Par Olivier Béart -

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Lors de la présentation du nouveau Cannondale Scalpel Si sur les bords du lac de Garde, nous avons eu l’occasion de passer une journée entière au guidon de l’engin. Sur trois boucles typées XC bien techniques tout d’abord, puis pour une belle sortie variée et à profil descendant pour rejoindre les bords du lac. Le nouveau full cross-country de la marque américaine tient-il ses promesses ? En attendant un test plus complet, voici quelques premiers éléments de réponse.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-29On peut donc directement prendre la direction des sentiers et se concentrer sur le ressenti terrain au guidon de la bête. Comme tout bon essai, on prend néanmoins le temps de bien régler la machine en compagnie des techniciens de chez Cannondale. On part sur un vélo en taille M pour nos 178cm et c’est parfait. Jusqu’à 180cm, à moins d’avoir un buste très long, il ne nous semble pas utile d’opter pour du L.

Cannondale_Scalpel_2017_Copyright_OBeart_VojoMag-1-8A l’avant, la Lefty semble connue, mais elle est en fait modifiée légèrement à l’intérieur par rapport à l’an dernier, avec une chambre d’air plus petite afin de lui donner un comportement moins linéaire. On se permet donc de mettre un peu moins de pression que lors du test du Cannondale F-Si (environ 10% de moins), soit à peine 100psi pour un pilote de 75kg prêt à rouler. On a essayé un peu plus mais cela ne s’est pas avéré être une bonne idée.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-31A l’arrière, l’amortisseur supporte sans mal un bon 25% de SAG sans donner l’impression que le vélo s’affaisse. On a quand même joué un peu à coup de + ou – 5psi pour trouver le réglage parfait, ainsi qu’avec le rebond qu’on a choisi de fermer quasiment aux 3/4, mais on a assez vite trouvé un réglage performant. Par rapport à la précédente génération, l’assiette semble rester meilleure même quand on laisse son poids nonchalamment sur la selle. Même si, quand on reste assis, on constate toujours un léger pompage, qui disparaît instantanément quand on se met debout sur les pédales.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-22Là, quand on démarre en danseuse, c’est clair que « ça envoie du pâté » ! Même pas besoin de bloquer les suspensions avec l’excellent double blocage hydraulique RockShox FullSprint, le vélo décolle instantanément et c’est plus pour contenir l’enfoncement de la fourche que celui de la suspension qu’on sera tenté d’utiliser le blocage. Le nouveau Cannondale Scalpel F-Si n’accélère pas comme le semi-rigide F-Si, mais pas loin et le poids annoncé de 10,2kg semble presque élevé eu égard à la sensation de légèreté que le vélo distille. Quant au confort et au grip en côte très technique, c’est évidemment incomparable avec un hardtail.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-35On sent directement que le nouveau Cannondale Scalpel Si a un caractère plus typé XC que son prédécesseur, qui était davantage orienté marathon. Le petit dernier a du Fontana et du Fumic en lui… et c’est tant mieux ! Car le plaisir de pilotage fait un énorme bond en avant. Je ne vais pas tourner autour du pot : même si mon premier vrai vtt a été un Cannondale Raven, vélo qui me fait toujours rêver aujourd’hui, je suis resté assez froid par rapport à la plupart des Cannondale à court débattement que j’ai pu tester ces dernières années… Jusqu’au F-Si, dont les améliorations au niveau de la géométrie lui permettent enfin de distiller des sensations de pilotage dignes de ses meilleurs adversaires. Et surtout jusqu’à ce test du nouveau Scalpel Si !

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-25Fini les Cannondale « pète sec », aux angles raides comme la justice et au comportement tout sauf amusant. La combinaison d’un angle de direction plus couché (69,5°) et d’une fourche au déport augmenté (55mm) donne d’excellents résultats. C’est un peu la vieille méthode Gary Fischer (géométrie G2) remise à la sauce Cannondale… mais qu’importe, le résultat est là : ça marche drôlement bien !

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-1Nous avons eu l’occasion de « filer le train » à Manuel Fumic, aussi sympathique qu’enjoué et peu avare de tours de circuit en compagnie des journalistes présents sur cette présentation. Sans bien sûr avoir le niveau technique du pilote allemand ni son physique, on a pu voir combien le nouveau Cannondale Scalpel Si adore le pilotage aérien.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-38Si vous voulez rester au sol (ou si vous n’avez pas la possibilité de jumper), pas de souci, ses suspensions absorbent bien les gros impacts. Avec fermeté, certes, mais avec une vraie efficacité. Par contre, si vous vous amusez à tirer sur le guidon, wahouu, le vélo s’envoie en l’air avec une facilité déconcertante, vous permettant de survoler les obstacles à vitesse mach 2 !

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-21Dans les enchaînements de virages, la suspension du Cannondale Scalpel Si gomme le caractère parfois encore un peu délicat du F-Si semi-rigide en s’enfonçant juste ce qu’il faut pour coucher encore un peu plus les angles. Le grip est excellent, même si l’avant demande à être bien chargé et à piloter de façon engagée pour prendre parfaitement la ligne.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-32On va se faire incendier en disant cela car la Lefty a ses aficionados, mais elle n’est toujours pas, selon nous, la meilleure fourche du marché. Loin s’en faut. Elle n’arrive pas au niveau des références testées dans notre grand dossier fourches XC publié récemment. Cela dit, la réduction du volume de la chambre d’air lui permet d’afficher un comportement beaucoup plus sain que par le passé. Tout en restant confortable sur les petits chocs, elle ne plonge plus excessivement et elle ne perd pas non plus les pédales quand on va vite dans le défoncé.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-37Les roues Enve M50 ne sont toujours pas non plus nos grandes amies. Bien trop raides à notre goût, elles envoient en relances (surtout avec le rayonnage symétrique permis par le design particulier des cadres Cannondale Scalpel Si et F-Si), mais elles oublient que des roues sont là aussi pour dissiper les vibrations et faire preuve d’un minimum de tolérance pour garantir l’adhérence sur sol tourmenté. Mais, malgré elles, le Cannondale Scalpel Si s’avère relativement conciliant et on parvient à lâcher les freins dans les descentes plutôt typées enduro et à y prendre du plaisir alors qu’on est limite hors programme pour le vélo et ses équipements.

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-23Le Scalpel nouvelle génération a gagné en capacités en descente et en fun, mais aussi en rendement, c’est indéniable. On est heureux de constater qu’il ne le fait pas (trop) payer en confort, ni au niveau de la position, ni pour ce qui est des capacités de filtration de la suspension. Ce n’est en aucun cas un vélo de randonnée, mais un usage sur des raids et des compétitions longues distances est pleinement envisageable pour un biker bien entraîné. On se verrait bien faire les Chemins du Soleil à son guidon, voire même une petite Transvésubienne. C’est vous situer l’ampleur des évolutions des vélos de XC contemporains.

Verdict

Cannondale_Scalpel_Si_Action_Copyright_VojoMag-27Boule de nerfs, poids plume, le nouveau Cannondale Scalpel F-Si nous a séduits par son caractère bien trempé sans être caractériel pour autant. Développé par et pour les pilotes du team Manuel Fumic et Marco Fontana, il est nettement plus intéressant et amusant à piloter que l’ancienne génération sans trop perdre du côté confortable et conciliant qui a fait le succès du premier Scalpel 29 ». La géométrie de cette nouvelle version est remarquable et on se réjouit de la direction prise par Cannondale en la matière. Nous devons aussi saluer les progrès de la Lefty qui, pour la première fois depuis bien longtemps, ne nous a pas semblé être un facteur limitant au niveau du pilotage à cause d’un amortissement dépassé. Il faudra voir si les versions de série seront aussi agréables, mais on démarre avec un a priori favorable. Il reste la question du tarif, très, très élevé dans la version Race testée ici… et qui, à 8499€, n’est même pas encore le sommet de la hiérarchie ! Ce n’est d’ailleurs sans doute pas le modèle que nous choisirions dans la gamme, dans la mesure où on partirait plus sur le modèle Team avec la transmission Sram Eagle si l’argent n’était pas un problème (500€ de plus), ou sur le Scalpel Carbon 3 (10,95kg), 3500€ moins cher mais qui doit garder des performances intéressantes malgré un cadre un peu plus lourd (fibres différentes), une Lefty alu, mais dont la transmission est identique et dont les roues NoTubes Crest devraient s’avérer plus conciliantes que les Enve montées ici. C’est ce modèle que nous allons essayer d’avoir en test au plus vite pour l’éprouver sur une plus longue période. To be continued !

Plus d’infos : www.cannondale.com et dans notre article de présentation « statique » du vélo : www.vojomag.com/nouveau-cannondale-scalpel-si-affutage-regle

Photos : O.Beart (Vojo), A. Di Lullo (Cannondale) & M. Mondini (Cannondale)

ParOlivier Béart