Boue, bières et gros braquets : Vojo aux Championnats du Monde de Cyclocross

Par Olivier Béart -

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Boue, bières et gros braquets : Vojo aux Championnats du Monde de Cyclocross

Non, Vojo ne devient pas un magazine de cyclocross. Mais quand l’opportunité se présente d’aller s’imprégner de l’ambiance de l’épreuve qui fait office d’apogée de la saison, c’est une occasion à ne pas manquer. Pieds dans la boue, chope et appareil photo à la main, nous nous sommes mêlés à la foule lors des championnats du Monde d Cyclocross 2018 qui avaient lieu ce week-end à Valkenburg. Reportage :

D’ordinaire, Valkenburg est une coquette et paisible petite station thermale, connue également pour sa vieille ville et les ruines de son château. Mais ce week-end, elle a été envahie par quelque 50 000 supporters de ce qui est presque une religion dans le Nord de la Belgique et aux Pays-Bas : le cyclocross.

Entre Valkenburg et le cyclisme, c’est une histoire d’amour qui ne concerne pas que les labourés. La ville est aussi le siège de l’arrivée du célèbre Amstel Gold Race, épreuve Pro-Tour prestigieuse qui marque la transition entre les classiques flandriennes et les ardennaises.

Il nous reste un peu de temps avant le départ, alors on en profite pour s’imprégner de l’ambiance. Drapeaux belges et hollandais se taillent la part du lion, mais il n’y a pas que cela : nous avons croisé pas mal d’Irlandais, des Anglais, des Suisses, quelques Américains… et même un Japonais !

Il y a aussi beaucoup de Français. La discipline est de plus en plus populaire dans l’Hexagone, grâce notamment aux performances des chefs de file bleu-blanc-rouge, Francis Mourey et Steve Chainel. Tiens, justement, nous croisons le papa Chainel dans la foule. Un peu anxieux mais joyeux, il ne nous laisse pas repartir sans nous coller un gros autocollant « Je vois la vie en Vosges » sur la veste !

Un paddock ? Quel paddock ?

Comme à notre habitude sur les Coupes du Monde de VTT, on se dirige vers le paddock pour voir les stands des équipes, et là… le contraste est saisissant : il n’y a pas vraiment de stands, tout juste des motor-homes éparpillés et très peu de monde dans les allées. Voilà qui confirme bien le fait que le cyclocross est bien plus un sport spectacle qu’un sport de pratiquants. Les vélos et les bus des équipes ne semblent, au final, intéresser que très peu de monde. A une exception près : l’équipe Beobank-Circus de la star incontestée de la discipline : Mathieu van der Poel (et de son frère David).

Par contre, sous les chapiteaux où la bière coule à flots, la fête bat son plein et l’ambiance est survoltée ! Le spectacle est aussi sur les bords du circuit…

… en voici un petit florilège, avant de laisser place à la course.

Sur la piste, les coureurs sont précédés par des clowns qui chauffent le public à blanc en courant, tombant et se battant dans la boue. Tout un concept !

Cette fois, c’est sûr : les boutiques souvenirs sont désertes, les baraques à frites se vident petit à petit, l’heure approche pour l’épreuve reine de ces championnats du Monde de Cyclocross 2018, la course Elite Hommes.

On va juste essayer de ne pas rester embourbés car, que ce soit en dehors ou sur la piste, la couche de boue est impressionnante. Et, même si nous avons de bonnes chaussures, nous n’avons pas de bottes dorées magiques pour voler au-dessus de la gadoue.

15h05, l’heure de la course

Tant bien que mal, votre serviteur essaie de rejoindre les bords de la piste. Habitués aux grands événements VTT, jamais nous n’avons vu une pareille affluence. De la folie !

Les cris se font de plus en plus forts : voilà les coureurs, avec l’enfant du pays, le Néerlandais Mathieu van der Poel, qui pointe en tête devant le champion du Monde en titre, Wout van Aert. Visiblement, le duel de titans que tout le monde attend va bien avoir lieu !

MVDP a dominé la saison de Coupe du Monde et il est très à l’aise techniquement. Dans le premier tour, on l’imagina capable de conclure cette saison (presque) parfaite, (presque) à la Schurter, en enfilant le maillot arc-en-ciel.

Mais Wout van Aert est l’homme des championnats du Monde. Déjà titré deux fois d’affilée, il est particulièrement à l’aise dans la boue et sur les tracés où il faut courir beaucoup. Comme ici à Valkenburg…

Derrière, même s’ils ne sont qu’une grosse cinquantaine au départ, ça bouchonne et c’est un joyeux désordre ! Dans le public, une fois les meilleurs passés, on se rue sur son smartphone pour suivre la course en direct.

Dès le deuxième tour, Van Aert tue le suspense. Il accélère et laisse sur place tous ses rivaux. 30 secondes, 1 minute,… son écart ne cesse de croitre et c’est à une véritable démonstration de force qu’on assiste.

De son côté, Mathieu van der Poel souffre. Il ne semble pas trouver son rythme dans ces conditions très difficiles.

Arrêt aux stands

Avec tant de boue, la zone technique prend une importance toute particulière, puisqu’on peut changer de vélo jusqu’à deux fois par tour dans la discipline. Mais il faut bien évaluer l’intérêt car on peut y perdre du temps et l’opération comporte certains risques.

Commence alors une autre course, presque tout aussi impressionnante, pour les mécanos qui courent laver les vélos et les vérifier en vitesse avant de les ramener dans la zone. Quand on sait qu’un tour dure moins de 10 minutes, on vous laisse imaginer le sprint.

Tous ne s’arrêtent pas à chaque passage en face des stands. Ici, MVDP se contente de jeter ses lunettes, remplies de boue. Ouch, les belles 100%…

VTTistes et Frenchie’s

Tout le monde sait désormais que MVDP est un excellent VTTiste, mais les labourés attirent aussi pas mal de bikers. Il y en a bien plus chez les Dames (PFP, qui combine les deux disciplines depuis toujours, Jolanda Neff, Eva Lechner,…), mais sur ces championnats du Monde, nous avons notamment aperçu Lars Forster, le Suisse de chez BMC, qui termine à une belle 19e place…

… Ou encore Marco Fontana, l’Italien du team Bianchi qui finit 29e.

Des VTTistes, il n’y en avait pas que sur le circuit ! De l’autre côté des barrières et dans le café du coin, on pouvait aussi croiser Nicolas Vouilloz et Nicolas Lau, Vincent Ancelin ou encore Morgane Jonnier, tous ambassadeurs Shimano et invités pour un petit séminaire aux Pays-Bas à cette occasion. Visiblement, le spectacle leur a plu ! De quoi envisager une reconversion ? Euh, peut-être pas quand même !

Si le top 10 de la course est presque intégralement monopolisé par les Belges (six coureurs dans les 10) et les Néerlandais, les Français parviennent à se distinguer. C’est surtout le cas de Steve Chainel, le champion de France, qui termine 10e.

Francis Mourey, qui fut longtemps la référence dans l’hexagone, signe une nouvelle belle performance en terminant 13e. Matthieu Boulo est 23e et Fabien Canal, ancien VTTiste, est 31e.

Epilogue

Ca va vite, très vite. La mi-course est déjà passée, il est temps d’aller voir à quoi ressemblent d’autres passages du circuit.

Bon, ici, il y a un peu plus d’herbe et moins de relief, mais ce n’est pas vraiment très différent. Essayons plus loin.

Ah, des escaliers : voici une autre belle spécificité du cyclocross !

C’est une simple formalité pour le futur triple champion du Monde Wout Van Aert, qui compte désormais près de deux minutes d’avance.

Quant à MVDP, il est à la peine et il ne parvient plus à suivre le rythme imprimé par Michaël Vanthourenhout.

On se rapproche de la ligne pour le dernier tour. Sans grand suspense pour la première place.

Vanthourenhout est assuré aussi de décrocher la médaille d’argent. Mais MVDP craque ! Toon Aerts l’a rejoint et le podium ne tient plus qu’à un fil pour celui que beaucoup imaginaient s’imposer ici.

Mais l’homme en orange se ressaisit et puise dans ses réserves pour réaliser un dernier tour canon et décrocher son adversaire qui devra se contenter de la médaille en chocolat.

Voilà, ces championnats du Monde 2018 de cyclocross touchent à leur fin. Salut Valkenburg, salut Mathieu, et au plaisir de te revoir sur un VTT à Stellenbosch pour l’ouverture de la Coupe du Monde le 10 mars !

Résultats complets
Merci à Shimano pour l’invitation sur ces championnats du Monde de cyclocross.

ParOlivier Béart