24h en solo dans la peau d’un champion du Monde

Par Olivier Béart -

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24h en solo dans la peau d’un champion du Monde

Boucler une course de 24h est déjà une aventure un peu folle, même en équipe. Alors, imaginez en solo ! Il existe pourtant quelques poignées de fondus pour qui c’est une vraie passion. Chaque année, ils se donnent rendez-vous pour le championnat du Monde de la spécialité, organisé sous l’égide de la World Endurance Mountain Bike Organisation (Wembo). Parmi les spécialistes de la discipline, on trouve un Belge, Alexis Matthys, champion du Monde amateur en titre dans sa catégorie d’âge (30-34). Après l’Italie (Finale Ligure), l’Australie, l’Ecosse, il a pris cette année la direction de la Californie, où il a décroché une troisième couronne Mondiale avec le maillot Vojo sur les épaules. Aujourd’hui, il vous propose de revivre cette épreuve hors du commun comme si vous y étiez.

Wem -001Cette année les championnats se déroulaient à Weaverville en Californie. Il s’agit des 4èmes championnats organisés par Wembo et des 4èmes auxquels je participais après ceux ayant eu lieu en Italie (2012), en Australie (2013) et en Ecosse (2014). Vojo m’a proposé de vous raconter ces 24h très intenses, cet effort très particulier et, comme chaque fois que j’évoque le sujet, une multitude d’émotions plus fortes les unes que les autres m’envahit. En route pour les USA !

1-24h_Wembo_Alexis_Matthys_VojoMag

Mise en jambes

Après un long voyage en avion jusqu’à San Francisco suivi de quelques heures de voiture vers le Nord de l’Etat de Californie, c’est la veille de la course que nous arrivons, ma compagne Amélie et moi, dans la magnifique petite ville de Weaverville. Weaverville est une ville historique de l’Ouest américain où les traces des activités passées sont encore bien visibles, puisqu’il s’agissait d’un haut-lieu de la ruée vers l’or.

3-24h_Wembo_Alexis_Matthys_VojoMag

Après les modalités habituelles d’inscription, nous retrouvons notre ami français Sébastien Dupont dont c’est la première participation à un mondial. Ensemble nous n’attendons pas plus longtemps et nous nous élançons sur la reconnaissance du circuit. Les circuits des championnats du Monde Wembo sont réputés pour être à chaque fois très beau mais très sélectifs, aussi bien sur un plan physique que technique.

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Ne vous attendez pas à des circuits de XC contemporains de quelques kilomètres : ici le tracé est long de pas moins de 22 bornes ! Il ne déroge pas à l’habitude Wembo et nous met directement dans le vif du sujet en nous imposant une côte sur piste large de 6 km où nous prenons plus de 500 mètres de dénivelé, dont la grande majorité sur les 3 derniers kilomètres composés de passages à plus de 25% de pente, 3 km qui, je le sais déjà deviendront abominables au bout de 24h.

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La seconde partie offre un profil descendant mais elle est très loin d’être reposante car composée exclusivement de singlestracks parfois rapides, parfois très lents avec de multitudes d’épingles, la présence de racines, de la caillasse, du sol sablonneux, bref un terrain qui met les capacités de pilotage à leurs limites et où le maintien de la concentration 24h durant sera fatiguant mais  primordial pour éviter les erreurs de pilotage. Pour casser le rythme, cette longue section descendante est entrecoupée de nombreuses petites remontées bien raides qui, à la longue seront aussi très éprouvantes et autant de casse-pattes pour les jambes.

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Race Day

Samedi, c’est le jour J ! Il est 8h lorsque je me lève, soit 4h avant le grand départ. Un peu de nervosité m’envahit, à la fois parce que la course s’annonce très fatigante et que je sais que surviendront des moments d’extrêmes souffrances, mais aussi et surtout parce que je me mets la pression quant à l’obtention d’un bon résultat.

Je sais que je me lève pour une très longue journée et que je reverrai mon lit au plus tôt le lendemain (dimanche) soir !

Après 2 titres dans ma catégorie (30-34 ans) obtenu en 2012 et 2014 et une seconde place en 2013, je n’envisage rien d’autre qu’une place sur le podium mais, comme chaque fois, c’est l’inconnue au départ quant au niveau de l’opposition présente. C’est en effet la première fois que je rencontre la grande majorité de mes adversaires, qui sont presque tous Américains, un pays qui fait partie des pays où les courses 24h solo sont les plus répandues. Et j’ai conquis mes deux couronnes en Europe, alors qu’en Australie, j’ai subi une défaillance. J’espère que les USA me réussiront mieux…

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Vers 10h nous arrivons sur l’esplanade réunissant tous les stands, je m’installe dans le mien qui sera partagé avec Sébastien.

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C’est le temps des derniers préparatifs mais également l’occasion de saluer beaucoup d’habitués des 24h comme Pedro Maïa (à gauche), venu du Portugal et vainqueur dans sa catégorie (50-54 ans) l’an dernier, ou Rusell Baker (à droite) président de la fédération.

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11h40, il est temps d’aller rejoindre la grille de départ et d’assister au dernier petit briefing. Les coureurs Elite sont placés sur les premières lignes, ceux des catégories d’âge se positionnent juste derrière.

Le niveau général de la course s’annonce incroyablement élevé vu le nombre de bikers au palmarès éloquent sur cette grille de départ.

L’Australien Jason English (dossard numéro 1) multiple champion du monde Elite est évidemment de la partie, mais pas que puisque je remarque aussi la présence du canadien Cory Wallace ancien vainqueur de grandes épreuves d’endurance comme le Crocodile Trophy, de l’américain Kelly Magelky, du britannique Jason Miles qui est déjà monté sur le podium Elite, des lituaniens Einaras Sulskus (dossard 18) et portugais Marco Martins qui m’avaient tous deux battu et qui étaient montés cette année sur le podium du championnat d’Europe de 24h, mais aussi et surtout celle de David Tinker Juarez, le biker Californien d’origine Indienne à la célèbre crinière !

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Imaginez : Tinker Juarez (dossard 3), c’était mon idole et celle des jeunes bikers des années 90. C’était le pilote du grand team international Volvo/Cannondale sur les coupes du monde XCO, celui à qui j’avais fait signer ma casquette de fan Cannondale dans les padocks du team à Houffalize en 1995 et c’est toujours l’icône américaine devenue depuis des années, et toujours sous le maillot Cannondale, la référence des courses d’endurance sur le sol américain et mexicain. Quel honneur pour moi de partager la même course et les mêmes sentiers que Tinker, qui roule à domicile, et qui, du haut de ses 54 ans, est inscrit en Elite avec des bikers 20 à 30 ans plus jeunes. Son ambition étant claire : gagner le titre Elite !

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12h, le départ est enfin donné, d’abord en mode « show à l’américaine » derrière un cortège composé d’une magnifique Mustang et de policiers à cheval avant qu’il ne s’écartent, laissant libre cours au rythme du peloton de 200 bikers. Je me place de suite dans le sillage des meilleurs Elites mondiaux, mon objectif étant d’arriver au sommet de la côte et donc de l’entrée des singles dans la meilleure position pour être le moins gêné possible par des bikers plus lents et pour profiter de « l’aspiration » des meilleurs, histoire d’essayer de prendre un petit avantage dès le départ.

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Rapidement le peloton se morcèle sous l’impulsion de l’accélération de deux bikers, K Magelky (dossard 11) et T Juarez (3), qui prennent déjà une avance nette alors que la partie la plus pentue de la côte n’est pas encore atteinte. Je reste dans le groupe de chasse en compagnie d’une dizaine de bikers dont J English (1) et C Wallace (dossard 24), le rythme y est élevé mais j’arrive à suivre sans trop souffrir, l’envie de bien me positionner et suivre les meilleurs Elites du monde est là mais en même temps il ne faut surtout pas trop donner, au risque d’accumuler de l’acide dans les jambes et condamner ses chances de succès.

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Le sommet atteint, le rythme s’accélère encore, je profite du sillage de ce petit peloton pour facilement accentuer mon avance sur mes adversaires directs. En effet, je suis le seul de ma catégorie dans le groupe et donc déjà en tête du classement 30-34 ans. Dans les singles, vu le niveau technique différent de chacun, le groupe éclate et je me résous à rouler alors à mon rythme sans plus calquer ma vitesse sur quiconque.

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Mon premier tour est bouclé au bout de 1h01 min, Amélie me confirme ma première place de catégorie et ma 10ème place au général.

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Pendant 2 tours je vais trouver un allié de choix en la présence de l’italien Cristian Ragnoli (dossard 118), que j’avais rencontré au championnat d’Europe cette année et avec qui j’avais déjà « collaboré ». Il est en tête  de sa catégorie, et il gagnera chez les 40-44 ans, nous ne sommes donc pas concurrents. Nous roulons à exactement la même vitesse et il est bon au moral de rouler avec quelqu’un en prévision de la longue nuit qui s’annonce et qui est toujours synonyme de grande solitude.

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Pour nous « égayer » quelque peu l’esprit, les organisateurs ont eu la chouette idée de mettre, ça et là, quelques curiosités au bord du circuit !

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Dans les stands, alors que Tinker Juarez caracole en tête pendant les premières heures, c’est le vent qui occupe l’attention des assistants qui doivent tenir les tentes pour éviter qu’elles s’envolent.

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Juarez est suivi par Magelki et tous les deux font le show en prenant dans les 5 premiers tours une avance impressionnante sur un autre duo expérimenté…

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… composé d’English et Wallace qui ne s’inquiètent nullement de l’écart, la course venant de commencer. La suite montrera qu’ils ont bien raison.

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On trouve tous types de bikers et de tous les âges lors des championnats, les meilleurs professionnels mondiaux de la discipline évidemment mais aussi une grande majorité d’amateurs comme Robert Dahlgren (dossard 158) leader et futur vainqueur de la catégorie 70+ !

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Les kilomètres défilent, j’ai trouvé un bon rythme et je me sens de mieux en mieux, pour preuve j’ai lâché Cristian, mon « partenaire 40-44 ans » sans même avoir l’impression d’accélérer.

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Vu la présence d’un soleil de plomb depuis le départ et le thermomètre flirtant avec les 30 degrés, il est primordial de bien s’hydrater. A chaque tour, il est donc indispensable de terminer son bidon. Je consommerai ainsi près de 20 litres au bout des 24h. L’apport de calories n’est pas en reste puisque c’est toutes les ½ heures que je décide « d’ingurgiter » un gel sucré.

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Dans tous les stands c’est la même « musique » : régulièrement se ravitailler. C’est ce qu’il y a de plus important pour espérer aller au bout, sans oublier le soutien des proches et leur regard bienveillant sans lequel le côté psychologique peut vite basculer.

La nuit

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18h, la luminosité baissant rapidement, le règlement impose le port des lumières sur le vélo. Ce sera donc mon premier arrêt, juste le temps de placer une lampe sur le cintre et changer de casque (une autre lampe y est placée). Voulant garder la tête de ma catégorie à tout prix, je décide de retarder mon premier arrêt pour manger solide.

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Ma vigilance descendant quelque peu, il est finalement 22h lorsque je m’arrête pour manger une première fois. Cette « longue » pause de 7 minutes fait du bien au moral, quel bonheur que de me retrouver quelques minutes auprès d’Amélie qui en plus de regraisser la chaîne du vélo me regonfle le moral à bloc. Ses encouragements et tous ceux qu’elle me transmet des amis et supporters qui suivent la course à distance depuis la Belgique me font le plus grand bien mentalement et m’aident à passer au-dessus de la fatigue qui, doucement, s’installe dans mon corps. Mon avance sur le second avoisine les 20 minutes. C’est déjà confortable, mais nullement suffisante pour lever le pied la moindre seconde.

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La nuit est dorénavant bien là, une nuit tellement noire que percent difficilement les faisceaux de ma lampe, l’effort de concentration est alors décuplé, au risque de chuter. Chaque virage, chaque obstacle prend une autre dimension dans cette obscurité inhabituelle, les singletracks deviennent encore plus difficiles à sillonner sans commettre d’erreur de pilotage.

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C’est vraiment pendant la nuit que l’on remet le plus en cause sa présence. Les bonnes pensées et les plus mauvaises se succèdent, mais avec cette noirceur et la fatigue physique qui s’amplifie, ce sont les moins bonnes qui tendent à rester. Ainsi, plus d’une fois, on a envie d’abandonner, on a envie de confort, de retrouver son chez soi et surtout ses proches, on se sent très seul et désemparé…mais il faut continuer, encore et toujours continuer et se rappeler l’objectif à atteindre et ce pourquoi on est venu aussi loin, penser aux proches qui vous soutiennent et ainsi éloigner le plus possible les envies de tout arrêter.

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Heureusement à chaque passage devant mon stand Amélie est présente pour me soutenir comme personne d’autre, elle est mon moteur. Un moral d’acier et la présence d’un proche sont alors ce qu’il y a de plus précieux dans pareil instant, bien plus que n’importe quelle préparation physique. Avec le recul, je me dis que c’est sans doute ce qui m’a manqué en Australie en 2013 pour obtenir meilleur résultat que la seconde place. Cette année là, je m’y étais présenté seul, sans assistance. La preuve que, même « solo », ces 24h sont une course d’équipe.

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La nuit, c’est aussi le moment le plus difficile pour Amélie, d’abord parce que la température moyenne est drastiquement descendue (proche des 0° !) mais aussi parce que c’est très dur pour elle de me voir de plus en plus fatigué m’enfoncer seul avec mon vélo dans cette nuit, sur un circuit de plus en plus piégeux et où les risques de chute ou de défaillance s’accroissent tour après tour…

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Minuit, c’est la mi-course, il me reste 12h de vélo avant d’en voir le bout, 12h qui me paraissent infinies. Pour m’aider à passer la nuit, je décide de structurer la partie nocturne et le reste de ma course en blocs de 3 tours. Ainsi je sais que dans moins de 3 blocs, à chaque fois interrompus d’une pause repas de quelques minutes, le jour se sera levé. On occupe l’esprit comme on peut…

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Amélie me renseigne que mon avance sur le second de ma catégorie (Brent Wood, dossard 140) atteint 30 minutes. Cela peut paraitre énorme et pourtant j’ai l’impression qu’elle peut fondre en un éclair. Je me sens à la merci de perdre le leadership, la fatigue est sans doute la source d’un mauvais jugement, mais j’ai l’impression que mon corps est à la limite de « lâcher » à tout instant et je redoute la situation où mes poursuivants, qui pourraient avoir démarré calmement, puissent augmenter leur rythme en seconde partie de course.

13-24h_Wembo_Alexis_Matthys_VojoMagA ce moment, Jason English et Cory Wallace me prennent un tour pile quand j’entame pour la 11ème fois la longue montée de 6 km. Leur rythme est à peine plus élevé que le mien dans la bosse et je profite de l’occasion de pouvoir une nouvelle fois rouler avec ces deux grands champions. Cela me donne aussi l’occasion d’échanger quelques mots avec eux. C’est ainsi que j’apprends qu’ils viennent de passer en tête de la course ; K Magelky ayant plus de mal à aborder la seconde partie de course et Tinker Juarez ayant abandonné au bout de 6 tours pour des raisons médicales (troubles de la vision, il a d’ailleurs entre temps mis un terme à sa carrière sur les 24h solo).

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2h, d’habitude c’est le moment où j’ai le plus de difficultés sur le plan de l’éveil, où l’envie de dormir est à son paroxysme, où je rêve de mon lit, mais aujourd’hui malgré les 9h de décalage horaire avec la Belgique ce n’est pas ce qui me fait le plus souffrir, je reste sans trop de mal éveillé.

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Le plus pénible cette fois, c’est au niveau du ventre. J’éprouve des difficultés à digérer, je me sens nauséeux, le dégout de toute nourriture m’envahit et pourtant je dois continuer à manger au risque de l’apparition d’une fringale, LA hantise du biker d’endurance.

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La nuit de 12h est interminable, le lever du jour se fait vraiment désirer et, quand enfin le soleil se lève, je constate que mon avance a énormément augmenté pour atteindre un tour d’avance sur mon plus proche poursuivant, toujours, et comme depuis le départ, l’Américain Brent Wood ! Mon moral est au zénith et je comprends que la victoire ne peut plus m’échapper, du moins si je parviens à terminer la course sans être victime d’un incident majeur.

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Vu mon avance confortable, je décide de « lever le pied » durant les quatre dernières heures pour totalement gérer mon avance, assurer ma victoire de catégorie et éviter de me mettre dans un état proche de celui que j’avais atteint un an plus tôt en Ecosse lorsque j’avais tout donné jusqu’au bout. Cela m’avait permis d’obtenir un top 10 au scratch mondial mais, revers de la médaille cela m’avait valu un état de fatigue et de douleur durant des jours après l’épreuve, comme je n’avais jamais connu dans ma vie.

La délivrance approche

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Alors que je totalise à peine plus de 10 minutes de pause à 8h au matin, je vais « profiter » de mon tour d’avance pour m’arrêter plus souvent et plus longtemps et cumuler plus de 35 minutes d’arrêt à l’issue de la course. Fort logiquement, plusieurs bikers comme Scott Nicolhas et Brett Belchambers (dossard 57), les 2 premiers au classement singlespeed, me rattrapent et je perds quelques places.

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Le dernier tour devient, malgré les pauses, un calvaire. Surtout la fameuse côte qui est maintenant un véritable supplice pour les jambes. Je suis d’ailleurs à la limite de devoir descendre du vélo. Le single descendant est lui aussi un supplice pour le corps qui fait un mal épouvantable lors de chaque choc. C’est dans pareil état que je me rends compte à quel point le vtt est un sport où le travail postural sur le vélo est important. On ne se rend pas compte sur des épreuves de longueur raisonnable mais chaque obstacle nécessite un travail de posture qui devient abominablement éprouvant au bout de 24h.

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Alors qu’Amélie m’attend avec la plus grande impatiente pour définitivement me retrouver, je franchis la ligne d’arrivée au bout d’un difficile dernier tour à 12h01, au bout de 23h25 min de course, en ayant effectué 18 tours pour un total de 391 km. Vous voulez encore des chiffres : j’ai dépensé 20000 kcal et parcouru 11000 m de dénivelé positif pour finir en première position dans ma catégorie et à la 14ème place au général.

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Mon avance culmine à plus d’un tour sur l’australien Ryan Kimberley (dossard 97) second et l’Américain Brent Wood finalement troisième. Mission accomplie, j’obtiens donc avec un bonheur non dissimulé mon troisième titre mondial en 4 ans !

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Du côté des Elites hommes, Jason English remporte un nouveau titre mondial, cette fois devant les américains Josh Tostado et Mike McCauley. Cory Wallace termine plus difficilement les dernières heures pour obtenir la 4ème place scratch peu devant Einaras Sulskus, cinquième et Kelly Magelky, sixième.

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Chez les Elites femmes, l’américaine Sonya Looney (dossard 38) obtient son premier titre mondial de la discipline.

21-24h_Wembo_Alexis_Matthys_VojoMag

Enfin grosse surprise du côté de la catégorie singlespeed puisque l’ultra favori australien Brett Bellchambers ne renouvelle pas son titre mondial mais obtient la médaille d’argent derrière son compatriote Scott Nicolhas. Mon ami français Sébastien Dupont (à droite) en termine également avec son premier championnat de 24h solo.

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Quel plaisir que de terminer cette nouvelle épreuve de 24h, cette nouvelle épreuve de vie où tous les sentiments m’ont une nouvelle fois traversés l’esprit, et où j’ai fait la connaissance de nouvelles souffrances corporelles et appris à aller au bord de nouvelles limites physiques. Surtout, quel bonheur de retrouver Amélie en fin de course ! Son soutien a été la chose la plus précieuse sur laquelle j’ai pu compter pour aller au bout de ce nouvel effort. Cette réussite est la nôtre ! Grosse pensée par ailleurs à mes parents et à toute ma famille qui, j’en suis certain, ont suivi attentivement la course derrière leur petit écran et qui doivent être aussi heureux que nous ! Je pense aussi à ceux qui m’ont soutenu pour vivre cette course lointaine (Habi, Vojomag, Granulé de bois) et mes « parrains » qui m’ont permis de boucler le budget conséquent nécessaire pour me permettre de vivre cette fabuleuse expérience. Cette victoire est donc aussi un peu la vôtre !

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Une chose fait l’unanimité en cette fin de course, c’est l’émotion qui déborde pour tous et entre tous, qu’on soit biker, assistant ou simple spectateur…

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Le soir venu, une fois la remise des prix terminée et le calme de ma chambre retrouvé, le trop plein d’émotions de la course s’apaise et je commence à réaliser ce que j’ai vécu et accompli durant ces 24h. C’est à ce moment que je savoure enfin le bonheur de retrouver la tunique arc-en-ciel dans ma catégorie pour la 3ème fois ; bonheur amplifié par le fait que cela s’est déroulé si loin de chez moi.

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Une course de 24h c’est plus qu’une course, c’est (comme chaque fois) une véritable expérience de vie… Au moment d’écrire ce récit, des milliers d’images et d’émotions, comme celles de la photo finale réunissant tous les lauréats des différentes catégories. Elles deviendront toutes des souvenirs inoubliables…

Plus d’infos : www.wembo.com.au

Texte : Alexis Matthys – Photos : Russel Baker/Wembo et Marius Kaitulis

ParOlivier Béart