grimper seul jusqu’à la Pointe Joanne, second sommet de plus de 3000 m d’altitude. La vue sur le Viso est terrible. La descente l’est tout autant ! Une belle crête avec des passages techniques me ramène au col.

De là, on suit le bon sentier italien dans un décor sauvage. Le trail est varié, nous croisons quelques troupeaux qui paissent dans les alpages. Une vieille cabane en pierres sert de point de chute au berger. Plus bas, des vaches encombrent le sentier. Il faut faire preuve de diplomatie pour se frayer un chemin.

Enfin, nous atteignons la route du col Agnel puis le magnifique hameau de Chianale. Les maisons ici sont restées dans leur jus. Certains habitations ont plusieurs siècles. D’ailleurs, la chapelle du village date du XIe siècle. Brigitte nous accueille dans son gîte de Pra Mourel. Encore une bonne soirée passée dans ces belles montagnes.

Les jours se suivent et se ressemblent. A 6h00, nous quittons Chianale. La fraîcheur matinale est un atout dans ces journées longues. D’ailleurs nous redoutons la deuxième partie de la journée qui devrait se dérouler en pleine chaleur. Le soleil se lève derrière les montagnes et nous profitons des premières lueurs en arrivant aux premiers lacs. Le spectacle est saisissant.

Nous poursuivons notre portage et atteignons le col de Longet vers 8h00. Un petit vent souffle et nous mettons nos vestes. Des pierres dressées telles un sanctuaire marquent le col. Nous attaquons la descente, nous basculons en France.

Du Queyras, nous entrons en Ubaye. Le trail est encore une fois splendide. C’est plusieurs kilomètres de descente que nous enchaînons. La pente est assez faible, c’est parfait pour profiter un maximum.

Plus bas, quelques zones glissantes et exposées nous obligent à rester concentrés. Puis, une fois passés ces derniers passages, le sentier devient un peu plus large et nous descendons sur Maltjasset à vive allure. Dans le village, nous prenons une pause : une tarte aux myrtilles, un thé à la menthe maison. Les batteries sont rechargées, nous pouvons reprendre notre périple.

Au bout de 10 minutes, retour aux choses sérieuses. Vélo sur le dos, on grimpe le sentier qui mène au col des Houerts : 1200 m de portage bien raide ! La première partie se déroule sous un soleil de plomb. C’est ce que nous craignons, mais heureusement nous sommes encore à couvert dans la forêt. Mais en montagne, le temps change vite. A mi-chemin, le mauvais temps nous surprend. Il commence à pleuvoir. Nous filons rapidement vers l’unique cabane du vallon.

Mais finalement, à peine le temps de nous mettre à l’abri que le soleil revient. Nous reprenons le portage et au bout d’une bonne heure, nous atteignons le col. Le temps se couvre à  nouveau, les nuages sont menaçants.

Je tente l’ascension rapidement de la Pointe d’Escreins. C’est le dernier 3000 m de notre trip. Xavier préfère se restaurer au col. Une fois en haut, c’est vraiment noir et menaçant. Alors que je sors le drone pour faire quelques images, mon corps s’électrise d’un coup. Je crains de prendre un coup de foudre.

Je plie le matériel rapidement et descend à toute allure de ce sommet bien détaché où je fais paratonnerre ! En quelques minutes, je rejoins Xavier et nous attaquons la descente côté Guillestre. Les premiers 400 m de dénivelé sont vraiment techniques : des passages raides, fuyants, des épingles, des dévers puis des gros blocs dans une ancienne moraine.

J’arrache mon dérailleur arrière dans un passage technique. Heureusement, cela fait partie du matériel à avoir avec soi. Après 10 minutes, je peux repartir avec un dérailleur neuf. Une fois passée cette zone, le sentier est plus facile. Nous entrons dans les alpages et c’est un festival d’épingles en forêt. Nous longeons la rivière et le sentier est exceptionnel : ludique, rapide… C’est grisant, il faut faire attention aux piétons. Nous enchaînons ainsi cette descente du val d’Escreins et gagnons Guillestre ! Le bruit, les voitures, l’odeur des échappements : nous sommes ramenés à la réalité de manière assez violente. Pour nous rafraichir, nous plongeons dans les sources du Phazy. Face à la montagne, nous réalisons que nous venons de faire un trip exceptionnel… La montagne a encore su nous donner de belles émotions. Parfois, l’aventure n’est pas si loin, il suffit juste de faire preuve d’originalité.

Pour en savoir plus :

Le VTOPO VTT Numérique : Tour du Queyras – 3 jours 3 sommets – un guide où l’itinérance est décrite entièrement avec traces GPX.

http://www.vtopo.fr/vtt-tour-du-queyras-livre-numerique.html

Aussi la collection VTOPO et spécifiquement VTOPO Hautes-Alpes et Alpes de Haute-Provence

Et on termine l’évasion par le film du trip :

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ParOlivier Béart