BAMS 2024 | Grand Raid Godefroy : le monument fait honneur à sa réputation
Par Christophe Bortels -
Ce dimanche 8 septembre avait lieu l’avant-dernière manche du Belgian Ardennes Marathon Series, et pas des moindres : le mythique Grand Raid Godefroy ! Malgré des conditions délicates (une constante cette saison), la course fut belle et riche en rebondissements. Reportage :
Dimanche 8 septembre 2024, 6h30 : le QG du Grand Raid Godefroy se réveille doucement, sous le regard bienveillant du célèbre Château de Bouillon.
Un petit café pour se réveiller nous aussi et c’est parti pour une belle et longue journée. Après avoir fait office de championnat de Belgique de marathon en 2023, le GRG est revenu à une configuration classique cette année puisqu’il ne s’agissait « que » d’une des sept manches du Belgian Ardennes Marathon Series (BAMS). Trois des quatre distances proposées permettaient d’ailleurs de récolter des points pour le classement de la série : le 70, le 90 et bien entendu le 120 km, l’épreuve-reine. Le 50 km permet quant à lui de découvrir la région sans (trop) se faire mal.
Les vélos sont encore tout propres, mais ça ne devrait pas durer. Car le scénario semble se répéter de course en course cette saison : oui, la journée va être belle. Sauf qu’il a beaucoup plu dans la nuit. Ça va donc être délicat sur le terrain… Il y a d’ailleurs eu pas mal de changements de pneus de dernière minute !
Allez, 8h approche, il est déjà temps d’aller se placer en grille. Petite photo souvenir, dernières vérifications, ultime briefing avec ses proches / amis / suiveurs, avant de se concentrer sur le départ et la course.
Dans le top box, quelques coureurs se distinguent en tant que favoris. Joris Massaer bien entendu, mais aussi Simon Grégoire (qui nous confie toutefois être un peu malade) ainsi que Thomas Sprengers, en quête de résilience après une première partie de saison en deçà de son niveau et de ses ambitions. Ajoutons également le néerlandais Teus Ruijter, toujours redoutable et déjà auteur de quelques coups d’éclat sur les BAMS.
Avec un petit quart d’heure de retard, le temps de s’assurer que les secours sont bien en place, c’est parti pour 120 km !
Comme toujours sur une si longue distance, ça ne part pas vraiment à bloc. La clé c’est la gestion sur ce genre d’effort. Mais on le verra, d’autres facteurs vont venir jour les trouble-fête…
Un groupe de six coureurs s’est déjà détaché après 16 kilomètres de course. On y retrouve Simon Grégoire aux avant-postes – une place qu’il affectionne -, suivi de Joris Massaer, Thomas Sprengers, Teus Ruijter, le Polonais Kryspin Pyrgies et Mathias Cloostermans qui ferme la marche. Maxime Dony est en poursuite à quelques secondes, suivi par un duo composé de Lars Boolen et Kenneth Coomans.
100 mètres plus loin, les marathoniens se lancent dans « Châteaumont », du nom d’une spéciale qui figurait au programme de l’enduro du GRG il y a quelques années. Ce n’était certes pas la plus technique, elle était même très physique, mais on y retrouve l’une ou l’autre jolie portion technique comme celle-ci. Le GRG propose tout ce qu’on aime sur un marathon : du vrai VTT !
Sans surprise le terrain est bien humide et boueux. Heureusement, aucun vrai bourbier ne sera à déplorer. C’est plus de la « qui repeint » que de la « qui colle » comme on dit…
A un petit tiers de la course, le groupe de six s’est mué en quatuor. Simon Grégoire émerge du bois dans cette longue descente, suivi de Joris Massaer, Teus Ruijter et Thomas Sprengers. Manquent donc à l’appel Kryspin Pyrgies et Mathias Cloostermans qui ont dû laisser filer leurs compagnons d’échappée.
Le virage à angle droit au bas de cette descente rapide aura entraîné son lot de petits frayeurs et autres glissades semi-contrôlées !
Si le Grand Raid Godefroy est bien connu pour ses descentes techniques, il y a aussi des montées… que ce soit sur route ou en tout-terrain. On recense une vingtaine de grosses côtes, sans oublier les petits bosses moins évidentes à repérer en jetant un oeil au profil, mais qui peuvent faire mal !
Alors qu’on approche de la mi-course, on entre dans la portion où figurent quelques petites différences par rapport à la trace de l’année dernière. C’était ainsi le retour du gué de Vresse-sur-Semois. Le fléchage envoie vers l’eau, mais un joli petit pont de pierre permet de traverser le cours d’eau en gardant les pieds au sec. Encore faut-il savoir qu’il est là…
En grands habitués de l’épreuve, les cinq ou six premiers se lancent sans hésiter sur le pont !
D’autres n’hésitent toutefois pas à fendre l’eau, pas si profonde malgré les pluies de la nuit.
Apparue dans le parcours l’année dernière, cette jolie portion était cette fois-ci empruntée dans l’autre sens.
Résultat, le petite descente juste après était cette fois un bon petit coup de cul juste avant !
KM 71 : nous voilà au point du parcours le plus éloigné de Bouillon. Après l’abandon de Teus Ruijter au tier de course suite à une casse de valve tubeless et une réparation qui n’a pas tenu, c’est désormais un trio qui occupe la tête de course : Joris Massaer, Simon Grégoire et Thomas Sprengers. « Je n’ai plus de frein ! » nous lance Simon en passant, poussant son levier gauche contre le grip pour illustrer ses propos. Connaissant le parcours du GRG, ce n’est vraiment pas idéal !
Une bonne minute derrière la tête de course, Kenneth Coomans évite tant bien que mal les branches bourrées d’épines qui avaient arrêté net Joris Massaer et ses camarades juste avant.
Lui aussi lancé seul en poursuite, Kryspin Pyrgies – alors 5e – accuse un peu moins de trois minutes de retard sur les premiers.
Ça semble beaucoup bouger dans le top 10 au gré des pépins techniques et des petites erreurs de parcours (il y aurait eu l’un ou l’autre défléchage sauvage nous dit-on), et on avoue avoir un peu de mal à suivre tous ces changements. Quoi qu’il en soit, à ce stade de la course Maxime Dony pointe à la 6e place alors que Robin Ferket et Mathias Cloostermans sont 7e et 8e. Spoiler : ça va encore changer !
Arrêt express au superbe point de vue dit « Jambon de la Semois », ainsi nommé d’après la forme que fait la rivière à cet endroit. Les points de vue, ce n’est vraiment pas ce qui manque dans la région, mais on ne connaissait pas encore celui-ci !
Au kilomètre 92, le 120 km est rejoint par le 90 km (qui en est lui au km 60, vous suivez toujours ?) pour une fin de parcours commune.
Sur le 120 km, ça a complètement explosé en tête de la course ! Alors que Simon Grégoire, handicapé par ses problèmes de frein, n’a pas pu rester avec les premiers, Joris Massaer est lui parti dans un long cavalier seul. Il reste pratiquement 30 kilomètres et son avance est de respectivement… 4 et 6 minutes sur Thomas Sprengers et Kryspin Pyrgies. Cette fois c’est au tour de Thomas de nous faire part d’un problème technique : « J’ai cassé ma selle ! ». Pas idéal non plus évidemment…
En attendant de voir si Joris Massaer est toujours en tête à moins de 5 kilomètres de l’arrivée, Joyce Vanderbeken et Danae Stroubouli passent devant nous. La première est en route pour une victoire chez les femmes sur le 90 km et l’autre sur le 70 km ! Deux courses qui chez les hommes sont remportées par Arthur Courtois (90 km) et Andries Baert (70 km).
Tout semble possible sur le GRG 2024 très animé. Mais sauf incident dans la dernière bosse et la dernière descente, il n’y aura pas de surprise puisque Joris Massaer, toujours largement en tête, semble bien parti pour décrocher une nouvelle victoire à Bouillon.
C’est fait ! Fendant le nuage de confettis, Joris Massaer s’impose sur le Grand Raid Godefroy au terme de 120 kilomètres bouclés en 5h41, une course parfaitement gérée de bout en bout pour éviter les pépins mécaniques et physiques. Au passage, il remporte une nouvelle fois la catégorie Master 1.
Les écarts sont énormes puisque Kryspin Pyrgies, finalement 2e (de loin son meilleur résultat sur un BAMS), termine à 11 minutes du vainqueur.
Thomas Sprengers, qui s’est arrêté pour rafistoler sa selle cassée avec du tape, a dû renoncer à la 2e position mais il prend tout de même une belle 3e place scratch et s’impose chez les Elites.
Le top 5 est complété par Mathias Cloostermans et Robin Ferket, qui terminent juste devant Maxime Dony (6e). Robin est le U23 le mieux classé.
Plus loin dans le top 10, on retrouve Kenneth Coomans (7e), Jochen De Vocht (8e), Lars Bollen (9e) et Ramses Bekkenk (10e), vainqueur en Master 2. La catégorie Master 3 est quant à elle remportée par le Luxembourgeois Luc Klopp.
Malgré ses soucis de frein, Simon Grégoire termine à la 11e place (mais à pratiquement une demi-heure du vainqueur), ce qui lui permet de prendre de précieux points pour le classement Elites du BAMS dont il occupe la tête.
Chez les femmes, Puck Pinxt était la seule au départ du 120 km. Elle boucle la distance en 7h46 et ajoute une belle victoire à son palmarès !
Les leaders BAMS après six des sept manches de la saison, de gauche à droite : Ramses Bekkenk (Master 2), Danae Stroubouli (Femmes Masters), Joyce Vanderbeken (Femmes Elites), Joris Massaer (Master 1) et Robin Ferket (U23). Absents pour la photo, Simon Grégoire et Luc Klopp mènent respectivement en Elites et en Master 3.
Pour la récup’, vous êtes plutôt team pâtes, team bière, team glace… ou les trois ?
Après ce Grand raid Godefroy boueux mais ensoleillé, place déjà à la 7e et dernière manche du BAMS 2024. Ce sera ce dimanche 15 septembre au Raid Bocq, à Godinne !
Résultats complets sur Chronorace
Calendrier BAMS 2024 :
- 1er avril 2024 : La Hallonienne (Grand-Halleux) – 80 km
- 12 mai 2024 : Hard’n Marathon (Miavoye) – 65 / 80 / 105 km
- 19 mai 2024 : Ardennes Trophy (La Reid) – 65 / 95 km
- 23 juin 2024 : Raid des Hautes Fagnes (Malmédy) – 65 / 90 / 115 km
- 18 août 2024 : La Chouffe Marathon (Achouffe) – 65 / 95 km
- 08 septembre 2024 : Grand Raid Godefroy (Bouillon) – 70 / 90 / 120
- 15 septembre 2024 : Raid Bocq (Godinne) – 70 / 100 km
Site officiel du BAMS : marathonmtb.be