Bush bike check: une découverte en Zambie

Par Elodie Lantelme -

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Bush bike check: une découverte en Zambie

En ce début d’année, c’est un « Bike check » un peu spécial que nous vous proposons. Celui d’un vélo déniché dans une arrière-cour, durant notre visite de l’usine Buffalo Bicycle de Lusaka, en Zambie. Une véritable plongée dans le quotidien africain et ses besoins de mobilité. Cet article s’inscrit dans le prolongement de notre grand dossier consacré à l’ONG World Bicycle Relief publié dans notre « Volume 1 ». Si vous ne l’avez pas encore découvert, pas de panique, cet article ne nécessite pas de lecture préalable et se suffit à lui même : 

Nous avons suivi le travail de l’ONG World Bicycle Relief en Zambie. Elle y œuvre depuis près de dix ans en ayant construit une usine d’assemblage de vélos Buffalo, qu’elle distribue ensuite dans les écoles, les dispensaires de santé ou encore auprès des agriculteurs.

Brian Moonga, le directeur de l’organisation non gouvernementale en Zambie, s’en souvient: quand le propriétaire de cet étrange vélo est venu chercher le Buffalo flambant neuf que l’ONG lui offrait à l’usine, dans la capitale zambienne, il a laissé son ancienne monture à contrecœur. Il faut dire qu’il l’avait sérieusement adaptée pour qu’elle corresponde à ses besoins de tous les jours!

Double top tube renforcé avec soudures maison, il faut au moins ça pour supporter les assauts des routes agressives et percées de Zambie (des pistes, le plus souvent), où seuls 2,5 % de la population disposent d’une voiture. Se déplacer constitue un véritable enjeu de développement en Afrique, qui échappe un peu aux Occidentaux que nous sommes et bouscule nos manières de voir, car pour nous, aller au travail, à l’école, chez le médecin s’avère relativement aisé.

En Afrique, la plupart des distances sont parcourues à pied, sous des températures excédant parfois les 40°C. Et s’il faut transporter de la marchandise, ça vire à un harassant labeur quotidien. Sur son vélo, le propriétaire de ce « bush bike » transportait d’importantes quantité de charbon, afin d’alimenter le feu pour cuisiner et nourrir sa famille. Mais ça peut aussi être du bétail, des bidons de lait, les membres de la famille. Voilà pourquoi les vélos de la marque Buffalo, créée par F. K. Day, cofondateur de Sram, sont conçus pour pouvoir transporter jusqu’à 100 kg sur le porte-bagages arrière.

Pas de leviers de freins, pour avoir le moins de câblerie possible, trop fragile pour les rugosités de l’environnement quotidien en Zambie et qui demanderait ensuite à être réparée en cas de casse. Ce qui nécessite 1) d’avoir de quoi réparer – ce qui est coûteux – ou 2) de se rendre dans un atelier – ce qui, en plus de coûter, prend un temps fou, d’autant plus que la monture n’est alors plus opérationnelle. Contrairement à ce « bush bike », qui recourt à un unique câble pour l’arrière, le système de freinage des Buffalo est encore plus simple, donc plus robuste : le rétropédalage.

Les pédales : le talon d’Achille (enfin, un des nombreux) des vélos en Afrique. On en croise souvent qui n’ont plus que l’axe d’acier soudé. Ici, la débrouille, de rigueur sur le terrain, a opéré : les cales de bois ont remplacé les éléments en caoutchouc d’origine.

Tendeur de chaîne, rayons… chaque élément est renforcé avec les moyens du bord dans un environnement où tout coûte et où 40% des Zambiens vivent en situation de pauvreté extrême (moins de 1,90 dollar par jour).

Du coup, pas de vélo sans boîte à outils. Celle-ci est clairement identifiable.

Autre solution ingénieuse pour avoir toujours le bon outil sous la main : multiplier les espaces de rangement et fixer la clé la plus utilisée sur la potence.

Qu’ils soient fermiers, écoliers, aides de santé… les Zambiens que nous avons rencontrés dans le cadre de notre reportage passent en moyenne trois heures par jour sur le vélo. Ça peut donner envie d’optimiser le confort autant que possible.

 

Quand la saison des pluies s’invite, fin octobre, début novembre, certaines pistes deviennent impraticables. Un garde-boue n’est pas de trop. La récup’, toujours. Pour la déco aussi.

Vous souhaitez en savoir plus sur l’ONG World Bicycle Relief ? Découvrez-la dans notre magazine papier, Vojo Magazine, Volume 1, à travers  les 6 portraits de Zambiens rencontrés durant notre voyage, à mi-chemin entre carnet de voyage et photo-reportage.  Pour vous procurer le Volume, visitez notre boutique en ligne.

ParElodie Lantelme