World Cup XC 2023 #1 – Nové Město | XCO U23 : les Danois à la fête !

Par Olivier Béart -

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World Cup XC 2023 #1 – Nové Město | XCO U23 : les Danois à la fête !

Après le short-track de jeudi soir, les U23 se retrouvaient à nouveau sur la ligne de départ ce samedi pour le XCO. Sur ce format mieux connu, les deux courses ont réservé des surprises ! Chez les hommes comme chez les femmes, les vainqueurs du XCC sont absents des podiums et à la place, d’autres coureurs nous ont offert de beaux duels pour la victoire. Découvrez les images et tous les résultats :

Y aurait-il des similitudes entre la République tchèque et le Danemark ? Par le passé, le circuit de Nové Město a souvent souri à Annika Langvad et c’est ici que Simon Andreassen a remporté son titre de champion du monde Juniors ainsi que sa première (et unique, à l’heure actuelle) victoire en coupe du monde Elites. Et aujourd’hui, ce sont deux Danois qui se sont imposés chez les Espoirs !

U23 Hommes : Oliver Sølvhøj, la bonne surprise

Une fois n’est pas coutume, ce sont les hommes qui se sont élancés les premiers ce samedi après-midi à Nové Město. Sur la ligne de départ, difficile de ne pas regarder du côté d’Adrien Boichis. Vainqueur sur le XCC il y a deux jours alors que ce n’est que sa deuxième saison chez les Espoirs, le jeune Français a impressionné tout le monde. Pourra-t-il rééditer la performance aujourd’hui ?

A ses côtés sur la ligne, on trouve notamment Riley Amos, Bjorn Riley et Carter Woods. Déjà en vue l’année dernière, les trois hommes comptent bien gravir une marche de plus pour s’installer au sommet de la catégorie.

Parmi les connaisseurs, certains misaient aussi sur le Danois Oliver Sølvhøj ou le Suisse Dario Lillo, respectivement 3e et 5e du XCC. Nés en 2002 comme Amos et Riley, les deux hommes semblent avoir passé un cap cet hiver. C’est le moment de le prouver !

Dès le départ, on les retrouve d’ailleurs aux avant-postes. Riley Amos prend le meilleur envol devant l’Ukrainien Oleksandr Hudyma mais bientôt, Dario Lillo puis Oliver Sølvhøj viennent se porter en tête pour imprimer un rythme soutenu. On n’a pas encore fini la première start-loop mais des écarts se creusent déjà !

En début de course, Sølvhøj, Lillo, Amos voire le Néerlandais Tom Schellekens font forte impression. Derrière eux, tantôt en queue de groupe tantôt à quelques secondes, on voit passer Adrien Boichis et Luca Martin, Oleksandr Hudyma, le Néo-Zélandais Matthew Wilson ou encore le Britannique Joe Blackmore. Pas de chance pour Carter Woods en revanche, le Canadien chute dans un virage en graviers à l’entame du premier tout complet, alors qu’il était sur le point de faire la jonction.

Après deux start-loops, ce passage sur les grandes boucles va faire des dégâts : Martin et Boichis sont vite distancés, puis c’est au tour de Blackmore, Hudyma, Schellekens et Wilson quelques minutes plus tard. A la mi-course, ils ne sont plus que trois devant : Dario Lillo, Oliver Sølvhøj et Riley Amos.

Un trio qui se transforme bientôt en duo : l’Américain crève de la roue arrière et déjante, loin de la zone technique. Condamné à marcher dans les montées, il laisse Lillo et Sølvhøj s’envoler et plonge dans le classement. Il signera le 118e temps du cinquième tour, passant de la 2e à la 46e position…

Cet évènement inattendu semble avoir désorganisé un peu les choses à l’avant et entre Lillo et Sølvhøj, personne ne veut prendre la responsabilité de donner le rythme. Pas très loin derrière, Tom Schellekens se dit que c’est peut-être le moment d’en profiter et relance, ce qui a pour effet de faire exploser le groupe de chasse. Seul Olkesandr Hudyma est en mesure de le suivre.

Finalement, Dario Lillo reprend les choses en main et creuse même un écart de quelques secondes sur Sølvhøj. On se dit alors que le Suisse est bien parti pour s’envoler vers la victoire à un tour et demi de l’arrivée… mais une courte montée et une descente plus tard, surprise ! Oliver Sølvhøj est repassé devant et cette fois, c’est lui qui compte quelques mètres d’avance.

Les deux hommes abordent la dernière boucle séparés de 5 secondes à peine mais aussi faible soit-il, cet écart va tenir. Après un peu plus d’une heure et huit minutes de course, Oliver Sølvhøj s’impose à Nové Město ! A l’arrivée, le Danois avait presque du mal à réaliser : « C’était tout simplement incroyable. Je n’arrive toujours pas à y croire. J’ai simplement roulé à fond du début à la fin ! Après avoir poussé fort dans l’Expert Climb, Riley a fait une erreur dans la descente qui suit. J’ai ralenti un peu dans la descente et j’ai mis plus de pression dans les montées pour essayer de forcer Dario à commettre une erreur. A ce moment-là, c’était assez effrayant je dois dire. C’est un très bon week-end en général pour moi. Je suis aux anges. »

Grand animateur de la course tant il a tiré le groupe de tête, Dario Lillo termine à la deuxième place : « C’était une bonne course, mais difficile. C’est toujours difficile à Nové Město, la piste est assez physique. Nous étions un gros groupe à l’avant au début de la course, puis nous avons réussi à creuser l’écart à trois. Ensuite, c’était un sprint jusqu’à l’arrivée avec Oliver. Il était un peu plus rapide que moi, j’ai eu quelques problèmes dans le dernier tour mais je pense que j’ai réalisé une bonne performance aujourd’hui. C’était spécial parce que c’était la première fois que nous faisions un XCC avant le XCO, donc c’est nouveau et nous avons dû nous adapter un peu à tout ce qui va avec. J’ai commis quelques erreurs sur le short-track, mais j’ai senti que la performance était là, alors j’ai essayé de profiter de la journée et de voir ce qui était possible. J’ai vraiment hâte de participer à ma propre coupe du monde à Lenzerheide. »

Tom Schellekens prend la troisième place après avoir distancé Oleksandr Hudyma dans la montée la plus raide du circuit et c’est finalement Matthew Wilson qui clôt le top 5.

Quelques secondes derrière, Luca Martin franchit la ligne en 6e position. Une bonne performance pour le Français, qui a bien géré sa course après un départ trop rapide pour lui : « La start-loop était juste dingue, c’est parti tellement vite ! Je les ai laissé partir, je me suis dit qu’ils partaient trop vite et il y a une petite cassure à ce moment-là. Je remonte dans le dernier tour et je donne tout dans la dernière ascension. Je pense que je n’ai jamais donné autant, je pouvais pas faire plus, je voyais des étoiles carrément. Je suis vraiment content de mon résultat après cette petite blessure au genou depuis Marseille, c’est cool de marcher comme ça ! »

En revanche, Adrien Boichis ne finit « que » 15e après sa victoire sur le XCC mais il prend le résultat avec philosophie : « Je ne suis pas mal parti mais après je me suis senti bridé toute la course, j’étais dans le dur pendant toute la course et j’ai fait au mental. Ça fait partie du jeu, c’est comme ça qu’on apprend. Sur le short-track j’étais vraiment bien mais là je n’étais pas dans un grand jour, un peu comme une sorte de décompression. Je vais devoir apprendre à gérer ça. »

Parmi les autres Français à rentrer dans le top 50, on peut citer Martin Groslambert en 25e position, Lucas Grieco 29e, Yannis Musy 35e, Athys Bedini 38e, Mathis Guay 39e, Nathan Cornillon 40e et Clément Izquierdo.

Côté belge, la meilleure performance du jour est pour Lucas Malezsewski, 33e : « Je n’ai pas eu les meilleures sensations aujourd’hui. Je partais en deuxième ligne donc c’était une bonne place pour démarrer mais je n’avais pas les jambes. Je me suis bien préparé l’hiver et j’ai eu de bonnes sensations au XCC mais c’était un jour sans… ça arrive ! Malgré tout, j’ai pris plaisir à rouler ce circuit, c’est vraiment beau ! »

Lui aussi dans le top 50, Jarne Vandersteen prend la 41e.

Résultats complets :

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U23 Dames : Sofie Pedersen au-dessus du lot

Chez les Dames, tout le monde attendait la championne de Suisse Ronja Blöchlinger, gagnante du premier short-track U23 de l’histoire. Bien placée au départ, elle parvient à se détacher en compagnie de Sofie Pedersen dès la fin du start loop.

Mais très vite, la Danoise du team Willier va prendre les commandes et mettre quelques secondes à sa rivale du jour qui, sous pression, part à la faute au premier tour complet.

Pas de chute, mais une crevaison au pneu arrière pour la Suissesse du team Liv. Dans la zone technique, un peu en panique, elle loupe son stand et ses mécanos doivent courir après elle pour réparer en fin de zone. Bilan, elle repart en 15e position avec plus d’1’30 » de retard. La victoire, ce sera pour une autre fois…

De son côté, Sofie Pedersen n’en demandait pas tant pour s’isoler en tête. « Je me sentais vraiment à l’aise dans les descentes, c’est surtout là que je me suis rendu compte que, sans prendre de risques, je parvenais à faire le trou. »

Pas en reste dans les montées, elle va progressivement accroître son avance sur une autre Suissesse, Ginia Caluori (qui n’est pas la fille de Claudio, l’ancien commentateur de la DH sur Red Bull TV).

La bikeuse du team Thömus, solidement installée en 2e position, a préféré jouer la sécurité et a adopté une stratégie inverse de celle de Pedersen: « Je me sentais dans une forme incroyable, avec d’excellentes jambes. Donc j’en ai profité pour faire le forcing dans les montées. Chaque fois, j’avais Sofie en point de mire, ça me motivait. Mais je n’ai jamais réussi à refaire complètement mon retard et dans les descentes j’ai préféré jouer la sécurité. C’est tellement facile de crever ici, je ne voulais pas tout perdre et cette 2e place est vraiment idéale pour commencer la saison. »

Auteure d’une course régulière et intelligente, la Canadienne du team Trek Future Racing, Emilly Johnston, décroche la 3e marche sur le podium après s’être débarrassée progressivement de ses rivales.

Sara Cortinovis a été légèrement retardée dans le premier tour après la start loop, mais elle est rapidement revenue dans la course. Solidement accrochée à la 4e place, elle a résisté aux attaques de ses poursuivantes tout au long de la deuxième moitié de course.

Noëlle Buri, 2e du short track, a montré qu’elle pouvait aussi tenir la distance sur du plus long. Grâce à une fin de course en boulet de canon, elle termine à la 5e place, acquise au sprint au détriment de la première Française.

A la 6e place, on retrouve en effet Noémie Garnier. Un moment, on a même cru qu’elle pourrait jouer le podium, mais elle a légèrement faibli en fin de course. Son résultat final a tout de même franchement de quoi enthousiasmer.

Noémie Garnier retire d’ailleurs beaucoup de positif de cette première course de la saison : « Je suis partie en 2e ligne et je me suis pas trop mal débrouillée au start, sans prendre de risque. Je suis restée dans les roues, et il y a eu une petite cassure devant que je n’ai pas pu suivre. Le reste de la course s’est bien passé et, en gardant mon rythme, je gardais le podium en ligne de mire. Mais à la fin c’est revenu fort et je suis un peu déçue de perdre la 5e place au sprint. Mais à part cela, je suis vraiment heureuse de ma course et de débuter la saison comme cela ! »

Un peu plus loin, on retrouve Lauriane Duraffourg, 14e et deuxième Française. A l’arrivée, elle nous explique : « C’est parti super vite et c’était nerveux au départ dans le peloton. Il y a eu une chute en milieu de groupe et ça a créé une cassure. J’ai dû faire l’effort pour remonter et ce n’était pas facile. Au début j’ai eu du mal à retrouver mon rythme mais ça a fini par revenir. Grâce à un bon final je fais 14, c’est pas mal et c’est de bon augure pour la suite. »

Flavie Guille est 16e, après une course assez régulière et malgré un retard à cause de cette fameuse chute dans le peloton.

Olivia Onesti termine quant à elle 17e. Un résultat pas mauvais dans l’absolu pour la pilote du team Rockrider, mais très en deçà de ses attentes. En la voyant au bord des larmes à l’arrivée, nous avons préféré nous tourner vers Stéphane Tempier, manager adjoint du team, pour avoir une réaction.

Il nous explique : « Oui, Olivia est déçue… On est là pour se faire plaisir dans la performance donc c’est clair que ce genre de journée est toujours un peu difficile. Elle a des attentes, elle ne vient pas pour découvrir. Là, elle se rend compte qu’il y a des choses à changer. Il ne faut pas oublier qu’elle a un double programme et qu’elle sort tout juste de la Vuelta plus d’autres épreuves sur route. Forcément cela nécessite une certaine récupération. On voit à ses chronos qu’elle fait 4 tours quasi identiques à 1 seconde près. La forme est là, c’est juste une question de réglages et de rythme selon moi. Je ne suis pas inquiet et on va tout faire pour la rassurer et la mettre vite sur le chemin de la performance en VTT. »

Autre réaction d’une « Frenchie », celle de Tatiana Tournut, 28e : « C’est dur ! Je connaissais déjà le circuit pour l’avoir roulé en Juniors Series, mais avec les Espoirs c’est encore un gros cran au-dessus ! En plus, il y a eu une chute au début dans le peloton, j’ai vu Lauriane partir d’un côté et pour l’éviter je suis allée à l’opposé. Finalement, c’est elle qui était au bon endroit et moi je me suis retrouvée bloquée. Ensuite, c’était compliqué de revenir. Mais je garde quand même du bon de cette course. Je découvre et j’apprends ! »


Côté bleu-blanc-rouge, on signalera aussi la 20e place de Noémie Pan, la 42e place d’Amélie Vazeille ; Roxane Porlier 53e, Ilona Moulin 58e, Léa Brette 64e, Margaux Borrelly 68e, Lilou Lacroix 72e et Louise Hautreux 73e. Il n’y avait pas de Belge engagée sur cette épreuve.

Résultats complets :

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ParOlivier Béart