Présentation | Le nouveau Specialized Epic est arrivé !

Par Olivier Béart -

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Présentation | Le nouveau Specialized Epic est arrivé !

Le Specialized Epic est sans aucun doute une des références en matière de fulls suspendus XC de compétition, si pas LA référence. Après le Scott Spark, c’est au tour de cette autre légende de faire entièrement peau neuve ! Si son aspect ne change pas fondamentalement, c’est bel et bien un tout nouveau vélo que vous avez sous les yeux : régime drastique, tout nouveau système Brain, fin du FSR et géométrie revue de fond en comble… les évolutions sont nombreuses. Nous avons fait le déplacement jusqu’aux USA pour examiner le nouveau Specialized Epic sous toutes ses coutures et pouvoir vous expliquer cela en détails :

1. Une cure d’allègement drastique

Sans être lourd, le cadre du Specialized Epic n’a jamais été connu pour battre des records de légèreté. Avec un peu plus de 2,2kg en S-Works taille M, il était assez loin du peloton de tête.

Les développeurs se sont donc attelés à réduire drastiquement les masses sur chaque partie du châssis, parvenant à gagner 345g sur le nouveau Specialized Epic S-Works (qui passe donc par la même occasion sous la barre symbolique des 2kg, avec un poids 1870g annoncé) et jusqu’à 525g sur les versions « classiques » en cadre carbone. Pour vous donner une idée, 525g, c’est… le poids d’un système Brain complet avec quelques autres bricoles (entretoises,…) !

Pour arriver à ce résultat, Specialized a travaillé sur les formes et les épaisseurs de chaque couche de carbone nécessaire à la fabrication du cadre du nouveau Specialized Epic. C’est le principe de la technologie que la marque appelle « Rider First Engineered », inaugurée sur le Tarmac de route et qui consiste à créer des formes de tubes et des assemblages spécifiques à chaque taille de cadre. Outre l’optimisation du poids, cela permet aux utilisateurs du S au XL d’avoir les mêmes sensations de rigidité sur le vélo.

Outre le triangle avant, qui s’inspire du nouvel Epic HT apparu l’an dernier (voir notre test), c’est surtout sur le bras arrière que Specialized a gratté le plus de grammes, comme nous l’explique Brian Gordon, le « papa » du cadre de ce nouveau Specialized Epic (et accessoirement aussi champion des USA de XCM en catégorie amateur) :  » Nous avons réussi à gagner 240g rien que sur cette partie, soit 39% ce qui est énorme. Mais c’est uniquement grâce au travail mené avec le département suspension que nous avons pu réussir cela. Car si vous regardez bien, le fameux Horst Link de la suspension FSR a disparu, ce qui nous a permis non seulement d’économiser le poids des roulements, mais aussi de travailler avec des fibres de carbone continues des bases jusqu’aux haubans pour alléger l’ensemble et gagner en rigidité ». 

Eh oui, vous avez bien lu : le nouveau Specialized Epic est le premier full suspendu de la marque (hormis un cadre de Dirt) à se passer du fameux système four bar linkage FSR et de son pivot Horst Link dont la marque a longtemps détenu le brevet. Nous allons en découvrir les raisons.

2. Un nouveau Brain 2.0, conçu avec RockShox

Ici aussi, c’est une petite révolution : pour le nouveau Specialized Epic, c’est avec RockShox et non plus son partenaire historique Fox que la marque de Morgan Hill a travaillé.

Hormis une parenthèse Future Shock (peu glorieuse), la marque avait en effet toujours travaillé avec l’enseigne au renard bleu pour son fameux système de blocage automatique de suspension.

Comme on le voit sur ces images, le Brain n’est plus situé à l’intérieur du hauban gauche mais derrière l’axe de roue arrière. Il est aussi beaucoup plus compact et que les inquiets se rassurent, il ne dépasse pas latéralement de sorte qu’il n’est pas (ou du moins très peu) exposé aux chocs. L’avantage majeur de ce repositionnement : la sensibilité. Auparavant, quand l’axe de roue se déplaçait d’1mm, le réservoir ne bougeait lui que de 0,81mm. Ici, le rapport est de 1:1, soit quasiment 20% de réactivité en plus.

Mais ce n’est pas tout : un important travail a été effectué en interne sur le nouveau Brain conçu avec RockShox, principalement sur l’hydraulique, comme nous l’explique Mike Andrew, le « gourou » des suspensions chez Specialized : « Nous avons énormément travaillé sur la dynamique des fluides à l’intérieur du système d’amortissement, et sur la communication entre le Brain et l’amortisseur proprement dit »

Par rapport à l’ancien système Brain, le trajet de l’huile entre les deux parties du système a été simplifié au maximum afin de limiter les risques de turbulences. « Cela aide à réduire l’hystérésis (autrement dit le retard) et donc également à améliorer la sensibilité du système en évitant les turbulences et autres saccades nuisibles ».

Outre un trajet très droit entre le Brain et l’amortisseur, le passage de l’huile se fait désormais à travers du « yoke » qui assure la liaison entre l’amortisseur et la biellette, toujours pour assurer une transmission la plus directe possible. Le petit levier bleu qu’on aperçoit sur le Brain permet le réglage de la sensibilité sur 5 positions.

Vous l’aurez sans doute remarqué, le Brain est désormais en deux parties. Outre le système de valve d’inertie (partie grise, en bas), c’est désormais un système avec membrane (partie noire dans le réservoir du dessus) qui sert à séparer la charge d’azote du système de l’hydraulique de l’amortisseur ; et plus un piston séparateur. Selon Mike McAndrews : « Un piston a tendance à se déplacer de manière plus saccadée lorsque l’amortisseur évolue sur son débattement, alors que la vessie permet un mouvement beaucoup plus doux. Les transitions de la compression au rebond sont plus rapides, ce qui améliore le comportement de l’amortisseur à haute vitesse ». 

L’amortisseur a aussi été retravaillé dans cet esprit en compagnie de RockShox, avec une « Spike Valve » qui crée une courbe d’amortissement décroissante pour améliorer le confort dans les situations de saccades à haute vitesse et l’huile circule désormais dans un « Fade Circuit » qui assure des réactions identiques de l’amortisseur lui-même quel que soit le réglage du Brain sélectionné parmi les 5 proposés (du plus sensible au plus ferme).

La fourche RockShox SID Brain adopte les mêmes technologies et présente des caractéristiques similaires pour un accord parfait des deux suspensions et un comportement qui a été pensé comme celui d’un modèle d’enduro à petit débattement.

3. La fin du FSR

La cinématique de suspension FSR est présente depuis le tout premier full lancé par la marque au milieu des années 90. C’est donc une véritable icône, une signature dont elle n’est pas prête de se passer sur le reste de la gamme car il reste indispensable sur les plus gros débattements.

Mais grâce au travail mené sur le reste de la suspension et que nous venons d’expliquer en détails, ainsi qu’au « petit » débattement de ce modèle (100mm, comme son prédécesseur), le nouveau Specialized Epic peut se passer du fameux point de pivot Horst Link caractéristique des cinématiques Four Bar Linkage et connu pour apporter une grande sensibilité aux suspensions qu’il équipe.

Les spécialistes apprécieront la portée de cette petite « révolution » (pas spécialement sur le terrain mais au niveau de la philosophie de conception) : le nouveau Specialized Epic est donc désormais un mono-pivot avec biellette, ce qui est un changement de conception majeur en dépit d’un look qui reste globalement très proche. Et ce sont donc désormais les haubans en carbone (aplatis) qui se déforment lors des mouvements de la suspension ; un principe déjà  aperçu dans d’autres marques et désormais bien connu dans le monde du VTT.

4. Une géométrie retravaillée

Les parcours de XC actuels et les attentes des vttistes ont changé. Bien que le Specialized Epic de la génération précédente conservait une géométrie performante et très agréable bien qu’en dehors des standards actuels (comme nous avons pu nous en rendre compte lors de notre grand comparatifs de fulls XC publié un peu plus tôt cette année), celle-ci a été retravaillée sur cette nouvelle mouture.

Les changements n’ont rien de radical, et Specialized est resté fidèle à ses convictions en n’allant pas vers un reach hyper long et/ou un angle de direction très couché. Néanmoins, la marque voulait rendre son Epic moins brusque et plus à l’aise dans les zones techniques des tracés modernes, dont certaines seraient dignes de figurer sur des épreuves d’enduro. En clair, avec un cadre court, une potence longue et une fourche très droite, cela devient délicat même pour de très bons pilotes.

Le reach gagne 1cm en taille M, passant de 423 à 433mm ce qui permet d’avoir un avant plus long et plus stable, mais la potence est désormais en 75mm contre 90 par le passé (toujours en taille M) pour conserver la vivacité de la direction. L’angle de direction perd 1,5°, ce qui peut sembler beaucoup mais on vient de 71°. Avec 69,5° désormais, le nouveau Specialized Epic est dans la moyenne des vélos récents mais encore loin des 68,5° d’un Scott Spark ou d’un Trek Top Fuel. La longueur des bases est quasiment inchangée avec 438mm contre 439mm auparavant. L’angle du tube de selle est quant à lui plus redressé (+0,75°).

Malgré le changement de géométrie, Specialized a souhaité conserver les mêmes emplacements pour les points d’appui ainsi que pour les axes de roues. Ainsi, le nouvel Epic utilise une fourche RockShox SID avec un déport spécifique de 42mm ; une valeur qu’on retrouvait habituellement sur des vélos équipés de roues de plus petit diamètre et de plus de débattement. Cela permet de ménager la chèvre et le chou et procurant à l’Epic de la stabilité grâce à l’angle de direction plus couché, tout en préservant la vivacité et la maniabilité, notamment en montée dans les virages serrés.

5. Le diable se cache dans les détails

La conception du châssis du nouveau Specialized Epic full suspendu s’inspire de l’Epic HT sur de nombreux détails, notamment au niveau de la douille de direction, au niveau de laquelle les gaines et Durit de frein entrent dans le cadre.

Le passage interne n’est pas complètement « tubé » comme sur un Stumpjumper (question de poids), mais un petit guide permet de récupérer facilement les câbles dans le bas du tube diagonal.

On se réjouit de voir que les gaine et Durit ne passent plus sous le boîtier de pédalier, mais ressortent de façon très propre sur le dessus, avant de se diriger vers le triangle arrière : simple et efficace. Toujours au niveau du boîtier, vous noterez que désormais l’Epic n’est plus compatible qu’avec les transmission mono-plateau et ne permet plus le montage d’un dérailleur avant !

Autres changements intéressants : le boîtier de pédalier n’est plus en PressFit mais fileté « comme au bon vieux temps » et le tube de selle passe en 30,9mm de diamètre pour permettre le montage de n’importe quelle tige de selle télescopique du marché. Enfin, l’axe de roue arrière passe au standard Boost 148.

Versions et tarifs

Le nouveau Specialized Epic sera décliné en 9 versions : 5 en carbone, 1 en aluminium et 3 féminines. Voici les détails de cette nouvelle gamme :

Specialized Epic S-Works

L’appellation S-Works désigne, comme toujours chez Specialized, le modèle le plus haut de gamme équipé du cadre le plus léger (1870g) en fibres Fact 12M.

Il est équipé d’un groupe Sram XX1 Eagle, de freins Sram Level, d’une fourche RockShox SID Brain World Cup, des nouvelles roues Roval Control SL avec jantes en 25mm de large, de pneus Fast Track Gripton Grid en 2.3 devant et 2.1 derrière, ainsi que d’une tige de selle et d’un cintre carbone.

Son prix est de 8999€ (contre 8499€ pour la précédente version). Il existe également dans une autre couleur, plus sobre, ainsi qu’en montage Shimano Di2 (mais toujours en mono-plateau… et couplé à une cassette Sram XX1 11 vitesses en 10/42 dents !) avec freins Shimano XTR Race et pédalier Race Face Next. Il est lui affiché à 9999€ (tarif inchangé). Il sera aussi proposé en kit cadre à 5299€ ! Ok, il y a la fourche et la tige de selle mais voilà un tarif ultra dissuasif qui montre que la marque préfère vendre des vélos complets.

Specialized Epic Pro

Le Specialized Epic Pro se présente comme un « baby S-Works ». Son cadre est un peu plus lourd (juste au-dessus de 2kg, ce qui reste inférieur à un S-Works de la précédente génération) car réalisé en fibres Fact 11M.

Son montage reste très haut de gamme mais juste un petit cran en-dessous du porte-drapeau.

La transmission est en Sram XO1 Eagle avec pédalier Stylo carbone, les freins sont des Sram Level TLM et la fourche une SID Brain avec pivot alu, alors que les roues sont de nouvelles Roval Control Pro en carbone (basées sur les jantes des anciennes Roval Control SL, elles sont réservées à ce modèle et non disponibles séparément) avec jantes en 22mm de largeur interne. Le prix est de 6999€ (inchangé) et il est disponible dans une seule couleur.

Specialized Epic Expert

C’est la version qui évolue le plus. Par rapport à l’Expert actuel que nous avions testé dans le cadre de notre grand match de fulls XC un peu plus tôt cette année, il gagne un triangle arrière en carbone et des roues également en carbone, ce qui justifie amplement l’augmentation de prix de 300€ à 4999€.

Il est équipé du même cadre Fact 11M que le Pro, d’un groupe Sram GX Eagle, de freins Sram Level TL, de la fourche SID Brain et de roues Roval Control Carbon dont les moyeux changent par rapport à la version Pro, mais aussi les jantes qui, si elles sont toujours en 22mm de large, sont celles des Roval Control, et non des anciennes SL comme sur le Pro.

En plus de cette version rétro-flash jaune et rouge à paillettes, une autre finition grise plus discrète est aussi au programme.

Specialized Epic Comp Carbon

Le nouvel Epic Comp Carbon monte aussi en gamme, avec un cadre 100% carbone (il conservait jusqu’à présent un arrière en alu) qui justifie également un tarif légèrement en hausse, de 3699 à 3999€. Il est monté en Sram GX 11 vitesses avec pédalier Race Face Aeffect, freins Sram Level TL, Reba RL (sans Brain) et roues Roval Control 29 en aluminium (jantes de 22mm de largeur interne). Deux couleurs « inversées » rouge/noir et noir/rouge sont au programme.

Specialized Epic Comp Aluminium

C’est une petite surprise, le Specialized Epic est également décliné dans une version en aluminium, toujours sans point de pivot sur les bases (ici illustré en version Women, seule disponible lors de la présentation) ! Si cette technique est fréquente sur le carbone, elle l’est beaucoup moins sur l’alu en raison d’une flexibilité plus difficile à calibrer.

Malgré une raideur légèrement supérieure qui incitera à gonfler l’amortisseur avec quelques PSI de moins, les haubans très aplatis de l’Epic aluminium permettent d’assurer une déformation suffisante pour se passer de point de pivot.

Il est équipé comme le Comp Carbon en Sram GX 11 vitesses et il sera également disponible dans cette autre couleur noir/rouge en plus d’un bleu ciel/orange très tendance (le coloris rose profond qui sert à illustrer les détails du bras arrière est une version féminine, la seule en aluminium disponible lors de la présentation). Il sera affiché à 2999€.

Specialized Epic Women

La gamme féminine du nouveau Specialized Epic compte 3 modèles, qui adoptent un châssis commun à celui des modèles hommes, comme sur l’Epic HT. Un changement pour Specialized qui a pendant longtemps offert une gamme spécifique, mais que la marque justifie par les retours de ses études posturales Body Geometry Fit qui montrent des besoins finalement très proches entre les hommes et les femmes sur ce segment compétition. Les Epic féminins reçoivent néanmoins des points de contact spéficiques (grips, selle, cintre plus étroit, manivelles plus courtes) ainsi que des tarages de suspensions différents.

Outre l’Epic S-Works Women que vous avez sous les yeux et dont la finition noire avec marquages en rose tirant progressivement vers le rouge ferait craquer bien des hommes (disponible jusqu’en taille L uniquement), la gamme compte aussi un Epic Comp Carbon et un Comp Alu. Le modèle en aluminium sera en outre disponible en talle XS.

Les premiers exemplaires arriveront en magasin dans le courant de ce mois de juillet 2017. D’ici là, voici notre premier essai du nouveau Specialized Epic, effectué sur les magnifiques et très rocailleusespistes du domaine de Mountain Creek non loin de New-York, sur la côte Est des Etats-Unis :

www.vojomag.com/premier-essai-le-nouveau-specialized-epic-dans-les-rochers-de-mountain-creek

Autres liens utiles : le site SpecializedNotre grand test de fulls XC dans lequel le précédent Epic Expert est confronté aux Spark, Merida 96, Trek Top Fuel et Orbea Oiz – Notre présentation et le premier essai des nouvelles roues Roval Control SL qui équipent l’Epic S-Works

ParOlivier Béart