Ultra Raid de la Meije : la beauté de l’extrême

Un effort hors normes dans un décor somptueux, voilà ce que propose l’Ultra Raid de la Meije, véritable passage obligé pour les amoureux de montagne et de raids extrêmes. Quelques chiffres aident à situer l’épreuve en version élite : 5000 de dénivelé positif, 110 kilomètres et un circuit qui s’envole la plupart du temps au-dessus de 2000m d’altitude. Autant dire que s’ébahir devant paysages se fait entre deux respirations saccadées ! Vincent Arnaud, vainqueur de la MB Race et un des favoris du jour, nous raconte ses aventures sur l’UTRM. Des aventures hélas écourtées suite à une chute qui témoigne de la difficulté du tracé…

Enfin il se lève derrière les crêtes, il dissout l’ombre qui nous empêchait de profiter des paysages. Ses filaments colorés traversent la brume, le passage au sommet du col du Galibier me décroche un ébahissement. Quelques sommets transpercent l’opaque mer de nuage, c’est avec cette image que je m’engage le sourire aux lèvres dans la descente. Le froid a rendu le sol à la fois dur et abrasif. Une ou deux chutes permettront à mes genoux de le confirmer. La descente est vraiment atypique. En effet, ce sont des sentiers de haute montagne, les traces sont rocailleuses, étroites et surtout techniques. Je regrette d’utiliser mon semi rigide tellement je me fais malmener.

C’est presque un soulagement de reprendre un single en montée. L’alternance de poussette et de pédalage additionnés à l’altitude augmentent vraiment mon rythme respiratoire. Je souffle tellement que le crissement des flaques gelées m’est inaudible, je constate juste que la glace craquelle sous mes pneus.

Les deux sommets suivants étaient cachés par la mer de nuage lors du passage du Galibier, au sommet c’est donc le brouillard, l’humidité et le froid qui nous attends. Je grimpe dans l’épais brouillard, tantôt à pied, tantôt tentant de pédaler au milieu de la rocaille. Je ne vois pas plus loin qu’une centaine de mètre, dommage j’espérais profiter de la vue.

J’entame la longue descente sur le col du Lautaret. Une nouvelle fois, elle s’avère très technique, sur quelques pans de montagnes, les traces sont multiples. Chance ou « flair » appelez cela comme vous voulez mais il en faut pour prendre la bonne trajectoire. Le futur vainqueur parait survoler les sauts et les rocailles, il me dépose littéralement. Quelques hectomètres plus tard, c’est la chute : je tombe dans un ruisseau. Je plonge entièrement dans l’eau glacée, me blessant à la cuisse par la même occasion. L’aventure manque de s’arrêter là, mais je décide de continuer.

Nous dévalons en direction de la vallée sur un single magnifique, mais je n’espère qu’une chose : sortir de l’ombre pour essayer de me réchauffer. Mes tremblements rendent mon vélo quasi incontrôlable. Quelques minutes plus tard, Je ne sais même plus si c’est le froid ou la peur du vide qui me fait avoir la chair de poule. En effet le single track pour rejoindre le col du Lautaret est vertigineux, nous sommes littéralement suspendus à la montagne.

La suite du circuit est beaucoup moins hostile et rocailleuse mais toujours très physique. Les crampes aux quadriceps vont remplacer les maux de bras. Cependant, ça reste vraiment ludique et plaisant à rouler. Benoit Vaxelaire va caracoler en tête quasiment l’ensemble de la course. Il se chargera de traverser vitesse grand V les grandes étendues du plateau d’Emparis.

Le décor change complétement, fini la rocaille, place à la végétation. Il faut balancer les pieds au gré des virages, sauter par-dessus les racines, bref une bonne partie de plaisir. Les places ne vont d’ailleurs pas changer en tête de course à partir du km50 jusqu’à la fin malgré quelques difficultés. Même la dernière longue bosse de 900m de dénivelé avant d’attaquer la descente finale dans la vallée de la Grave ne changera rien. Thomas Talon terminera deuxième, Florent Besse complétera le podium.

J’aurais aimé vous en dire plus, mais ma chute dans le ruisseau m’en a empêché. La mort dans l’âme, j’ai du me résoudre à abandonner. Pas l’idéal pour un début de collaboration avec Vojo, mais le froid et la douleur auront finalement eu raison de ma motivation. Dommage car le beau temps et un peu de chaleur étaient de la partie pour la fin de cette épreuve. Ce que je retiendrai, c’est que le circuit est d’une difficulté technique et physique rarement atteinte. L’Ultra Raid de la Meije nécessite d’être bien préparé physiquement, mais aussi à l’aise physiquement et les erreurs peuvent se payer cash. Les paysages sont aussi somptueux et ils valent à eux seuls le détour, comme le fait de rouler quasiment tout le temps à plus de 2000m d’altitude, ce qui est vraiment rare sur l’ensemble du circuit européen de marathon.

A défaut de récit complet de Vincent Arnaud sur le 130km, voici une vidéo qui vous permettra également d’avoir un bel aperçu de cette épreuve hors norme. Rendez-vous en 2016 pour la revanche !

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Le classement complet et plus d’infos sur l’Ultra Raid de la Meije : www.ultraraidlameije.fr

Photos : B. Boone/Ultra Raid de la Meije et Lionel Montico pour Vojo