Visite | Continental : l’odeur du caoutchouc brûlant

Par Jan Geys -

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Visite | Continental : l’odeur du caoutchouc brûlant

Korbach pourrait être un village calme, dans l’ombre de ses voisins plus connus que sont Willingen et Winterbeg. Seulement, au début du 20ème siècle, le géant du caoutchouc Continental a choisi la commune pour s’installer. Début 2017, nous sommes partis voir ce qui se cache derrière le slogan ‘handmade in Germany’, au moment où nombreuses sont les entreprises qui délocalisent là où la main d’oeuvre est moins importante. Visite express : 

Continental a été créé en 1871 à Hanovre, la capitale de la Basse-Saxe allemande. Continental (ou Conti pour les intimes) y fait référence dans son logo avec un cheval caractéristique des armoiries de la Basse-Saxe. À Korbach, une grand partie des 24.000 habitants gagne son pain directement ou indirectement grâce à Continental. En débutant la visite, celui ou celle qui pensait découvrir une usine ultra moderne sera déçu, le département des pneus de vélos est, avec celui des pneus motos,  installé dans l’ancien bâtiment inauguré il y a plus de cent ans.

L’absent aujourd’hui, c’est Ulf, l’employé de la marque qui, grâce aux campagnes publicitaires, est devenu la mascotte de Continental.

Nous ne verrons pas non plus le département R&D (recherche et développement) qui est situé à Hanovre, quelque 200km plus loin. Nous commençons donc notre visite au moment où de gros rouleaux, qui sont la base de la carcasse des pneus, sont coupés à la machine. 

Dans le premier hall de production, nous sentons déjà l’odeur typique du caoutchouc. Elle sera exacerbée plus loin. L’énorme machine qui coupe mécaniquement la base de la carcasse, pour n’en récolter que des bandes, nous donne une toute autre impression que ce que le slogan nous laisse à penser.

Pas le temps de fouiner, notre guide Benjamin nous emmène vers la pièce suivante où une trentaine de machines, contrôlées par autant d’ouvriers, sont en plein soufflement et grognement.

Ils préparent les pneus à la vulcanisation, le processus où ces derniers recoivent leur look définitif. D’une main experte, les ouvriers découpent le caoutchouc de la carcasse dans la longueur, pour ensuite, à l’aide d’un rouleau chaud, coller les deux extrémités. C’est ici aussi que les fils et les éventuelles protections de flancs sont placés au bons endroits, pliés et coupés. 

Les pneus qui équipent nos vélos préférés se voient ensuite équipés manuellement de leur marquage.  Pour les pneus de route plus fins, l’étiquette est posée par une machine, dans le cas du VTT, l’opération est réalisée à la main, les pneus crantés étant trop larges pour le moule utilisé. 

Les pneus sont provisoirement accrochés sur de grandes penderies avant de déménager vers le dernier hall de production. À l’approche de ce hall, nos narines se remplissent de plus en plus de l’odeur de caoutchouc brûlant.

Voilà l’étape de la vulcanisation, celle où le pneu reçoit sa forme finale. Un ouvrier pose les pneus provisoires un à un dans ce qui semble être des grandes casseroles à vapeur.

Quelques minutes plus tard, la casserole ‘recrache’ un pneu prêt à l’emploi

À l’intérieur des « casseroles », les pneus sont chauffés et grâce au moule, prennent leur forme finale. Quelques minutes plus tard, la casserole « recrache » un pneu prêt à l’emploi, dans notre cas un Race King.

45 minutes après avoir mis les pieds dans ce vieux bâtiment, nous voilà dehors, mais notre visite ne se termine pas là.

Direction ensuite le département où sont fabriqués les boyaux. Sur le chemin, nous passons près de celui où sont produits les fameuses gommes Black Chili. Malheureusement, c’est une zone interdite pour nous, bien que la tentation de nous y éclipser quelques instants était bien présente. Nous ne devons pas nous méfier de Ulf, que pourrait-il donc nous arriver? Notre guide avait prévu le coup et  il garde son groupe à l’œil. Continental a très peur de dévoiler ses secrets, à nous comme au reste du monde.

Direction donc le département des boyaux où, derrière des vieilles machines à coudre, des ouvriers travaillent durement. Pour nous, l’horloge tourne vite et il est grand temps de retrouver les bureaux pour un petit bain dans le marketing de la marque. Nous étions, le temps de cette visite, accompagnés de revendeurs Continental.

Bien sûr, lors de la fabrication de pneus, l’utilisation de machines est nécessaire, mais suite à notre visite chez Continental, nous sortons étonnés. Un grand nombre de mains est nécessaire pour faire naître ces pneus et les emballer avant de les expédier partout dans le monde. « Handmade in Germany », la devise n’est donc pas un dicton vide !

Plus d’infos sur www.continental-pneus.fr

ParJan Geys