Amblève Trans Légende : le début d’une belle histoire

Par Olivier Béart -

  • Sport

Amblève Trans Légende : le début d’une belle histoire

Après avoir organisé un marathon classique l’an dernier en plus de leur désormais célèbre enduro, les gars de la « bande de l’Amblève » ont voulu cette année expérimenter une épreuve plus atypique et unique en Belgique : la Trans-Légende, librement inspirée de la fameuse Transvésubienne. L’idée : une course en ligne avec pas trop de kilomètres (une quarantaine) mais beaucoup de dénivelé et des descentes très techniques. Vojo y était pour voir cela de l’intérieur.

Et nous voilà en 2018, avec l’Amblève Trans Légende, épreuve tout à fait unique en son genre dans nos contrées. Pour une première en tout cas, pas question de partir sur de l’ultra-distance ni des temps de course délirants. Les organisateurs ont préféré miser sur du concentré avec un tracé de 45km et 1800m de D+ ! Bon, trêve de bavardages, laissons parler le terrain !

A l’heure du départ, ça s’impatiente un peu car il ya du retard. Tout à coup, Bobaf, maître d’œuvre des tracés, arrive et grimpe sur le podium pour faire une annonce. Il est tout transpirant et on voit à sa mine que quelque chose ne va pas. « En vérifiant le parcours ce matin je me suis rendu compte qu’il y avait eu du défléchage. Je suis même tombé sur un gars en train de saboter le tracé et une boucle va devoir être annulée car il ne veut pas entendre raison même si nous avons toutes les autorisations et le soutien entier de la commune. Nous comptons d’ailleurs déposer plainte. En attendant, on a fait de notre mieux pour réparer ce qui devait l’être ailleurs, mais ce n’est pas simple. »

Bon, nous voilà prévenus : si l’enduro de la veille a été parfait, cette première Trans-Légende risque de relever un peu plus de l’expérimentation que de la vraie course. Sur la ligne, nous sommes un peu plus de 150, et personne ne semble particulièrement inquiet de savoir si les soucis de fléchage vont influencer le classement car quasiment tout le monde est ici avant tout par curiosité et par défi personnel.

Au top départ, Nicolas Casteels signe le holeshot avec un départ digne d’une spéciale d’enduro. Ayant (comme à son habitude) fêté son bon résultat de la veille, on se dit que ça doit-être les vapeurs de Chimay qui doivent encore faire effet mais que cela ne va pas durer. Erreur, c’est mal connaître le bonhomme ! Derrière, votre serviteur tente de le suivre, mais je me rends vite compte que l’enduro a laissé des traces et que la forme post Cape Epic de 2017 est désormais bien loin. On va plutôt se la jouer cool !

Pendant les premiers kilomètres, on ne fait que monter. Et c’est raide. Très raide ! les jambes se remplissent d’acide lactique à la vitesse grand V et on se prend 300m de d+ dans les dents et un rien de temps, sans avoir le moindre moment pour souffler. Déjà, l’excellent jeune crosseur du team Superbikers, Tom Denayer, prend les commandes. Il est accompagné de Rick van der Sande.

Mais, si on grimpe, c’est avant tout pour aller chercher de belles descente. La recette est simple : on ne file pas droit au but, on tournicote un peu dans de jolis petits sentiers inédits pour se remettre un peu des ascensions, puis on enchaîne sur des spéciales de la veilles qui constituent les gros morceaux en matière de descentes sur cette Trans Légende.

Les grosses difficultés ont été retirées, de même que les rubalises, de sorte que la trace est plus libre. C’est tout à fait roulable en vélo de XC, mais cela n’en reste pas moins très, très technique et un beau challenge à rouler dans le cadre d’une course en ligne. Ceux qui ont choisi de s’aligner en vélo d’enduro l’ont sans doute regretté en côte, mais pas sur les spéciales !

Le souci, c’est qu’assez rapidement, des soucis de fléchage apparaissent. Dans la descente d’une des premières spéciales, je file tout droit… comme en fait quasiment tout le monde. Mais, une fois en bas, je vois des bikers venir d’en face et une flèche rose de la Trans-Légende. Ayant reconnu une partie parcours pour faire un reportage avant l’événement, je me souviens en effet qu’il y avait une boucle en plus à cet endroit.

Hop, je remonte par un grand chemin quasiment jusqu’à l’endroit où je pense m’être trompé et en effet, je retrouve une autre boucle, bien amusante d’ailleurs, de 2-3km. Mais par la suite, quand je reprends le fil du tracé là où je l’avais laissé, je me retrouve avec des gars qui étaient bien derrière. Bon, pas grave, on est là pour rouler et tester, la place dans le classement n’est pas bien importante. Au contrôle, Alain, un des baliseurs, s’en inquiète, mais le temps qu’il arrive, tout le monde sera déjà passé ou presque. Pas question non plus de lui jeter la pierre, ni aux autres baliseurs : on sait qu’ils ont fait cela au mieux et avec leur cœur. Les imbéciles qui ont débalisé certaines portions ne leur ont pas facilité la tâche non plus. Pour l’an prochain, un peu de chaux au sol ainsi qu’un peu de rubalise et des rappels aux endroit sensibles en descente amélioreront certainement les choses.

Notre évolution se poursuit, en prenant de l’altitude vers les plateaux fagnards et avec une incursion inédite dans le bois privé de la Picherotte. Par moments, dans les feuilles ou à la faveur d’une coupe de bois, de magnifiques paysages se dévoilent. Quelle belle région. Quel beau pays ! (Oui, oui, on a laisse notre objectivité au placard sur ce coup là, on l’avoue)

Pour ceux qui trouvaient que cela devenait trop reposant ou qui avaient tendance à s’extasier devant les beaux points de vue, un autre très gros morceau de l’épreuve arrive. Bobaf l’avait annoncé : il y aurait un gros portage sur cette Trans Légendes.

Chose promise, chose due : on va remonter toute la fameuse spéciale « Golden Strike » connue pour sa célèbre dalle de départ ! Et hop, 150m de d+ à avaler en poussant/tirant/portant le vélo (biffer la mention inutile).

Chacun a sa méthode, et si rares sont ceux qui ont le sourire, ce petit portage passe plutôt bien ! Il est raide, mais pas trop long pour dégoûter. Bref, l’idée est à garder et elle renforce l’originalité de la Trans Légende.

On a dépassé le kilomètre 30 assez largement, mais il ne faut pas croire que c’est fini ! On va encore descendre la SP4 de la veille (superbe, même en vélo de XC, mais très exigeante en « petit » vélo), puis la fin de la SP6, elle aussi très cassante et précédée d’un petit portage pour arriver au sommet des Roches Crahay et de la vallée du Ninglinspo.

Je me paie d’ailleurs un fameux coup de chaud/fringale dans la remontée juste après le Ninglinspo. Notre tracé rejoint pour quelques centaines de mètres celui des randonnées (les deux étaient jusque là complètement indépendants : un vrai point fort pour que personne ne se gêne) et je me fais dépasser de tous côtés ! Bon, on va faire les choses dans l’ordre, s’arrêter un peu, prendre un petit gel avant de repartir.

Pendant ce temps, Tom Denayer dévale le tracé (adouci) de la spéciale show sous le viaduc de l’autoroute et passe la ligne d’arrivée en vainqueur. Nicolas Casteels prouve que derrière son départ en boulet de canon et malgré les Chimay de la veille, il avait de la réserve. Il termine 2e et remporte le combiné enduro/trans ! Mathieu Neirynck complète le podium, alors que Julien Soussigne, 4e, prend la 2e place du combiné devant Nicolas Daniels. Chez les Dames, Kristien Achten gagne la Trans Légende et Evelien Hofmans le combiné.

Vous l’aurez compris, cette première édition de l’Amblève Trans Légende n’était pas parfaite. Mais pourtant, qu’est-ce que c’était bon ! Et pour notre part, on en redemande. La scène VTT est en pleine forme en Belgique, mais ce type d’épreuve parvient à faire souffler un vent nouveau qui fait beaucoup de bien. « C’est énorme à organiser et l’enduro reste notre priorité. On verra si on le refera car si on peut pardonner des erreurs sur une première, on aime que tout soit parfait et on ne veut pas faire les choses à moitié », nous dit Bobaf à l’arrivée. On espère en tout cas très fort que le rendez-vous sera maintenu en 2019 !

Résultats complets : http://ris-timing.be/enduro-de-lambleve-5-mai-2018/

ParOlivier Béart